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LES MINEUR·ES EN CENTRE FERMÉ

LES MINEUR·ES EN CENTRE FERMÉ

Mars 2025

Depuis le début de l’année 2025, nous apprenons par des co-détenu·es, des proches et des associations, la présence de personnes mineures en centre fermé.

Belgique | sur https://stuut.info | Collectif : Getting The Voice Out

Suite à la campagne menée en 2016 par des organisations et citoyen·nes intitulée “On n’enferme pas un enfant. Point.”, la détention des enfants pour des raisons migratoires a été interdite depuis 2024. L’État Belge ne peut donc plus enfermer des personnes mineures en centre fermé. Et pourtant, de nombreux·ses mineur·es se retrouvent écarté·es de leurs proches, et enfermé·es derrière ces murs en attendant leur expulsion. Nous partageons avec vous certaines situations dont nous avons eu connaissance.

Un jeune mineur détenu à Bruges

Le 20 janvier, une professeure nous signale l’arrestation de l’un de ses élèves, lors d’une interview à laquelle elle l’a accompagné pour une demande d’asile à Bruxelles. Le jeune de 16 ans vivait dans sa famille en Belgique depuis quelques mois, et avait en sa possession son passeport (qui attestait de son âge). En septembre dernier, un test osseux aurait cependant déterminé qu’il serait majeur. Encore une nouvelle preuve de la non-pertinence des tests osseux et autres examens médicaux prétendant pouvoir déterminer l’âge d’une personne.

Aujourd’hui, il est menacé d’être expulsé vers la Pologne, le pays dans lequel il a déposé ses empreintes en arrivant sur le territoire européen.

Trois mineurs détenus au 127bis

Le 12 janvier, des détenus nous alertent de la présence de deux jeunes garçons mineurs dans le centre 127bis, à Steenokkerzeel. Ils ont respectivement 16 et 17 ans, et sont enfermés l’un depuis décembre 2024 et l’autre depuis janvier 2025. L’Office des étrangers ne reconnaît pas les documents en leur possession qui attestent de leur statut de minorité et décide d’avoir recours au test osseux. Ce test aurait déterminé leurs âges à respectivement 18 et 21 ans. Les jeunes sont menacés d’expulsion vers la Croatie et l’Autriche, les pays dans lesquels ils ont déposés leurs empreintes.

Les co-détenus nous expriment leurs inquiétudes concernant la présence des deux jeunes dans un environnement imprégné de tensions et violences. Ils nous disent : “Un des jeunes pleure tout le temps. Il est vraiment en souffrance.“

Le mardi 28 janvier, l’un des deux jeunes garçons, J., est expulsé en matinée sur un vol vers la Croatie. Malgré sa volonté de résister, il a été emmené de force, menotté aux mains et pieds, accompagné par plusieurs agent·es de police. Un visiteur témoigne :

“J. parlait régulièrement des dures conditions de détention et de la répression générale des personnes enfermées. Il gardait néanmoins espoir de pouvoir rester en Belgique, où résident toutes les personnes qu‘il connaît.“

L’autre jeune garçon, S., aurait fini par accepter un retour vers l’Autriche, pour mettre fin à son enfermement.

Un troisième jeune garçon mineur serait arrivé au 127bis le 4 février. Un test osseux aurait été demandé pour déterminer son âge, mais nous n’avons pas plus d’informations à ce jour. Il a été mis en isolation dès son arrivée.

Des jeunes garçons mineurs détenus à Merksplas

La semaine du 17 février, nous recevons des échos de différents détenus sur la présence de jeunes garçons mineurs dans le centre, d’origine afghane. Nous n’avons pas de nouvelles d’eux à ce jour.

La violence de la détention ne devrait être imposée à personne, quels que soient l’âge, l’origine ou l’histoire personnelle. Mais l’enfermement en centre est encore plus violent et destructeur pour les personnes fragilisées. Nous ne croyons pas en les lois migratoires de notre pays, mais l’État belge ne respecte même pas ses propres lois.

Liberté pour toustes !

MINORS IN DETENTION CENTRES
MINDERJARIGEN IN GESLOTEN CENTRA

Voir en ligne : Getting The Voice Out

Notes

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Extrême-droite / Antifascisme

Merksplas : le centre fermé s’agrandit, et les détenus alertent sur des punaises de lit

Ce 29 juillet, un homme enfermé au centre fermé de Merksplas, (Anvers) nous alerte : les personnes qui y sont détenues sont démangées par des piqûres. « On se gratte partout. Faites quelque chose s’il vous plaît. » C’est dans l’un des blocs du centre (le bloc 3) que l’infestation a commencé. Un des détenus nous apprend aujourd’hui qu’un codétenu en provenance de ce bloc vient d’être transféré dans un autre centre, couvert de piqûres.« On a trouvé des punaises de lit dans deux chambres, elles ont été fermées, mais pas les autres. » « Pendant 3 jours je me suis gratté. » « Il y a pas à manger, il y a pas de service médical, il y a des gens qui son malades, il y a des gens qui souffrent. » « C‘est la merde ici. » Il y a presque un an, les personnes enfermées dans les centres de Merkplsas mais aussi de Bruges et de Steenokkerzeel (127bis) nous informaient déjà d’une situation sanitaire similaire1. Ils nous disaient : « Ça devient invivable », en pointant du doigt la passivité du personnel face à ce problème grave.  Suite à ça, en septembre dernier, plusieurs personnes détenues au 127bis avaient mené une action de protestation pour faire entendre leurs revendications2 : « Il faut qu’ils le ferment ce centre. Ou qu’ils le détruisent, mais bon, ça c’est dans nos rêves. Là au moins, il faut une rénovation et une désinfection. […] Là ça devient vraiment urgent. C’est pas une vie, ça nous touche mentalement comme physiquement. ».  Une quinzaine de personnes avaient décidé de passer une nuit dehors, sous la pluie, pour protester contre les conditions inacceptables.  Le centre fermé de Merksplas (en activité depuis 1994) est un des six centres fermés présents sur le territoire belge. Récemment, le gouvernement a investi à hauteur de 5 millions d’euros pour effectuer des travaux de rénovation dans un des blocs, et augmenter la capacité de détention de 40 nouvelles places3. Ces travaux viennent de prendre fin. Au total, le centre fermé de Merksplas peut aujourd’hui enfermer jusqu’à 180 personnes.  Pour marquer l’inauguration de ce bloc rénové, nous apprenions par un article du média flamand HLN4 la mise en scène cynique d’un exercice de simulation de brutalisation d’une personne sans-papiers en résistance, en présence de la ministre de l’asile et de la migration Anneleen Van Bossuyt. Cette dernière a odieusement déclaré à la suite de l’exercice qu’il n’est « pas si simple de mettre les sans-papiers dans un avion ». Aucun mot, bien sûr, sur les difficultés que représente la vie en centre fermé pour les personnes qui y sont détenues par l’État belge, ni la violence des expulsions, ni sur la situation sanitaire actuelle. Tandis que des millions d’euros sont investis par le gouvernement dans le renforcement du système d’enfermement et d’expulsion, les personnes enfermées doivent tenter de survivre dans des chambres infestées de punaises de lit. Ces conditions de vie ignobles nous donnent une idée sur le niveau de déshumanisation des (...)

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[Brochure] Pas de libération queer sans la Palestine

Sommaire Un plaidoyer pour la libération de la part des Queers en Palestine, décembre 2023 « Pas de fiertés sans la Palestine », juin 2024 Israël : Le pinkwashing comme arme coloniale en Palestine, septembre 2024 Un plaidoyer pour la libération de la part des Queers en Palestine [Article paru sur lenumerozero.info le 17 décembre 2023] Nous écrivons ceci en tant que travailleurs, étudiants, agriculteurs, parents - en tant que Palestiniens, Palestiniens queers. Non pas parce que notre identité queer nous procure une position d’exception mais parce que, de la même manière dont nous avons été marginalisés en tant que personnes queers, nous faisons aujourd’hui face à des tactiques patriarcales coloniales qui visent à marginaliser davantage nos identités de queers palestiniens. Rassembler nos mots et nos énergies nous demande un effort immense. Nous sommes révoltés que, au milieu de ces moments de brutalité spectaculaire et de carnage infligés aux corps palestiniens, y compris le viol, la torture, et la mutilation, nous soyons détournés de notre deuil et de notre propre organisation pour formuler une demande. Depuis le 7 octobre, nous sommes témoins d’un génocide accéléré se déroulant dans la bande de Gaza et dans toutes les régions de la Palestine, ouvertement et publiquement déclaré à de nombreuses reprises par plusieurs responsables gouvernementaux et militaires israéliens. La brutalité et l’amplitude léthale des atrocités commises par l’État israélien et ses partisans créent des conditions de plus en plus épouvantables pour ceux qui restent en vie en Palestine, chaque jour, partout. Cette brutalité a été maintenue grâce au soutien économique, militaire, diplomatique et politique continu des dirigeants mondiaux, au cours de l’histoire et actuellement. Nous notons, documentons et racontons les centaines de massacres catastrophiques des 75 dernières années aux mains de la fureur anéantissante du régime sioniste ; de Deir Yassin au massacre de Tantura (1948) sur lequel est basée la fondation d’Israël, en passant par le massacre de Kafr Qassem (1956) et Sabra et Chatila (1982), pour n’en citer que quelques-uns. Il n’y a aucune possibilité pour un mouvement politique et social libérateur d’atteindre la vie et la dignité s’il est aligné sur la machine de mort génocidaire d’Israël. Israël est fondé sur le sang et est maintenue par le sang. En cette période, et dans le continuité de son exploitation de longue date des politiques libérales d’identité, Israël instrumentalise les corps queer pour faire barrage à tout soutien à la Palestine et à toute critique de son projet de peuplement colonialiste. Les Israéliens (politiciens, organisations et « civils ») mobilisent des dichotomies coloniales telles que « civilisé » et « barbare », « humain » et « animal », ainsi que d’autres binarismes déshumanisants, dans le but de légitimer les attaques contre les Palestiniens. Dans cette rhétorique coloniale de peuplement, Israël cherche à...

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