Irruption

Irruption est un média autogéré qui couvre les luttes sociales en Belgique francophone.
L’idée est d’offrir plus de visibilité à des initiatives, des combats, des groupes, des mobilisations, qui proposent une alternative et/ou qui se confrontent au modèle capitaliste dominant, et dominateur sous toutes ses formes possibles. En bref, à ce vieux monde qu’on ne veut plus, ici où ailleurs.
Pour ce faire, nous avons développé trois formats principaux :
1) MOUVEMENT :
Avec Mouvements, nous suivons en vidéo les forces qui s’organisent et qui militent pour une société plus juste, plus solidaire, et plus écologique.
2) FISSURE :
Avec Fissures, nous vous présentons des reportages sur acteur.ice.s qui, tous les jours, œuvrent à créer du commun et des alternatives concrètes.
3) MÉMOIRE DES LUTTES :
Avec Mémoire des Luttes, nous vous livrons des évènements marquants, des luttes essentielles, qui ont façonné l’histoire sociale de notre pays.
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LES MURS LES PLUS PUISSANTS TOMBENT PAR LEUR FISSURES

Les Grèves de 1932 - Mémoires des luttes belges
Contenu réalisé par Irruption-Webmedia Contexte La crise financière de 1929 déclenche une série de mesures protectionnistes pour protéger les industries nationales. La Belgique, pays exportateur, est lourdement affectée par ce contexte international. Des réductions de salaire et des mises au chômage partiel sont décidées partout dans le pays, notamment dans le secteur minier (qui connaît déjà des baisses de salaires depuis plusieurs années). La misère plane de nouveau sur le pays, particulièrement dans la région du Borinage déjà frappée par des restructurations et des fermetures de puits. Un nombre croissant de familles ouvrières peine à nourrir leurs enfants et est forcé de boire de l’eau stagnante des citernes car les redevances ne sont plus payées. Les conditions de travail se délitent à mesure que les charbonnages négligent les mesures de sécurité pour économiser sur les frais d’exploitation. En 1932, on recense 204 ouvriers morts dans le cadre de leur travail. Déroulé des évènements Des grèves éclatent à la fin du mois de juin dans le Borinage et s’amplifient à la suite d’une décision gouvernementale de diminuer les allocations de chômage. Le 5 juillet, la centrale des mineurs du Borinage décrète la grève générale. Le lendemain, les mineurs du Centre suivent le pas. Les femmes participent activement aux grèves et aux manifestations. Elles bloquent l’entrée des mines pour empêcher les « jaunes » d’aller travailler et se couchent sur des rails pour empêcher certains tramways de circuler. D’autres secteurs industriels se joignent ensuite au mouvement et la grève se propage dans toute la Wallonie. On compte plus de 150 000 ouvriers en grève. La partie social-démocrate et réformiste de la gauche est fustigée par le mouvement et plusieurs maisons du peuple socialistes sont l’objet d’attaques et d’occupations. Un sentiment révolutionnaire s’empare de la Wallonie en ce début d’été 1932. Le drapeau rouge titre : « Pour la victoire des Mineurs, pour la victoire de la classe ouvrière, Vive la grève générale dans toutes les industries ! » La violence répressive de l’État ne tarde pas à arriver pour mater la violence révolutionnaire, elle-même conséquence de la violence institutionnelle qui ne cessait de s’enraciner dans le quotidien ouvrier. Le gouvernement des « affameurs » envoie l’armée dans le Hainaut et arrête près de 300 personnes entre le 11 et le 13 juillet. Julien Lahaut, membre éminent du Parti communiste de Belgique, est arrêté. Deux ouvriers furent tués par les balles de la gendarmerie. Au secours, organe mensuel de la section belge du secours rouge international : « Au cours d’une manifestation parcourant les rues de Roux, les grévistes se heurtèrent aux forces de gendarmerie ; ils réclamaient du pain, la bourgeoisie leur envoya du plomb. Plusieurs travailleurs sont blessés, l’un d’eux succombe. C’est un jeune homme de 20 ans, Louis Tayenne, membre du syndicat socialiste de Marchienne ». Impact À partir de la (...)

Vidéo - Mobilisation contre le déboisement et la bétonisation du site de la Chartreuse à Liège
Plusieurs centaines de liegeoise.e.s se sont réunie.s le dimanche 27/03 pour dénoncer et s’opposer aux débuts des travaux. En effet, le promoteur immobilier Matexi a annoncé son intention d’entamer les travaux d’abattage des 2,8 hectares d’arbres dès ce lundi 28/03/22. Le site de la Chartreuse représente un des derniers poumons verts de la ville de Liège et une partie est reconnue comme Site de Grand Intérêt Biologique par la Région Wallonne. La population semble bien décidée à contrer la venue des tronçoneuses et des engins de travaux. Plus d’infos : Un air de Chartreuse Chartreuse Occupée LES MURS LES PLUS PUISSANTS TOMBENT PAR LEURS FISSURES Illustration de « tchip-tchip-tchip » : Revue participative créée par un riverain de la zone

Mémoire des luttes en Belgique - Grève de la faim des travailleurs et travailleuses immigré.e.s (1974)
Contenu produit par IRRUPTION, webmédia engagé couvrant la Belgique francophone, indépendant et apartisan Contexte Au sortir de la 2e guerre, la Belgique a besoin de main d’œuvre pour travailler dans ses mines. Elle passe des accords avec divers pays (Italie, Maroc, Turquie...), recrutant des milliers de travailleur.euse.s utiles à son développement, dans les secteurs miniers, de la métallurgie ou encore de la construction. L’immigration est alors fortement encouragée à travers des mesures permettant de rapides régularisations et les regroupements familiaux. Ces mesures contentent à la fois l’Etat et le patronat, parce qu’ en plus de fournir la main d’œuvre nécessaire aux différents secteurs, elles permettent de la fixer et de limiter le vieillissement de la population. Cependant, dès la fin des années 1960, le ministre de l’Emploi et du travail, à l’époque en charge de la migration, prend des mesures restrictives en la matière : refus de délivrance d’un permis de travail et de régularisation des étranger.e.s arrivé.e.s comme touristes, interdiction d’accéder à un autre emploi que celui pour lequel une autorisation a été accordée, et retour dans le pays d’origine des étranger.e.s au chômage. Malgré la suppression de ces mesures grâce, notamment, à la pression mise par les syndicats FGTB et CSC, le sort des travailleur.euse.s immigré.e.s se détériore et nombreux.ses d’entre eux.elles deviennent clandestin.e.s. Déroulé des évènements En février 1973, un groupe de travailleurs et travailleuses sans-papiers organise une manifestation devant l’Eglise St.Jean-Baptiste à Molenbeek. Ces manifestant.e.s, se regroupant sous le nom de “groupement de travailleurs marocains”, protestent contre les arrestations d’illégaux.ales, et réclament l’octroi d’un permis de travail et de séjour pour ces dernier.e.s. La manifestation est fortement réprimée par la police. En mars, 9 de ces militants entament une grève de la faim, cette fois-ci dans l’église St. Jean-Nicolas à Schaerbeek. « … Nous qui connaissons tous les jours les rafles policières dans nos quartiers, les expulsions, le travail clandestin sans sécurité, sans aucun droit, nous disons que cela doit cesser (...) Ici en Belgique, des milliers de nos frères se trouvent dans des conditions difficiles, sans papiers, sans aucun droit en tant que travailleurs immigrés (...) Nous ne pouvons plus nous taire sur une pareille situation, nous ne pouvons plus accepter l’esclavage. C’est le devoir de tout frère immigré de rejoindre notre combat, c’est aussi le devoir de la population belge de nous soutenir. » Le soutien au mouvement s’étend petit à petit à plus de 70 associations, quelques Belges se lancent également dans une grève de la faim, et une pétition recueille plus de mille signatures en quelques jours. Mais les grévistes sont interrompus par la police et expulsés vers le Maroc et la Tunisie dans les jours qui suivent. Suite à ces expulsions, plusieurs manifestations (...)

Mémoire des luttes en Belgique - L’insurrection wallonne de 1886
Contenu produit par IRRUPTION, webmédia engagé couvrant la Belgique Francophone, indépendant et apartisan. Contexte En 1886, le suffrage censitaire masculin est d’application en Belgique. Seuls ceux qui payent le plus d’impôts disposent du droit de vote, c’est-à-dire … 2% de la population. Dans le même temps, les conditions de vie du monde ouvrier sont déplorables. Les législations sociales sont alors quasiment inexistantes en Belgique. De plus, en 1886, la Belgique traverse une grave crise économique : forte baisse des salaires, licenciements massifs, chômage généralisé, journée de treize heures …. pour celles et ceux qui ont du travail. Déroulé des évènements Le 18 mars 1886, à Liège, une manifestation est organisée place Saint-Lambert par un comité anarchiste. Celle-ci, visant à commémorer l’anniversaire de la Commune de Paris, tourne à l’émeute généralisée. Affrontements avec les gendarmes et pillages durent toute la nuit. Le lendemain, le bassin liégeois s’embrase. Les charbonnages sont à l’arrêt, la grève est générale, des destructions ont lieu. Dans les jours suivants, les autorités rassemblent une véritable petite armée venue des quatre coins de la Belgique. La région liégeoise est en état de siège, on ne peut circuler sans « laissez-passer », et les arrestations des meneurs se succèdent. Aux alentours du 25 mars, la situation commence à se calmer dans la cité ardente. Néanmoins, à la même date, c’est au tour du Hainaut de s’enflammer. La grève se répand comme une traînée de poudre dans tout le bassin industriel. Le 26, des affrontements et saccages d’usines ont lieu à Gilly et à Jumet, où des milliers d’ouvriers détruisent la verrerie Baudoux et incendient le château du propriétaire. Dans la soirée, les soldats font usage de leurs armes à Roux, faisant 5 tués et 10 blessés graves. Le 27 mars, la région de Charleroi est à son tour placée en état de siège. 22 000 réservistes de l’armée sont rappelés. L’ordre est donné de tirer sur les grévistes sans sommation. Le lendemain, toujours à Roux, les militaires abattent une dizaine d’ouvriers manifestant près des verreries. Le 29 mars 1886, les autorités triomphent sur les ouvriers. On recense une vingtaine de tués dans la population. Au tournant de mars-avril, les ouvriers résignés, reprennent le travail, faute d’argent. Impacts Après la révolte de 1886 et la peur qu’elle a suscitée, la bourgeoisie au pouvoir ne peut plus fermer les yeux sur les conditions de la classe ouvrière. Une commission est chargée d’étudier la « situation du travail industriel dans le royaume ». Plusieurs législations sociales sont votées à partir de 1887 : interdiction du travail des enfants de moins de 12 ans, limitation du travail des jeunes entre 12 et 16 ans, interdiction du travail de nuit pour les hommes de moins de 16 ans et les femmes de moins de 21 ans. La Belgique reste néanmoins fortement à la traîne en termes de droit social, en comparaison à des pays comme l’Allemagne. De plus, le pouvoir...
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