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Nouveau pacte migratoire européen : des frontières toujours plus meurtrières

Nouveau pacte migratoire européen : des frontières toujours plus meurtrières

Belgique | sur https://stuut.info

Mercredi 10 avril 2024, les eurodéputés ont définitivement voté le nouveau pacte sur la migration et l’asile à l’échelle européenne. Ce nouveau pacte, qui est en élaboration depuis 2020, a pour but premier d’opter pour un nouveau durcissement des frontières européennes. Ainsi, le contrôle des entrées du territoire européen sera drastiquement renforcé. Ce nouveau pacte, s’inscrit dans la dynamique fascisante progressivement mise place par les pays européens. Une politique raciste et meurtrière qui s’est constituée depuis la mise en place de l’espace Schengen, en mars 1995, et qui continue à se renforcer toujours plus, comme en témoigne la mise en place de ce pacte le 10 avril dernier.

Ce pacte est divisé en dix textes législatifs qui se distinguent entre d’une part, l’augmentation du contrôle des arrivées de personnes exilées aux frontières européennes, et d’autre part, ce que les autorités appellent la « solidarité entre Etats membres ». . Cette soi-disant « solidarité » se traduit en réalité par une « gestion » toujours plus déshumanisante des personnes exilées sur le territoire européen et une coordination acérée entre les pays qui la composent.

Après avoir fait passer une nouvelle loi européenne le 19 décembre dernier concernant le durcissement des frontières et la mise en place de centres fermés à proximité de celles-ci, ce nouveau pacte prévoit des nombreuses procédures qui visent à accélérer le contrôle des personnes exilées aux frontières. Une nouvelle procédure de « filtrage » sera ainsi mise en place : constitant à imposer un contrôle d’identité, d’empreinte digitale, sanitaire et « sécuritaire ». De plus, ce statut mis en place par ces différents contrôles sera déterminé sur une période de 5 jours durant lesquels toute personne exilée qui entre sur le sol européen sera maintenue en détention.

À cela, s’ajoute la volonté d’un renforcement des expulsions du territoire européen. Le pacte invite ainsi les Etats membres de l’UE à davantage négocier les retours forcés aux pays par la pression. De son côté, l’UE s’est déjà engagée à complexifier, pour les pays du Sud global, l’accès aux visas européens qui ne coopéreraient pas lorsqu’elle demande à expulser des migrant·es issu·es de ces pays. ​​​​​​​

En mettant en place un tel pacte à moins de deux mois des élections européennes, qui auront lieu le 9 juin prochain, les dirigeant·es européen·nes garantissent de faire perdurer ces politiques de droite et d’extrême droite dans le temps. En effet, selon la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, la mise en place de ce « pacte migratoire » figure comme une victoire significative, craignant que cette réforme ne soit pas mise en place avant la fin de son mandat. Rappelons que la mise en vigueur de ce nouveau pacte était en discussion depuis mars 2020.

Mercredi 10 avril, au moment de sa mise en place, un rassemblement était organisé par différents collectifs qui luttent pour les droits des personnes exilées en Belgique. Ce rassemblement a eu lieu sur la Place du Luxembourg, devant le Parlement européen et a permis de mobiliser plusieurs centaines de personnes. Lorsque les élu·es procédaient au vote, plusieurs militant·es sont rentré·es dans la salle muni·es d’une banderole et ont rappelé la nature d’un tel pacte en scandant : « This pact kill, Vote no ». Rappelons aussi qu’un rassemblement avait lieu le même jour contre la construction d’un énième centre fermé à Jumet, à côte de Charleroi.

Il nous semble tout autant nécessaire de rappeler à quel point l’imaginaire d’une forteresse Européenne s’est développée à une période extrêmement récente de l’histoire de nos sociétés et à quel point ces billets de légitimation sont à remettre en question. Aujourd’hui, si les frontières tuent des milliers de personnes et que cela devient un fait systémique, c’est parce que celles-ci sont légitimées par une criminalisation constante des personnes exilées, qui font face à un système migratoire militarisé. Si l’espace Européen apparaît comme un espace aussi délimité ce n’est pas tant pour des raisons naturelles, comme le fait que celui-ci borde la mer méditérranée au sud et l’Oural à l’est, mais bien parce que celui-ci constitue une importante partie des puissances occidentales qui, par leurs positions hégémoniques dans les rapports de dominations mondiaux, s’assemblent et protègent leurs intérêts. Finalement, rappelons à quel point ce nouveau pacte s’inscrit dans le projet de fascisation de l’espace européen. Ainsi, la classe politique européenne qui criminalise les personnes exilées à travers ses discours réactionnaires, produit l’imaginaire constant d’un « ennemi intérieur » qui serait à la base tous les maux de nos sociétés occidentales. Plus concrètement, elle matérialise son discours par la mise en place de frontières toujours plus infranchissables et meurtrières.

Sources :

https://www.touteleurope.eu/l-ue-dans-le-monde/que-contient-le-pacte-europeen-sur-la-migration-et-l-asile/

Comprendre les enjeux du « pacte migratoire » adopté au Parlement européen (lemonde.fr)

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Voir en ligne : BXL Dévie

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