"Le CRACPE a été fondé dès 1997, annonce de la construction d’un centre fermé pour étrangers à Vottem, avec toutes les personnes, citoyennes et citoyennes, et associations qui n’acceptions pas que des personnes soient placées en détention, non pas pour avoir avoir commis de délit, mais simplement parce qu’elles n’avaient pas de titre de séjour. Nous dénonçons le déni des Droits Humains.

Depuis lors nous n’avons cessé de nous battre pour la suppression des centre fermés et l’arrêt des expulsions, ainsi que pour la régularisation des sans-papiers, notamment en étant présents chaque samedi autour du centre fermé de Vottem pour apporter notre soutien aux détenus et leur communiquer le numéro de notre permanence téléphonique, afin de les aider dans les démarches pour éviter une expulsion.

Les centres fermés existent depuis 1988 : le centre 127 à côté de l’aéroport, aujourd’hui détruit. Ils ont été multipliés depuis les élections de 1991, année de la montée en force du Vlaams Block, devenu Vlaams Belang.
Dans l’ordre, centres fermés de : Merksplas (1993), 127 bis à Steenokkerzeel (1994), Bruges (1995), Vottem 1999, Caricole (2012) qui remplace le 127 à Steenokkerzeel, Holsbeeke (2019). Trois nouveaux centres sont prévus à Zandvliet, Jumet, et Jabbeeke pour remplacer celui de Bruges. Il s’agit du Master-Plan de Théo Francken, repris par le gouvernement Vivaldi ! Objectif 10.000 expulsions par an.

Nous nous y sommes opposés parce que ces centres ont pour objectif de préparer l’expulsion vers toutes les insécurités (guerres, persécutions politiques, sexistes, homophobes, insécurité économique le plus souvent liée à l’exploitation du Nord par le Sud, conséquences du réchauffement climatique… ) fuies par toutes celles et ceux qui n’ont pu obtenir l’asile, à cause des politiques restrictives des gouvernements successifs. Les personnes détenues dans les centres fermés sont aussi toutes celles et ceux qui n’ont pu obtenir un séjour légal pour étudier, vivre en famille, ou travailler.

Comme l’objectif des centres est de mettre en œuvre l’expulsion, tous les moyens sont bons pour briser la résistance des détenu.e.s . Et s’ils tiennent le coup, la résistance sera définitivement brisée par la violence au moment de l’expulsion, quand ils seront menottés, entourés d’une sangle, technique du saucissonnage, insultés, battus. Les témoignages recueillis encore ces dernières semaines sont ceux de personnes qui n’ont eu d’autre solution pour éviter, temporairement, une expulsion que d’avaler une lame de rasoir, une pile, un morceau de ciseau…
Je ne veux pas être trop longue, mais détailler ici ce qui se passe dans un centre fermé quand une personne se révolte , ou simplement proteste , ou réclame ses médicaments, ou qu’on trouve un briquet dans sa poche etc. , ou pire, aux yeux de cette institution carcérale, si une personne entame une grève de la faim.

Le cachot : matelas sur un socle de béton, toilette dans la cellule, aucun contact avec l’extérieur. C’est limité à 72 heures ; mais ils ont trouvé la solution, des chambres d’isolement, qui ne sont plus appelées cachots, pour prolonger ces conditions de détention, la prison dans la prison, pendant des jours et des jours…
A Vottem il y a aussi l’aile spéciale, créée par Maggie De Block, isolement dès l’arrivée dans des chambres avec le « confort » relatif des autres chambres, mais où les personnes dites « ingérables » sont seules toute la journée, y compris lors de la sortie au préau, de quoi devenir fou, et plier face à l’expulsion prévue !

Pour faire le lien avec le décès survenu à Merksplas, je voudrais rappeler qu’il y a eu 5 décès à Vottem, trois suicides pour échapper à l’expulsion, impossible à vivre, et aussi deux morts en cellule d’isolement, faute de soins appropriés, puisque personne n’est là pour que l’appel au secours soit entendu. A Vottem un détenu en isolement s’était auto-mutilé ; un voisin, détenu également en isolement, l’a entendu appeler à l’aide toute la nuit . Le matin on l’a retrouvé mort, « mort naturelle » dit l’autopsie. Comme aujourd’hui à Merksplas, comme pour Sourour, décédée dans la cellule d’un commissariat à Bruxelles, alors que c’est à l’hôpital qu’elle aurait du être emmenée !
Tout cela , nous ne pouvons plus l’accepter, pas plus que les traitements inhumains réservés aux demandeurs d’asile qui se retrouvent à la rue, parce que depuis la crise syrienne 2015, on n’a fait que fermer des hébergements pour les demandeurs d’asile.

On ne peut plus accepter un Etat qui ne respecte ni les Droits Humains ni les conventions internationales, une Union Européenne qui aujourd’hui encore discute de renforcer les murs aux frontières, d’en construire de nouveaux, qui ne feront qu’augmenter les décès en mer, sur les routes, dans les camions, dans les trains d’atterrissage des avions parfois.

Pour celles et ceux qui parviennent jusqu’ici, c’est la précarité, la surexploitation, qui convient bien à une partie du patronat, aux marchands de sommeil, l’absence de droits pendant des années, puisque la régularisation du séjour est même toujours refusée à celles et ceux qui travaillent, ont suivi des formations, à celles et ceux dont les enfants fréquentent nos écoles…

Nous devons poursuivre notre résistance contre tout cela, le plus largement possible, avec toutes les citoyennes et tous les citoyens indigné.e.s, les associations.
Nous vous fixons déjà un rendez-vous pour poursuivre notre lutte, le dimanche 16 avril, rendez-vous ici-même, Place Saint-Lambert, pour marcher jusqu’à Vottem, camp de la honte !