En ce moment en Serbie, la majorité des universités du pays sont occupées. Les étudiant.e.s exigent la démission des ministres, la poursuite des responsables du crime et la publication des documents relatifs à la rénovation du toit achevée il y a seulement quelques mois par une entreprise chinoise.
Au-delà des revendications et de l’indignation contre la corruption, les pratiques horizontales adoptées par les étudiant.e.s et la mise en place d’une démocratie directe comme contre-proposition au système politique serbe sont d’autant plus intéressantes.
Voici la traduction de leur lettre :
" Cette lettre est un appel urgent à l’action !
Actuellement, en Serbie, les étudiant.e.s ont le contrôle total de 62 facultés sur 80. Il s’agit de la plus grande manifestation étudiante dans notre région depuis 1968. Elle a été déclenchée par une série d’événements tragiques causés par des décennies de répression, de corruption et de violence perpétrées par le régime en place. Jusqu’à présent, l’opposition s’est montrée incompétente dans ses méthodes, c’est pourquoi nous, les étudiants, avons pris les choses en main. Nous avons suspendu les cours, dissous toutes les associations étudiantes représentatives, organisé des plénums, voté des revendications, formé des groupes de travail et commencé à faire pression. Nous nous sommes installé.e.s dans les bâtiments de la faculté et les avons adaptés à la vie quotidienne. Nous avons mis en place des cuisines, des dortoirs, des pharmacies, des ateliers, des cinémas et des salles de classe d’auto-éducation. En l’espace de trois semaines, la quasi-totalité des bâtiments universitaires de Serbie sont devenus des centres d’auto-organisation politique fonctionnant 24 heures sur 24. Nous avons le soutien total de nos concitoyen.ne.s, nous survivons grâce à leurs dons et, chaque jour, d’autres groupes oppressés de la société se joignent à notre lutte.
Les occupations de facultés sont la forme la plus radicale d’auto-organisation étudiante. L’occupation implique la suspension des cours, des obligations d’examen et fonctionne indépendamment du soutien des professeurs et de l’administration. Vous avez le droit de vous organiser de cette manière et, grâce à l’autonomie de l’université, vous êtes également protégé.e.s contre l’intervention directe de la police. La faculté reste occupée jusqu’à ce que vos revendications soient satisfaites. La suspension des activités d’une faculté constitue en soi une forme de pression sur les institutions. L’occupation d’établissements scolaires est aux étudiant.e.s ce que la grève est aux travailleur.euse.s. Historiquement, les occupations de facultés se sont avérées efficaces dans la lutte pour une éducation plus accessible, mais aujourd’hui, nous devons les utiliser pour résoudre des problèmes sociétaux plus larges.
Nous gérons les occupations par le biais de groupes de travail. Les groupes de travail sont ouverts à tou.te.s celleux qui souhaitent y participer et se concentrent sur la stratégie, les actions publiques, les médias, la sécurité et les activités au sein de l’occupation.
Les groupes de travail présentent leurs idées et leurs propositions au plénum. Le plénum est un forum ouvert à tou.te.s les étudiant.e.s de la faculté. Ces assemblées mettent en pratique la démocratie directe. Chacun.e dispose d’une voix égale et du droit de décider des questions relatives à la direction des actions.
Le monde est au bord de l’effondrement, la démocratie représentative est un échec et notre avenir est en danger. C’est le seul moyen de prendre le contrôle et de changer la société. Il y a d’innombrables raisons pour un blocus, et vous savez mieux que quiconque quelle est la vôtre.
Traduisez et partagez cette lettre !
Auto-organisez vous et commencez à mettre en place la démocratie directe maintenant !
Étudiant.e.s du monde entier, joignez-vous aux occupations ! "
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