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[Poésie] « Sous le képi il y a un coeur qui bat »

[Poésie] « Sous le képi il y a un coeur qui bat »

Variation sur le texte “J’assume” d’Ismaël Saidi, auteur, comédien et ancien policier.
Redacteur de poésie-carte-blanche auto-promotionnelle sur La Libre (sic)

Bruxelles | sur https://stuut.info

Sous le bleu, il y a du rouage

Arriver dans les vestiaires, hésiter

Se changer, devenir quelqu’un d’autre

Poser ses genouillères

Et se dresser

Les bottes lourdes

Les casques qui basculent

Les matraques qui pendent

Les voitures qui reculent

S’entasser, à dix dans une camionnette

Se demander à quoi ça sert

Entendre le futur qui te hais depuis la rue

Se rassurer, se dire que ça a toujours été ainsi

Se trouver des escuses, accepter d’être le rouage sous le bleu

L’effet de groupe, le clan, le gang

Sortir de la camionnette, sous les ordres

Charger, sous les ordres,

Se rappeller de ne jamais demander « Pourquoi »

Penser à un autre métier

Se rapeller de ces dettes, de sa famille

Se dire qu’on a pas le choix, que quelqu’un doit le faire

Charger encore, car cette foule s’entête

Prendre plaisir, à la violence, par vocation

En vouloir à ceux qu’on charge,
qui nous font travailler plus longtemps,
plus durement

En vouloir aux jeunes,
aux noirs,
aux arabes,
aux gauchos,
au personnel hospitalier,
aux écolos, aux étrangers,
aux belges qui ne détestent pas les étrangers,
aux politiciens qui ne detestent pas assez les étrangers,
à toute la clientèle de mauvaise foi de de nos services de proximités

à toute les personnes qui trouvent le temps de manifester
plutôt que de faire comme tout le monde :
obeir aux ordres et charger.

Rentrer dans la camionnette

Trembler, car le gosse visé a peut être eu le crane ouvert

Se Calmer, car le gosse n’ira jamais porter plainte

Trembler car on ne saura pas comment raconter ça à ses gosse

Se Calmer, car les flics sont gentils dans les films que regarde ses gosses

Trembler car on ne racontera ça à personnes

Se Calmer, car personnes n’a envie de savoir

Trembler, de rage
car ce n’est pas sa faute

Trembler de rage
car c’est forcément
la faute
des personnes sur qui on donne l’ordre de charger

Regarder par-delà la visière, ne pas voir bien loin

Scruter les regards, satisfaits ou misérables

« J’en ai sortis un de la rue »

Se sentir proche de tant de misère, d’être dans la même bassese

De tout ces paumé.es qui n’ont plus que le badge et l’arme pour se sentir utile

Etre sure d’être dans le vrai

Impossible que tant de personnes soient dans le faux

et soient payé pour le faire

Et un peu à l’écart

Penser aux enfants qui attendent que l’on revienne

Esperer que jamais ces enfants ne manifestent pour quoi que ce soit

Ne pas imaginer le futur de ces enfants

Ne rien faire pour le futur des enfants des autres

Finir detester comme tout les flics ou comme tout les pères

Se rassurer « tout se ratrapera avec une retraite et de l’argent de coté »

Espérer que ce ne sera pas trop tard

Espérer qu’ils n’aient pas raisons

Espérer déja la fin, mais ne plus pouvoir attendre

Demissioner finalement
le plus vite possible

Reprendre une formation, mettre aux services ces capacités

Se poser et réfléchir deux secondes

Trouver qui pourra pardonner

Réapprendre l’amour et l’écoute

Apprendre à parler, de soi,
Et de coeur, étouffé par le bleu du pouvoir

Se rapeller du jardin qu’on aimerait cultiver

Et se rappeller des manifestants qui défendent des jardins que d’autre personnes aimeraient cultiver

Et se rapeller des jardins que l’on a déja aidé à détruire

Et penser à tout ces jardins détruits

Et penser à tout ces cranes détruits

Et penser à tout ces futurs détruits

Et penser à ces enfants qui hurlent

Pensez à ces sauvages

Jalouser la jeuneusse, la revolte, la sauvegerie et le rêve

Esperer,

Qu’on sera parti avant que la foule ne se déchaîne

Qu’on sera parti avant que le monde s’effondre en nous montrant du doigts

Avant que ne tombe le soir

Rentrer enfin, après un déluge de pavés

Panser les plaies

Se dire qu’on ne sera jamais assez payé

Que pour servir de bouclier à la bourgeoisie et à leur projet

Mais continuer

comme s’il n’existait qu’une seule gamelle dans laquelle manger

Arriver dans les vestiaires, sourir aux blagues
et aux rires camarades de l’extrème-droite

Se changer, redevenir humain

Retirer les genouillères, redevenir humain

Et pleurer... redevenir humain

Sous le bleu, il y a du rouage

Sous l’uniforme, un humain étoufé

Sous le gilet, un cœur qui ne comprend plus, n’a jamais vraiment compris

Sous le bouclier, une main que personne n’embrasse

A défendre les puissants et les sources des revoltes

Sans jamais sourciller, ne jamais être humain

On peut vivre le pire (même s’il y a pire)

On peut vivre le pire (même s’il y a pire)

Quand on est policier

Car il n’y a rien de pire que d’être policier

Ils ne choisissent pas leur combat et jalousent ceux qui le font

Ils obéissent, car c’est tout ce qu’on leur demande

Parfois, ils ne voudraient pas être là, et écrire un livre

Mais ils subissent, car c’est ce pour quoi ils ont signé

Rempart armée face aux changements et aux revolutions

Pour empecher la chute de toutes les dictatures

Qu’on pense un instant,

Quand on les frappe et les chahutent,

Qu’après eux...l’espoir


Texte d’origine : « Sous le gilet du policier, un cœur bouge » publié dans la Libre.
Nous éspérons que l’auteur fut meilleur flic que poète, et se sera contenté de massacrer des mots pendant son service.

JUSTICE ET VERITE

[Cagnotte] Pour les interpellés des mobilisations pour Nahel

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