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Manifestation des policiers en soutien aux agents condamnés pour la mort de Ouassim et Sabrina

Manifestation des policiers en soutien aux agents condamnés pour la mort de Ouassim et Sabrina

sur https://stuut.info | Collectif : Bruxelles Dévie

Le 9 mai 2017, Gaston Dale et Samba Kane, tous deux agents de police, décident d’entamer une course poursuite avec la moto de Ouassim et Sabrina, car Sabrina, passagère, ne porte pas les chaussures adaptées et que leur moto roule à « vive allure ». A la suite de cette course poursuite, Ouassim et Sabrina percutent la voiture de Johnny Dewael, inspecteur de la brigade canine, ce qui mènera à leur mort. Le 5 décembre 2023, le tribunal de police francophone de Bruxelles a prononcé les condamnations des 3 inspecteurs de police. Le 11 décembre, une manifestation de soutien aux policiers condamnés a été organisée.

« Comment accepter de travailler avec une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes et de risquer de perdre notre travail à chacune de nos interventions alors que nous ne faisons qu’appliquer la loi ? Comment garantir la protection de la société si le moindre acte posé par la police est contesté ou jugé illégal ? », questionne un agent.[1]

Ces phrases rappellent la mobilisation inquiétante des agents de police en France lorsqu’ils et elles s’étaient réuni·es sur le mot d’ordre « Le problème de la police, c’est la justice »[2] en 2021. Cette manifestation, en France, avait sonné l’alarme sur une police de plus en plus à même de mettre la pression sur les politiques, d’appliquer son agenda et de menacer la séparation des pouvoirs en soutenant que la justice devait absolument soutenir la police, justifier son activité et sévèrement réprimer celles et ceux qui touchent aux policier·ères.

En Belgique, la condamnation des 3 policiers ayant entrainé la mort de Ouassim et Sabrina constitue un précédent. Un précédent, car il s’agit d’une des premières affaires où la responsabilité de policiers dans la mort de personnes après une course poursuite a été établie par un·e juge. Ce précédent est important dans un contexte où plusieurs autres familles de victime de violences policières attendent un procès. Disons que la chaine des non-lieux a été, une première fois, brisée.

Des policiers présents expliquent leur ressenti : « C’est l’incompréhension la plus totale. Les collègues qui ont pris part à cette course poursuite n’ont certainement pas pensé à mal en faisant un barrage et, maintenant, au vu de leurs condamnations respectives, ils risquent de perdre leurs places, sans compter les éventuelles suites judiciaires au niveau civil en dommages et intérêts. On prend donc acte du fait que la Justice ne nous soutient plus du tout au jour d’aujourd’hui et on ne prendra par conséquent plus le risque de se retrouver en prison pour s’être lancé dans une course poursuite dont on ne peut par essence jamais prévoir l’issue. »3

Si les policier·ères expriment une incompréhension en disant que leurs collègues ont « appliqué la loi », le jugement indique précisément qu’ils n’ont pas appliqué la loi et les méthodes adéquates, d’où leur condamnation. La question peut-être posée : les policier·ères ont-ils lu le jugement avant de s’exprimer à son sujet ?

De la même manière, les agent·es semblent découvrir aujourd’hui la « séparation des pouvoirs » : « On prend donc acte du fait que la Justice ne nous soutient plus du tout ». Selon les théories politiques auxquelles se réfèrent les démocraties représentatives dans lesquelles nous vivons, la justice n’existe en effet pas pour justifier coûte que coûte l’activité répressive de l’exécutif (gouvernement) à travers sa police. Le fait que cette découverte des agent·es de police arrive à la suite d’une première condamnation n’est pas anodin sur l’idée quotidienne qu’ils et elles se font de leur travail et des rapports qu’entretiennent au jour le jour la police et la justice.

La réaction politique des agent·es de police en soutien à leurs collègues condamnés a de quoi nous inquiéter. Elle a pour objectif de mettre la pression sur l’institution judiciaire, et surtout les magistrat·es qui pourraient éventuellement condamner des policier·ères. Dans le même temps, elle affirme qu’une large partie des policier·ères, sont solidaires et pensent que poursuivre jusqu’à la mort deux jeunes d’une vingtaine d’années car il et elle n’avaient pas les chaussures adaptées et roulaient vite est dans leur bon droit.

Nous vous invitons à consulter notre article compte rendu sur le procès des 3 policiers impliqués dans la mort de Ouassim et Sabrina, en cliquant ici.


Sources :

Voir en ligne : bruxellesdevie.com

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