En 2017, 4 étudiantes portant le hijab initiaient une plainte contre la Haute Ecole, Francisco Ferrer, car son règlement interdisait arbitrairement le port du hijab au sein de l’établissement. Dans cette école, chaque matin, avant de rentrer au sein de l’établissement, les élèves devaient passer devant ce qui était appelé « le miroir de la honte ». Ce miroir était installé à l’entrée de l’établissement pour que les élèves enlèvent leur hijab, et le remette à la sortie des cours. En plus de ce rituel humiliant, des agressions à caractère raciste et islamophobe, de la part de l’administration à l’égard des jeunes femmes étaient monnaie-courante. Une des étudiantes ayant porté plainte parle « d’une chasse aux sorcières » de l’administration.
La haute école Francisco Ferrer.
En 2020, un premier avis négatif avait été rendu par la Cour Constitutionnelle. En réaction à cette décision, une manifestation réunissant plus de 5 000 personnes derrière le # « Hijabis Fight Back » avait eu lieu dans le centre de Bruxelles. A la suite de cette manifestation, le collectif Les 100 diplômées a été a créé et la mobilisation a continuer à s’organiser.
Rassemblement #Hijabis Fight Back.
Un an plus tard, en 2021, les 4 plaignantes et le collectif Les 100 diplômées gagnait une première bataille juridique et l’école Francisco Ferrer était condamnée par un jugement du tribunal de 1re instance de Bruxelles. Ce dernier, leur ordonnant la cessation des règles discriminatoires et racistes au sein de l’établissement.
Rassemblement #Hijabis Fight Back.
Mais l’histoire ne s’arrête malheureusement pas là. En octobre 2022, un collectif de professeur·es (actuel·les et retraité·es) de la Haute École Francisco Ferrer s’est constitué – notamment avec le soutien du Centre d’Action Laïque et une autre haute école, Ilya Prigogine – pour entamer une procédure en tierce opposition* afin de demander le retour de l’interdiction du port de signes convictionnels au sein de la haute école. Ces professeur·es multiplient les propos diffamants, racistes et graves pour justifier leur acharnement contre les femmes portant le foulard. Certain·es professeur·es déclarent « [constater que] la lame de fond de l’islamisme franchit les portes de l’école et nuit à l’enseignement. » D’autres déclarent « [qu]’il s’agit d’une forme de prosélytisme qu’il faut bannir dans un enseignement laïc ».
Ces propos des professeur·es, au sujet de personnes voulant simplement accéder à l’enseignement supérieur en portant le hijab dans le respect de leur conviction, en disent long sur le climat islamophobe qui devait (et peut-être dur encore) régner au sein de l’établissement.
Finalement, 2 ans plus tard, la cour constitutionnelle jugeait irrecevable la procédure en tierce opposition des professeur·es. De quoi faire taire dans le zèle raciste dans la Haute Ecole, au
moins pour le moment.
Cette affaire révèle aussi l’obsession de l’islam dans l’enseignement, où les élèves musulman·es sont souvent perçu·es comme des menaces à « l’ordre laïc ». Des récits alarmistes, comme ceux relayés dans l’ouvrage intitulé « Allah n’a rien à faire dans ma classe« , participent à renforcer cette vision biaisée. Ils décrivent un prétendu « affrontement » entre les enseignant·es et une supposée montée de l’islamisme dans les écoles. Ce type de discours, souvent amplifié dans les sphères médiatiques et politiques, contribue à faire du hijab un symbole de radicalisation, alors qu’il ne s’agit pour ces jeunes femmes que de vivre leur foi dans un cadre éducatif.
Le MR, a par ailleurs, récemment affirmé sa volonté au parlement Wallonie-Bruxelles, de réaliser des auditions au sujet de la « radicalisation religieuse » dans l’enseignement, alors qu’il n’y a l’heure actuelle aucune étude qui ne permette d’objectiver ladite « radicalisation religieuse » au sein de l’enseignement. Des déclarations de la ministre de l’enseignement Glatigny (MR) ont même été infirmés, elle a été accusée de mentir et de grossir sur les chiffres.
Peut-être le MR souhaite matérialiser ses fantasmes paranoïaques et identitaires, ou espère que, comme on dit, « on trouve toujours ce qu’on cherche ».
Légende : *Un recours en tierce opposition est lorsqu’un tiers (un troisième partie) estime qu’une décision dans une procédure entre deux parties (en l’occurence les étudiantes et l’école Francisco Ferrer) lui porte préjudice (en l’occurence le collectif de professeur·es de la haute école).
Sources :
- https://bruxellesdevie.com/2021/12/29/la-lutte-de-fond-contre-lislamophobie-dans-lenseignement-superieur/
- https://www.lalibre.be/regions/bruxelles/2024/11/22/port-du-voile-a-la-haute-ecole-francisco-ferrer-la-procedure-en-tierce-opposition-de-professeurs-invalidee-JOZKZOXDPBEE3A5ZYCT2RIQNJQ/
- http://mrax.be/…/interdiction-du-port-du-voile-a…/…  ;
- https://www.const-court.be/public/f/2020/2020-081f.pdf
- https://www.lesoir.be/…/signes-convictionnels-une-haute…
- https://www.lesoir.be/…/port-du-voile-la-voix-des…
- https://www.lesoir.be/…/port-du-voile-lecole…
- https://www.lesoir.be/…/signes-convictionnels-une-haute
- https://bx1.be/categories/news/francisco-ferrer-des-temoignages-de-professeurs-interpellants/
- https://www.lalibre.be/belgique/societe/2024/12/05/le-groupe-mr-du-parlement-de-la-federation-wallonie-bruxelles-souhaite-organiser-des-auditions-sur-le-radicalisme-religieux-a-lecole-FKOMSPFQBZDSPJIKVZMOAF2BNQ/
complements article
Une question ou une remarque à faire passer au Stuut? Un complément d'information qui aurait sa place sous cet article? Clique ci-dessous!
Proposer un complément d'info