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Quand les président·es de parti doivent cohabiter dans un château : cordon sanitaire brisé en Flandre

Quand les président·es de parti doivent cohabiter dans un château : cordon sanitaire brisé en Flandre

Flandres | sur https://stuut.info

Une émission flamande « Het Conclaaf » diffusée sur VTM réunit les chef ·fes des sept principaux partis flamands. On y retrouve Bart De Wever (N-VA), Tom Van Grieken (Vlaams Belang), Sammy Mahdi (CD&V), Raoul Hedebouw (PTB-PVDA), le Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld), l’ex-président de Vooruit Conner Rousseau, et la Vice-Première ministre Petra De Sutter (Groen). Pendant un week-end au Château Jemeppe, les politicien·nes vivent ensemble, cuisinent, et se confessent devant la caméra, dans un format de télé-réalité. En Flandres, à quelques semaines des élections régionales, fédérales et européennes du 9 juin, la politique spectacle contribue à normaliser l’extrême droite bien loin du cordon sanitaire médiatique qui persiste en Wallonie.

Le cordon sanitaire est une pratique politique qui vise à exclure les partis d’extrême droite des coalitions politiques et des médias. En Flandre, cette pratique est soumise à d’énormes tensions. Bien que le cordon sanitaire soit plus ferme du côté francophone, nous pouvons relever quelques ruptures. En mai 2020, Wilfried Magazine a interviewé Tom Van Grieken (Vlaams Belang), et en avril 2022, la VRT a diffusé un débat entre Georges-Louis Bouchez (président du MR) et Tom Van Grieken.

Début avril, Georges-Louis Bouchez a également minimisé la nature extrémiste du Vlaams Belang en déclarant : « Quand on me dit que le Vlaams Belang, c’est l’extrême droite, on s’appuie sur le passé. Je n’ai pas vu de journalistes qui arrivaient à faire la démonstration sur la base du programme que ce parti ne serait pas dans le champ démocratique. » S’il y avait encore un doute, deux politologues ont analysé les 96 pages du programme pour conclure que le parti est bien d’extrême droite, a un programme discriminatoire et ne respecte pas les droits fondamentaux. Bien que son discours ne parle plus de « race » au sens biologique comme pouvait le faire le Vlaams Blok (ancêtre du Vlaams Belang), celui-ci hiérarchise les religions et les cultures. Ce parti propose de retirer la reconnaissance du culte islamique et de restreindre divers droits fondamentaux des étranger·ères, en contradiction avec le principe d’égalité. Le parti veut également arrêter les subventions accordées à l’Unia, le centre interfédéral pour l’égalité des chances, et à des associations soutenant les personnes immigrées.

Alors que le poids électoral de l’extrême droite ne cesse de croître en Belgique et en Europe, le maintien du cordon sanitaire reste crucial pour protéger les valeurs démocratiques. L’extrême droite récolte aujourd’hui les fruits d’une stratégie de lissage de son discours de plusieurs décennies. Ses idées et propositions se diffusent, influençant la droite classique et le centre, qui adoptent progressivement des éléments de son programme, facilitant ainsi son ascension au pouvoir. Des émissions comme « Het Conclaaf » et des discours comme celui de Georges-Louis Bouchez risquent de normaliser et de légitimer l’extrême droite, mettant en péril les principes d’égalité et d’inclusion.

Sources :

Voir en ligne : BXL Dévie

Notes

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