L’enquête, dirigée par un juge financier bruxellois, vise des faits de « corruption » et de « blanchiment d’argent » en bande organisée, d’après le parquet fédéral. Doha est soupçonné d’« influencer les décisions économiques et politiques du Parlement européen, en versant des sommes d’argent conséquentes ou en offrant des cadeaux importants »1, poursuit-il. Les bénéficiares sont des personnalités ayant « une position politique et/ou stratégique significative »2 au sein du Parlement.
« Il ne s’agit pas d’un incident isolé », a réagi l’organisation Transparency International. « Depuis plusieurs décennies, le Parlement a laissé se développer une culture de l’impunité (…) et une absence totale de contrôle éthique indépendant »1.
Eva Kaili s’était rendue début novembre au Qatar, peu avant le début de la Coupe du monde de football, où elle avait salué en présence du ministre qatari du Travail l’engagement du Qatar à « poursuivre les réformes du travail ». « Le Qatar est un chef de file en matière de droits du travail”1, avait aussi osé affirmer Mme Kaili le 22 novembre à la tribune du Parlement européen. Rappelons qu’au moins 6500 ouvrier·ères auraient perdu la vie sur les chantiers qataris depuis l’attribution de la compétition à Doha, selon le Guardian3.
Suite à toutes ces révélations, le Parlement européen propose de créer un « comité spécial » chargé d’analyser les failles dans les règles sur la transparence, l’intégrité et la corruption, ainsi que de réformer le cadre existant. Il propose aussi de mettre en place une commission d’enquête sur le Qatargate et des actions commises par des pays tiers, une fois que la justice belge aura tranché dans cette affaire.
Lundi 2 janvier, le Parlement européen a annoncé avoir lancé une procédure d’urgence pour lever l’immunité de deux eurodéputé·e·s appartenant au groupe S&D à la suite d’une demande des autorités judiciaires belges. Mercredi 18 janvier, Marc Tarabella est exclu de son groupe (S&D) et du PS le temps de l’enquête.
L’universitaire Antoine Vauchez, qui travaille notamment sur ces questions de transparence et de conflit d’intérêts dans l’UE, analyse avec prudence ces résolutions : « Derrière une rhétorique de l’urgence, la résolution a essentiellement pour effet de temporiser. La commission d’enquête prévue par le Parlement n’aura sans doute pas lieu avant dix-huit mois, tandis que la commission interne promise est loin d’être mise en place. »4
Sources :
france24.com/fr/émissions/ici-l-europe/20230106-alberto-alemanno-juriste-le-parlement-européen-a-toujours-résisté-aux-règles
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