Sous le bleu, il y a du rouage
Arriver dans les vestiaires, hésiter
Se changer, devenir quelqu’un d’autre
Poser ses genouillères
Et se dresser
Les bottes lourdes
Les casques qui basculent
Les matraques qui pendent
Les voitures qui reculent
S’entasser, à dix dans une camionnette
Se demander à quoi ça sert
Entendre le futur qui te hais depuis la rue
Se rassurer, se dire que ça a toujours été ainsi
Se trouver des escuses, accepter d’être le rouage sous le bleu
L’effet de groupe, le clan, le gang
Sortir de la camionnette, sous les ordres
Charger, sous les ordres,
Se rappeller de ne jamais demander « Pourquoi »
Penser à un autre métier
Se rapeller de ces dettes, de sa famille
Se dire qu’on a pas le choix, que quelqu’un doit le faire
Charger encore, car cette foule s’entête
Prendre plaisir, à la violence, par vocation
En vouloir à ceux qu’on charge,
qui nous font travailler plus longtemps,
plus durement
En vouloir aux jeunes,
aux noirs,
aux arabes,
aux gauchos,
au personnel hospitalier,
aux écolos, aux étrangers,
aux belges qui ne détestent pas les étrangers,
aux politiciens qui ne detestent pas assez les étrangers,
à toute la clientèle de mauvaise foi de de nos services de proximités
à toute les personnes qui trouvent le temps de manifester
plutôt que de faire comme tout le monde :
obeir aux ordres et charger.
Rentrer dans la camionnette
Trembler, car le gosse visé a peut être eu le crane ouvert
Se Calmer, car le gosse n’ira jamais porter plainte
Trembler car on ne saura pas comment raconter ça à ses gosse
Se Calmer, car les flics sont gentils dans les films que regarde ses gosses
Trembler car on ne racontera ça à personnes
Se Calmer, car personnes n’a envie de savoir
Trembler, de rage
car ce n’est pas sa faute
Trembler de rage
car c’est forcément
la faute
des personnes sur qui on donne l’ordre de charger
Regarder par-delà la visière, ne pas voir bien loin
Scruter les regards, satisfaits ou misérables
« J’en ai sortis un de la rue »
Se sentir proche de tant de misère, d’être dans la même bassese
De tout ces paumé.es qui n’ont plus que le badge et l’arme pour se sentir utile
Etre sure d’être dans le vrai
Impossible que tant de personnes soient dans le faux
et soient payé pour le faire
Et un peu à l’écart
Penser aux enfants qui attendent que l’on revienne
Esperer que jamais ces enfants ne manifestent pour quoi que ce soit
Ne pas imaginer le futur de ces enfants
Ne rien faire pour le futur des enfants des autres
Finir detester comme tout les flics ou comme tout les pères
Se rassurer « tout se ratrapera avec une retraite et de l’argent de coté »
Espérer que ce ne sera pas trop tard
Espérer qu’ils n’aient pas raisons
Espérer déja la fin, mais ne plus pouvoir attendre
Demissioner finalement
le plus vite possible
Reprendre une formation, mettre aux services ces capacités
Se poser et réfléchir deux secondes
Trouver qui pourra pardonner
Réapprendre l’amour et l’écoute
Apprendre à parler, de soi,
Et de coeur, étouffé par le bleu du pouvoir
Se rapeller du jardin qu’on aimerait cultiver
Et se rappeller des manifestants qui défendent des jardins que d’autre personnes aimeraient cultiver
Et se rapeller des jardins que l’on a déja aidé à détruire
Et penser à tout ces jardins détruits
Et penser à tout ces cranes détruits
Et penser à tout ces futurs détruits
Et penser à ces enfants qui hurlent
Pensez à ces sauvages
Jalouser la jeuneusse, la revolte, la sauvegerie et le rêve
Esperer,
Qu’on sera parti avant que la foule ne se déchaîne
Qu’on sera parti avant que le monde s’effondre en nous montrant du doigts
Avant que ne tombe le soir
Rentrer enfin, après un déluge de pavés
Panser les plaies
Se dire qu’on ne sera jamais assez payé
Que pour servir de bouclier à la bourgeoisie et à leur projet
Mais continuer
comme s’il n’existait qu’une seule gamelle dans laquelle manger
Arriver dans les vestiaires, sourir aux blagues
et aux rires camarades de l’extrème-droite
Se changer, redevenir humain
Retirer les genouillères, redevenir humain
Et pleurer... redevenir humain
Sous le bleu, il y a du rouage
Sous l’uniforme, un humain étoufé
Sous le gilet, un cœur qui ne comprend plus, n’a jamais vraiment compris
Sous le bouclier, une main que personne n’embrasse
A défendre les puissants et les sources des revoltes
Sans jamais sourciller, ne jamais être humain
On peut vivre le pire (même s’il y a pire)
On peut vivre le pire (même s’il y a pire)
Quand on est policier
Car il n’y a rien de pire que d’être policier
Ils ne choisissent pas leur combat et jalousent ceux qui le font
Ils obéissent, car c’est tout ce qu’on leur demande
Parfois, ils ne voudraient pas être là, et écrire un livre
Mais ils subissent, car c’est ce pour quoi ils ont signé
Rempart armée face aux changements et aux revolutions
Pour empecher la chute de toutes les dictatures
Qu’on pense un instant,
Quand on les frappe et les chahutent,
Qu’après eux...l’espoir
Texte d’origine : « Sous le gilet du policier, un cœur bouge » publié dans la Libre.
Nous éspérons que l’auteur fut meilleur flic que poète, et se sera contenté de massacrer des mots pendant son service.
JUSTICE ET VERITE
[Cagnotte] Pour les interpellés des mobilisations pour Nahel
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