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Protonmail et Wire : collabos comme les autres // Quelques conseils et alternatives sécu

Protonmail et Wire : collabos comme les autres // Quelques conseils et alternatives sécu

Il y a quelques semaines, Protonmail a une nouvelle fois lâché des infos identifiantes aux keufs, sans tordre du cul. Wire a suivi, et Apple aussi bien évidemment.

Proton Mail ne protège pas face aux polices locales européennes, il est préférable d’utiliser des services anarchistes. Il y en a sur invitation, comme Riseup, Systemli, Immerda… et d’autres ouverts tels que Autistici/Inventati, Disroot, Systemausfall

Article originel sur Renverse.co

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C’est octobre ? C’est la rentrée ?

Ça amène peut être de nouvelles activitées, de nouveaux collectifs et donc de nouvelles manières de communiquer !

C’est sûrement le bon moment pour repartir avec de bonnes bases de sécurité numérique ?!

Dans cette article, on va parler de :

  • Quelques conseils globaux quant à l’utilisation de mail à mettre en place
  • La collaboration de Protonmail et de Wire avec les flics et comment s’en passer
  • Quelques conseils globaux quand à l’utilisation de mail
  • Utiliser un service de mail chouette — même s’il coopère le moins possible avec les keufs — ne protège pas de tout, loin de là. Nos pratiques peuvent nécessiter d’autres ajustements afin de réduire correctement les risques répressifs :
  • Comprendre les risques qui pèsent sur nous pour établir une politique de sécurité
  • Utiliser les outils numériques le moins possible
  • Chiffrer le contenu de nos mails avec OpenPGP (pour savoir plus)
  • Avoir différentes identités contextuelles, en évitant par exemple d’utiliser un mail unique pour toutes nos activités personnelles/professionnelles et militantes, mais plusieurs spécifiques
  • De manière générale, rendre plus difficile l’accès à notre ordinateur personnel en utilisant un système de chiffrement (pour en savoir plus)

À propos de la collaboration de ProtonMail avec les polices européennes

Pour rappel, Protonmail est un service de Proton AG, une boîte suisse fondée en 2014, juste après les révélations Snowden, et qui profite de la vague “protection de la vie privée sur internet” depuis lors.

Depuis quelques années, et d’autant plus depuis que la création d’invitations Riseup a été rendue plus difficile suite à de nombreux abus, plein de personnes choisissent d’utiliser Proton Mail comme fournisseur de mail, y compris pour des usages répréhensibles.

Alors disons le clairement une fois de plus : Proton Mail ne nous protégera jamais des requêtes légales, qu’elles soient françaises, espagnoles, suisses, ou probablement même d’ailleurs.

Proton Mail peut être un choix cohérent si l’on souhaite simplement éviter la surveillance de masse des GAFAM (Google-Amazon-Facebook-Apple-Microsoft) — bien que Proton AG reste une entreprise capitaliste — mais en aucun cas lorsque l’on souhaite réduire les risques liés à la répression d’État.

En effet, comme toute entreprise, Proton AG est contrainte par les lois de son territoire, en l’occurrence la Suisse. La Suisse ce fameux pays neutre lol. Proton AG a fait sa comm’ sur des lois soi-disant en faveur de la protection des données. Mais comme toujours, la fameuse protection des données est relative à la confiance que les juges suisses accordent aux polices des pays leur réclamant l’accès aux données.

En l’occurrence, il semblerait que la justice suisse a confiance dans les polices espagnoles et françaises dès lors qu’elles emploient le mot “terrorisme”. Que d’étonnement.

On peut lister de nombreux autres problèmes avec Proton Mail, bien qu’il ne s’agisse pas de bloqueurs pour les usages répréhensibles : comm’ mensongère quant à leur code source qui n’est pas du tout opensource, impossibilité d’utiliser un client mail dans la version gratuite, difficulté pour créer et utiliser un compte via Tor.

Mais alors, que faire si on veut un compte mail de confiance ?

Si on veut que notre fournisseur de mail ne donne pas d’infos aux keufs, on peut déjà lui en donner le moins possible sur nous. Donc créer le compte en utilisant le Navigateur Tor (tuto pour l’installer dans Debian ou dans Windows / MacOS) —ou carrément Tails —, et ne jamais aller voir ses mails avec un autre outil que le Navigateur Tor. Ainsi, on ne donnera jamais notre localisation (notre adresse internet) au service de mail. Pensons aussi à ne donner aucune info identifiante sous peine de voir des keufs s’en servir dans le futur, qu’il s’agisse d’une adresse email de récupération, d’un numéro de téléphone, d’utiliser un surnom lié à nous, etc.

Bien sûr, il y’a des infos qu’on est obligé⋅e⋅s de fournir au service de mail : le contenu de nos échanges, avec qui on échange, à quelle fréquence. Les administrateurices d’un service mail auront toujours les moyens techniques d’y accéder, bien que certains services rendent cela très difficile, comme c’est le cas pour Riseup, Systemli, Immerda, Autistici/Inventati, mais aussi Proton Mail, Tutanota, et d’autres.

Comment choisir un fournisseur de mail ?

Quelques idées théoriques en vrac : en choisir un qui ne soit pas une entreprise avec des intérêts privés ou un modèle économique dépendant d’investissements privés ; que ses admins partagent des valeurs de lutte contre la répression ; que les groupes / communautés / milieux de luttes que l’on côtoie leur accordent une certaine confiance ; que le service ait prouvé dans le temps une certaine résistance aux flics français ; …

Pour simplifier la vie de tout le monde, on vous en propose ici quelques-uns, déjà nommés plus haut, dans lesquels une confiance a été construite depuis de nombreuses années, cliquez dessus !

Tous ont des frais et accepteront volontiers des donations.

  • Systemli, sur invitation
  • Riseup, sur invitation
  • Autistici/Inventati, formulaire de demande de compte (pas besoin d’invitation)
  • Disroot, formulaire de demande de compte (pas besoin d’invitation)
  • Systemausfall, formulaire de demande de compte (pas besoin d’invitation)
  • Immerda, sur invitation
  • Il en existe bien d’autres, mais on vous laisse les trouver 🙂

“Ptits trucs à prendre en compte pour finir”

La réduction des risques répressifs dans le numérique est un travail de longue haleine qui ne peut en aucun cas être résumé simplement dans des tutoriels pratiques. Afin de mettre en place des habitudes cohérentes et adaptées aux situations qui nous concernent, mais aussi d’éviter la paralysie causée par le système répressif, plusieurs aspects sont donc à prendre en compte. Les enjeux numériques, les contextes légaux et les spécificités mentales et organisationnelles de chacun.e nous semblent indispensables pour la construction de cultures de sécurité collectives.

La sécurité numérique n’a de réelle efficacité que si elle est exercée collectivement. Un email ‘sécurisé’ ne le reste que s’il communique avec d’autres emails sécurisés. Il est donc important d’harmoniser les pratiques au sein de tous les communicant-e-s et d’avoir en tête que le niveau de sécurité de l’ensemble des communications sera celui du maillon “le plus faible” de la chaine ! Ca peut donc être cool d’aborder ces sujets avec vos camarades/proches et de s’adapter aux besoins/possibilités de chacun-e.

Quelques ressources existent en ce sens :

  • Guide d’autodéfense numérique
  • No Trace Project
  • Tails
  • Navigateur Tor Project
  • RiseupVPN
  • Guide de survie numérique pour militantEs

Voir en ligne : Renverse.co

Notes

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Le plus ancien détenu de Belgique demande l’euthanasie

En mai 2025, Freddy Horion, âgé de 77 ans et détenu depuis 45 ans (ce qui en fait le plus ancien détenu de Belgique), a demandé l’euthanasie. Il avait été condamné à mort par le tribunal belge en 1981, une peine qui a été ensuite modifiée en emprisonnement à vie. Depuis 1993, Freddy Horion est éligible à une libération anticipée, mais toutes ses demandes lui ont été refusées. En 2023, la Cour européenne des droits de l’Homme a considéré qu’en refusant à Freddy Horion toute perspective de libération, la Belgique viole l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme qui interdit la torture et les traitements dégradants. Malgré cela, la situation de Freddy Horion n’a pas changé. En mai 2025, il demande donc l’euthanasie. Son avocat déclare que sa situation « sans issue » lui cause des « souffrances psychiques insupportables ». En Belgique, l’euthanasie peut être demandée par un·​​​​​​​e patient·​​​​​​​e qui souffre d’une maladie incurable, entraînant une souffrance physique et/ou psychique constante, insupportable et sans issue. Entre 2013 et 2015, 17 demandes d’euthanasie ont été formulées par des personnes détenues en Belgique pour cause de « souffrance psychique insupportable »1. Ces personnes purgent toutes de longues peines (ou des peines à perpétuité) et/ou sont en prison depuis de nombreuses années. Dans les 17 cas, les aménagements de peine, la libération conditionnelle ou l’accueil dans des hôpitaux civils avaient été refusés. Au moins une demande sur les 17 a été acceptée par la justice. La souffrance psychique incurable invoquée par les personnes détenues est provoquée par l’enfermement et la violence du contexte pénitentiaire. La souffrance psychique invoquée est incurable non pas parce qu’aucune issue réelle n’existe mais parce le système pénal a choisi qu’il n’existerait aucune issue pour ces personnes détenues. Ce qui est déclaré « incurable » est donc le résultat d’une décision politique et judiciaire et donne au système pénal la possibilité de se déresponsabiliser de la mort des personnes détenues, dans ce régime où, certes, la peine de mort a été abolie, mais où la détention tue à petit feu, conduisant les individu·es à envisager le suicide ou l’euthanasie. Dans son numéro « Psychiatrie et Carcéral : l’enfermement du soin », la revue La Brèche rapportait une moyenne, de plus d’un suicide par mois dans les prisons belges. Le taux de suicide y est donc quatre fois plus élevé que dans le reste du pays. Freddy Horion avait été condamné à mort avant que sa peine ne soit modifiée en emprisonnement à perpétuité. On observe que la condamnation à mort initiale est, en quelque sorte, reconduite indirectement par la violence de l’institution carcérale, sur les plans administratifs, physiques, judiciaires et psychologiques. Ces violences se produisent entre autres à travers la production du désir de mort et les décisions judiciaires qui ne respectent pas le droit à l’espoir et à la libération. L’avocat...

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Racismes / Colonialismes

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