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Brussels Pride : une présence politique et policière qui dérange

Brussels Pride : une présence politique et policière qui dérange

Comme chaque année, les partis politiques et les forces de l’ordre seront présents à la Pride bruxelloise qui a lieu ce samedi 18 mai. Face à cette institutionnalisation, des militant·​​​​​​​es critiquent ce qu’iels perçoivent comme une appropriation politique et marketing de l’événement, qualifié de « pinkwashing* ».

Bruxelles | sur https://stuut.info | Collectif : Bruxelles Dévie

L’organisation Open@Work, qui milite pour des politiques d’inclusion sur le lieu de travail pour la communauté LGBTQIA+ et ses allié·​​​​​​​es, a décidé de ne pas participer à la Brussels Pride. Bien que l’organisation reconnaisse l’importance d’un véritable engagement en faveur de l’inclusion des personnes LGBTQIA+, elle désapprouve le pouvoir unilatéral exercé par Rainbow Corporate & Pride, financé par le gouvernement. Open@Work appelle à une organisation de cette journée plus inclusive et transparente impliquant toutes les parties concernées. Effectivement le choix des invité·es questionne.

Dans le cortège, il y aura des partis politiques, dont le char de la N-VA. Le parti nationaliste de Bart De Wever a de nombreuses fois été décrié pour son homonationalisme, c’est-à-dire sa protection pour les homosexuel·​​​​​​​les blanc·​​​​​​​hes, belges et de classe moyenne ou élevée. Un choix qui exclut de nombreuses autres personnes. Ce parti exploite l’existence des personnes LGBTQI+ pour justifier un programme sécuritaire, nationaliste et raciste, cherchant à attirer un électorat sensible à des arguments « progressistes », tout en passant sous silence les violences policières, étatiques et sociales subies par cette même communauté. L’une de ses personnalités les plus forte n’est autre que Théo Francken, qui déclarait en 2007 que les personnes LGBTQI+ n’avaient plus aucun droit à gagner. En 2018, il qualifiait la lingerie masculine de “ongein” (qu’on pourrait traduire par “saloperie”), stigmatisant les hommes dont l’expression de genre sort de la norme.

A la Pride Village, une zone où différentes organisations tiennent un stand pour « jouer un rôle d’information et de prévention », se trouvera différents partis politiques tels que le MR, PS et Défi. Ce sont ces mêmes trois partis qui ont voté pour que Frontex (l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes) exerce en Belgique des fonctions de police dans les arrestations, traques et expulsions de migrant·​​​​​​​es (voir notre article précédent « La Belgique va-t-elle céder des fonctions de police à Frontex  ).

Ces mêmes migrant·​​​​​​​es, nombreu·​​​​​​​es·​​​​​​​x à fuir leur pays en raison de leur orientation sexuelle ou de leur genre, subissent de nombreuses violences à leur arrivée en Belgique. Cela ne semble pas inquiéter ces partis qui veulent renforcer la répression à leur encontre. À leurs côtés se tiendra également un stand de la « Brussels Capital Police Zone Ixelles ». Cette même zone de police qui est visée par une action civile intentée en 2023 par la Ligue des droits humains et 11 personnes pour des abus policiers.

Lors de la manifestation contre « la justice de classe » qui avait eu lieu le 24 janvier 2021, de nombreuses personnes avaient témoigné des arrestations arbitraires, des coups, des crachats et des insultes sexistes et racistes de la part de la police. La police s’était également déjà montrée violente lors de la Belgian Pride de 2019, où elle avait nassé, matraqué et gazé des militant·es queer critiques de la Pride, vitrine pour les grandes entreprises et les partis politiques.​​​​​​​

Enfin, la présence d’entreprise questionne également. A la Pride Village, vous pourrez visiter le stand de VIVAQUA. Quel est le rôle de cette entreprise publique, société de distribution d’eau, dans la lutte pour les droits des LGBTQIA+ ? Au cortège sera présent la compagnie d’avion Brussels Airlines alors que l’impacte du secteur aérien sur la crise climatique n’est plus à démontrer.

Bien que son organisation puisse être critiquée, cette journée reste un moment de célébration et de fierté, procurant un sentiment d’appartenance, de validation et d’espoir pour les personnes LGBTQIA+ qui se sentent souvent marginalisé·​​​​​​​es et rejeté·​​​​​​​es par leurs proches et la société. Un cortège syndical critique de la Pride est par ailleurs organisé au sein de la manifestation.

*Pinkwashing : Le pinkwashing est procédé mercatique utilisé par un État, organisation, parti politique ou entreprise pour améliorer son image en promouvant son attitude accueillante envers la communauté LGBT, sans véritable engagement envers la lutte pour les droits LGBT+ ou les personnes LGBT+ elles-mêmes.


Sources :

Voir en ligne : BXl Dévie

Notes

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