Rencontre avec
Antoine Schirer et Emile Costard (réalisateurs, motion designers et journalistes indépendants),
Joke Callewaert (avocate dans le cabinet PLN )
et Nordine Saïdi (membre du comité de soutien Justice pour Lamine Bangoura et membre fondateur de Bruxelles Panthères).
Quels impacts une image peut-elle avoir sur le réel ?
Pour éclairer cette question, chacun des intervenants revient sur son expérience. Ensemble, ils retracent la vie des images de violence policière, celles filmées aux smartphones, celles des caméras de surveillances, celles des bodycams.
De leur prise de vue à leur utilisation dans une procédure judiciaire, en passant par leur diffusion sur les réseaux sociaux et dans les enquêtes journalistiques, chaque étape a ses enjeux, tantôt concret comme le stockage des vidéos, tantôt légal comme le droit de filmer, tantôt sociologique, comme nos biais quand nous regardons une vidéo. A chaque étape ces images sont réinterprétées : c’est une guerre des récits qui se joue à travers elles.
Cette rencontre s’est déroulée au cinéma nova le 12 juin 2022 au sein du cycle Screenshot Images de révolte, images révoltante : à quoi bon le cinéma ?
Elle a été organisée et présentée par Maud Girault dans le cadre d’un projet de recherche FrArt « Copwatching : la guerre du storytelling » soutenu par le FNRS et l’asbl Art et Recherche.
Face aux violences polciières, quelques liens en Belgique :
- Police Watch (de la Ligue des Droits Humains)
- OBSPOL - L’Observatoire des violences policières en Belgique (initiative citoyenne)
- Comité P : Le Comité permanent de contrôle des services de police est
l’organe de contrôle externe des services de police.] parfois dit « Comité B, service blanchisserie »
La discussion a porté, entre autre, sur les outils d’auto-défense médiatique disponible face à la police,
rappellant l’existence de l’application UVP - « Urgence Violences Policières »
Cette apllication (iOS et Android) a été lancé en France par URGENCE VIOLENCES POLICIÈRES et est disponible et utilisable en Belgique.
Lancée en mars 2020, l’application UVP « Urgence Violences Policières » permet de capter en direct et d’envoyer sur nos serveurs des vidéos d’opérations policières.
Cette application, disponible gratuitement au téléchargement, a été créée pour répondre à un double objectif :
- Éviter que les forces de l’ordre suppriment les images que vous filmez. Vos vidéos sont automatiquement enregistrées sur nos serveurs et ne peuvent donc être récupérées par les agents. Quoi qu’il arrive, que vous coupiez ou que vous soyez coupé, elles nous parviennent
- Permettre un meilleur suivi et traitement de vos images. Ce qui nous intéresse nous, ce ne sont pas les vidéos en tant qu’objets, c’est ce qu’elles révèlent et ce qu’elles permettent : en l’occurrence servir de preuves dans des dossiers souvent montés à charge contre les victimes. Quand vous utilisez l’application pour filmer les interventions policières, vous nous permettez de savoir précisément l’heure et le lieu des faits mais aussi d’avoir un contact direct avec vous. On peut ainsi prendre votre témoignage et essayer de retrouver la victime et/ou des témoins selon les faits.
À noter que la première proposition de loi visant à limiter la diffusion d’images d’opérations policières est née suite au lancement de cette application. L’information avait visiblement déplu au syndicat de policiers Alliance qui a fait pression pour que les autorités nous mettent des bâtons dans les roues. Le député Éric Ciotti avait alors déposé une proposition de loi en ce sens. Une idée reprise – mais modifiée – par la loi sur la Sécurité Globale contre laquelle nous sommes mobilisés depuis le début. Et ce n’est pas seulement contre un article de loi, un amendement, ou une réforme que nous nous battons : c’est contre l’ensemble de cet édifice répressif et destructeur.
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