Depuis jeudi dernier, plusieurs collectifs de personnes sans-papiers et leurs soutiens occupaient le parc de la Porte de Ninove pour dénoncer la politique migratoire de ce pays qui impose aux personnes sans-papiers de vivre dans l’injustice, la précarité et le racisme institutionnel. Malgré une météo exécrable et des températures négatives, des ateliers, des discussions et des assemblées générales de lutte ont prit place quotidiennement dans l’espace public bruxellois le temps de ces 4 journées d’occupation.

Le rassemblement est appelé pour 13h, dimanche 3/04. L’appel à manifester a été lancé seulement 2 jours plus tôt, mais déjà une petite centaine de personnes sont présentes à l’heure. Plus tôt dans la matinée, les personnes sans-papiers en lutte et leurs soutiens se sont relayées pour démonter le camp. Les ateliers banderoles qui ont eu lieu les jours précédents, avant et pendant le camp, ont été prolifiques ! On pouvait apercevoir entre autres des banderoles avec les slogans suivants :

’On est des travailleurs, pas des profiteurs !’
’Non à l’expulsion, Non à l’exclusion, Régularisation sans discrimination’
’Soutien étudiant aux personnes sans-papiers’
’Pas de papiers, pas de paix’
’Des papiers pour vivre !’

Vers 14h, des prises de paroles ont lieu, et des slogans criés commencent à se faire entendre. L’ambiance semble un peu pesante et fatiguée pendant le rassemblement. Mais quand la manif s’élance le long du canal, boulevard Barthelemy, les esprits se réveillent et s’accordent pour enjoindre les classiques - mais toujours très efficaces - slogans pour la régularisation de tou.te.s les sans papiers ! Des tentes en cartons couvertes de slogans, allégories des luttes sans-papiers, sont portées à bout de bras tout au long de la marche.

Les sans-papiers, pas un lutte en carton !

Pendant toute la manif, un dispostif policier plutôt léger mais très présent et visible ouvrira et fermera la marche : 3 voitures, une voiture banalisée et des flics à moto se relaient pour la circulation.

L’objectif est clair : le cortège se rend à l’Office des étrangers, situé boulevard Pachéco. L’Office des étrangers est ce mur institutionnel qui trie les personnes éxilées et qui, dans la majorité des cas, après des parcours administratifs kafkaïens, délivre les ordres de quitter le territoire ou bien ordonne des expulsions/déportations depuis les ’Centres Fermés’ (prisons pour personnes migrantes).

Assez rapidement le cortège, environ 250 personnes, passe devant le Petit Château, le seul ’Centre Ouvert’ du centre de Bruxelles, premier maillon d’un marathon administratif sans fin pour les personnes en demande d’asile, car c’est là que les demandes d’asile sont introduites. Les slogans fusent, ça fait du bien de crier sa colère devant ce lieu qui incarne la violence institutionnelle de l’état belge.

Au bout du boulevard, la manifestation débarque sur la petite ceinture. C’est assez plaisant de déambuler festivement avec des slogans combatifs à travers la foule et le traffic bruxellois, chargé comme à son habitude. Place de l’Yser, place Rogier, on remonte vers Botanique et nous voilà arrivés devant l’Office des étrangers, à l’angle du boulevard Pachéco.

Ni une, ni deux, sous les slogans criés avec conviction, des gens dégainents des échelles. Malgré la réticence de 2 ou 3 flics, en une minute les tentes en cartons trimballées depuis le début de la marche se retrouvent sur l’espèce d’auvent qui surplombe l’entrée du sinistre building d’état. Rapidement, des panneaux et des banderoles s’y rajoutent sous le regard blasé d’un flic en civil.

L’ambiance est festive et chaleureuse, les slogans s’enchaînent pendant une vingtaine de minutes. Des banderoles sont accroché de l’autre côté de la route, au pied de la tour des Finances. Plusieurs prises de paroles touchantes et determinées ont lieu.

Après quelques dizaines de minutes et des négociations avec les flics, pour que le cortège reparte en direction du parc Maximilien, un cortège se reforme et se met en branle. On est moins nombreu.x.ses mais l’ambiance est toujours là ! On redescend la petite ceinture, on passe la place Rogier, puis on bifurque chaussée d’Anvers. Peu à peu le cortège se désagrège, les gens quittent la manif. Enfin nous arrivons au Parc Maximilien, lieu symbolique de la lutte pour un accueil digne des personnes éxilé.e.s et pour la régularisation de tou.te.s les sans-papiers. Ce lieu, qui fait face au building WTC qui abritait jusqu’en 2019 l’Office des étrangers, accueillit en 2015 un camp massif de personnes exilées qui dura plusieurs mois, ainsi que plusieurs action de solidarité en soutien aux personnes exilé.e.s. Depuis ce camp, le parc Maximilien reste un lieu de rencontre et de solidarité pour les personnes migrantes arrivant sur Bruxelles. C’est également un lieu où la pression d’état raciste, telles que les rafles ou les agressions policières, ne cesse de s’exercer.

Depuis 3 jours, un festival citoyenniste prend place dans le parc, et il y avait l’envie de finir la manif en rejoignant un débat/discussion sur les réalités des personnes sans-papiers. Ce fut chose faite quand ce qui restait du cortège, une cinquantaine de personnes, s’engouffra dans le chapiteau pour rejoindre la discussion !

Bref, en quelques mots, une petite manif bien efficace et visible, qui aura su faire entendre ses revendications ! Merci pour la détermination des collectifs de personnes sans-papiers en lutte ! Soyons nombreu.x.ses pour leurs prochaines actions et manifestations !

Régularisations pour toustes !