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Les mixités choisies et les violences qu’elles engendrent

Les mixités choisies et les violences qu’elles engendrent

Les mixités choisies et les non-mixité (de race, de genre, de validité/fonctionnement...) sont des outils essentiels d’empouvoirement, de ressources, de solidarité et d’apprentissage. Cependant, ces groupes provoquent des violences et des exclusions explicites ou implicites des groupes plus marginalisés ou moins visibles que l’identité annoncée. Voici quelques clés pour faire autrement.

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A quoi cela sert et pourquoi en a-t-on besoin ?

Ces espaces non-mixtes existent parce que avec certaines identités opprimées partagées, cela fait des bases communes pour :

  • prendre conscience de la violence de certaines expériences,
  • trouver de la solidarité et des informations indisponibles par ailleurs,
  • créer de la connaissance qui ne soit pas centrée sur les perspectives blanc.he.s, cis, hetéro, bourgeoises, coloniales...
  • apprendre ensemble. Parfois c’est enfin se sentir soutenu.e et validé.e, et l’apprentissage fonctionne vachement mieux.
  • les réactions de déclenchement traumatiques liés aux stigmates de l’oppression sont moins présentes, rendant beaucoup de choses possible : apprentissage, guérison...
  • partager car soutenu.e dans son vécu et ses expériences,
  • parce que cela fait trop du bien à plein de moment !
  • S’entrainer et s’autodéfendre (black panther party, les groupes d’autodéfense juifs face aux porgroms, groupes d’actions non-violents noirs aux USA, les mouvements des handis (Crip) aux USA, young lords (occupation latinxs à New york)...).
  • ...

Image : Entrainement du Black Panther Party.

Ce sont des espaces temporaires visant à reprendre des forces pour revenir en faisant plus que survivre dans le système dominant qui nous entourent. Et s’il y a assez d’énergie, ces espaces servent même à mener des actions pour le faire péter. En vrai, pour l’instant, les militant.e.s font plus souvent chier le système à la marge, mais ca fait déjà grave plaisir. Dans d’autres cas, ce sont des espaces perins permettant la création de communautés de survie.

Et puis, c’est évolutif ! Les non-mixités racisées et les non-mixités femmes dans les milieux militants nous sont venues des USA fin du XXe siècle et depuis ont fort bougé !
Les non-mixités racisé.e.s et noires ont évoluées avec la prise en compte du colorisme et des origines... En effet, les personnes noires ne vivent pas le même racisme qu’une personne venant du Sri Lanka, des communautés Afro-descendantes états-uniennes, du Tadjikistan, du Rwanda ou de Peuples Premiers de Bolivie. Cet article va moins parler de ces groupes, qui sont nécessaires de façon temporaire ou continue pour vivre dans cette société raciste et colonialiste.
De leur côté, les non-mixité de femmes ont évolué depuis 20 ans. Fin des années 2000, les lesbiennes ont réussi à faire accepter que finalement elles n’étaient pas des femmes comme les hétéras... Merci Monique Wittig. Alors c’est devenu des mixités choisies « femmes et lesbiennes » ou « femmes et gouines ». Plus tard, les hormones devenant plus accessibles, elles se sont rendues compte que leurs copines étaient en fait des copains... Alors, est né le « sans mec cis » dans les années 2010. Ensuite, vers la fin de cette même décennie, iels se sont rendu.e.s compte que ça outait les mecs trans, que ça faisait mal aux transfems et que ça n’incluait pas tout le monde qui vit du sexisme (ben oui et les gays alors ?). C’est au tournant 2018-2020, que s’est répandu le « sans mec cis het ». Trop souvent avec des groupes de femmes et de personnes non-binaires issu.e.s des milieux féministes qui n’étaient pas prêt.e.s à collaborer avec des personnes plus masculines... Et là, ça commence à vraiment bugger !

Il y a mensonge ! Ces espaces ne sont pas fait pour toutes les personnes inclues dans les identités annoncées. Les marges des marges sont une fois de plus ciblées... Et ça fait violence, en reproduisant des impacts racistes, transphobes, classistes, validistes etc.

Les mixités choisies ou les non-mixités sont des outils importants, la visée de cet article est de montrer leur importance et leurs défauts. Cet article ne doit en aucun cas être utilisé pour les empêcher. Ni être utilisé par les hommes cis blancs hétéros riches bourgeois valides pour les dévaloriser. Ainsi, les auteurices de cet article emmerdent les personnes priviligiées qui se sentent exclues car elles ne sont pas comprises dans ces mixités choisies. Si tu es dans ce cas, vas chercher du soutien ailleurs, car tu as pleins d’espaces publics et privés qui sont là pour ton empouvoirement.

Quels implicites & violences cela provoque-t-il ?

Un des soucis des mixité choisies formulées négativement, c’est justement l’exclusion des trans, intersexué.e.s, des pédé.e.s, des personnes ayant des fonctionnements mentaux / physiques différents moins connus ou invisibles, de classe sociale prol, des personnes vivant du racisme... C’est un mécanisme de violence et d’exclusion implicite ou explicite, souvent en fonction du groupe qui pratique ces mixités choisies. Par le biais d’un savant mélange entre son identité et son fonctionnement. Cela va à l’encontre de l’objectif de se retrouver pour faire force ensemble d’une mixité choisie.

What the fuck, tu me dis quoi là ?
Que les mixités choisies féministes sont trop souvent pour les personnes blanches et cis, souvent hétéras, valides et bourgeoises. Et donc :

  • Que les personnes racisées ont besoin de mobiliser beaucoup d’énergie et de courage pour aller dans les espaces militants moulés sur mesure pour les blanc.he.s - merci la colonialité,
  • Que les taquets racistes volent à tous les coup,
  • Que la backroom en mixité choisie sans mec cis dans un événement queer provoquent des violences pour les pédé.e.s, les butchs, une partie des transmascs, les personnes concernées racisées et les transfems,
  • Qu’il ne vaut mieux pas être bruyant.e.s si tu es racisé.e, trans ou prol...
  • Les présupposés culturels et comportementaux sont bourgeois blancs : pas de conflits visibles, faut pas parler fort, tu dois dire ton avis en langage détourné (langue de bois...) etc.
  • Que des mec trans prolo ont été littéralement mis au coin dans des événements féministes car « leur masculinité » dérange,
  • Que c’est dur en tant que femme trans d’aller à un café féministe « sans mec cis », en fonction du processus de genrement, elle sera souvent prise à part pour lui rappeler que c’est un espace sans mec cis.
  • On ne parle même pas d’aller à une sex party gouine, les transfems et les trop masc sont toustes dans un coin à parler ensemble. C’est à se demander pourquoi et la réponse n’est pas qu’iels sont timides...
  • Que t’es souvent la seul.e personne racisé.e dans un espace transféministe ou militant...
  • Que t’es souvent la seule transfem dans un espace transféministe ou militant...
  • Qu’aller dans un événement « sans mec cis het » pour un gay / pédé.e.s c’est souvent vraiment confrontant. Les meufs et personnes non-binaires issu.e.s des milieux féministes regardent de travers le mec qui débarque (+1000 points si tu es un mec gay racisé). Oui, c’est rare d’avoir ces personnes dans des lieux avec une telle mixité choisie...
  • Que les espaces ne sont pas adaptés aux personnes neuroatypiques comme les personnes autistes : bruits, types de lumières...
  • Que dans un club de sports de combat « sans mec cis het », les meufs et personnes non-binaires venant des milieux féministes se figent devant les transfems et transmascs, et pire si prolos ou racisé.e.s. Car iels sont jugé.e.s dangereuxses implicitement. Et très souvent, les personnes ainsi jugée dangereuse sans raison s’en rendent compte et essaient de prendre soin. Yel demande très souvent alors quoi faire pour mettre à l’aise (#care envers les privilégié.e.s - répartition des tâches de soin, on en parle ?), mais la personne privilégiée en face nie ou minimise...
  • Les groupes réduisent l’inclusion trans aux tours de pronoms... Sachez que souvent, un regard ou un comportement assignant est beaucoup plus dur à recevoir qu’un mégenrage oral. Comme les commentaires ou des gestes qui montrent un jugement sur la force, la taille, le poids, le conditionnement à l’enfance, la peur dans les yeux au sport, la jalousie des capacités, sur ce que l’on dit / la prise de place, sur les vêtements, le jugement de nos compétences à l’aune d’une soi-disant enfance genrée, la volonté d’être forte / de se dépasser, la façon d’adresser la parole, la façon d’écouter... comme si on était limité un genre assigné à la naissance.
  • et on en passe des plus belles et des pas mûres.

Exemples par l’image

Image : communication Facebook du cabaret des merveilles (Paris) avec une misandrie explicite...
Pour les personnes qui portent des masculinités déviantes ou des féminités pas assez visibles, cela peut être difficile. La description de la mixité choisie du lieu explicite encore plus le mélange entre vécu et identité, entre misogynie intégrée et rabaissement :

Atelier en mixité choisie FLINTA sexisé.e.s
Pour les Femmes, Lesbiennes, Intersex, Non-binaires, Trans et Agenres dont les conditions matérielles et le vécu ont impacté/impactent le quotidien dans l’espace public. Plus précisément les personnes ayant été ramenées/rabaissées à la condition féminine.
#queer #feminism #queerparis #queerbar #staysafe #cabaretdesmerveilles #lesbian #lesbien #flinta

Et ça dérive...
Trop souvent, ces espaces en mixités choisies finissent par être mis en place pour se sentir en sécurité et non plus pour s’empouvoirer. Et ce sans limite de temps. Ainsi, la dimension temporaire disparaît et la mixité choisie devient une partie de l’identité du groupe. En sachant que la sécurité n’est vraie que pour les personnes les plus privilégiées, cela dérive tout doucement vers des eaux sécuritaires avec un replis identitaire des personnes blanc.he.s, cis, heteras et classe moyenne / sup. Ainsi, le critère de la sécurité semble être insuffisant. Et déjà, à cette étape là, on est loin de l’objectif d’empouvoirement collectif face aux oppressions : c’est l’état de pas mal de groupes militants en Europe de l’Ouest.

Les femmes cis hétéra blanches valides bourgeoises ont aussi besoin de tels espaces face au sexisme, mais utiliser ceux avec des mixités aussi large que « sans mec cis » sans prendre en compte les marges plus marginalisées n’est pas une solution. De même, les gays cis blancs valides bourgeois dans des espaces queers ou LGBTQIA+. Et retirer l’une des oppression de la liste donne le même de genre de réflexion. Il est possible de créer des sous-groupes temporaires pour ces personnes plus privilégiées avec un accompagnement, tout comme on le demande aux mecs cis het blancs. La même logique fonctionne pour chaque mixités choisies (handie, neuroA, queer...) dans des espaces blancs.

Implicitement, ce sont des espaces potentiellement fachisant
Oula, c’est quoi cette affaire ??? Bon allé, c’est un sous-titre un peu trop fort, on aime la provocation.

En poussant un petit peu plus, la suite logique n’est pas loin de l’homonationalisme, du néoféminisme, des terfs et des voisins vigilants.

  • L’homonationalisme, c’est les gays blancs riches et conformes aux attentes straights qui prêchent leur sécurité en ciblant les personnes racisé.e.s, migrant.e.s, étrangères, trans... Bref, un bon homo, c’est un homo belge (comprendre blanc).
  • Le néoféminisme est un concept d’extrême droite mettant la sécurité des femmes blanches en avant, quitte à dire que c’est de la faute des migrant.e.s ou des homos.
  • Les terfs sont les « féministes radicales » excluant les trans, voire même formant des groupes d’action contre les trans. Une connue est JK Rowling. Et à Bruxelles, il y en a dans les manifestations féministes qui essaient de virer les trans.
  • Les voisins vigilants sont des mouvements de personnes privilégiées blanches formant des milices locales pour se « défendre ». Comprendre : attaquer les personnes différentes d’elleux, avec des pratiques racistes, homophobes... Dans ce cadre, des homos blancs riches se permettent d’appeler la police contre des personnes racisées qui passent dans la rue pour se sentir en sécurité, cf. le plus bel exemple : les quartiers gays blancs riches à protéger aux USA.

Conclusion
Les mixités choisies sont malheureusement trop souvent des espaces d’empouvoirement pour les plus privilégié.e.s des oppressions. Pour les blanc.he.s, cis et valides : sérieusement, faites gaffe au ouin ouin opprimé identitaire. Vos souffrances sont légitimes, mais ne justifient pas d’invisibiliser ni de violenter les autres encore plus à la marge. Compter les points d’oppression est une pratique délétère, cependant, des personnes vivent des intersections qui ne sont pas prises en compte dans vos groupes. Et cela créé des dynamiques violentes.

Que faire alors ?

Déjà, il n’existe n’a pas de réponse à tout et encore moins de recette magique. Il s’agit de déployer individuellement et collectivement des façon de faire, des connaissances et des compréhensions, nécessitant beaucoup de soft skills. Et cela prend son temps et ses générations de militant.e.s pour déployer autrement ces espaces d’empouvoirement. Car au fond, il s’agit de connection humaine, de soin, de réparation et de restauration de confiance. Voici déjà quelques pistes :

  1. Prévoir et décrire ce qui sera mis en place pour gérer les situations où des personnes dominantes sont déclenché.e.s (émotionnellement). Par exemple des femmes qui ne sont pas à l’aise face à des masculinités déviantes, les situations compliquées autour du White Passing....
  2. Poser des cadres (dés la description de l’événement / du groupe...) qui délimitent les balises de si une personne cis se sent mal vis à vis d’une personne trans, ou si un.e blanc.he provoque un impact raciste... D’autant plus si ce n’est pas la raison / sujet de la mixité choisie.
  3. Proposer des espaces plus responsables (voir ressources ci-dessous & les accountable spaces).
  4. Prévoir l’énergie et les personnes pour soutenir les personnes impactées... En ayant conscience qu’ouvrir ( ! enfin !) cette possibilité fera émerger beaucoup de besoins de réparation. Et que c’est bien le rôle des privilégié.e.s de fournir l’énergie proactive à leurs réalisations. Cela se prévoit, d’autant plus qu’il s’agit souvent de naviguer sur des crêtes instables entre des besoins contradictoires.
  5. Être explicite sur ce que l’on sera capable de porter ou pas. Et le mettre dans la description de l’événement.
  6. Et s’il y a assez d’énergie, prévoir l’accompagnement des personnes qui provoquent ces impacts, qu’iels puissent changer. Cela peut se prévoir en ayant des personnes / collectifs ressources externes (Collectif Holo, Collectif OXO, association Praxis, Feros, des formateurices anti-racistes, comme Betel ou Jaï ...).
  7. Quand tu proposes des groupes / une activité / un événement en « mixité choisie », formule la en mentionnant les identités sociales que tu veux voir venir de façon exhaustive. Par exemple : Quand tu dis « mixité choisie sans mec cis », cet usage ne fait pas se sentir bienvenu.e, et il est même devenu violent, pour beaucoup de personnes transféminines, transmasculines, non-binaires, pédé.e.s et gays. Tu peux dire « mixité MINTA » - MINTA = meufs, intersexué.e.s, non-binaires, trans et agenre. Assures toi que ton organisation et ton groupe feront un minimum attention aux réalités bies, trans.inter.non-binaires que vous jugerez masuculines. Au passage, les pédé.e.s/gays vivent aussi du sexisme.
  8. Si tu veux dire personnes vivant du sexisme tu peux dire : « Pour femmes & LGBTQIA+ » ou « Pour femmes, intersexué.e.s, non-binaire, trans, bi.e.s, gays, lesbienne » ou encore « Femmes & TPGbi » (trans pédé.e.s gouin.e.s bi.e.s, c’est les insultes réappropriées).
  9. la féminité noire ou racisée ou encore la féminité prol sont très très différentes des féminités de classe moyennes/sup blanches. Prends soin de le dire dans tes descriptions... Trop souvent des mixités choisies féministes oublient qu’elles parlent de féminisme blanc de classe moyenne / supp... Idem pour les autres identités : validisime, papiers, éthnie, cosmovision*...

Si un groupe veut des femmes cis et hétéras avec une vision féministe mainstream, c’est bien, dites le, cela fera moins de dégâts et les personnes sauront à quoi s’en tenir : « Pour femmes cis het blanc.he.s citadinnes, valides et de classe moyennes ou sup ».

* la cosmovision : c’est la compréhension du monde qui nous entoure. La version dominante est celle mode : « rationnelle » cartésienne, scientifique et basée sur le quantitiatif et qualitatif universitaire. C’est donc une compréhension coloniale blanc.he et bourgeoise du monde. Pour nos adelphes blanc.he.s : il en existe plein d’autres, sans les essentialiser / fétichiser svp...

Aller plus loin - des ressources

  • Le patriarcat nous latte aussi la gueule : https://radiorageuses.net/spip.php?article1400
  • Les espaces plus responsables (en anglais) ont remplacé les espaces « plus courageuxses » : pour les personnes vivant du racisme dans les espaces occidentaux, il n’y a pas le choix que d’être courageuxse... Mais dans la définition des espaces courageuxse, il y a des choses à reprendre.
  • Feros : un collectif de facilitateurices donnant des ateliers sur l’inclusivité queer, des ateliers d’autodéfense queer / neuroA, des ateliers sur la déconstruction des rapports de classe...
  • Vulcana : une association de soutiens aux femmes, personnes sexisées et LGBTQIA+
  • Karada House : propose des formations queer décoloniales (kinky entre autres) avec une équipe de personnes racisé.e.s flamboyant.e.s !
  • Navigate : collectif faisant de la médiation de conflit et accompagnement de processus de justice transformatrice avec une vision intersectionnelle.

Notes

  • le 20 octobre 2024 à 01:02

    Coucou,

    ’Navigate’ renvoit vers un site du royaume-uni, qui parle de stages. Où trouver des infos sur le collectifs de justice transformative ?

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