En effet, il y a 5 ans, dans la nuit du 16 au 17 mai 2018, la petite Mawda Shawri était touchée en pleine tête d’un tir policier alors qu’elle et sa famille, ainsi qu’un groupe de personnes en exil, se trouvaient dans une camionnette prise en chasse par la police sur l’autoroute E42, non loin de Mons.
La traque aux personnes migrantes qui s’est tenue cette nuit-là s’inscrivait dans le cadre de « l’opération médusa », une opération de police qui visait à « démanteler des réseaux de passeurs » sur les routes : l’un des nombreux moyens déployés par l’Etat et l’Office des Etrangers pour maintenir le contrôle sur les déplacements des personnes en migration et les chasser en-dehors des frontières belges.
Cette année, nous commémorerons également les 25 ans de la mort de Semira Adamu, étouffée par les gendarmes dans un avion de la Sabena alors qu’elle tentait de résister à sa sixième tentative d’expulsion [https://www.revue-ballast.fr/semira-adamu-resister]. Aussi hypocrite cela peut-il paraître au regard des durcissements des politiques de détention et d’expulsion que l’on a connu depuis, à l’époque où avait eu lieu ce drame, le ministre de l’intérieur avait démissionné. Des milliers de personnes ont défilé dans les rues et se sont rassemblées à Steenokkerzeel, devant le centre fermé 127bis où Semira Adamu était enfermée.
Personne n’a démissionné quand Mawda a été tuée par les bras armés de l’Etat.
C’est devenu à peu près systématique : lorsque la police assassine, les récits officiels et les versions policières traduisent une odieuse inventivité afin de couvrir les vrais coupables, entre déresponsabilisation de la police et de l’Etat et criminalisation des victimes.
Dans le cas de l’affaire Mawda, les théories mensongères ont fusé [1].
Au terme d’un combat en justice mené par la famille et leur avocate, la cour d’appel de Mons rendait son verdit en novembre 2021 : le policier auteur du crime s’en est sorti avec 10 mois d’emprisonnement avec sursis, assortis d’une amende de 400 euros.
Au-delà du caractère grotesque de ce simulacre de justice, il n’y a eu aucune remise en question des opérations medusa et des logiques qui les sous-tendent : la Belgique continue à traquer, rafler, enfermer, expulser.
Mawda n’est malheureusement pas la seule victime de la police et du système-frontières répressif et raciste.
Depuis le début de l’année, au moins cinq personnes sont mortes entre les mains de la police belge. Leurs noms étaient Sourour [2], Imed [3], Sebastien, Isaac [4]. Un autre homme dont l’identité nous est encore inconnue a lui été abattu dans un hôpital psychiatrique en région bruxelloise [5].
En février dernier, un homme d’origine géorgienne était retrouvé mort dans des circonstances encore inconnues au centre fermé de Merksplas [6]. Pour autant, le gouvernement prévoit toujours la construction de nouveaux centres fermés et vise à intensifiser toujours plus la chaîne arrestation-détention-expulsion.
La police tue.
Les frontières tuent.
Solidarité avec la famille de Mawda.
Solidarité avec toutes les familles endeuillées suite à des assassinats d’Etat.
complements article
Une question ou une remarque à faire passer au Stuut? Un complément d'information qui aurait sa place sous cet article? Clique ci-dessous!
Proposer un complément d'info