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OFFDEM 2022 (OFfline Free software Developer European Meeting)

OFFDEM 2022 (OFfline Free software Developer European Meeting)

Bruxelles | sur https://stuut.info

OFFDEM (OFfline Free software Developer European Meeting)

L’OFFDEM invite à une assemblée des personnes promouvant et développant des systèmes pair à pair pour aborder ensemble les points communs et les questions partagées par les différents projets, cultiver les différences et explorer les moyens de croiser les chemins.

L’édition de 2022 se concentrera sur les technologies minimalistes pour un usage collectif (décentralisé et P2P, collaboration de groupe hors ligne, Internet post-DNS, fabrication et approvisionnement d’un noyau unique, protocoles légers et informatique à faibles ressources, production technologique éthique, médias militants, biohack, algorithmes utilisés par les administrations, etc.)

Nous appelons, en cette période de crise, à aborder les technologies féministes et décoloniales, à travailler ensemble à la périphérie des systèmes existants. Dans l’esprit des pratiques syndicalistes, nous aborderons les questions de l’organisation et des Biens Communs, et accueillerons des ateliers de médias de résistance.

L’OFFDEM, organisé par les petites singularités, sera accueilli les 5 et 6 mars par le collectif de sans-papiers dans l’occupation « Zone Neutre » sur l’ancien site de la KBC, avenue du Port n°14 à Bruxelles.

En tant que militants du logiciel libre et producteurs de technologies libres, nous nous souvenons que d’autres ne partagent pas notre privilège, et prêterons attention au partage de nos ressources.

Programme et détails

FR : https://ps.zoethical.org/pub/offdem-o2-programme-fr

EN : https://ps.zoethical.org/pub/offdem-activities

Nous espérons des rencontres venant de toute l’Europe et de Belgique, et de belles contributions créatives exposition ateliers sur la désinformation dans le cadre du Glassroom project : https://theglassroom.org/fr/desinformation

Performances en soirée, repas partagés et Vegan.
Sérigraphie avec Hashët.
Émission de radio en direct avec Source.
Les enfants sont bienvenus un espace leur est dédié.

La fabrique de la violence technique

Aux origines matérielles de l’impuissance

Le changement n’arrive que par l’action, mais l’action la plus simple semble inatteignable. Les producteurs de technologies restons pris dans les modèles de fonctionnement dominants, malgré notre conscience de la réalité de la situation : nos actes continuent de porter la destruction au-delà des frontières.

Les infrastructures qui organisent nos communications et la production industrielle sont aux mains d’acteurs qui semblent hors d’atteinte. Si les activistes contemporains n’ont jamais eu autant de moyens pour s’organiser, les échelles de destruction et la violence du complexe militaro-industriel est, elle, exponentielle, laissant à peine quelques interstices pour notre action.

Nous savons aussi par expérience que les réappropriations récurrentes de tous nos modèles communautaires par un système insatiable montrent la puissance de nos capacités associatives. Ce schéma de la cooptation par l’industrie se répète inlassablement. « Leur radar à ressources détecte ce qui peut être pompé gratos et vient sucer l’énergie, selon le fameux principe : Étreindre, Étendre, Éteindre. » [1]

De la violence systémique au cannibalisme technologique

Nous constatons, dans notre monde ultralibérticide, éperdument capitaliste : tout ce que notre système de production touche est immédiatement détruit, tout comme le légendaire roi Midas qui transformait en or tout ce qu’il touchait, jusqu’à ne plus savoir ni manger ni boire. Ces conséquences fatales sont portées par l’ensemble des écosystèmes et par les personnes les plus vulnérables de notre société.

C’est un fait largement admis : nous avons du sang sur les mains, chaque jour notre confort est assuré par des militaires qui surveillent les mines, pilotent les drones qui effaceront des vies à travers un écran, hors de vue, hors-sensible, financés par des « programmes structurels » visant à « défendre » l’accès à « nos territoires », par des politiciens qui délèguent les atrocités à des « régimes » mis en place et maintenus par des forces de coercition « diplomatiques », « commerciales » et « démocratiques ». La propagande est inextinguible sur les bienfaits de « la » civilisation — la nôtre, mais reste silencieuse sur ses charniers — les leurs. Le semblable est ce qui nous ressemble et que l’industrie peut assembler ; au-delà de cette distinction utilitaire, on tombe dans l’invraissemble – pourtant la norme. Pourtant cette réalité est le plus souvent impossible à aborder au cœur de nos organisations, et nous venons de passer un cap où le discours du pouvoir « sauve les vies une par une » alors que, pendant ce temps, on cherche encore, vainement, des solutions technologiques aux problèmes sociaux. Car la propagande s’évertue, avec une facilité et un succès déconcertants, à faire porter tout le poids de la responsabilité du système aux individus – non pas collectivement, en masse, mais bien solitairement, de manière détachée, intimement accusé·e, à l’individu atomisé par ce système qui le déconstruit.

La proposition à OFFDEM est de faire confiance aux capacités et savoirs de nos réseaux de résistance, seuls capables d’habiter les interstices, de nouer des liens selon d’autres modalités, vivantes, pérennes ; face à la pression insurmontable, faire un pas de côté et effacer le fardeau en le laissant choir sous son propre poids pour en considérer les facettes qui restent habituellement invisibles : ces ficelles tirées et effilochées, ces mots vides de sens, ces actionnaires sans agir, ces financiers sans épaisseur, ces miroirs sans tain où se reflètent la vacuité des discours accusateurs et démotivants ; puis regarder, depuis les remblais où nous sommes, le train du progrès et de la croissance passer, fonçant vers une montagne dont le tunnel au bout des rails, pourtant bien réels, vient d’être peint par un espiègle Geococcyx californianus qui se délectera avec le public de la compaction dévastatrice de la crise ultime — si jamais le public y survit. Sur les remblais poussent des herbes, fragiles et assoiffées, colportant le sifflement des vents même après la catastrophe.

OFFDEM et THX sont les points de reliance où nous continuerons ensemble et la pensée et la construction des outils, des méthodes, du collectif, qui permettront de faire ce pas de côté dont nous parlons tout le temps ; bifurquer, tirer un frein, poursuivre ailleurs, autrement, ici et maintenant…

Quelles sont les conditions pour se soustraire à la pression systémique ? Nous les imaginons dans le collectif. Nous les souhaitons hors du compromis. Nous les savons soumises à l’inertie et aux tentacules du réel. Loin de les résumer à une vie recluse derrière un écran, entre quatre murs, derrière un moteur à explosion ou à-côté d’un autre à réaction, ou entourée d’hommes en armes, nous les concevons, intimement, aussi comme propices à une autre relation au monde, soumises à un désir de vivre ensemble, à la volonté d’un bien vivre. [2]

Ce qui est vivant se déphase pour n’être plus soi-même—et c’est ainsi qu’il le reste. Le pas de côté, c’est ce déphasage, cette force du vivant de ne rien accepter de l’inéluctable, de le rendre caduque à chaque fois qu’il vient annoncer son triomphe. La vie est ce qui résiste à l’entropie, à l’homogénéisation ultime, l’uniformisation du monde vers le sable du temps, la fin annoncée de l’univers ; mais en attendant, nous sommes là, ici et maintenant, partout pour affirmer des mondes vivants compossibles.

Notes

[1] Embrace, Extend, Extinguish. https://fr.wikipedia.org/wiki/Embrace,_extend_and_extinguish

[2] buen vivir est un concept inscrit dans la constitution de l’Équateur, la première d’un État-nation à reconnaître des droits à la vie non-humaine en 2008. Depuis les années 1990, sumak kawsay, un néologisme Quechua, est devenu un projet politique qui vise à accomplir le bien-être collectif, la responsabilité sociale dans la relation des humain·e·s à la nature, et la fin de l’accumulation incessante du capital. (https://en.wikipedia.org/wiki/Sumac_Kawsay)
Le concept de bien vivre inclut l’idée d’interdépendance de la société et de la nature ainsi qu’une conception de l’universel comme pluralité. (https://sci-hub.st/10.1016/j.ecolecon.2014.02.017)

Voir en ligne : programme OFFDEM


Anciens évènements

OFFDEM (OFfline Free software Developer European Meeting)

 samedi 5 mars 2022  08h00 - 21h30
 samedi 5 mars 2022
08h00 - 21h30
 Occupation Zone Neutre,

 

Ancien bâtiment KBC
Avenue du Port n°14
1000 Bruxelles

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DANS LES MÊMES THÉMATIQUES

Écologie

Écologie : pour la première fois depuis 2018, un Premier ministre belge n’ira pas à la COP pour le climat

Vu les positions politiques de notre Premier ministre, la nouvelle n’a rien d’étonnant mais elle reste marquante : Bart De Wever (N-VA) ne se rendra pas au sommet climatique qui se déroule dans le cadre de la COP 30, les 6 et 7 novembre à Belém, au Brésil. Avant chaque COP, un sommet regroupant les chefs d’État des pays membres est organisé, et pour la première fois depuis 2018, un chef d’État belge n’en fera pas partie. À la place, la Belgique sera représentée par le ministre fédéral du Climat Jean-Luc Crucke et par la ministre wallonne Cécile Neven, qui seront présent·es durant la période de la COP 30, du 10 au 21 novembre. Les COP (Conférences des Parties) climat sont des sommets internationaux qui rassemblent chaque année les états signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Lors de ces conférences, les représentant·es des 195 pays ayant pris part à la convention négocient, adoptent des décisions et assurent le suivi des dernières mesures relatives à la situation climatique. Au fil des années, ces conférences ont montré leur incapacité à apporter de véritables solutions à la crise sociale et écologique actuelle, et qu’elles servent davantage de “greenwashing” que d’une remise en cause des systèmes à l’origine de cette crise. Cela étant dit, le choix du Premier ministre belge de ne pas s’y rendre envoie un message de désintérêt politique pour les questions climatiques, d’autant plus qu’il s’agit de la première COP depuis son entrée en fonction. Ce désintérêt reflète une tendance observée chez de nombreux chefs d’État, qui privilégient une approche nationaliste des enjeux politiques, notamment climatiques. C’est par exemple le cas de Donald Trump qui a choisi de retirer les États-Unis de l’accord de Paris sur le climat. Le climatoscepticisme constitue un élément central des idéologies et des programmes politiques de droite et d’extrême droite. En se désintéressant des enjeux climatiques, Bart De Wever fait passer à la trappe les considérations politiques quant aux conséquences sociales et environnementales que celle-ci entraînera. Le gouvernement de l’Arizona a dernièrement mis en place des coupes budgétaires dans des domaines clés de la transition climatique comme le secteur énergétique, les transports en commun ou encore la recherche scientifique en matière climatique. Si le Premier ministre et le gouvernement Arizona semblent assumer leur désintérêt pour les questions climatiques et la COP30, cela n’empêche pas plusieurs citoyen·nes de se mobiliser. Un équipage constitué de plusieurs militantes écologistes est parti en bateau à Belém pour rejoindre la COP30 et y porter un discours réellement écologiste mais qui s’inscrit aussi dans d’autres luttes. Est notamment à bord la militante belge Adélaïde Charlier. « La COP30 est un moment clé. Elle se tiendra en Amazonie, territoire emblématique des luttes des peuples autochtones, féministes et écologiques. Nous avons donc une (...)

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PRESSION : DES ACTIVISTES POURSUIVI·ES POUR AVOIR BLOQUÉ UNE ENTREPRISE D’ARMEMENT ISRAÉLIENNE EN BELGIQUE

Le 4 mars 2024, une centaine d’activistes a bloqué le site de OIP-Elbit Systems, une entreprise d’armement israélienne pour dénoncer la complicité belge avec le génocide en cours en Palestine. Depuis, des poursuites judiciaires ont été entamées et 7 activistes font face à un procès pour leur participation au blocage. L’entreprise OIP exige des activistes des dédommagements, ce qui les expose à 70 000 euros d’amende. Le jour du blocage, deux entreprises avaient été visées en Belgique : OIP-Elbit à Oudenaarde et Thalès à Herstal. Les collectifs qui avaient organisé l’action expliquaient s’attaquer à ces entreprises car elles « produisent des armes, des technologies militaires ou de surveillance utilisées par le régime d’apartheid israélien et sont complices du génocide en cours à Gaza ». À défaut d’un embargo belge au niveau politique, les activistes ont voulu mettre en oeuvre un embargo citoyen en s’attaquant au matériel de ces entreprises. Les activistes rappelaient que OIP est une filiale du producteur d’armes israélien Elbit Systems, qui est le plus grand fabricant d’armes privé d’Israël : « Elbit fournit 85 % des drones et la plupart des équipements militaires terrestres utilisés par l’armée israélienne. La multinationale de l’armement française Thalès entretient quant à elle des relations de longue date avec Israël et collabore avec Elbit System. » En septembre 2025 avait lieu un premier procès : celui de la militante Anuna De Wever, pour des graffitis réalisés sur le site de l’entreprise OIP à Tournai en décembre 2023 et pour le motif « d’association de malfaiteurs ». Ce 21 octobre 2025, le verdict est tombé : suspension du prononcé pour les graffitis et Anuna De Wever a finalement été acquittée de l’accusation « d’association de malfaiteurs ». Avec ses avocates, elle entreprend désormais un procès à l’encontre de OIP–Elbit pour complicité dans un génocide. Entre-temps, se déroule une autre affaire juridique : celle de 7 activistes qui ont participé à l’action de blocage en mars 2024. OIP-Elbit les poursuit et réclame des sommes pour compenser les pertes financières mais aussi lesdits « dommages moraux » à l’issue du blocage de 2024. Les activistes visés et leurs camarades de Stop Elbit maintiennent toutefois leur ligne : « Nous refusons de laisser une compagnie israélienne fabriquer en toute impunité des armes sur le territoire belge. […] Aujourd’hui Elbit nous poursuit en justice et nous demande des indemnités. Ne les laissons pas gagner. » Le procès a lieu le 16 février 2026. Les activistes appellent au soutien le jour du procès mais aussi à un soutien financier, et à rejoindre les actions de Stop Elbit. Ce procès s’inscrit dans la criminalisation des personnes qui se prononcent publiquement en opposition au génocide en cours en Palestine et à la complicité de l’état belge dans ce génocide, notamment via des matériaux d’armement. En Belgique, le projet de la loi dissolution (ou loi Quintin) s’inscrit (...)

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