Dans la nuit de jeudi 1er à vendredi 2 septembre 2022, ça a chauffé à Roubaix et Wattrelos : des barricades de fortune ont été érigées et parfois incendiées, au moins 5 voitures ont été brûlées, un commissariat a été pris pour cible, sans dégât. Plusieurs personnes ont été interpelées, aucun flic ni pompier n’a été inquiété. Le lien est évident avec le décès d’un jeune roubaisien de 23 ans, trois jours plus tôt près de Tourcoing.
🔸 Un contexte tendu à Roubaix
Ca faisait plusieurs jours que la colère se contenait. Les habitant.e.s de Roubaix se disent désœuvré.e.s par la pression policière exercée quotidiennement dans la ville ces derniers temps, qui se conjugue à une image dégradée de la ville dressée par des médias qui dramatisent la réalité. Le décès de l’homme de 23 ans le mardi 30 août à 3h du matin arrive comme une drache qui faisant déborder le vase.
Si le jeune policier qui a tiré sur cet homme a été mis en examen (lire notre article ici), le soutien de la part de la profession et des politicien.ne.s de droite semble inconditionnel, plaidant cette fameuse « présomption de légitime défense ». Cependant, les circonstances du décès présentent encore d’importantes zones d’ombres. Notamment sur l’ouverture de la portière conducteur par le policier qui aurait été bousculé, et sur le tir à bout portant dans les côtes du jeune. Pour l’avocat de la famille, interrogé par la Voix du Nord, il faut « que la famille et même les habitants du secteur ne se disent pas que parce que c’est un policier, il a le droit de tout faire ».
🔸 Flambée nocturne
Dans la nuit de jeudi à vendredi entre minuit et 4 heures du matin, dans les quartiers de la Potennerie à Roubaix et de Beaulieu à Wattrelos, des gens ont mis feu à des poubelles, des voitures, et lancé des pétards, en s’en prenant notamment au commissariat de la Potennerie, qui jouxte le collège J-B Lebas autour duquel « des poubelles avaient été disposées, prêtes à être allumées », précise un pompier interrogé par la Voix du Nord (CGT SDIS 59). Les pompiers disent avoir fait une vingtaine d’interventions pendant la nuit sans avoir « été visés par les tirs de mortiers [d’artifice] ». Les dégâts sont avant tout matériels. Des flammes ont percé la nuit sur les rues Dupuy-de-Lôme, de Maubeuge, de Bavai et de Recroi. Des personnes en possession de feux d’artifices ont été arrêtées.
Ce genre de mouvement de révolte intervient souvent lors de violences ou crimes policiers, notamment lorsque la voix relayée par la presse et les politiques n’est que celle de la police, qu’elle criminalise la victime et qu’elle dédouane l’institution de toute responsabilité. Un sourd rappel des révoltes de 2005 suite au décès de Zyed et Bounna, de 2016 suite au décès d’Adama Traoré, ou de 2017 suite au décès de Sélom et Matisse. Le contexte de multiplication des interventions policières meurtrières, notamment dans le cadre de refus d’obtempérer, est le torrent qui fait briser le vase. Et sans contenant pour garder toute cette eau, comment apaiser une telle colère ?
Soutien à la famille.
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