Que de gachis, de temps perdu et de nuisances inutiles produites. Tout cela aurait pu être évité, si l’échevine de la (im)mobilité et son parti avaient écouté les habitants et les nombreux signaux envoyés par les membres du Conseil Communal. Le retrait de cette maille est la victoire des habitants de Cureghem et de l’attachement profond qu’ils ont pour leur quartier.
Pression de Ecolo/Groen
L’implémentation d’une maille « apaisée » à Cureghem a clairement montré que la philosophie du plan Good Move est dans la pratique bruxelloise une catastrophe. En effet, elle ne fait que générer une écologie punitive ainsi que des embouteillages et des tensions sans fin, rendant la vie des habitants du quartier, peu importe leurs modes de déplacement, impossible. Les pompiers qui interviennent à Cureghem sont désormais contraints de devoir rédiger un rapport pour « mise en danger de la vie d’autrui » à chaque intervention. La police n’a pas non plus été consultée et il ne l’existe pas un seul policier de terrain à Cureghem qui défend ce plan.
Les problèmes concrets générés par ce plan ne viennent pas d’un défaut de communication ni du fait que le site internet ne serait pas assez « convivial » (cf. Susanne Müller-Hübsch, Bruzz, 17 septembre). Il s’agit bien plus fondamentalement d’un problème lié à la philosophie même du plan : générer des boucles de congestions pour étrangler le trafic automobile au point de forcer les habitants à changer leurs habitudes de déplacement et in fine à renoncer à la voiture sans prise en compte des nécessités spécifiques des quartiers et sans alternatives sérieuses et réfléchies. Cette forme d’éco-libéralisme autoritaire ne peut que générer plus de ségrégation, plus de pauvreté, plus de polarisation. Les habitants sont à bout et n’en peuvent plus d’être ainsi méprisés et qu’on joue avec leur sécurité. Le problème politique central posé par le plan Good Move porté par Groen à l’échelle de la Région est celui d’une absence criante de proportionnalité et de justice. Les habitants de Cureghem payent deux fois la facture carbone alors que l’on sait que la part la plus importante d’émission de particules fines vient du secteur industriel, de la production d’électricité et de chaleur, de la construction des bâtiments et du trafic de transport. L’émission de particules fines produit par les trajets automobiles des habitants de Cureghem est dérisoire.
Le plan Good Move va donc être demantelé à Cureghem. Ce qui signifie que l’ensemble des « filtres » (blocs de bétons et poteaux) et des sens interdits qui visent à produire ces boucles de congestion vont être retirées.
Le mauvais exemple de la rue Wayez
Au-delà de ce démantèlement sur Cureghem, il faudra refonder totalement la politique de mobilité à l’échelle de la Région. Il faudra mettre en oeuvre une véritable politique écologique de planification qui puisse s’en prendre réellement au trafic de transit via des péages urbains, un réseau RER, des parkings en périphérie, une augmentation de l’offre et de la qualité des transports publics ainsi qu’une politique de gratuité en fonction des revenus. La Commune d’Anderlecht a d’ores et déjà un certain nombre de doléances à l’égard de la Région en cette matière et le bourgmestre ne manquera pas d’en faire part aux autorités compétentes. Une chose est certaine, les habitants de Cureghem n’accepteront plus de payer deux fois la facture carbone.
Le Plan Good Move à Cureghem démantelé, il faudra reconstruire un processus d’implication des habitants démocratiques et populaires. A Cureghem, mais aussi à Aumale, dans le quartier de Birmingham, au Bon air, à La Roue ainsi que dans tous les quartiers bruxellois concernés par le Plan. Jusqu’ici la concertation a été complètement biaisée. On ne compte plus les réunions Zoom avec 1/3 de membres de l’administration communale, 1/3 de membres du bureau d’études et 1/3 d’habitants du quartier, dont un tout petit nombre d’habitants historiques. On ne génère pas non plus de la concertation avec une tonnelle, du papier et trois post-it. Ni en faisant peindre aux enfants des blocs de béton ou des morceaux de rue. Il n’est pas non plus acceptable que les groupes pro-vélo financés par Bruxelles Mobilité et proches des ministres ou échevins Groen aient un tel pouvoir de nuisance. Le coup d’Etat feutré d’une petite élite eco-libérale autoritaire a été stoppée par les habitants de Cureghem qui se sont réappropriés le processus démocratique. Il est temps de passer de cette consultation biaisée de nature à forcer les décisions déjà prises par le politique à une véritable implication des habitants du quartier dans l’ensemble des étapes du processus, avec un pouvoir d’évalution et de décision instituée. Il ne s’agit pas seulement de faire un brainstroming avec des idées prises au vol et mal structurées. Cela nécessite : que les réunions de concertation aient lieu en fin de journée, après le travail, qu’il y ait des traductions adéquates pour que l’ensemble des participants puissent intervenir dans les débats, que l’information soit visible et accessible (pas un toute boîte où les flyers se perdent avec les autres publicités), dans les langues véhiculaires des habitants du quartier, affichées dans les commerces, etc. Il n’est absolument pas suffisant d’uniquement se contenter avec les associations de première ou de seconde ligne.
Les habitants de Cureghem se sont soulevés. Le Conseil Communal du 15 septembre 2022 est celui qui a été le plus suivi en ligne de toute l’histoire de la commune (que ce soit sur YouTube, via Cité24 ou les lives Facebook, Instagram, TikTok). On en parle aujourd’hui à chaque coin de rue, dans chaque commerce. Les habitants déplient le plan, les propositions des membres du conseil, ils les discutent, les commentent et posent énormément de nouvelles questions. Une démocratie communale est née à Cureghem. Ce n’est que sur cette base que l’implication des habitants pourra se faire à l’avenir. Le Comité Non au Plan Good Move veillera à ce que les bases nées de cette séquence de démocratie construisent les futures formes de concertation.
La bataille de Cureghem est suivie dans tous les autres quartiers concernés par les mailles de congestion. A chaque action du Comité des gens viennent de Jette, de Schaerbeek, du Bon Air, de Aumale, de Bruelles-Villes pour soutenir mais aussi pour apprendre de cette démocratie communale et populaire née à Cureghem. Déjà le 28 septembre des interpellations communales auront lieu à Jette et à Schaerbeek sur base de celle du Comité Non au Plan Good Move.
L’implication des habitants de Cureghem a à peine commencé !
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