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Un militant antiraciste poursuivi pour avoir tweeté : « J’emmerde tout ce qui est suprématie blanche »

Un militant antiraciste poursuivi pour avoir tweeté : « J’emmerde tout ce qui est suprématie blanche »

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Mouhad Reghif, militant du collectif décolonial Bruxelles Panthères, est au cœur d’une affaire judiciaire après un tweet. En 2021, sous une publication de Nadia Geerts critiquant une décision de justice favorable au port du hijab dans l’institution Francisco Ferrer, Reghif avait écrit : «  J’emmerde tout ce qui est suprématie blanche ». Cette déclaration a conduit Nadia Geerts, connue pour ses positions islamophobes, à déposer une plainte pour injure publique, une action en justice soutenue par le Centre d’Action Laïque (CAL) et Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE), constitués parties civiles. Retour sur cette affaire et ses protagonistes.

Nadia Geerts, fraîchement nommée vice-présidente du CA de le RTBF, est une commentatrice qui flirte avec les idées d’extrême droite et qui se présente comme « féministe ». Actuellement rémunérée par le centre de « recherches et d’études » du MR – centre Jean Gol – elle se consacre au développement de nouvelles stratégies « anti-woke ». La dernière publication de ce centre, signée par Geerts, a été sévèrement critiquée par des universitaires reconnus en sciences politiques. Martin Deleixhe (ULB) l’a qualifiée de « naufrage intellectuel« , tandis que Pascal Delwit (ULB) a estimé que ses analyses « ne seraient même pas acceptées comme travaux d’étudiants« . Nadia Geerts s’est fait connaître pour ses positions islamophobes dans l’enseignement supérieur, multipliant les polémiques en s’attaquant notamment aux femmes portant le hijab, tout en prétendant défendre la « laïcité » au sein de l’établissement où elle travaillait, H2EB. Plusieurs fois son comportement a été dénoncé par les étudiant.es de son établissement. Assurant être menacée, Geerts a finalement choisi de démissionner. Profitant de la polémique et de l’éclairage médiatique à son sujet, elle est devenue chroniqueuse pour LN24, en avril 2021.

De son côté, le Centre d’Action Laïque (CAL) est également une organisation connue pour ses positions très à droites, qui utilise également un pseudo-engagement pour ladite « laïcité » afin de mener une politique islamophobe dont l’objectif est d’empêcher l’accès à l’éducation et au travail au sein des services publics aux femmes portant le foulard. À titre d’exemple, le CAL a publiquement appuyé les enseignant.es de la Haute Ecole Francisco Ferrer lorsqu’ils et elles tentaient d’interdire le port du voile au sein de l’établissement. Wallonie-Bruxelles Enseignement soutient la plainte de Geerts car elle était son employeur aux moments des faits.

Il est à noter que Geerts est représentée par le cabinet d’avocat de Marc Uyttendaele (UGKA), lui-même récemment accusé d’agressions sexuelles sur son lieu de travail. Avocat et professeur à l’ULB, Marc Uyttendaele est connu pour représenter des personnes ou des entités dans des affaires liées au port du hijab. Il a notamment défendu la Haute Ecole Francisco Ferrer, accusée d’interdire illégalement le hijab à ses étudiantes, souvent via des humiliations à caractère raciste. La cour constitutionnelle belge a pourtant tranché : interdire le port du hijab dans la haute école est une discrimination raciste illégale en Belgique. C’est également lui qui défendait la STIB, condamnée pour discrimination raciste après avoir interdit le port du hijab à ses employées. Il a alors dénoncé dans la presse une terrible « décision militante » du tribunal, car il estime que les personnes portant le hijab n’ont pas le droit de travailler au sein de la fonction publique. Bref, chacun ses combats, mais certains paraissent plus racistes que d’autres.

Pour revenir à l’affaire contre Mouhad Reghif : suite à cet acharnement et cette organisation des sphères réactionnaires et islamophobes, le 29 janvier 2025, Mouhad passera devant la Chambre des mises en accusation de la Cour d’appel de Bruxelles. Un appel à rassemblement pour le soutenir a été lancé pour ce jour-là sur la Place Poelart. Un appel à le soutenir financièrement et surtout politiquement a été lancé par Bruxelles Panthères afin de l’aider à payer ses frais judiciaires.

Ce n’est pas la première fois que Bruxelles Panthères et son porte-parole subissent des intimidations et des pressions. En 2019 lors du cortège de la Ducasse d’Ath, Mouhad Reghif a été interpelé par la police et enjoint à quitter la ville, car Bruxelles Panthères avait publiquement dénoncé la négrophobie derrière la représentation du « Sauvage » et lancé une pétition contre sa présence. Le « Sauvage », renommé aujourd’hui en le « Diable », est un héritage colonial belge. Ce personnage, qui est « joué » par une personne blanche déguisée en personne noire avec des chaines autour du cou et des mains, a été inventé au début de l’aventure coloniale belge à la fin du 19è siècle. Ce personnage incarne les stéréotypes racistes et négrophobe de la société belge.

Un appel au soutien politique et aux dons a été mis en place pour soutenir Mouhad : PayPal : paypal.me/bruxellesp, Compte Bancaire : BE83-2991-1796-0615. Communication « Soutien frais de justice ».

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Sources :

Voir en ligne : BXl Dévie

Notes

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