Goma sous tirs et les ambassades de Kinshasa attaquées. La guerre au Congo s’accélère d’heure en heure…
Depuis le 23 janvier, le M23, groupe paramilitaire soutenu par l’Etat rwandais, a lancé une offensive éclair dans l’est de la RDC, s’emparant de la ville de Goma, où vivent actuellement plus d’un million de personnes et plusieurs centaines de milliers de réfugiés fuyant la guerre. Les combats ont débuté le 23 janvier avec le lancement d’une offensive majeure du M23 sur plusieurs axes autour de Goma. 3 jours plus tard les paramilitaires ont pénétré dans la ville et depuis mardi soir ils en tiennent les points clés. Selon les chiffres officiels les combats ont fait plus de cent morts et près d’un millier de blessés, ceux-ci étant certainement sous-estimés.
Mardi, la crise dans l’est de la RDC s’est soudain étendue jusqu’à Kinshasa. Plusieurs ambassades ont été attaquées et pillées par des manifestants dénonçant la guerre dans l’est du pays et la complicité des puissances occidentales et des Etats voisins. Les ambassades du Rwanda, de l’Ouganda, du Kenya, de la France, de Belgique ainsi que des États-Unis ont été ciblées, de la fumée s’échappant du bâtiment des représentations françaises et belges. Des pillages ont également eu lieu dans les quartiers de Limete et de La Gombe. Washington a appelé dans la soirée ses ressortissants à quitter la RDC. Ce mercredi les manifestations se poursuivent.
Avec la prise de Goma c’est une guerre oubliée au cœur de l’Afrique et ayant couté la vie à plus de 6 millions de personnes qui revient à l’attention du monde entier. Alors que les yeux du monde sont rivés sur les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient, la situation au Congo passe sous silence.
Et pourtant L’est de la RDC est l’un des plus grand réservoir de ressources et de barbaries du capitalisme mondial. La guerre s’y articule autour de tensions ethniques, d’intérêts économiques et du contrôle des ressources naturelles. Toutes les formes d’exploitation possible y sont essayées successivement par diverses puissances et entreprises, locales et internationales, pour le contrôle des ressources minérales massives. Notamment de l’uranium, du cuivre, de l’or, de l’étain, du cobalt, des diamants, du manganèse et du zinc, nécessaire à toute la production industrielle et technologique moderne (smartphones, ordinateurs, voitures électriques…).
Ces dernières années les soldats du M23 ont réussi à prendre le contrôle de la plupart des mines de coltan de la région du Nord-Kivu et contrôlent la principale route de contrebande vers le Rwanda, d’où le coltan est ensuite exporté. Les politiciens et les militaires congolais sont également impliqués dans le commerce lucratif des matières premières, ce qui fait que de nombreuses parties ont intérêt à ce que le conflit se poursuive. Entre-temps « la force de maintien de la paix des Nations unies » ne fait qu’observer les violences au prix de plus d’un milliard de dollars par an et de milliers de morts.
Les puissances occidentales ne semblent donc pas particulièrement intéressées par une amélioration de la situation au Congo. Ces dernières années, plusieurs dirigeants ont appelé les 5 000 soldats rwandais qui combattent avec le M23 à se retirer du pays. Mais ce ne sont que des mots sans actes. De vraies sanctions politiques et économiques ne sont pas à l’ordre du jour.
L’Union européenne tient elle aussi un double langage. Condamnant d’une part le Rwanda pour son soutien au M23, mais s’alliant d’autre part, au gouvernement rwandais et à son président, Paul Kagame, prêt à fait le sale boulot pour l’Europe sur le continent africain. L’Etat rwandais fournit ainsi des troupes au Mozambique pour empêcher des groupes armés de menacer les concessions gazières françaises. Il fournit aussi des troupes à la République centrafricaine pour contrebalancer l’influence croissante de la Russie. Ces opérations militaires sont financées à hauteur de plusieurs dizaines de millions d’euros par l’UE. Mais l’UE est surtout intéressée par l’accès à des matières premières stratégiques. En 2024 un accord a notamment été conclu à plus de 900 millions d’euros à ce sujet avec le Rwanda, sachant pertinemment qu’une grande partie de ces matières premières proviennent du Congo.
Alors que la guerre se poursuit les informations parvenant de la RDC restent toujours parcellaires et s’écoulent au rythme des affrontements. Les rebelles du M23 et leurs alliés rwandais ont-ils déjà remporté leur pari en prenant la ville de Goma, où comptent-ils s’enfoncer plus avant en RDC ?
Il revient aux opprimés et exploités du monde entier de briser le joug impérialiste qui massacre nos peuples et viole nos terres. Les responsables de cette crise, leurs intérêts économiques, militaires et politiques sont attaquables partout, par tous les moyens nécessaires.
Un rassemblement en solidarité avec le peuple congolais est prévu ce soir à 18h place du Luxembourg.
Mardi 4 février une manifestation aura également lieu à 12h devant l’Union Européenne pour dénoncer la complicité des Etats européens dans les massacres et les pillages des ressources à l’est du Congo.
Guerre à la guerre !
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