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Code rouge : blocage contre l’entrepôt Alibaba à Liège et les vols de jets privés à Anvers

Code rouge : blocage contre l’entrepôt Alibaba à Liège et les vols de jets privés à Anvers

Belgique | sur https://stuut.info | Collectif : Bruxelles Dévie | Collectif : Bruxelles Dévie

Le samedi 15 décembre dernier, la coalition « Code Rouge » organisait sa troisième action de désobéissance civile en un peu plus d’un an. Après avoir visé le site de Total à Feluy et le chantier d’une nouvelle centrale à gaz de la compagnie Engie à Flemalle, la coalition a cette fois-ci ciblé le secteur de l’aviation. Plus de 1500 militant·es ont convergé vers les aéroports de Liège et Anvers pour de tenter de les bloquer.

Ces deux sites ont été ciblés parce qu’ils représentent des secteurs de l’aviation particulièrement polluants. L’aéroport d’Anvers est à 76% consacré aux jets privés. A Liège, c’est l’extension de l’aéroport dédié à l’entreprise Alibaba qui a été visée. Celle-ci permet à l’entreprise chinoise de vente sur internet (Alibaba), d’avoir un site de distribution en Europe alors que l’entièreté de ses produits son fabriqués et exportés depuis la Chine.

Si la plupart des militant·es n’ont pas réussi à rentrer dans l’aéroport d’Anvers, une soixantaine d’entre-elleux ont su y pénétrer en évitant les barrages policiers. De plus, en vue de la présence massive de militant·es arrêté·es à quelques mètres de l’aéroport, les autorités ont été contraintes d’annuler les vols en raison de la menace d’action. Du côté de l’aéroport de Liège, plus de 600 militant·es ont réussi à entrer sur les lieux. Après être entré·es sur le site aux alentours de quinze heures, les activistes de Code Rouge ont bloqué l’entrepôt de l’entreprise Alibaba avant d’être évacué·es de force par la police aux alentours de deux heures du matin.

Les secteurs aériens liés au tourisme et à l’import de marchandises représentent une part importante des émissions de gaz à effet de serre. Les oxydes d’azotes (Nox), le Carbonne, la suie, les trainées noires et les trainées de condensation, propres aux résidus liés à l’aviation, contribuent deux fois plus au réchauffement climatique que les émissions de CO2. Il n’est pas ici question de porter un discours moralisateur sur l’utilisation de l’avion dans le secteur touristique, alors qu’il comporte des prix plus avantageux que d’autres moyens de mobilité moins polluants comme le train, mais bien d’en cerner les principaux responsables. Soulignons que 80% de la population mondiale n’a jamais pris l’avion tandis que les moins de 1% de celle-ci sont responsables de plus de la moitié des émissions des vols de passagers au niveau mondial. Il semble donc cohérent de cibler l’aéroport d’Anvers qui se concentre sur le secteur des jets privés, utilisés par les ultra-riches dans le cadre de voyage d’affaires et touristiques.

D’un autre côté, l’extension de l’aéroport de Liège dédiée à l’entreprise « Alibaba » qui s’affiche comme un symbole même de la société de consommation à l’échelle mondiale, a été ciblée par des centaines d’activistes afin d’en dénoncer le modèle. Les activités autour d’Alibaba ont des effets désastreux sur la biodiversité et l’augmentation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. De plus, permettant l’implantation de l’entreprise Alibaba, l’aéroport de Liège a pour ambition de bientôt devenir le premier aéroport de fret [1] à l’échelle de l’Europe.

Malgré une participation record pour la coalition Code Rouge, l’entièreté des 1500 militant·es n’a pas réussi à entrer sur les lieux ciblés, notamment à cause d’un dispositif policier de grande envergure ainsi établi autour des différents aéroports et particulièrement celui d’Anvers. Des membres de différentes zones de police à travers la Belgique étaient présent·es pour défendre les sites et réprimer les activistes. Un total de 700 arrestations a été décompté tout au long de la journée d’action, démontrant la capacité de la police belge à réprimer des mouvements de grande échelle.

Les militant·es revenu·es de l’action Code Rouge à Anvers témoignent tant de la violence et de l’efficacité des forces de l’ordre lors des arrestations, que du désordre de la part de la police au moment de déplacer les centaines de personnes arrêtées en direction des cellules. Ainsi, la police semble plus douée pour arrêter des centaines de personnes que pour gérer les suites des arrestations.

Après avoir procédé aux arrestations, les brigades, pourtant très nombreuses, ne se sont pas du tout montrées à la hauteur en termes d’organisation. A tel point que des dizaines de militant·es ont réussi à s’enfuir de bus, censés les déposer devant les cellules. En somme, rien n’est certain mais il semblerait que la police belge ait montré une de ses failles lors de la troisième action de code rouge. Si ce genre d’événements de masse venaient à se reproduire et à se multiplier, peut-être que ceux-ci permettraient à termes de mettre en échec les dispositifs policiers en place. De plus, même si cette affluence de 1500 personnes est un record, l’incapacité policière aurait été d’autant plus grande s’il y avait eu un nombre de participant·es encore plus élevé. Un événement comme Sainte-Soline, en France, avait par exemple regroupé plus de 25 000 personnes.

D’un autre côté, bien que l’action ait atteint une partie de ses objectifs, la tactique de la totale non-violence utilisée par la coalition Code Rouge continue de montrer ses limites. L’absence d’une pluralité de moyens d’action au sein de ces actions questionne toujours quand à l’efficacité stratégique. Si différents moyens d’action avaient étaient acceptés, cela permettrait probablement de voir un nombre plus important de personnes entrer sur les sites visés. Cette tactique quasi dogmatique de la non-violence va de pair avec la volonté de ne porter aucune atteinte matérielle à l’égard des équipements ciblés. La dégradation et le sabotage sont pourtant d’avantage ancrés dans d’autres réseaux de luttes écologiques et ont montré leur efficacité. Néanmoins, si de tels moyens d’actions étaient utilisés, en cas d’arrestation, les militant·es de code rouge n’auraient pas à faire qu’à de simples arrestations administratives.

En conclusion, la troisième action de Code Rouge est porteuse d’espoir pour le milieu écologiste belge. Celle-ci a permis d’interrompre les vols en départ des aéroports de Courtrai et Anvers durant la totalité de l’action et de faire rentrer plus de 600 militant·es dans l’entrepôt de l’entreprise Alibaba. Cette troisième édition a aussi permis de démontrer l’utilité de dépasser l’action individuelle et les cadres de manifestations usuelles pour mettre en places de nouveaux modes d’actions plus directs et à large échelle.


Légende :
*Émission de passagers aériens : Émissions liées au personnes qui utilisent l’avion comme moyen de déplacement


Sources :

  • Pourquoi l’aviation ? – Code Rouge/Rood (code-rouge.be)
  • Pourquoi nous luttons contre Liege Airport et Alibaba – Stop Alibaba &Co
  • Coderougerood (@coderougerood) • Photos et vidéos Instagram
  • Des centaines d’activistes arrêtés lors d’une action du mouvement Code Rouge à Liège et Anvers – La DH/Les Sports+ (dhnet.be)

Voir en ligne : BXL Dévie

Notes

[1Aéroport de fret : Aéroport lié au transport de marchandises.

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