Lola Arias (Argentine) est écrivaine, metteuse en scène et réalisatrice. Son travail est un véritable mélange des genres, où elle rassemble des personnes aux parcours très différents (anciens combattants, réfugiés, travailleurs du sexe, etc.) pour créer des projets où se croisent théâtre, cinéma, littérature, musique et arts visuels. Elle donne ainsi une voix à des réalités souvent invisibilisées, en les transformant en récits collectifs et puissants.
Dans un système carcéral où la violence, la répression et la marginalisation sont omniprésentes, des femmes cis et trans rejouent les récits de leur incarcération pour redonner vie à leurs histoires et à leurs luttes. À travers le prisme de la prison de Buenos Aires, elles s’approprient leurs voix et leurs corps, mais aussi ceux des autres : détenues, gardiennes, figures de l’autorité. Ce travail collectif, profondément politique, montre que l’émancipation ne se trouve pas seulement dans le rejet de l’enfermement, mais aussi dans la capacité à transformer l’espace de domination en un lieu de résistance et de solidarité.
Ces récits, tantôt marqués par la douleur et la souffrance, tantôt porteurs de joie et de vie, dessinent un portrait bouleversant des réalités vécues par les femmes en prison. Mais plus que de simples témoignages, ces histoires deviennent un acte de réappropriation, une prise de pouvoir sur ce qui est souvent réduit à une simple statistique : la condition féminine derrière les barreaux. Loin d’être un espace clos, la prison devient ici le terrain d’une réinvention de soi, d’une affirmation de l’existence par la musique, la danse, la création collective. On met ici en lumière la possibilité de se réapproprier l’espace physique et émotionnel, de se libérer des traumatismes et de la violence subie, tout en reconstruisant des liens de solidarité.
Ces femmes ne sont pas seulement des victimes du système carcéral, mais des actrices de leur propre réinvention, créant un espace d’émancipation et de dignité dans l’enfer du contrôle et de l’oppression.
Ainsi, ce travail dépasse la simple reconstitution de moments passés. Il devient un manifeste pour la reconnaissance des droits, de la liberté et de l’humanité des femmes en prison, et un appel à imaginer un monde où la réconciliation, la dignité et la résilience ne soient pas l’exception, mais la norme. Parce qu’au-delà des murs, il y a des voix qui refusent de se taire et des corps qui refusent de se soumettre.
« Réas » de Lola Arias, pour la séance de cloture du Festival de documentaires engagés En Ville !
Le mercredi 2 février 2025 au Cinéma Palace
En diptyque avec la pièce de théâtre « Los dias afuera » au Théâtre National du 12 au 15 février 2025
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