Prisons / Anticarcéral
Répression internationale et solidarités internationalistes - semaine du 29/09/25
Compilation d’articles du Secours Rouge France : La mobilisation se poursuit en soutien à la révolutionnaire turque Zehra Kurtay Au 90e jour de la grève de la faim illimitée de la révolutionnaire turque Zehra Kurtay, une nouvelle manifestation a eu lieu samedi 27 septembre dans les rues de Paris. Une centaine de personnes y ont participé afin de soutenir le combat de la militante qui est sous la menace d’une expulsion (voir notre article ). À la fin de l’initiative, Zehra Kurtay et ses supporters ont réaffirmé que sa grève de la faim continuera jusqu’au retrait de son OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) et la restitution de son droit d’asile. France : Audience en appel contre la censure en prison de deux numéros du journal L’Envolée En 2022 et 2023, l’Administration Pénitentiaire (AP) a censuré les numéros 55 et 56 du journal anticarcéral L’Envolée qui est envoyé gratuitement à de nombreux prisonniers. La raison évoquée est que ces publications comporteraient des passages diffamatoires et injurieux pour l’institution et ses agents. Le comité éditorial de la revue conteste cette décision et dénonce un détournement de procédure. L’AP s’appuie sur un article du Code pénitentiaire qui lui permet d’« interdire l’accès des personnes détenues aux publications contenant des propos ou signes injurieux ou diffamatoires à l’encontre des agents et collaborateurs du service public pénitentiaire » alors qu’une censure de la presse doit être prononcée par une autorité judiciaire. Jeudi 25 septembre, la cour administrative d’appel de Paris examinait un recours déposé par l’Envolée contre ces interdictions, la décision a été mise en délibéré au 9 octobre prochain. Biélorussie : L’anarchiste Mikalai Dziadok a été libéré Le 11 septembre 2025, l’anarchiste Mikalai Dziadok a été libéré et expulsé de Biélorussie vers la Lituanie. À sa libération, les agents du KGB ont déchiré son passeport. Mikalai devait sortir le 4 avril dernier, mais une nouvelle affaire a été ouverte contre lui pour avoir prétendument dirigé l’organisation Action autonome, préalablement définie comme étant une organisation criminelle. Il avait été arrêté le 11 novembre 2020 et accusé de troubles à l’ordre public, de possession de cocktails Molotov et de propagande antigouvernementale. Au total, 52 prisonniers politiques ont été libérés dans le cadre de négociations entre le dirigeant biélorusse Loukachenko et les envoyés de Trump afin de lever les sanctions contre Belavia, la compagnie aérienne d’État. Hongrie : Le mouvement “Antifa” classé comme organisation “terroriste” Vendredi 26 septembre, la Hongrie a publié une liste nouvellement créée d’organisations dites « terroristes » où figure le mouvement « Antifa ». Le décret permet d’imposer des sanctions financières à tout groupe figurant sur la liste et de mettre sur liste noire les personnes qui leur sont associées, lesquelles peuvent être expulsées ou interdites d’entrée sur le territoire. Cette...

[USA] ICE hors de l’Illinois, ICE hors de nos vies : Un compte-rendu sur les blocages au centre de détention de Broadview
Après des efforts désordonnés pour réprimer les immigrants à Los Angeles, l’administration Trump a annoncé que Chicago serait la prochaine cible des attaques concentrées de l’agence américaine de contrôle de l’immigration et des douanes (ICE). Cette opération dite « blitz » se heurte déjà à une résistance. En juin 2025, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Chicago en solidarité avec la résistance en cours à Los Angeles ; dans le même temps, des manifestant·es de Seattle à Chicago ont tenté de bloquer les agents de l’ICE lorsqu’ils se sont présentés pour kidnapper des personnes lors d’audiences au tribunal. Aujourd’hui, les habitant·es de la région de Chicago cherchent à mener des actions stratégiques aux différents points névralgiques des opérations de l’ICE. Dans ce compte-rendu, les participant·es aux blocages visant un centre de détention de l’ICE près de Chicago racontent leurs expériences et partagent leurs premières conclusions. Aux premières heures du 19 septembre, des personnes se sont rassemblées devant le centre de détention de l’ICE de Broadview, dans l’État de l’Illinois, une banlieue située à l’ouest de Chicago. Nous nous sommes réuni·es bien avant les mobilisations annoncées publiquement pour 7h du matin et plus tard dans la soirée, dans l’espoir d’intercepter les agents fédéraux en train de transporter dans leurs véhicules des personnes arrêtées et enlevées dans tout le Midwest. Le centre de détention de Broadview contient environ 150 prisonnier·ères constamment ; il sert de plaque tournante pour les activités de l’ICE dans toute la région du Midwest. Les centres de détention de l’ICE de plus grande capacité sont illégaux dans l’Illinois, ce qui fait de cet endroit un goulet d’étranglement logistique pour le transport des prisonnier·ères. Les ressources fédérales allouées à ce centre ayant explosé pour satisfaire le désire de violence xénophobe des politicien·nes d’extrême droite, Broadview est devenu rapidement une infrastructure de plus en plus importante et essentielle dans la région. Lorsque les manifestations ont commencé à Broadview, les petits groupes d’individus avaient initialement tendance à se livrer à des actes spectaculaires et auto-sacrificiels, consistant généralement à s’asseoir devant les fourgons de l’ICE qui quittaient le centre de détention, pour être ensuite évacués de force par la police de Broadview. À mesure que les reportages et images de chaque action se diffusaient et que la confiance dans l’efficacité de la résistance non-violente s’estompait, les mobilisations ont changé de forme : l’objectif principal de l’action est passé du sacrifice à la résistance. L’ICE a commencé à brutaliser et arrêter les manifestant·es à sa guise et les tentatives de bloquer les fourgons ont échoué ; en réponse, les foules d’individus matinales ont troqué leurs masques N-95 contre des équipements et tenues de black bloc et ont choisi de suivre les agents plutôt que de simplement s’asseoir (...)
Des expulsions prévues vers la Guinée : complicité de l’ambassade
Depuis quelques jours, des personnes de nationalité guinéenne enfermées en centre fermé nous alertent d’expulsions prévues cette semaine vers la Guinée. Les tentatives d’expulsion dont on a connaissance étaient prévues du 22 au 27 septembre et concernent des personnes enfermées aux centres de Vottem, Bruges et Merksplas. Quand l’Office veut expulser une personne d’origine étrangère qui n’a pas de passeport, l’ambassade de son pays joue un rôle clef : c’est elle qui doit confirmer officiellement la nationalité de la personne et délivrer un laissez-passer (document de voyage qui remplace le passeport). Sans ce papier, l’expulsion ne peut théoriquement pas avoir lieu. En résumé, la possibilité d’expulser ou pas des personnes dépend des relations de la Belgique avec l’ambassade du pays concerné. Ce n’est pas anodin que des expulsions soient prévues vers la Guinée. Il y a quelques mois encore, l’ambassade guinéenne déclarait qu’elle refuserait la délivrance de laissez-passer pour les personnes résidant en Belgique depuis plusieurs années, ayant établi des liens familiaux ici, ou encore présentant une vulnérabilité particulière. L’ambassade affirmait la nécessité d’une rencontre avec la personne concernée, pour un examen approfondi sur sa situation personnelle avant de prendre une décision pour le laissez-passer. Aujourd’hui pourtant, l’annonce des vols se fait sans que les personnes concernées aient pu être entendues par l’ambassade sur leur situation particulière. L’Office des étrangers refuse également de transmettre des preuves de la délivrance de laissez-passer, aux personnes menacées d’expulsions ainsi qu’à leurs avocat·es. Dans le centre, les assistant·s social·es (qu’on nommera plutôt assistant·es au retour) auraient communiqué aux personnes qu’elles auraient accès aux laissez-passer seulement à leur arrivée à l’aéroport. Les détenus concernés sont inquiets, doutent de la véracité des documents, et craignent une expulsion collective vers la Guinée. Nombre d’entre eux ont une famille en Belgique et craignent la répression lors du retour en Guinée. De nouveaux accords avec la Guinée Le mois dernier le ministre des affaires étrangères de la Guinée, Morissanda Kouyaté, visite Bruxelles et rencontre la ministre de l’asile et la migration, Anneleen van Bossuyt. Ensemble, les deux retissent des liens entre la Belgique et la Guinée pour s’accorder sur le rapatriement de personnes de nationalité guinéennes présentes “illégalement” en Belgique. “Nous avons besoin de nos ressources humaines. Nous ne voulons pas qu’elles partent, et celles qui sont parties, nous voulons les attirer pour qu’elles reviennent. Donc, on n’est pas un pays qui pousse ses citoyens à la migration illégale’.’ Morissanda Kouyaté Les deux ministres s’alignent lors de cette rencontre sur un même objectif : faciliter l’expulsion forcée des ressortissant·es guinéen·nes en centre fermé. Il nous semble donc clair que les expulsions prévues se font...

Manifestation pas de prisons pour sans-papiers, ni à Jumet, ni ailleurs !
MANIFESTATION REPORTÉE AU 25 OCTOBRE ! En mémoire de Semira Adamu et contre le centre fermé de Jumet et son monde, rendez-vous le 25 octobre à Charleroi. La manifestation contre les politiques migratoires belges et européennes, contre le projet de centre fermé à Jumet et en mémoire de Semira Adamu, initialement prévue le 20 septembre, est reportée au samedi 25 octobre ! Ce report de date a été imposé par la ville : la Ville de Charleroi refuse que nous manifestions le 20 septembre en mémoire de Semira Adamu et contre le projet de centre fermé à Jumet. La seule raison invoquée est la tenue d’un match de foot le même jour, mobilisant la police à tel point que les forces de l’ordre ne pourraient pas encadrer la manifestation. Nous nous dénonçons cette décision sans appel, sans qu’elle ne nous étonne réellement au vu de l’alliance croissante de la Ville de Charleroi avec l’extrême droite. Nous sommes déterminé.es à faire entendre et croître l’opposition citoyenne aux politiques migratoires belges et européennes, violentes, racistes et inhumaines. Nous manifesterons donc ce samedi 25 octobre. Cette marche commémorera la vie et la lutte de Semira Adamu, militante sans-papiers tuée par la police lors d’une expulsion forcée en 1998. Nous n’oublions pas, nous ne pardonnons pas et nous continuons son combat. La mobilisation dénoncera particulièrement le projet de centre fermé à Jumet, prévu pour 2028. Ce centre serait le plus grand lieu d’enfermement administratif et de déportation de Belgique et s’inscrit dans un plan national initié par l’extrême-droite : celui de criminaliser, enfermer et déporter les personnes sans-papier. Charleroi soutient ce projet malgré l’opposition citoyenne locale. La ville carolo utilise une rhétorique sécuritaire et raciste pour justifier son soutien au centre fermé, criminalisant les exilé•es, main dans la main avec l’extrême droite. En la mémoire de Semira, de Mawda, Tamazi et Baudoin, en solidarité avec toutes les personnes violentées, persécutées et tuées par les politiques migratoires déshumanisantes, rassemblons-nous, réclamons la liberté de circulation et d’installation pour tous et toutes, exigeons la fermeture des centres fermés et l’abandon des projets de constructions de ces prisons qui ne disent pas leur nom. Exigeons l’arrêt des rapatriements et des violences d’État envers les personnes sans-papiers. Rendez-vous le 25 octobre à 14h, place Buisset soyons innombrables à refuser les projets politiques de l’extrême droite.
SANS-PAPIERS : au croisement des logiques xénophobes et capitalistes
Youri Lou Vertongen est docteur en Sciences politiques. Il a mené une longue recherche sur les mouvements sans-papiers à Bruxelles, en Belgique. Joël Girès de l’Observatoire des inégalités l’interviewe pour discuter de ses analyses et retracer l’histoire des politiques migratoires belges dans ce troisième épisode de Contrechamp. Youri Vertongen explique à quel point la politique migratoire est structurée par une xénophobie d’État. 22 septembre 1998 – 22 septembre 2025 On n’oublie pas. On ne pardonne pas. Le 22 septembre 1998, Semira Adamu a été assassinée par l’État belge. Étouffée à l’aide d’un coussin par des gendarmes lors d’une expulsion, elle avait vingt ans. Sa mort est l’expression brutale du racisme d’État : une femme noire, migrante, demandeuse d’asile, rendue illégitime à vivre sur ce territoire. Vingt-sept ans plus tard, rien n’a changé. La Belgique continue d’enfermer des hommes, des femmes et des enfants dans des centres fermés, continue d’expulser vers des pays en guerre, continue de traquer les sans-papiers jusque dans les gares, les associations, les quartiers. L’Union européenne privatise et externalise ses frontières, transformant la Méditerranée en cimetière et légitimant la collaboration avec des régimes criminels. On nous dit parfois que « le fascisme arrive ». Mais pour nous, Noirs, Arabes, Musulmans, Migrants, Sans-Papiers, Rroms, il est là depuis toujours. Il se manifeste dans les contrôles au faciès, dans les rafles policières, dans les discriminations quotidiennes, dans les morts en détention, dans les vies étouffées par les politiques d’asile et de migration. Le nom de Semira résonne avec ceux d’Adil, de Mawda, de Mehdi, de Lamine et de tant d’autres, victimes de ce système qui hiérarchise les vies et condamne les indésirables à la mort lente ou brutale. Nous n’oublions pas. Nous ne pardonnons pas. Le racisme d’État tue, hier comme aujourd’hui. 27 ans après, la Belgique poursuit sa politique de mort contre les personnes en migration. Elle expulse vers des zones de guerre et des dictatures, en toute complicité avec les régimes autoritaires. Elle traque les sans-papiers jusque dans les associations et les gares, les criminalise et les précarise. Elle ouvre de nouveaux centres fermés, véritables prisons racistes où des familles, des femmes et des enfants sont encore enfermés. Elle s’aligne sur la politique migratoire européenne, qui privatise le contrôle des frontières, sous-traite la répression à des pays comme la Turquie ou la Libye, et fait des milliers de mort·e·s en Méditerranée. Le racisme structurel est toujours au cœur de ces politiques. La logique coloniale qui hiérarchise les vies continue de tuer. Mais face à cette machine à broyer, la résistance ne faiblit pas. Les sans-papiers s’organisent en collectifs, occupent, manifestent, revendiquent leur régularisation. Des milliers de personnes refusent la résignation : elles hébergent, protègent, défendent, militent....
Assassinat de Semira Adamu – 27 ans après
Il y a aujourd’hui 27 ans, le 22 septembre 1998, Semira Adamu était tuée par des gendarmes belges. La jeune femme de 20 ans, militante et résistante sans-papiers, subissait alors sa sixième tentative d’expulsion. Escortée dans l’avion par neuf gendarmes blancs, Semira est étouffée avec un coussin, alors qu’elle chantait sa résistance. Ses pieds et ses mains étaient attachés. Maintenue plus de 10 minutes avec sa tête sous un coussin, Semira arrête de respirer et tombe dans le coma. Elle décède quelques heures plus tard. Semira était venue en Belgique pour fuir un mariage forcé au Nigeria. Dès son arrivée en Belgique, elle a été arrêtée et transférée en centre fermé, voyant sa demande d’asile refusée. Avant sa mort, elle avait déjà résisté à cinq tentatives d’expulsion, lors desquelles elle a subi de nombreuses violences policières. La “technique du coussin” était une technique de coercition qui était alors légalisée et décrite clairement dans les documents d’instruction de la police. Cette technique était encouragée par le ministère de l’Intérieur pour “maîtriser” les “expulsés récalcitrants”. Depuis la mort de Semira, la technique du coussin a été officiellement interdite. Mais dans la pratique, les violences policières continuent lors des expulsions : tous les moyens sont bons pour faire taire la personne expulsée qui manifesterait sa résistance. Depuis, Semira est devenue une figure de résistance en centre fermé, pour toutes les personnes menacées d’expulsion et pour toutes les personnes à l’extérieur qui s’opposent à cette pratique meurtrière. Même si ce sont des gendarmes qui ont tué Semira, c’est l’État belge qui est responsable. L’État belge qui prive les personnes de titre de séjour, qui les prive de papiers. L’État belge qui autorise et demande qu’on expulse, à tout prix, les personnes qu’il juge “indésirables” sur son territoire. Semira, on ne t’oublie pas. On ne leur pardonne pas. À bas les frontières, l’État et la police. Liberté pour toustes.
Témoignage audio de Anas, en grève de la faim, qui nous parle depuis le centre fermé de Merkplas
Depuis sa cellule d’isolement à Merksplas, Anas nous partage ces quelques mots sur sa situation : bafouement des droits et répression d’un côté, lutte par tous les moyens de l’autre. Anas a demandé à avoir accès à des soins médicaux, ce qui lui a été refusé. Chose tristement très courante dans les centres fermés : tandis que le contexte de détention ronge la santé tant physique que mentale des personnes, les détenu·es nous rapportent une absence quasi totale de soins dignes de ce nom. Même dans les cas les plus préoccupants, les autorités des centres favorisent la dégradation de la santé des personnes. Il est arrivé que des détenus, ne sachant plus quoi faire, appellent une ambulance, et que le centre ne laisse pas l’ambulance entrer. Ce sont là des mises en danger très graves de la vie des gens. Dans ce contexte, les personnes ont parfois pour seul moyen de résistance la mise en danger de leur santé, en menant par exemple des grèves de la faim voire de la soif. C’est le cas ici d’Anas comme il nous le partage, et c’est le cas de plein d’autres personnes en lutte dans les centres, dont beaucoup choisissent par moment la grève de la faim (individuelle ou collective) comme moyen de lutte. Anas nous raconte aussi avoir porté plainte ; à notre connaissance, aucune plainte n’a abouti à quoi que ce soit. Ce système de plaintes a tout l’air d’un trompe-l’oeil pour faire croire à un semblant de respect des lois visant à protéger les droits, sauf que les seules lois qui tiennent, en centre fermé, ce sont celles du racisme, du classisme, de la xénophobie. En réponse, Anas se retrouve en cellule d’isolement, pour avoir osé s’exprimer et revendiquer ses droits. Un mécanisme classique à l’intérieur des centres fermés, où le moindre mouvement de résistance expose les personnes à de la répression (isolement, transfert, privation de téléphone, menaces). Force à lui et à toutes les personnes enfermées ! Liberté pour toustes ! Your browser does not support the video tag.

Ça commence : Frontex se déploie en Belgique
Le gouvernement l’avait annoncé, et la machine est maintenant en route : les premier·ères agent·es de Frontex sont depuis la semaine dernière actif·ves à l’aéroport de Zaventem. L’objectif du gouvernement est clair : le ministre de l’Intérieur (Quintin, MR) et la ministre de l’Asile et la Migration (Van Bossuyt, N-VA) se réjouissent de cette nouvelle collaboration. Ils visent, grâce au support de Frontex, à augmenter le nombre d’expulsions par avion. « Toute personne séjournant illégalement en Belgique doit retourner dans son pays le plus rapidement possible. Grâce à l’intervention de Frontex, nous pouvons accélérer le rythme des opérations de retour » (Van Bossuyt) L’agence Frontex est le bras armé de l’Union européenne : officiellement, selon les mots de l’UE, Frontex « garantit la sûreté et le bon fonctionnement des frontières extérieures en assurant la sécurité ». En réalité, Frontex est une agence meurtrière, déjà responsable de la mort de milliers de personnes chaque année aux frontières de la forteresse européenne. Le gouvernement belge se plaint continuellement qu’un certain nombre d’expulsions “échouent” : en effet, de nombreuses personnes résistent (à notre plus grande joie) aux tentatives d’expulsions, parfois avec le soutien des passager·ères de l’avion. Jusqu’à maintenant, ces expulsions se déroulaient avec une escorte policière (souvent six agent·es de police pour amener la personne dans l’avion, puis deux pour la durée du vol), des menottes et entraves (aux mains, et régulièrement aux pieds), parfois avec un bâillon sur la bouche et cachées au fond de l’avion derrière un rideau. Ces expulsions sont déjà des moments d’extrême violence pour les personnes que l’État essaie de déporter, autant une violence psychologique que physique. On ne peut que craindre le pire avec la nouvelle “collaboration” entre les agent·es de police et de Frontex. Ce déploiement de Frontex en Belgique fait suite à l’adoption de la loi Frontex en mai 2024 par la majorité politique (à l’époque, Vivaldi). En avril 2025, le conseil des ministres avait ensuite voté un arrêté royal permettant aux agent·es de Frontex d’agir sur le territoire belge (en présence et collaboration avec la police). Les modalités concrètes du déploiement de Frontex en Belgique restent très floues, et on ne sait pas encore concrètement comment ça va se passer (même si leur présence est annoncée pour les grands axes de circulation, comme les aéroports et les gares). On s’attend au pire. Ensemble, restons vigilent·es sur le tournant extrêmement inquiétant que continue de prendre la politique migratoire belge. Suivons les lois qui sont votées et appliquées, et suivons de près le travail mené par la société civile militante (notamment le collectif Abolish Frontex). Les frontières tuent. À bas les frontières. ABOLISH DETENTION CENTRES ABOLISH BORDERS ABOLISH FRONTEX ABOLISH POLICE LIBERTÉ POUR TOUSTES (...)
Témoignage d’une tentative d’expulsion, 16 juillet 2025
“Ils ont dit qu’ils voulaient m’emmener dans un pays auquel je n’appartiens, je ne suis pas de là-bas, je ne suis pas né là-bas.” Témoignageaudio d’un homme qui a survécu à une tentative d’expulsion (vers un pays qui n’est même pas le sien), alors qu’il s’est fait torturer par la police dans l’avion et dans le van après qu’on l’ait descendue suite aux protestations des passagers. Ces pratiques sont courantes et très dissimulées, la personne a peu de recours pour porter plainte et les policiers se permettent de suivre leurs pulsions de violence, en toute impunité. Voici un extrait : “Then I saw them talking to themselves, and talking to me as well, that, yeah “You can come back anytime you want.” I said ; “It’s not a problem of me coming back anytime I want. The problem is where you’re taking me is not where I belong to. So, it’s really, really, really not good feelings for me.” So, from there, I start to get scared, because of the movement they are doing there. They start to show me another face, not the same face they had for me when they were with me in the immigration room. I see different faces, all of them. The talking was different. So, I got scared.“ (original audio : anglais) Témoignage audio ici Transcription en Français : Ce jour-là, je ne m’attendais pas à être confronté à la torture. Je vais être torturé et je vais faire face aux abus et à la violence. Je n’y ai pas pensé, parce que j’étais juste assis dans la salle d’immigration, attendant simplement qu’ils fassent ce qu’ils veulent faire, parce qu’ils ont dit qu’ils voulaient m’emmener dans un pays auquel je n’appartiens, je ne suis pas de là-bas, je ne suis pas né là-bas. Ensuite, j’ai essayé de les convaincre que je ne suis pas de là-bas, mais ils disent toujours, non, tu es de là. Et puis, je dis, qu’est-ce qui montre que je viens de là-bas ? Ensuite, ils ne pouvaient pas me donner de raisons tangibles. Ils ont dit ; “Ouais, nous devons vous prendre, parce que, oui nous le devons.”. Donc, après quelques minutes, je me suis vu, je les ai vus tenir quelque chose comme un gilet, comme un gilet pare-balles, avec beaucoup d’attaches. Donc, quand je l’ai vu, j’ai juste inspiré. J’ai simplement accepté tout ce qui venait, parce que, et j’étais vraiment détendu. Je leur disais, ouais, si j’y vais, ils verront que je ne suis pas de là-bas, ils me ramèneront. Puis ils ont dit ; “D’accord, pas de problème, faisons notre travail.” Ensuite, ils m’ont mis cette chose, comme un tissu, ils la portent juste sur moi, et ils me disent de mettre ma main dans la poche, je mets mes mains dans la poche, et ils la verrouillent.. Mais, quand ils l’ont verrouillé, j’étais juste assis, en train de les attendre, pendant quelques temps. Encore une fois, j’étais juste assis seul, je parlais simplement tout seul, silence. J’ai dit, que va-t-il se passer ici ? Quoi, qu’est-ce qui se passe ici ? Donc, après qu’ils m’aient dit, d’accord, viens avec nous, allons-y.. Je...
[Allemagne] Nouvelle déclaration de Daniela Klette
Le 24e jour du procès, le 13 août 2025, Daniela Klette a lu une déclaration, dont nous reproduisons un extrait ci-dessous (voir en intégralité ici ). Au même moment, un rassemblement a eu lieu près du tribunal en soutien à l’ancienne membre de la RAF qui a vécu 30 ans en clandestinité. […] Depuis mon arrestation, la police et le parquet ont alimenté le mythe selon lequel nous serions dangereux pour la société, sans scrupules et prêts à tuer, en avançant des allégations mensongères, comme la prétendue découverte d’explosifs dans mon appartement – ce qu’ils n’ont jamais démenti, bien qu’aucun explosif n’ait été trouvé. En insinuant que nous étions particulièrement dangereux, le parquet fédéral a créé un cadre judiciaire militarisé. Il s’agit ici de raviver et de réactiver les souvenirs et les images négatives issus des précédents procès contre les militants de la RAF. Cela était déjà suffisamment évident à Celle et est encore souligné ici à Verden-Eitze par les transports dignes de Rambow et les mesures de sécurité renforcées. Même si le tribunal veut se présenter comme apolitique, c’est le contexte politique qui détermine ce procès : l’image hostile de la RAF et l’énormité d’avoir échappé à l’emprise de l’État pendant plus de 30 ans en constituent le cadre. […]
[Grande-Bretagne] Mobilisations dans et devant des prisons en soutien à des prisonniers pro-palestiniens
En soutien aux 24 activistes pro-palestiniens emprisonnés pour leur participation présumée à une action contre le principal fabricant d’armes israélien Elbit Systems à Filton, des rassemblements ont été organisés le 15 août dernier devant les prisons de Bronzefield et Peterborough réunissant des dizaines de personnes. Parallèlement, plusieurs prisonniers de la prison de Bronzefield ont retiré leur photo d’identité de l’extérieur de la porte de leur cellule et l’ont remplacée par le visuel de la journée de soutien. Les prisonniers de la prison de Peterborough ont écrit « Free Gaza » et « Save the Innocent Children » sur l’extérieur de leurs cellules afin de témoigner leur soutien. Initiées par le mouvement Prisoners for Palestine qui est dirigé par des prisonniers britanniques, ces actions marquent l’anniversaire de la grève de la faim des prisonniers palestiniens en 2004 et le premier anniversaire de l’incarcération des Filton 24. Par ailleurs, l’initiative était également en mémoire de deux personnes assassinées à la prison de Bronzefield la semaine du 28 juillet dernier.
[France] 5 procès en 1 mois contre des activistes d’Extinction Rebellion
Dans les prochaines semaines, 5 procès contre des militant·es d’Extinction Rebellion se tiendront en région parisienne : le 19 août pour une action de soutien à la Palestine, le 2 septembre pour une action contre le groupe LVMH, le 12 septembre pour une action contre BNP, le 17 septembre et 9 octobre contre les effets écocides des JO à Paris. Pour avoir dénoncé les responsables d’un système destructeur, des activistes ont subi plus de 200h de garde à vue, des perquisitions, et sont maintenant convoqué·es devant la justice. Une cagnotte de solidarité a été mise en place (voir ici ) pour couvrir les frais de défense des procès à venir, mais aussi les frais de transport pour faire venir certain·es témoins et certains activistes à leur procès.
[Grande-Bretagne] Une prisonnière de la cause palestinienne en grève de la faim
T. Hoxha est une militante pour la Palestine qui est emprisonnée depuis 9 mois sans procès dans le cadre de l’affaire dite des Filton 24, ce groupe d’activistes accusé d’avoir participé à une action contre le site du principal fabricant d’armes israélien Elbit Systems à Filton en avril 2024. Elle est en grève de la faim à la prison de Peterborough depuis le 11 août. Ses revendications sont qu’elle puisse réintégrer son emploi à la bibliothèque et recevoir tout le courrier qu’elle n’a pas encore reçu. Par ailleurs, elle n’a aucun suivi médical, malgré les demandes répétées de ses proches.
[Espagne] María José Baños Andújar victime de négligence médicale
Prisonnière antifasciste des GRAPO, María José Baños Andújar est dans un état de santé critique après plusieurs décennies de prison (voir notre article ). Elle a besoin d’une greffe du foie et de soins spécialisés qu’elle ne pourra recevoir qu’après sa libération. L’administration pénitentiaire non seulement lui refuse ces soins, mais lui a récemment restreint l’accès à des médicaments essentiels, accélérant ainsi sa détérioration. Cette négligence envers sa santé n’est pas un incident isolé. Elle s’inscrit dans une politique systématique envers les prisonniers politiques, où le refus de soins médicaux devient un outil de répression, comme l’illustre les cas de Lucio García Blanco et Mónica Refoxos Pérez. Afin de dénoncer cette situation, ses soutiens appellent à envoyer des lettres au directeur de la prison où elle est détenue (texte et adresse ici ).
[Paris] Concert de Group Yorum en soutien à Zehra Kurtay
La révolutionnaire turque Zehra Kurtay est en grève de la faim depuis 44 jours contre le risque d’une expulsion après avoir reçu une Obligation de Quitter le Territoire Français (voir notre article ). Alors que la mobilisation continue, Grup Yorum organise un concert de solidarité ce samedi 16 août à 20H à Paris (Porte de Strasbourg Saint Denis).
[Grande-Bretagne] Écrire à une prisonnière de la cause palestinienne pour son 30e anniversaire
Jeudi 14 août, Ellie a fêté ses 30 ans dans une prison britannique. Ce sera son deuxième anniversaire derrière les barreaux sans pouvoir voir sa famille et ses amis, car il n’y a pas de visite ce jour-là. Elle a passé 366 jours en détention provisoire pour son implication présumée dans une action contre une usine du principal fabricant d’armes israélien Elbit Systems à Filton, dans le cadre d’une affaire où 24 personnes sont poursuivies (voir notre article ). Afin de la soutenir, ses soutiens proposent d’envoyer un e-mail à Ellie pour lui souhaiter un joyeux anniversaire à l’adresse emailallprisoners@gmail.com, avec pour objet « Happy birthday Ellie ! »

Code Rouge, au centre d’un complot financier mondial ?
Code Rouge, au centre d’un complot financier mondial ? Dénoncer un mouvement de défense du climat et de l’environnement comme potentiellement terroriste, un gouvernement peut le faire. Le dissoudre au moyen d’une nouvelle législation sur mesure, il peut éventuellement le faire aussi. Mais pour s’assurer de l’effet dissuasif de ce genre de mesures sur les autres courants de l’opposition et sur la population, il faut d’abord avoir réussi à convaincre celle-ci que ce mouvement est une menace pour toute la société et que la dissolution ne serait qu’un juste retour des choses pour le bien de tous. Dans cette mise en condition, la presse joue un grand rôle. Des articles récemment parus à propos de Code Rouge pourraient être un signe avant-coureur d’une préparation des esprits. Dans la peau d’un autre Imaginez un instant… (on vous prévient, la barre est fixée très haut). Imaginez donc un instant que vous êtes un membre actif de l’Office de Coordination de l’Analyse de la Menace (OCAM). Ou un haut gradé de la police fédérale. Peut-être même un responsable des services secrets de notre petit royaume. Ou même simplement un dirigeant de la N-Va ou du MR… Vous êtes au courant du contenu de l’analyse qu’a réalisé l’OCAM sur les mouvements écologistes qui pratiquent la désobéissance civile et sur leurs actions. Vous pensez que ce rapport montre bien que le mouvement écologiste est infiltré par des voyous d’extrême-gauche. Que ces écologistes qui prétendent que le capitalisme mène la planète à sa perte, que la compétitivité des entreprises n’est pas un tabou inviolable, qu’il y a des lois plus fortes que la loi du marché,… sont des irresponsables, les nouveaux communistes du 21e siècle, voire même des terroristes en puissance qui ne rêvent que de passer à l’acte. Vous êtes indignés que des juges – communistes eux aussi, certainement ! – aient acquitté récemment trois militants écologistes accusés de rébellion lors d’une action de Code Rouge en 2023, et cela pour des raisons que vous estimez sans doute ridicules (deux de ces personnes sont septuagénaires et l’autre réside en Espagne – véridique !). Et vous regrettez amèrement que la lecture des rapports de l’OCAM soit réservée aux élus de la Nation et que ces rapports ne puissent donc pas recevoir une grande publicité qui montrerait à la population les dangers imminents qui la menace. Que faire donc ? Une petite fuite vaut mieux qu’un long discours Eh bien, par exemple, organiser une « petite fuite » du rapport de l’OCAM vers la presse, histoire que des journalistes puissent faire monter la sauce. On ne voudrait pas trop s’avancer mais cela pourrait être un déroulé très plausible de ce qui a précédé la publication d’un article à sensation sur les financements occultes de Code Rouge par le quotidien flamand Het Laaste Nieuws, article repris et complété peu après (le 8 juillet) par un article de deux pages paru dans les journaux du groupe SudPresse (La Meuse, la Nouvelle Gazette,…)....








