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Réponse à l’article « Carnage en Palestine- la raison des états contre l’humanité »

Réponse à l’article « Carnage en Palestine- la raison des états contre l’humanité »

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Cet article se veut être une réponse directe à l’article paru sur ce site (Carnage en Palestine – la raison des états contre l’humanité) et par la même occasion, une réponse aux critiques d’une partie du milieu d’extrême gauche bruxellois qui considère que le Hamas n’est pas suffisamment critiqué par les mouvements de solidarité à la Palestine.

S’il est toujours intéressant de porter un regard critique sur les mouvements de solidarité, l’article dont il est question ici est stupéfiant par ses contradictions et son irréalisme dogmatique. Il prétend soutenir la lutte des classes en utilisant un vocabulaire inaccessible, rendant sa lecture compliquée. Il accuse les « pro-résistance armée » de diviser les mouvements de solidarité dans un article qui accable la majeure partie de ce même mouvement. Il prétend soutenir un mouvement de libération nationale et porter la voix d’un peuple opprimé en proposant une solution à 0 état. J’ai beau cherché, je n’ai pas encore trouvé de mouvement palestinien ayant soumis cette proposition. Celle-ci tient dans les conversations des anarchistes pailletés du samedi soir, mais elle n’a aucun sens lorsqu’il s’agit de la lutte de libération d’un peuple colonisé.

Plusieurs passages sont directement issus de la propagande sioniste (crac dedans). Les voici :

* Les victimes israéliennes du 7 octobres ont été tuées parce qu’elles sont juives.

Ce discours, qui semble directement extrait de la cuisse de Ben Gourion, est dangereux. Il est extrêmement grave et regrettable qu’il soit véhiculé par des prétendus mouvements pour la justice.
Non, les personnes tuées le 7 octobres ne l’ont pas été parce qu’elles sont juives mais parce qu’elles vivent sur des terres qui ont été volées et occupées par la force.
Une bonne fois pour toutes : qui décide que les israéliens de plein droit sont tous et toutes exclusivement juif.ve.s ? Qui a proclamé la loi de l’état nation qui stipule que la terre « d’Israël » appartient uniquement aux personnes juives et par là organise l’apartheid, l’expropriation, l’accaparement de ressources, etc. ?
Le fait qu’elles soient toutes juives est la responsabilité du gouvernement qui prétend protéger ces dernier.e.s. Il est abominable de faire porter cette responsabilité à celles et ceux qui la subissent de plein fouet. Les palestinien.ne.s sont victimes et non responsables des discriminations contre les non-juif.ve.s sur lesquelles est fondé l’état colonial israélien.
Alors quand on attaque Israël on attaque des juifs.ve.s : à qui la faute ? La judéité des citoyen.ne.s israélien.ne.s n’est pas la raison de l’attaque du 7 octobre et il est ignoble de proférer ces accusations. Le Hamas a écrit une déclaration dans laquelle il explique l’opération déluge Al -Aqsa. Elle a été largement censurée par l’occident et il est évident
que les auteur.ice.s révolutionnaires paternalistes n’en ont jamais pris connaissance. Commencez par la lire.

* L’article taxe les actions du Hamas de xénophobes en véhiculant l’idée qu’il avait délibérément visé des travailleurs sans-papiers thaïlandais le 7 octobre.

Disqualifier ces actions en les sortant de leur contexte de lutte décoloniale et affirmer que ces travailleur.euse.s ont été visé.e.s en raison de leur origine ferait aussi frémir de joie Netanyahou. A force de lutter contre le double standard, ces révolutionnaires endimanchés veulent imposer un standard unique à toutes les luttes, peu importe le contexte politique et colonial.

Voilà pour une partie du volet sioniste. Pour le reste, le niveau de condescendance aveugle est stable.

L’article accuse les soutiens à la cause palestinienne d’essentialiser les peuples en assignant des caractères ethniques, alors qu’il essentialise la classe populaire palestinienne à outrance, usant de l’inattaquable argument des « méchants patrons contre les gentils prolétaires ». Sa vision est réductrice et ne rend pas service à la lutte des classes. C’est regrettable car il est vrai que celle-ci mériterait d’être davantage mise en avant dans le traitement de la cause palestinienne, mais absolument pas en mettant dos-à-dos les combattants armés et le supposé pauvre peuple qui n’a rien voulu de tout cela. Après le 7 octobre, alors que des civils gazaouis (opprimés donc tout doux et pacifiques si l’on en croit l’article) sont eux aussi sortis par les brèches ouvertes par la résistance et ont accompagné les actions des militants du Hamas, comment continuer à diviser la bonne de la mauvaise résistance et diviser aussi drastiquement le Hamas de la population gazaouie ? C’est de l’ignorance pure, si pas un aveuglement choisi. Beaucoup de voix occidentales anti-Hamas se sont levées au nom de la Palestine après le 7 octobre, au moment même ou on percevait une unité palestinienne derrière la résistance. Utiliser la voix d’un peuple qui crie l’inverse s’apparente à ce que la suprématie blanche s’efforce de faire depuis des siècles.

L’article porte des oeillères occidentales lorsqu’il souhaite présenter le Hamas comme totalement déconnecté du peuple. Il ne s’agit pas ici de faire ou pas son apologie, mais bien de corriger les erreurs des militants idéologues : il est critiqué c’est une évidence, mais qu’on le veuille ou non, le Hamas est implanté dans la société civile palestinienne et c’est lui, unifié à d’autres mouvements, qui a offert aux palestiniens partout dans le monde la plus grande victoire militaire depuis le début de l’occupation de la Palestine. La guerre n’est pas belle. Mais il faudra accepter ces conséquences et sortir de son cocon idéologique si l’on veut prétendre soutenir une lutte de libération.

Enfin, accuser les mouvements pro-résistance d’anti-arabe est là aussi hautement diffamatoire. C’est encore une manière de retourner tout-à-fait la situation. Celles et ceux qui n’écoutent pas les voix arabes sont bien celles et ceux qui veulent forcer une critique qui se dit « contre les frontières » mais se dessine dans le réel comme « assimili-sioniste ». Ce sont les mêmes qui refusent de regarder en face qu’une lutte armée fait couler du sang et que du côté de l’opprimé, on ne pleure pas quand le sang de l’oppresseur coule.

L’histoire de la colonisation de la Palestine est longue. Les groupes ayant défendu ses terres et son peuple sont nombreux et pluriels : il est essentiel de préserver leurs voix. Car ce sont elles qui portent d’une décennie à l’autre l’espoir de libération et qui sont sans cesse censurées par l’occident. Les générations de palestinien.ne.s évoluent au gré de ces différents groupes et les seuls points qui traversent les années de manière stables sont que l’occupant et l’occident censurent ces voix (quelles qu’elles soient) et que les mouvements politiques palestiniens se sont toujours prioritairement présentés comme des mouvements de libération nationale, qu’ils soient religieux ou pas, de gauche ou de droite (conception d’ailleurs hautement occidentale). Par conséquent nous devons lutter pour renverser le premier constat et soutenir le deuxième. Nous devons lutter contre notre besoin de trouver des alliés parfaits, qui nous ressemblent, nous devons normaliser le droit des peuples occupés à utiliser la lutte armée. Nous savons pertinemment que critiquer les voix de la résistance servira uniquement à terminer de construire le boulevard de la diabolisation de la résistance armée ainsi que celui de la normalisation avec l’état fasciste israélien. C’est dur mais c’est comme ça.

A quoi va servir la critique publique du Hamas si ce n’est à blanchir davantage vos consciences ? Pensez-vous sincèrement que les palestinien.ne.s qui critiquent le Hamas ont besoin que ce soit cette voix qui soit soutenue prioritairement aujourd’hui ? Au lendemain du 7 octobre, beaucoup de voix palestinien.ne.s critiques du Hamas se sont tues et ont accompagné le mouvement d’unité qui s’est créé. Facile ou pas, ils et elles l’ont fait. Mais au lieu de soutenir cela, l’article sous-entend à de nombreuses reprises que le peuple gazaoui subit la décision de l’opération déluge Al-Aqsa et aurait préféré qu’elle n’ait pas lieu. Vaste tissu de mensonge et encore une fois, relais sioniste. Qui met ces voix en avant si ce n’est l’armée israélienne ? Jouer à ce jeu est très dangereux et sert directement Tsahal, qui diffuse des témoignages de palestinien.ne.s qui critiquent le Hamas et le porte comme responsable du massacre en cours. Des universitaires israéliens eux-mêmes émettent des doutes quant à ces témoignages, les confrontant aux sondages dans lesquels l’adhésion palestinienne à l’opération du 7 octobre est massive, mettant en garde contre la manipulation israélienne de ces témoignages, rappelant nombre d’espions et de voix corrompues par Tsahal pour alimenter sa propagande. Cela ne veut pas dire qu’aucune voix palestinienne ne critique le Hamas, la société civile palestinienne est multiple et il y a évidemment des voix plurielles. Bien vu Sherlock. Mais cela veut dire qu’appuyer ce narratif c’est appuyer le narratif de l’armée israélienne. Quand on ne sait pas où on met les pieds, on fait attention.

Les mouvements de solidarité en Belgique soutiennent la résistance armée, aujourd’hui portée entre autres par le mouvement Hamas, mais la lumière est mise sur la résistance. Il est essentiel de suivre cette voix et de soutenir toute forme de résistance : culturelle, académique, armée, agricole, populaire,...Que porter la voix d’un mouvement avec lesquels nous avons des désaccords politiques soit coûteux, c’est normal. Mais vouloir imposer son idéalisme en utilisant la propagande sioniste, en divisant la bonne de la mauvaise résistance palestinienne et en diffamant à volo, c’est un scandale. Passons les raccourcis qui affirment que ne pas critiquer le Hamas c’est soutenir la persécution des femmes en Iran et l’esclavagisme Qatari. Là on touche le fond. Il semble que la sacro-sainte « déconstruction » des mouvements de gauche ait franchi le cap de la déconstruction cérébrale et soit aujourd’hui coincée dans l’impasse de l’absurdité.

Quelle est la fonction de la critique du Hamas pour les « révolutionnaires » occidentaux ? Comment conditionner ou pas leur soutien à une lutte de libération ? Est-ce nécessaire pour être un.e bon.ne militant.e ? Pourquoi refuser de voir ce qu’engendre la guerre ? Il semble en tout cas urgent d’oser regarder. Si on lui donne trop de place et qu’on lui ôte tout pragmatisme, la lutte contre les frontières devient, comme tout idéal, tyrannique. L’idéalisme est un luxe bourgeois. La guerre est une nécessité populaire.

Voir en ligne : Lien de l’article en question

Notes

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