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Les policier·es impliqué·es dans le plaquage ventral de Mathis ne seront pas poursuivi·es

Les policier·es impliqué·es dans le plaquage ventral de Mathis ne seront pas poursuivi·es

La zone de police annonce des poursuites potentielles contre la maman.

Wallonie | sur https://stuut.info | Collectif : Bruxelles Dévie

Le 5 septembre, à l’école spécialisée de Nalinnes, Mathis, 9 ans, subit des insultes racistes dans la cours de récré. Bien que la scène se déroule devant des membres du corps enseignant et des éducateur·trices, l’enfant qui a insulté Mathis n’est pas réprimandé, ce qui provoque la colère de Mathis, lui qui avait déjà subi des insultes racistes sans suite la semaine précédente, hors du cadre scolaire. Rapidement, la situation se tend et l’école spécialisée de Nalinnes en vient à appeler la police pour Mathis.

Selon Mathis, un policier l’a plaqué contre le mur et lui a mis les mains dans le dos. Peu avant que sa maman n’arrive à l’école et qu’elle en informe la police, le policier qui le maintenait contre le mur a plaqué Mathis au sol avec son genou, la même position qui a tué Lamine Bangoura en Belgique, George Floyd, Adama Traore, … sur un enfant de 9 ans. Tout en disant à Mathis qu’il le faisait pour que sa mère « ne fasse pas la maligne » et que sinon il la « mettra au sol aussi » [1].

Mathis raconte le rire du corps enseignant pendant que les policier·ères le violentait. La mère de Mathis, alors qu’elle filmait la scène, a interpelé les agent·es ainsi que les membres du corps enseignant présent·es « mon fils n’est pas un gangster, pourquoi vous le traitez comme un gangster » les policier·ères et les éducateur·trices ont répondu en riant « Oui, c’est bien un gangster votre fils ». En plus de montrer que parce que Mathis est noir, il n’est pas considéré comme enfant à part entière et est disposé à recevoir le même traitement qu’un adulte, les policier·ères le criminalise en l’associant à un gangster.

De son côté, la police justifie une opération mesurée face à l’énervement de l’enfant de 9 ans. Lunaire. Jamais une telle chose n’aurait été justifiée avec un enfant blanc, jamais une telle chose ne serait arrivée sur un enfant blanc.

Un PV a même été dressé à l’encontre de l’enfant. Le parquet de Charleroi commente : « C’est un comportement assez problématique et cela risque probablement d’être renvoyé devant les services d’aide à la jeunesse pour éventuellement prendre en charge l’enfant et son comportement ». La zone de police a annoncé que des poursuites contre la maman n’était pas exclues et le parquet de Charleroi que les policier·ères impliqué·es ne seraient pas poursuivi·es. Criminalisation des victimes, blanchissement des forces de l’ordre.

Dans la presse, comme d’usage lors de violences policières racistes, les médias reprennent la version de l’institution scolaire ainsi que celle de la police, peu ou pas celle de Mathis et de sa maman. La directrice de l’école, interrogée, ne mentionne pas que l’altercation a commencé à la suite d’une insulte raciste. Elle ne mentionne pas non plus le plaquage ventral, et ose dire que le contact avec la police a été « bienveillant », que les policier·ères ont « proposé de l’eau à Mathis » et que l’intervention « n’était pas violente ».

Pour résumer l’affaire, un enfant noir de 9 ans subit plusieurs insultes racistes dans la cours de récré devant des membres du corps enseignant. Il refuse de se faire insulter et s’énerve, le corps enseignant ne réprimande pas l’enfant qui l’a insulté mas bien la colère de Mathis. La direction va jusqu’à appeler la police qui le maîtrisera violemment.

Par la suite, l’école arrive à commenter que c’était proportionnel et bienveillant. La police parle de l’enfant comme s’il s’agissait d’un criminel dangereux – tout en disant que la mère de Mathis a filmé la scène pour faire du « bashing » sur les policiers – et il possible que la maman soit poursuivie, à la suite qu’un PV a été dressé à l’encontre de l’enfant. Il a finalement été annoncé qu’il n’y aurait pas de poursuite contre les policier·ères4. Un bon aperçu du racisme systémique en Belgique.

sources ici

Voir en ligne : Bruxelles Dévie

Notes

[1Vidéo de l’interview de la maman de Mathis ici

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Mathis , 9 ans, plaqué par la police comme George Floyd dans son école

Le 5 septembre, Mathis, 9 ans, subit des insultes racistes dans la cours de récré de l’école spécialisée de Nalinnes. Malgré que la scène se passe devant des membres du corps enseignant et des éducateurs, l’enfant qui avait insulté Mathis ne sera pas réprimandé, ce qui mettra Mathis en colère, lui qui avait déjà subit des insultes racistes sans suite la semaine précédente, hors du cadre scolaire. Selon la direction, l’école aurait tenté de « maîtriser » la « crise » de Mathis (pour utiliser ses mots) mais, « n’y arrivant pas », elle aurait appelé la police. Pourtant, il s’agit d’une école spécialisée, donc normalement apte à gérer ce genre de situation. Une fois sur place, la police a brutalisé Mathis alors qu’il était déjà calme selon son témoignage. Un policier l’a plaqué contre le mur et mis les mains dans le dos. Peu avant que sa maman arrive et qu’elle en informe la police, le policier l’a plaqué au sol avec son genou, la même position qui a tué Lamine Bangoura en Belgique, George Floyd, Adama Traore, … sur un enfant de 9 ans. Tout en disant à Mathis qu’il le faisait pour que sa mère « ne fasse pas la maligne » et que sinon il la « mettra au sol aussi » [1]. Dans la presse, les médias reprennent la version de la direction ainsi que celle de la police. La directrice de l’école, interrogée, ne mentionne pas que l’altercation a commencé à la suite d’une insulte raciste. Elle ne mentionne pas non plus le plaquage ventrale, et ose dire que le contact avec la police a été « bienveillant » [2]. Pourtant, Mathis raconte le rire des enseignants et des éducateurs présents pendant que les policiers le violentait. La mère de Mathis alors qu’elle filmait la scène a interpelé les agents de police ainsi que les membres du corps enseignants présents « mon fils n’est pas un gangster, pourquoi vous le traitez comme un gangster » les policiers et les éducateurs ont répondu en riant « Oui, c’est bien un gangster votre fils ». De son côté, la police justifie une opération mesurée face à l’énervement de l’enfant de 9 ans. Lunaire. Jamais une telle chose n’aurait été justifiée avec un enfant blanc, jamais une telle chose ne serait arrivé sur un enfant blanc. Un PV a même été dressé à l’encontre de l’enfant. Le parquet de Charleroi commente : « C’est un comportement assez problématique et cela risque probablement d’être renvoyé devant les services d’aide à la jeunesse pour éventuellement prendre en charge l’enfant et son comportement » [3]. Pour résumer l’affaire, un enfant noir de 9 ans subit plusieurs insultes racistes dans la cours de récré devant des membres du corps enseignant. Il refuse de se faire insulter et s’énerve, le corps enseignant ne réprimande pas l’enfant qui l’a insulté et se concentre uniquement à réprimander la colère de Mathis. La direction va jusqu’à appeler la police qui le maîtrisera violemment. Par la suite, l’école arrive à commenter que c’était proportionnel et bienveillant ; la police parle de l’enfant de 9 ans...

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Beaucoup d’émotions lors de ce rassemblement organisé par la plateforme de soutien à Rita, la maman de Mathis, devant le palais de Justice de Bruxelles le dimanche 1er octobre. Plus de 400 personnes se sont unies sur la place Poelaert vers 14h pour dénoncer le racisme et les violences policières infligées à Mathis, un enfant noir de 9 ans, dans l’enceinte de son établissement scolaire le 5 septembre dernier à Ham-sur-Heure (Nalinnes). Tristesse, compassion, empathie, solidarité, mais aussi colère, indignation, frustration, désir de s’organiser pour briser les fers qui maintiennent les communautés racisées dans un système d’oppression institutionnelle. Courageuse et digne, Rita, la maman de Mathis, raconte d’abord cette journée terrifiante Depuis les appels de l’école à son arrivée sur place pour découvrir ce flic agenouillé sur la nuque de Mathis, et les propos de la directrice qu’elle doit interroger pour connaître le véritable fond de l’histoire… Appelée parce que son fils « fait une crise » (épilepsie ? catalepsie ? angoisse ? crise de quoi ?), il s’avère, comme le rappellera opportunément une des oratrices plus tard, que Mathis n’a rien "fait" , il a été insulté par un camarade, qui lui a ensuite donné un coup de poing. Mathis a juste répondu aux coups, et fait un doigt d’honneur à la directrice qui le menaçait de le renvoyer… Une version légèrement différente de celle qu’on a pu lire dans la presse (comme d’habitude ?)… D’autres personnalités et collectifs se succèdent au micro : Dido Mwamba, activiste et créateur de la Plateforme associative et citoyenne Véronique Clette-Gakuba, sociologue et membre du Collectif Présences Noires Le Collectif Susu, collectif citoyen Afroféministe et Anticapitaliste Le Collectif Mémoire coloniale et lutte contre les discriminations Kodjo Yves Lodonou, du MRAX Sabrina, soeur de Mathis Le Comité Ujamaa, Cercle étudiant panafricain ULB, Bruxelles Nordine Saidi, de Bruxelles Panthères D’autres mères de victimes (Abdoulaye) Rita, la mère de Mathis Justice pour Abdoulaye "On ne "se fait" pas insulter, on EST insulté" Le Collectif Afroféministe Mwanamke « A propos du pouvoir économique... »Les revendications exprimées : Abandon total de toutes les plaintes, pénale contre Rita (« bashing ») et disciplinaires (« indiscipline » et « mise en danger de mineur ») contre Mathis, et effacement de toute trace dans leur dossier. La Ministre de l’Enseignement et le PO de l’école de Mathis doivent condamner fermement l’attitude de laisser-faire de l’école et la violence de la police. La fin de la relégation des enfants racisés dans les écoles spécialisées. Refonte de la circulaire autorisant la police à intervenir dans les écoles. Mettre fin aux violences policières contre les mineurs racisés dont on constate l’augmentation récente. La fin des institutions inégalitaires et oppressives. La tolérance zéro au racisme dans nos écoles et nos universités....

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Un nouvel acte de mépris institutionnel violent dans l’affaire Sourour Abouda

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