Le direction de Audi Bruxelles annonçait le 9 juillet dernier sa volonté d’interrompre précipitamment la production du SUV électrique Q8, dernier modèle encore assemblé sur le site de la commune de Forest à Bruxelles. La fermeture de l’usine pourrait mettre en péril l’emploi de 3.000 travailleur·ses. Face à ce futur licenciement de masse et le silence de la classe politique, les ouvrier·es intensifient la pression sur la direction depuis ce mercredi 4 septembre.
La semaine dernière, les travailleur·ses ont intensifié leur mobilisation en redoublant d’invintivité afin de faire plier la direction. Lors de la reprise du travail début septembre et l’annonce qu’aucun modèle de véhicule ne serait attribué à Audi Brussels par le groupe Volkswagen, les ouvrier·es se sont mis·es en grêve. La direction refusant de clarifier son plan de fermeture, les syndicats avaient confisqué, jeudi, les clés de 300 voitures prêtes à l’exportation, et ce tant qu’ils n’obtiendraient pas d’éclaircissements sur leur avenir. Le lendemain, les travailleur·ses mobilisé·es recevaient la visite du puissant syndicat américain United Auto Workers (UAW) et de celui européen IndustriAll, preuve de soutien et de l’écho international de la mobilisation.
La direction bruxelloise défend un manque de rentabilité et une « situation économique extrêmement tendue » pour défendre son plan de fermeture. Pourtant, rappelons-le, ce sont 6,3 milliards de profits en 2023 pour le groupe Audi. En parallèle, le groupe Audi Brussels aurait reçu 157,7 millions d’euros d’argent public depuis 2018 d’après la FGTB1. Pour la Secrétaire générale du syndicat de la CSC, Marie-Hélène Ska, on a « cru longtemps qu’accueillir une entreprise créait de l’emploi comme par miracle. Donc on a déversé beaucoup de subventions. Par exemple, chez Audi à Forest, les coûts des salaires représentent 13 % des coûts de production d’Audi. Donc dire que les salaires sont trop chers, que la main-d’œuvre coûte trop cher, c’est n’importe quoi aujourd’hui. » 2
Depuis, la direction a imposé la fermeture de l’usine et suspendu les salaires des travailleur·ses pourtant en incapacité de reprendre le travail. Refusant jusqu’ici de discuter avec les représentants syndicaux, la direction a finalement accepter de se rendre à une réunion de concertation ce mercredi après-midi. Toutefois, après trois heures d’échanges, la réunion aurait dégénéré, les conditions de la direction paraissant complètement folles et ne répondant toujours pas aux intérêts des travailleur·ses.3 La tension monte du côte des ouvrier·es face à l’incertitude de leur avenir dans l’usine, et ce malgré les suspensions de salaire et les menaces de poursuites judiciaires faites par la direction de l’usine.
Encore une fois, les enjeux de rentabilité du capital priment sur les intérêts des travailleur·ses. La fermeture de l’usine Audi Bruxelles s’inscrit dans la continuité des politiques libérales et la délocalisation des secteurs industriels vers des pays jugés « plus rentables ». Parce que l’usine Audi Bruxelles représente l’un des derniers grands bastions syndicaux et une part importante du secteur automobile bruxellois, les travailleur·ses ont déclaré vouloir élargir la mobilisation au-delà des murs de l’usine et appellent à l’intensification de la pression sur la direction.
Ce lundi 16 septembre prochain, une grande manifestation nationale partira à 10h30 de la Gare du Nord à Bruxelles à l’appel d’un front commun entre les syndicats FGTB, CSC, CGSLB.
Sources :
complements article
Une question ou une remarque à faire passer au Stuut? Un complément d'information qui aurait sa place sous cet article? Clique ci-dessous!
Proposer un complément d'info