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La gentrification, mais quel est ce poison ?

La gentrification, mais quel est ce poison ?

Pourquoi c’est important de s’intéresser à la gentrification à Bruxelles et au plan de « développement » urbain, et quand même un peu à l’économie quand on est un pauvré politisé ?

Bruxelles | sur https://stuut.info

Article du Collectif Susu

Aujourd’hui on vous parle du pouvoir d’achat des minorités et des pauvres à Bruxelles et le plan de délocalisation de tous les précaires.

D’abord deux petites définitions :

  • La gentrification c’est un processus capitaliste qui vise à remplacer les habitants et les commerçants de ton tieks, par d’autres habitants et d’autres commerçants avec un capital et / ou un phénotype plus « plaisant » 😜 pour les investisseurs.
  • Le développement urbain c’est une action étatique, initiée par pression populaire, le plus souvent, qui vise à mettre en place des mesures structurelles pour améliorer les conditions matérielles d’existence des résidents et commerçants DÉJÀ PRÉSENTS. Par exemple, améliorer les infrastructures locales, rénover les habitations du quartier. Organiser une création d’emplois ciblée en fonction des besoins du territoire et de ses occupants. Cela se présente également sous forme de contrôle des loyers, d’amélioration de l’offre de soins de proximité, des écoles, et crèches, et sous forme de subsides, déductions d’impôts ou primes aux ménages. Ce type de mécanismes augmente les conditions matérielles d’existences individuelles et réduit les inégalités d’accès aux services et bénéfices publics de façon collective.

Dans notre ville on nous parle de développement urbain quand il s’agit de gentrification. Et au début si t’as bien l’impression que c’est sympas le nouveau magasin bio au coin de ta rue, tu contemples ta vie, 3 ans plus tard quand ton loyer à augmenté de 100e et tes courses mensuelles aussi, sauf que toi tu gagnes 2,75 en plus par heure et tu galèreencore à payer ta facture de gaz et d’élec dans ton appart mal isolé et humide.

Et curieusement les nouveaux lofts du coin de ta rue n’apparaissent pas dans ta recherche immoweb [ 500€ - 750€ ] [+25m2 sans microcosme sur les murs].
De toute façon t’as pas de garants parce t’es majeur et à l’emploi depuis 10 ans.

Le célibat et les 3x le montant du loyer en salaire, nettoieront bien vite tes aspirations bourgeoises.

On pourrait commencer par pointer du doigt « le contrat quartier vert » (outil de gentrification des bobos attelés à paver notre enfer de leurs bonnes intentions). Cependant si on remonte l’horloge du temps, on constate ce phénomène récurrent dans presque toutes les communes de Bruxelles. Avant Saint-Gilles, Schaerbeek et maintenant Molem et Anderlecht, il y a eu Ixelles, Etterbeek, Forest etc…L’augmentation des loyers sur le territoire bruxellois n’a pas été suivie d’une augmentation des salaires suffisantes, ce phénomène seul, produit nombre de délocalisations.

La mécanique de la gentrification c’est quoi et qui ?

En général dans la soupe il y a les acteurs publique ( nos élus 🤍), des promoteurs immobiliers, des investisseurs et quelques bobos locaux abonnés aux réunions comité de quartiers, auxquelles toi tu ne vas pas, parce que tu vies de ton salaire, et/ou t’as des gosses , ou tu étudies entre deux tafs précaires.

Le petit groupe organise une interpellation publique et se félicite des petits arbres qu’ils vont enfin planter quand on nous aura tout dégagé.
La petite machine se met en route, les chéquiers se préparent. Dans les quartiers précaires les maisons valent moins, les propriétaires sont souvent des emprunteurs sans capital de départ (héritage), le biens sont sous-évalués.

Ils vendent à un prix supérieur au prix d’achat, mais se retrouvent rapidement dans l’impossibilité de réinvestir cette somme sur le territoire bruxellois en dehors d’autres communes précaires, et lorsqu’ils le font c’est au risque de voir l’exercice se répéter. Ils investissent dès lors souvent en dehors de leurs communautés et en zones périurbaines ou rurales.

Et ils réduisent ainsi le capital disponible au sein de ces communautés qui s’en trouvent affaiblies.

Dans d’autres cas de figures, ces propriétaires n’ont pas les moyens de souscrire aux nouvelles régulations immobilières, ne rentrent pas dans les catégories pour bénéficier d’aide et vendent à perte directement. Lorsque ce type de propriétaires quittent une zone, ils sont souvent remplacés par des promoteurs privés.

Les promoteurs privés respectent rarement le pourcentage convenu de logement aux loyers abordables et contribuent de façon très effective à la délocalisation des habitants.

La dégradation et la réduction de l’offre de logements sociaux, combinée à l’inaction politique exacerbent encore le phénomène. Les commerçants locaux sont eux délogés de façon successive, via tout un nombre de changements.

Ils prennent la forme d’augmentation de loyers, et de nouvelles régularisations que leur moyens ne leur permettent pas de suivre. Les licences et les subsides sont accordés à des nouveaux types de commerces (adaptés aux nouvelles populations visées), souvent pour les commerçants ont l’obligation d’augmenter leur prix, suite à des augmentations de taxes pressurisant ces tout petits indépendants, sans réel capitaux.

La disparition des commerces de proximité, l’augmentation des loyers produit une diminution du pouvoir d’achat de proximité.

Çe qui mécaniquement augmente le recours aux services publics. ceux-ci deviennent bouchés et baissent fortement en qualité de service dispensés.

Les écoles concentrent un nombre important d’enfants précaires, et les moyens pour corriger les inégalités ne sont pas libérés.

Dès lors, partir commence à ressembler à une bonne solution.

But but but, la vérité c’est que tu seras pauvre ailleurs et isolé•e (#désolé).

La gentrification c’est pas une fatalité, il y a moyen de s’organiser et de lutter :
On ne donnera pas de conseils pour ceux qui veulent savoir comment investir dans l’immobilier et ces frérots là, savent déjà très bien de quelle façon ils transforment leur manioc en kwanga et dans quels quartiers ils vont choisir d’habiter…

Mais avant que toi et tes proches vous réveilliez à côté d’une salle de bikram yoga il y a deux trois choses à faire…..

Vous pouvez vous organiser au niveau du bâtiment, et ensuite du quartier et enfin par quartiers.

Par bâtiment il est possible d’organiser des petites réunions chez les uns chez les autres, et discuter des problèmes rencontrés individuellement (dans son logement) et puis collectivement ( dans les communs, et à proximité directe du logement).
Dresser un cahier qui reprend l’ensemble des difficultés auxquelles sont confrontés les occupants par catégories.
Réfléchir collectivement aux solutions que l’on souhaiterait trouver et comment les réaliser. Multiplier l’expérience à l’échelle du quartier.
Il est important pendant ce processus, de construire des solidarités collectives pour tenter d’apporter déjà un certain nombre de réponses au niveau des besoins des collectifs et individuels.

En parallèle, ça demande d’organiser un partage de connaissances qui visent à atteindre une relative homogénéité de compréhension des problématiques et des enjeux.

Ce type d’initiatives contribue à construire des expertises ancrées dans la réalité, produit du soin communautaire et du pouvoir collectif.

Ensemble, et on s’organise collectivement pour peser sur ces processus. Dans le passé des luttes contre la gentrification urbaine, le mal logement et la pauvreté ont mené à des victoires petites et grandes ainsi que des défaites dont il n’est pas trop tard pour tirer les leçons.

Collectif Susu

Pour aller plus loin :

Notes

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