Nous dénonçons le SPF Justice qui via son label « cellmade », littéralement « fait en cellule » organise le travail en prison. Les soi-disant bien fait de « cellmade » sont mis en avant comme on brandirait une étiquette « bio/local/de saison » en achetant un brocoli. Pourtant, derrière « cellmade » et l’« entreprenariat social » qui formerait les détenu·e·s pour leur permettre une réinsertion sociale, c’est littéralement l’exploitation qui s’opère.
Cellmade organise le lien entre d’une part : les entreprises qui cherchent une main d’œuvre bon marché et flexible et d’autre part : les personnes incarcérées, qui manquent de moyens (n’oublions pas que la prison coûte cher !**) et cherchent à sortir plus souvent de cellule. En organisant cet échange, cellmade s’accapare 2/3 de l’argent versé par les entreprises.
Quoi d’autre ?
Les travailleur·euse·s incarcérées ne sont pas soumis·e·s au droit du travail. En pratique, ça veut dire qu’iels n’ont pas de contrat de travail, pas de salaire mais une « gratification » qui tourne autour de 0,75 à 4€ de l’heure. S’ajoute parfois à cette misérable gratification un plafond mensuel de revenus. C’est le cas par exemple à Haren où les détenu·e·s ne peuvent pas gagner plus de 250€ par mois.
Ne pas être soumis·e aux droits du travail ça veut aussi dire : ne pas avoir le droit de faire grève, ne pas pouvoir s’organiser entre travailleur·euse·s, ne pas pouvoir cotiser pour sa pension ou pour le chômage, ne pas avoir droit à des congés payés ou des congés maladies. De plus, le travail proposé aux détenu.e.s est en général un travail non-qualifiant et à la chaîne.
… la liste est encore longue. Alors, cellmade, vraiment vecteur de réinsertion sociale ?
Il faut mettre fin à cette idée qu’exploiter des personnes précaires peut les aider à se « réinsérer ». On ne peut pas réinsérer des personnes qu’on isole de la société et qu’on prive de leurs droits. Incarcérer des personnes les rend encore plus précaires : tant socialement que financièrement.
Cellmade, en utilisant les détenu·e·s en prison, en permettant aux entreprises de faire appel à une main d’œuvre peu chère « made in belgium » (en plus d’être « cellmade ») exemplifie parfaitement l’imbrication du capitalisme et du système carcéral. Il s’agit bien sûr d’un exemple parmi d’autres.
Évidemment, nous dénonçons ces conditions d’exploitation des travailleur·euse·s en prison. Nous exigeons des meilleures conditions de travail pour les personnes incarcérées, qu’elles puissent jouir de contrats de travail donnant accès aux mêmes droits que tou·te·s les travailleur·euse·s en Belgique et soient rémunéré·e·s de manière digne.
Tant que le capitalisme et le système carcéral sont en place, les personnes précaires continueront à se faire exploiter. Nous voulons l’abolition du système pénal et du capitalisme, ainsi que tous les systèmes d’oppressions qui se soutiennent et sont liés entre eux !
FEU AUX PRISONS
FEU AU CAPITALISME !
* Le siège social de cellmade est situé à la Régie des bâtiments.
** Tous les produits achetés en prison coûtent plus cher qu’à l’extérieur (souvent autour d’un tiers du prix en plus), en plus des frais pour des services (téléphone, télévision…) et de l’argent que doivent souvent payer les personnes incarcérées à des victimes.
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