stuut.info

Le gouvernement flamand veut retirer des allocations aux parents non-néerlandophones

Le gouvernement flamand veut retirer des allocations aux parents non-néerlandophones

sur https://stuut.info | Collectif : Bruxelles Dévie

Le nouvel accord de coalition du gouvernement flamand, récemment conclu entre la N-VA, le Vooruit et le CD&V, a suscité une controverse autour d’une de ses mesures phares : le retrait des allocations familiales aux parents qui ne parlent pas suffisamment bien le flamand. Derrière cette mesure, présentée comme un moyen de favoriser « l’intégration », se cache une politique discriminatoire qui ciblerait ouvertement les familles issues de l’immigration, et qui augmenterait les tensions linguistiques et ethniques en Flandre. La mesure fait partie de l’accord de gouvernement, elle n’est donc pas encore mise en place. Il s’agit d’un projet établi par la majorité au pouvoir en Flandre.

La mesure consisterait à priver de leur « bonus scolaire » les parents dont on estime qu’ils refusent d’apprendre le flamand à leur enfant. Ce « bonus » est destiné à aider les familles à couvrir les frais d’éducation de leurs enfants. Cette mesure relève d’une approche punitive à l’égard des familles qui ne parlent pas le flamand à la maison, c’est-à-dire, le plus souvent, des familles issues de l’immigration et non-blanches.

Le gouvernement flamand, comme le fait souvent l’État dans ces cas-là, se défausse complètement de sa responsabilité en rejetant une charge sur les parents, comme si c’était à eux et elles seul·es de surmonter les obstacles à l’apprentissage de la langue. Par ailleurs, l’accès aux cours de flamand pour les adultes non-néerlandophones est non seulement limité, mais souvent de mauvaise qualité. La mesure contenue dans l’accord du gouvernement flamand fait abstraction de ces réalités. Pire encore, elle ignore la complexité de l’apprentissage d’une langue, surtout pour des parents déjà confrontés à des difficultés socio-économiques et qui doivent gérer plusieurs responsabilités familiales et professionnelles en même temps.

Cette mesure s’inscrit dans un contexte plus large de durcissement des politiques ciblant les familles issues de l’immigration en Flandre. Comme l’explique Jan Blommaert dans son analyse des dynamiques linguistiques belges, les débats sur la langue en Belgique ont toujours été un moyen détourné d’imposer des normes nationales excluantes. Historiquement, le nationalisme flamand s’est souvent appuyé sur la langue pour renforcer une identité régionale exclusive, marginalisant ainsi ceux et celles qui ne partagent pas cette langue, notamment les francophones et les personnes d’origine étrangère.

La mesure ne se limite pas à une simple question de politique linguistique. C’est un projet discriminatoire, basé sur l’origine. Il s’agit de « raciolinguistique », une forme de racisme déguisé où la langue devient un outil de tri pour écarter ceux qui ne s’alignent pas sur les normes de la majorité. En privant financièrement les familles qui ne maîtrisent pas le flamand, cette politique creuse encore plus les inégalités ethniques et sociales. Elle alimente également un discours nationaliste nauséabond qui exalte une idée de « pureté culturelle ». En liant l’apprentissage du flamand à une aide économique, le gouvernement cherche à instaurer un véritable système d’exclusion sociale. Ce sont les enfants de ces familles qui seront directement punis.

On ne peut que s’étonner du soutien explicite de Vooruit, un parti qui se revendique socialiste, à cette mesure discriminatoire. En appuyant cette politique punitive envers familles d’origine étrangère, Vooruit n’hésite pas à s’aligner avec les discours populistes et nationalistes portés par la N-VA, dans ce qui semble être un calcul politique destiné à capter une partie de l’électorat flamand sensible aux thématiques identitaires.

Ce soutien de Vooruit s’inscrit dans un phénomène plus large : la fascisation progressive de la société belge. Ce qui était autrefois l’apanage de l’extrême droite devient aujourd’hui la norme, les discours d’exclusion se banalisent, et l’idée même de cibler des minorités au nom de la « cohésion nationale » devient socialement acceptable. Ce processus n’est pas anodin : il ouvre la voie à une dérive inquiétante, où le nationalisme ethnique et la discrimination d’État deviennent des outils légitimes du pouvoir. Ce positionnement est d’autant plus problématique qu’en période électorale, Vooruit se présente comme un parti ouvert et inclusif.


Sources :

Voir en ligne : https://bruxellesdevie.com/2024/11/03/le-gouvernement-flamand-veut-retirer-des-allocat

Notes

Une question ou une remarque à faire passer au Stuut? Un complément d'information qui aurait sa place sous cet article? Clique ci-dessous!

Proposer un complément d'info

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Texte du message
  • Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

DANS LES MÊMES THÉMATIQUES

Publiez !

Comment publier sur Stuut ?

Stuut est un média ouvert à la publication.
La proposition d'article se fait à travers l’interface privée du site.
Si vous rencontrez le moindre problème ou que vous avez des questions,
n’hésitez pas à nous le faire savoir par e-mail: contact@stuut.info