Dans la nuit du 7 au 8 décembre, le régime autoritaire syrien est tombé. Les forces rebelles syriennes ont annoncé avoir libéré la Syrie de la tyrannie de Bachar Al-Assad, après une semaine d’offensive et après plus de 13 ans de guerre civile.
La population syrienne souffle : l’avenir politique du pays est très incertain, mais l’heure est à la célébration de ce moment historique de libération. Des prisonnier·es du régime sont retrouvé·es par leurs proches, l’armée d’Assad est en retrait et on espère être arrivé au bout du régime autoritaire, qui aura été l’un des plus sanglants et dévastateurs pour tout un pays et sa population.
Le 28 novembre dernier, une offensive a été lancée par des forces rebelles en Syrie. Ces forces rebelles sont diverses et n’ont pas une ligne politique complètement unifiée, mais il s’agit en particulier de HTC* et de l’ANS**. À la fois HTC et ANS sont opposés au régime autoritaire syrien et à son armée (l’armée arabe syrienne – AAS).
En une semaine, la situation politique et militaire a radicalement changé en Syrie. Plusieurs villes ont été conquises progressivement, jusqu’à l’arrivée de forces rebelles à la capitale Damas et la fuite d’Assad.
Une offensive telle que celle menée cette dernière semaine était probablement en préparation depuis un certain temps, mais des conditions ont favorisé son émergence et sa réussite. L’Iran et la Russie, alliés du régime d’Assad sont affaiblis : la Russie peine à maintenir son intervention en Syrie au vu de la guerre qu’elle mène en Ukraine et l’Iran, largement sanctionné par la communauté internationale pour son opposition au régime sioniste israélien, est occupé par sa tentative de sauver ses relations internationales, avec des pays du Golfe et des pays occidentaux.
Les forces rebelles ont fait face à peu de résistance, ceci s’explique par l’affaiblissement des alliés du régime, mais aussi par l’impopularité grandissante d’Assad. En effet, depuis des années, Assad mène une guerre dévastatrice au sein de son pays, aux dépens de sa propre population. Il a enfermé et torturé des milliers d’opposant·es politiques, utilisé des armes chimiques sur sa propre population et, plus largement, il a brutalement réprimé toute forme de contestation à son pouvoir.
La Syrie aura été détruite par la guerre. Plus de 13 millions de personnes ont été déplacées et 90% de la population vit sous le seuil de la pauvreté (1). La fin du règne d’Assad, au pouvoir depuis 24 ans, laisse place à de meilleures perspectives, mais aussi des peurs faces aux différents intérêts des groupes armés et une possible récupération de la révolution syrienne par des puissances internationales, comme cela a déjà été le cas.
La situation géopolitique est extrêmement tendue et complexe. De nouvelles informations nous parviennent en continu. Israël a lancé une attaque dans le sud de la Syrie. L’avion dans lequel Assad a fui n’est plus recensé par les radars ; certain·es émettent la possibilité qu’il soit mort.
Les commentateur·euses de diplomatie internationale émettent diverses hypothèses quant à la suite, mais rien n’est clair et fixé.
La chute du régime d’Assad marque un tournant pour la Syrie et pour divers enjeux, au Moyen-Orient et à l’international. Malgré les incertitudes, la population syrienne célèbre la chute d’Assad. Les espoirs sont grands, même si les craintes aussi.
Légende :
*HTC (Hayat Tahrir Al-Cham), également appelé HTS, est un groupe islamiste, ex-scission d’al-quaïda. Il s’agit d’un groupe de plusieurs organisations rebelles djihadistes mais dont le but proclamé n’est pas le djhad. Le but prioritaire d’HTC est le renversement du régime d’Assad. Ce groupe aura été soutenu par différentes puissances à différents moments. HTC a notamment déjà reçu le soutien de la Turquie ou des USA (pour renverser les djihadistes alors même que le Pentagone les catégorise comme groupe terroriste).
** ANS (armée nationale syrienne) est une alliance de différentes organisations rebelles syriennes, soutenue par la Turquie. Il n’y a que peu d’unité idéologique au sein de cette alliance, notamment connue parce que composée de mercenaires. ANS est largement dépendant du soutien turque, contrairement à HTC qui est plus autonome et a des objectifs qui lui appartiennent davantage.
Sources :
- (1) https://www.consilium.europa.eu/fr/policies/syria/  ;
- https://orientxxi.info/magazine/syrie-des-acteurs-aux-strategies-concurrentes,7820  ;
- https://www.mediapart.fr/journal/international/081224/les-sept-jours-qui-ont-precipite-la-chute-du-regime-assad-en-syrie  ;
- https://syria.liveuamap.com/fr  ;
- https://www.aljazeera.com/news/2024/12/8/opposition-fighters-take-syrian-capital-damascus
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