Vous l’aurez peut être remarqué à l’un ou l’autre coin de rue : actuellement, une campagne est en cours pour demander le retrait du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) de la liste des organisations terroristes de l’Union européenne.
Le PKK s’est formé à la fin des années 1970 en Turquie comme mouvement socialiste et de libération nationale pour s’opposer aux politiques d’assimilation ciblant les Kurdes et pour défendre un modèle de société alternatif aux états-nations capitalistes. Depuis les années 2000, le PKK, et son leader Abdullah Öcalan, ont développé le paradigme du confédéralisme démocratique, actuellement mis en pratique au Rojava, dans le nord-est de la Syrie. Ce paradigme propose un système fondé sur l’organisation démocratique et solidaire des peuples, la libération des femmes, l’écologie et une économie coopérative et communale.
Depuis sa création, le soutien populaire au PKK, et, plus largement, au mouvement de libération du Kurdistan n’a cessé de croître. Aujourd’hui, ce mouvement est la principale force de résistance antifasciste face au nationalisme turc. Or, cette force est la cible d’une répression violente en Turquie, mais aussi en Europe. L’état turc a notamment obtenu que le PKK soit placé sur la liste des organisations terroristes de l’Union européenne en 2002.
Pourquoi cette criminalisation du PKK à l’international est-elle si importante pour l’état turc ? En qualifiant le PKK comme « organisation terroriste », la Turquie vise à couper le soutien politique et financier de la diaspora kurde et à criminaliser les manifestations de solidarité internationale, contribuant ainsi à isoler le mouvement kurde politiquement. La Turquie peut également demander l’extradition de dissident·es politiques qui défendent les droits des Kurdes, sous prétexte qu’ils et elles seraient affiliées au PKK. Ainsi, dans le cadre des négociations sur l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN, la Turquie avait demandé au gouvernement suédois l’extradition de 73 personnes qu’elle qualifiait de terroristes. Ce discours est également utilisé pour légitimer les attaques, les invasions et l’occupation des différentes parties du Kurdistan (le Rojava en Syrie, le Bashur en Irak).
Aujourd’hui, la Turquie, qui a envahi le Rojava à plusieurs reprises sous prétexte de « combattre les terroristes du PKK », mène une guerre de basse intensité contre cette région et sa population. Les attaques par drone continues, les tirs d’artillerie sur les villages, les enlèvements de civils, les attentats contre les chefs de tribu dans le but de monter les différentes composantes ethniques et religieuses de la région les unes contre les autres, l’incendie des récoltes et le blocage de l’approvisionnement en eau potable : autant d’attaques qui visent à terroriser la population et à saboter le projet politique du Rojava.
De plus, le militaire turc a multiplié ses bases militaires au Kurdistan irakien, et mène depuis plusieurs mois une véritable guerre contre la guérilla du PKK, en ayant recours à des armes chimiques.
Avec la criminalisation du PKK par l’Union europénne, le mouvement kurde est également attaqué en Europe.
En participant à la campagne, vous pouvez montrer que le PKK et le mouvement de libération du Kurdistan jouissent d’un soutien populaire large. Ne nous laissons pas duper par la propagande mensongère de l’état turc et de ses alliés, qui détourne l’attention des crimes qui sont commis par l’armée turque et ses mercenaires dans les territoires occupés du Rojava et dans les autres parties du Kurdistan. Ici, en Europe, dénonçons la complicité de l’Union européenne avec les crimes de l’état turc.
Solidarité avec le PKK, non à la criminalisation du mouvement kurde !
Pour plus d’informations sur cette campagne et d’autres campagnes en cours : https://serhildan.org/campagnes-et-actions/
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