Il y avait plus de 200 personnes, de tous âges mais avec un majorité de jeunes, inquiètes pour l’avenir que sont en train de construire les partis politiques. Des prises de parole ont expliqué la raison de ce rassemblement et une fanfare en a ponctué toute la durée. La plupart des élu·es semblait désemparée par cette vie, et ont pris soin d’éviter de la toucher. Même au niveau local, la distance entre le monde politicien et les votant·es est palpable. Du côté de la police, elle n’a rien trouvé de mieux à faire que de ficher cette jeunesse, inquiète mais mobilisée, à l’aide d’un téléobjectif à partir de l’intérieur de l’hôtel de ville.
« Nous exigeons du M.R. qu’il prenne une décision claire et précise en expulsant Noa Pozzi, tête de liste Chez Nous à Liège, ainsi que tous les autres transfuges d’extrême droite. » (passage de l’appel du rassemblement)
Noa Pozzi est en effet l’arbre qui cache la forêt. Bien d’autres membres de Chez Nous ont été acceptés au MR depuis les dernières élections où les premiers se sont plantés et les seconds ont décollé (Jason Galassi, Mathéo Besson), pour d’autres ce n’est pas clair (Raphaël Cormann, Nolan Delpomdor), et pour certains ils clament être devenus membres du MR alors que celui-ci dément (Adrien Roger).
Des pontes du MR se sont opposé·es (« On aurait dû consulter en interne » pour Sophie Wilmès), le MR liégeois s’y est opposé (« Nous n’avons été ni consultés ni même informés » pour Diana Nikolic), les Jeunes MR s’y sont opposés (« Cela s’inscrivait en contradiction avec nos valeurs (démocratiques, de tolérance et d’inclusion) »). Mais il s’agit bien de leur parti et de leur président de parti, donc les subtilités de leur fonctionnement en interne (le président de parti peut accepter une adhésion sans l’aval de la section locale) leur appartiennent.
Puisque le rassemblement avait lieu à Liège, il nous semble important de rappeler un autre point : au-delà de sorties racistes et sexistes régulières (Michel Peters, Raphaël Mitlazki) le MR liégeois s’était déjà illustré par son échevin Fabrice Dreze qui avait parrainé l’adhésion d’un ex membre du Parti Populaire et des Listes Destexhe, Steve Counet. C’est après que le FAL ait sorti l’affaire publiquement que le MR liégeois avait rétropédalé sur cette adhésion d’un transfuge d’extrême droite.
Nous aussi nous pensons que l’expulsion de ces militants d’extrême droite du MR serait un grand minimum, si ce parti voulait continuer prétendre d’être d’aspiration démocrate, mais le fait est que ces personnes et leurs valeurs ont aujourd’hui toute leur place au MR. Il faudrait une refonte conséquente du parti et un changement d’orientation majeur, qui le ramène à ses fondamentaux libéraux, pour que cela ne soit plus le cas.
Quelles sont les différences concrètes entre les discours de Chez Nous et du président du MR sur la sécurité, la migration, le « wokisme » (sic), la gauche, la culture, l’enseignement, la liberté de la presse ? Concrètement, quelles sont ces différences aujourd’hui ?
Son rapport à l’État de droit et à l’intimidation des opposant•es politiques s’extrême-droitise également.
Et, au-delà du président Georges-Louis Bouchez, de nombreux pontes du MR suivent cette même voie de l’extrême droitisation (Nadia Geerts, Corentin de Salle, Pierre-Yves Jeholet, Jacquline Galant, Etienne Dujardin).
Concernant l’accord de gouvernement de l’Arizona, lire les chapitres migration ou sécurité donne la nausée. L’Arizona prévoit de nombreuses mesures présentes dans les programmes d’extrême droite, et sans avoir eu besoin pour cela de la présence du Vlaams Belang ou de Chez Nous, la présence de la N-VA et du MR a suffit.
Le MR s’extrême-droitise, c’est un fait. Les récents transfuges ne sont qu’une étape supplémentaire dans ce processus de banalisation de l’extrême droite porté activement par le MR dans ses paroles et dans ses actes.
Les Engagé·es portent une lourde responsabilité dans cette banalisation à tous les niveaux de pouvoir, et c’est le seul parti qui s’est tu dans toutes les langues concernant les transfuges d’extrême droite. Le PS liégeois porte également une lourde responsabilité dans cette banalisation en ayant fait le choix du MR, et en reprenant une partie de ses discours nauséabonds sur la soi-disant « sécurité » (discours qui amalgament migration, sans abrisme, toxicomanie et criminalité, sans s’attaquer aux sources ni de la criminalité ni de l’insécurité). Quant aux autres partis dits de gauche, nous avons le sentiment qu’ils n’ont pas suffisamment cherché à créer une majorité progressiste comme cela s’est vu dans d’autres communes, alors que les votes des liégeois·es le leur permettaient largement
Des participant·es de Front Antifasciste de Liège (FAL)
Crédit : M.B.(la DH)
Crédit : Eïden Sauvage
Crédit : M.B.(la DH)
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Crédit : Eïden Sauvage
Crédit : Jim Sumkay
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