Après un an de mobilisation, d’actions, et près de deux mois d’occupation, l’ULB a annoncé la fin de ses collaborations avec les universités israéliennes tout en levant une mesure bloquant les partenariats avec les universités palestiniennes, qu’elle s’engage désormais à établir. Une victoire pour le mouvement étudiant à l’ULB et l’Université Populaire de Bruxelles. De façon concomitante, la Cour Pénale Internationale a émis des mandats d’arrêt contre Benyamin Netanyahou et Yoav Gallant le 26 novembre.
L’Université Populaire de Bruxelles (UPB), constituée au sein de l’occupation du bâtiment B, a cependant déclaré que la lutte ne s’arrêtait pas là : « Nous continuons à porter toutes nos revendications. La transparence totale sur les partenariats de l’ULB, […] et surtout que cette suspension évolue vers un boycott complet des universités et entités complices de la colonisation en Palestine. » « Nous ne serons pas dupes : tôt ou tard, l’ULB se vantera de cette décision comme d’un acte de bravoure. Mais nous savons qu’il s’agit d’une concession arrachée à une institution qui, trop longtemps, à préférer l’immobilisme. […] Avec détermination et fermeté, nous continuerons à confronter nos institutions sur leur complicité et leur propre logique oppressive. »
En parallèle, les autorités de l’ULB continuent de réprimer les initiatives pro-palestiniennes. Dernier exemple en date : l’interdiction d’une conférence de Mohammed Khatib, coordinateur de Samidoun, organisée par le Cercle Arabo-Européen (CEAE) et le mouvement Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS). Dans un communiqué, les cercles organisateurs expliquent la situation : « L’ironie est désormais incontestable : une conférence visant à dénoncer la censure et la répression des mouvements pro-palestiniens est elle-même censurée par une institution [ULB] qui prétend défendre le libre examen. » Ce n’est pas la première fois que l’université agit ainsi. L’an dernier, elle avait tenté d’interdire une conférence avec Salah Hammouri, avocat et prisonnier politique palestinien, sous prétexte qu’une affiche de l’événement représentait une carte de la Palestine « de la mer au fleuve », ce qui aurait, selon l’université, nié « le droit d’autodétermination du peuple juif ».
Une prise de position pour le moins surprenante de la part des autorités universitaires, qui semblent ainsi adopter et s’approprier les ambitions politiques portées par le sionisme, dans sa dimension prônant l’établissement d’un État-nation suprémaciste et colonial en Palestine. Là où l’on attend généralement d’institutions universitaires revendiquant le principe du « libre examen » qu’elles adoptent une posture fidèle à leurs valeurs, en refusant toute prise de position allant à l’encontre des droits humains ou s’inscrivant dans des logiques proches de celles de l’extrême droite, afin de préserver un espace ouvert au débat.
En contraste, l’ULB a récemment accueilli des figures controversées comme l’ancien ambassadeur israélien Elie Barnavi, qui avait publiquement déclaré qu’il fallait couvrir Gaza de bombes. Une conférence défendue par la rectrice Annemie Schauss, régulièrement épinglée pour sa politique répressive contre les étudiant.es pro-palestiniens et son deux poids deux mesures.
Par ailleurs, ce lundi 9 décembre, le Centre Jean Gol organise une conférence avec Louis Sarkozy et Georges-Louis Bouchez. Tous deux sont accusés de légitimer des crimes de guerre et propager des discours de haine. Louis Sarkozy a déclaré au sujet de la guerre au Liban et à Gaza « Qu’ils crèvent tous, Israël fait le travail de l’humanité ». Quant à Georges-Louis Bouchez, il a qualifié « d’un coup de génie » une opération militaire israélienne ayant causé plus de 2 931 blessés et 37 morts au Liban, dont des enfants et des soignants. Il est aujourd’hui visé par une plainte pour apologie de crimes de guerre.
L’ULB semble ainsi pratiquer une gestion à deux vitesses, en minimisant les voix qui dénoncent le génocide palestinien tout en accueillant ceux qui justifient les pires violences coloniales israéliennes. L’Université Populaire de Bruxelles appelle à un rassemblement, ce lundi 9 décembre 17h30 au batiment F sur le campus du Solbosch de l’ULB, pour dénoncer cette conférence.

Sources :
- Communiqué de l’UPB sur Instagram
- https://www.trtfrancais.com/actualites/quils-crevent-tous-le-fils-de-nicolas-sarkozy-provoque-lindignation-par-ses-propos-18214800
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