Le temps presse. Le collectif citoyen "Les Betteraves se rebiffent" annonce sa naissance, en mai 2023, d’une urgence à la fois écologique et sociale. À tous les niveaux, tant local que global, se joue une phase d’intensification multiforme de la violence sociale, du mépris de classe, de l’accaparement agressif des biens communs, orchestrée par des élites dominantes, déconnectées des réalités de terrain, obnubilées par le rendement, la croissance infinie et l’enrichissement. Nous vivons désormais dans un monde où un seul individu (Jeff Bezos) détient une richesse supérieure au PIB de 179 pays cumulés, ce qui représente 3,4 milliards d’individus et 43,7 % de l’humanité.
Si la liberté des un·es s’arrête où commence celle des autres, on pourra prendre l’image du tapage nocturne comme symbole du franchissement de ces limites. Les 10% les plus riches de la planète, sans la moindre attention dévolue à ceux qui ne partagent pas leurs privilèges, pratiquent le tapage social et climatique décomplexé. Servi avec son noyautage médiatique, cette violence sourde et aveugle est celle-là même qui est responsable de l’escalade des actions de masse spectaculaires et des mobilisations croissantes.
Si nombre d’entre nous ont entendu parler des "Soulèvements de la terre", c’est suite à la répression hors-norme conduite par le gouvernement contre les 30 000 manifestants de Sainte-Soline. Plus de 5000 grenades lacrymogènes et de désencerclement, fonctionnant comme des éclats d’obus, ont été tirées de manière indiscriminée sur l’ensemble des personnes présentes, avec un objectif clair : empêcher l’accès à la bassine, quel qu’en soit le coût humain.
Ce déploiement de violences de la part de l’état, a nécessité par la suite un discours justificatif associant "Soulèvements de la terre" et écoterrorisme. Discours repris sans discernement par une grande majorité des organes d’informations, contribuant à la mise en avant du mouvement écologiste. Un discours totalement décrédibilisé depuis par la "Ligue des Droits de l’Homme" qui avait dépêché sur place 18 observateurs·trices indépendant·e·s venu·e·s de toute la France. « Ce rapport remet largement en cause la version officielle présentée par les autorités, qui se sont livrées de manière alarmante à une réécriture factuellement fausse des événements. »
Hors des controverses, le mouvement a permis la convergence des objectifs et l’union dans les combats des collectifs les plus divers (ONG, associations locales et nationales, réseaux, syndicats, etc). Loin de l’accusation d’écoterrorisme et d’appartenance à l’ultra-gauche énoncée par le gouvernement, les "Soulèvements de la Terre" se définissent bien plus comme un mouvement de résistance, composite et désormais largement soutenu. Un mouvement difficile à cerner et à contrôler, ce qui effraie les institutions, et peut être utile pour mener des luttes communes.
Chaque collectif allié aux "Soulèvements de la terre" définit son propre fonctionnement interne et sa stratégie de communication. Nous optons pour une organisation horizontale, sans hiérarchie et sans pouvoir. Lorsque la planète brûle, lorsque l’État tue, nous nous refusons au calme et à la confiance. Face à des institutions irresponsables, nous appelons à l’émancipation et à la résistance.
Dans l’immédiat, nous sommes engagé·e·s aux côtés d’autres collectifs et associations pour nous opposer au doublement du trafic sur l’aéroport de Beauvais. L’été sera occupé à préparer des actions dans le Beauvaisis pour poursuivre cette action : soyez vigilant·e·s pour suivre nos informations et vous joindre au mouvement. D’autre actions suivront.
La liberté, mais également l’avenir du vivant sont en danger. Comme on n’arrête pas une marée qui monte, on ne dissout pas un soulèvement.
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