stuut.info

Belgique – Richard Berry, accusé d’inceste et de violence conjugale, bientôt de retour sur les planches

Belgique – Richard Berry, accusé d’inceste et de violence conjugale, bientôt de retour sur les planches

Belgique | sur https://stuut.info
JPEG - 71.3 ko

En 2025, l’acteur, scénariste et réalisateur Richard Berry, accusé d’inceste et de violence conjugale, revient sur scène avec L’audience est ouverte, un spectacle où il revisite des affaires judiciaires emblématiques à travers de grandes plaidoiries. Il se produira notamment le 6 avril au Théâtre Royal de Mons et le 15 avril au Cirque Royal de Bruxelles. Pourtant, sa présence sur scène interpelle, notamment à la lumière des accusations d’inceste portées par sa fille aînée, Coline Berry-Rojtman, en 2021. Cette dernière dénonçait déjà le paradoxe qu’incarne un homme accusé de violences sexuelles à jouer un défenseur des droits dans des œuvres théâtrales.

Dans L’audience est ouverte, Richard Berry revisite des grandes affaires, dont l’Affaire Dreyfus où Alfred Dreyfus, un capitaine juif de l’armée, fut accusé à tort de trahison, révélant un profond antisémitisme institutionnel en France. Comment un homme accusé d’inceste et de violences conjugales peut-il se faire l’écho des injustices historiques dans sa pièce de théâtre ? Une question similaire se pose avec le réalisateur Roman Polanski, qui, dans son film J’accuse de 2019, compare l’affaire Dreyfus à sa propre situation, se présentant comme une victime d’« hystérie collective » face aux accusations de violences sexuelles portées contre lui. Il est à ce jour accusé de viols et agressions sexuelles, notamment sur mineures, avec au moins six témoignages publics, dont celui de Samantha Geimer, une adolescente de 13 ans au moment des faits en 1977. Ce procédé, commun aux figures accusées de violences sexuelles, repose sur une inversion stratégique : se poser en victime pour minimiser ou discréditer les témoignages des survivantes. En se plaçant dans la peau d’Alfred Dreyfus, Berry et Polanski détournent et instrumentalisent des récits historiques, perpétuant un système où honte et culpabilité sont inversées.

Coline Berry-Rojtman avait déposé plainte en janvier 2021 contre son père Richard Berry, l’accusant d’agressions sexuelles commises en 1984-1985, en complicité présumée avec sa belle-mère de l’époque, la chanteuse Jeane Manson. Si Richard Berry a nié les accusations d’inceste, il a admis publiquement avoir frappé la mère de Coline, Catherine Hiegel, au point de lui faire perdre l’usage d’un tympan, et Jeane Manson, reconnaissant ainsi des épisodes de violences conjugales graves.

Malgré l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Paris, l’affaire a été classée sans suite pour cause de prescription. En parallèle, Coline Berry-Rojtman, poursuivie pour diffamation par Jeane Manson, a été relaxée en appel. Elle dénonçait alors une injustice criante : « Je suis poursuivie pour avoir dénoncé les faits dont j’ai été victime. »

Dans les affaires de violences sexuelles, la vérité judiciaire se heurte souvent aux limites des procédures et des délais de prescription, donnant lieu à une forme de « réalité alternative » qui protège davantage les agresseurs que les victimes. Comme le souligne Édouard Durand*, magistrat engagé sur ces questions, « lorsqu’un groupe humain ne tolère pas la réalité, il crée une réalité alternative » où « les agresseurs bénéficient, sauf exceptions, d’une impunité total«  (rapport de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, CIIVISE). Cette construction participe au déni massif entourant les violences sexuelles faites aux enfants, un phénomène pourtant bien documenté mais nié en grande partie.

Pour rappel, en Europe, un enfant sur cinq a été victime de violences sexuelles. En Belgique et en France, 1 enfant sur 10 a subi de l’inceste. Plus de 70 % des plaintes pour violences sexuelles sur mineurs sont classées sans suite. Cette réalité judiciaire minimise l’ampleur des crimes, laissant les victimes sans reconnaissance ni réparation.

La mise en avant d’un artiste comme Richard Berry dans des lieux culturels illustre un paradoxe profond : alors que les luttes contre le sexisme et les violences sexuelles peinent à se faire entendre, des figures violentes continuent d’être honorées au nom de la liberté d’expression. Programmer un tel spectacle en 2025 ne peut être perçu comme un acte neutre. Cela participe à une normalisation d’un système qui protège davantage les agresseurs que les victimes, réduisant ces dernières au silence tout en perpétuant un modèle sexiste et oppressif.


Légende :
*Edouard Durant : Magistrat, ancien co-président de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), une commission d’enquête française installée en mars 2021 à la suite de l’émergence du mouvement #MeToo inceste, dont les résultats confirment le caractère massif de ces violences.


Sources :

Voir en ligne : BXL Dévie

Notes

Une question ou une remarque à faire passer au Stuut? Un complément d'information qui aurait sa place sous cet article? Clique ci-dessous!

Proposer un complément d'info

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Texte du message
  • Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

DANS LES MÊMES THÉMATIQUES

13 juin - journée - lE DK

Appel à la solidarité - Grève de la faim de 3 jours

Nous relayons l’appel du SKB Belgique Appel à la solidarité - Grève de la faim de 3 jours Le 13, 14 et 15 juin 2025, une grève de la faim se fera en solidarité avec les prisonniers politiques ! Nous relayons l’appel du SKB Belgique Appel à la solidarité - Grève de la faim de 3 jours Le 13, 14 et 15 juin 2025, une grève de la faim se fera en solidarité avec les prisonniers politiques ! L’objectif de ce mouvement de grève est de soutenir les prisonniers et prisonnières en Turquie qui observent une grève de la faim, tout en mettant en lumière les conditions inhumaines des prisons d’isolement de type « Pit ». Ces prisons, récemment construites dans le nord du Kurdistan et en Turquie, sont conçues pour l’isolement extrême et infligent des tortures psychologiques et physiques aux prisonniers. Alors que les prisons turques sont déjà surpeuplées, avec plus de 400 000 personnes détenues, de nouvelles prisons basées sur l’isolement sont en cours de construction. Avec cette grève de la faim, qui s’organise dans différentes villes d’Europe, le SKB revendique : fermeture immédiate des prisons de type « fosse » (isolement extrême) Fin de toutes les formes de détention à l’isolement Liberté pour tous les prisonniers politiques Début : vendredi 13 juin à 11 h Fin : dimanche 15 juin à 15 h Lieu : Rue de Danemark 70B, 1060 Saint-Gilles (Bruxelles) Allez leur rendre visite et les soutenir !

Bruxelles Bruxelles | Santé / Soins |
Santé / Soins

UNE MUTUELLE PAR ET POUR LES PERSONNES SANS-PAPIERS

En Belgique, être une personne sans-papiers c’est vivre sans titre de séjour légal, sans accès garanti aux droits sociaux de base, dont les soins de santé. Depuis 1996, la procédure d’Aide Médicale Urgente (AMU) permet en théorie de répondre à ces besoins. Mais dans les faits, les obstacles sont nombreux : démarches lourdes, discriminations, disparités entre communes. Face à ce constat, un projet est en train d’émerger à Bruxelles : créer une mutuelle autogérée par et pour les personnes sans-papiers. L’idée a germé dans un petit groupe mixte, composé de personnes avec et sans papiers. Inspiré d’une initiative similaire, déjà active à Liège, ce projet entend répondre aux lacunes de l’AMU, tout en affirmant une vision politique de la santé comme droit fondamental. Plusieurs assemblées publiques ont permis de commencer à identifier les besoins, les freins et les potentiels. D’autres auront lieu prochainement pour s’accorder sur le modèle et procéder à sa structuration en ASBL. « On ne veut pas d’un système vertical où certains décident pour les autres. L’objectif est que les personnes concernées soient les premières actrices de la mutuelle », explique un·e des initiateur·rices. Un projet politique et collectif À travers des assemblées exploratoires et deux soirées de soutien, une dynamique se met en place. Une ASBL servira de caisse commune et d’instance formelle de décision. L’enjeu est clair : sortir de la logique d’urgence et créer une mutuelle durable, gérée par ses membres bénéficiaires, ouverte à toutes les personnes sans-papiers de Bruxelles, voire également à d’autres personnes en situation de difficulté d’accès aux soins. Pour présenter la démarche, les membres du collectif font le tour des lieux d’occupation à Bruxelles. Cet ancrage local facilite la création de liens de confiance, souvent essentiels dans les contextes de grande précarité. Ce sont aussi des lieux où la mutualisation des moyens fait sens. Le projet prévoit la mise en place de guichets pour récupérer l’argent, dans les squats, les occupations et au-delà, pour toucher aussi les personnes isolées. Des permanences administratives seraient également organisées pour accompagner les démarches liées à l’AMU, et à la création d’un compte bancaire, mais aussi, à terme, pour soutenir les demandes de régularisation, mettre en place des permanences juridiques, faire du suivi. Soigner, militer, créer du lien La mutuelle ne vise pas à remplacer l’AMU, mais à la compléter. En ciblant particulièrement les soins non couverts (santé mentale, gynécologie, paramédicale, hygiène, bien-être etc.), elle veut pallier les manques des aides officielles. Le principe : les membres versent une cotisation, les prestations de soins et autres dépenses sont ensuite remboursées sur présentation d’attestations et de prescriptions, voire directement facturées à la mutuelle par les services de santé « partenaires ». Pour fonctionner, le projet aura besoin d’un répertoire de (...)

Bruxelles Bruxelles |

27 juin - 17h30 - Bruxelles Laïque

Paradis artificiels : légitime défonce ?

Paradis artificiels : légitime défonce ? Le 27 juin 2025 À Bruxelles Laïque (Avenue de Stalingrad 18-20 - 1000 Bruxelles) Dans le cadre de la campagne Support don’t punish Au programme : une conférence sur le capitalisme et la drogue et des micro-conférences artistiques sous forme de Micro-doses. Le tout gratuit ! On vit dans un monde qui carbure. Café, sucre, antidépresseurs, anxiolytiques, weed, MDMA, écrans, proto, codéine, ayahuasca, coke du vendredi, vin du dimanche, shit de l’ennui, pilules du sommeil et rêves de défonce. Et pourtant, on ne parle jamais vraiment de drogue. On condamne ou on banalise. On médicalise ou on criminalise. Mais quand est-ce qu’on écoute ? Quand est-ce qu’on rit ? Quand est-ce qu’on met en scène ce chaos intime et collectif ? « Paradis artificiels : légitime défonce ? », c’est une conférence et une soirée scénique qui met les drogues sur le plateau. Pas pour faire le procès. Pas pour faire l’éloge. Mais pour ouvrir les vannes. 𝐏𝐫𝐨𝐠𝐫𝐚𝐦𝐦𝐞 17h30 : Narco Planète : conférence avec Sarah Fautré 20h : Micro-doses : micro-conférences artistiques autour de la drogue 𝐈𝐧𝐟𝐨𝐫𝐦𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐩𝐫𝐚𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞𝐬 💥 Gratuit sur inscription : https://shop.utick.net/?pos=VARIETES&module=CATALOGUE 🤝 Partenariat : Labo-chantier Variétés/Bruxelles Laïque + Support don’t punish

Bruxelles Bruxelles | Santé / Soins |

Publiez !

Comment publier sur Stuut ?

Stuut est un média ouvert à la publication.
La proposition d'article se fait à travers l’interface privée du site.
Si vous rencontrez le moindre problème ou que vous avez des questions,
n’hésitez pas à nous le faire savoir par e-mail: contact@stuut.info