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LA CONFÉRENCE DES AUTRICES DECOLONIALES HOURIA BOUTELDJA ET LOUISA YOUSFI PRISE À PARTIE

LA CONFÉRENCE DES AUTRICES DECOLONIALES HOURIA BOUTELDJA ET LOUISA YOUSFI PRISE À PARTIE

Vendredi 14 février, l’autrice décoloniale Houria Bouteldja et la journaliste Louisa Yousfi donnaient une conférence croisée au Théâtre de la Parole à Bruxelles.

Lors de celle-ci, des individu•es se sont introduits sur le site du théâtre et ont à la fois cassé une vitre et mis de la colle sur une serrure.

Bruxelles | sur https://stuut.info | Collectif : Bruxelles Dévie
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Des tags avaient aussi été faits la veille de la conférence. Si cette attaque apparaît comme une tentative d’intimidation, les autrices ont rappelé sur les réseaux sociaux à quel point ces attaques leurs étaient coutumières et que cela ne les inquiétait en rien.

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Ces individu•es qui s’opposent donc aux discours décoloniaux prônés par les deux autrices ont inscrit sur les murs du théâtre de la parole « Bouteldja et Yousfi, que la peur change de camp » et « la révolution ne s’écrit pas au nom de la race, le fascisme oui ».

Bien que ces deux phrases puissent initialement semer le doute sur leurs intentions politiques, il apparaît néanmoins qu’elles s’inscrivent à la fois dans une logique raciste et relèvent une islamophobie manifeste chez les détracteurs des deux autrices.

En effet, régulièrement, des conférences ou rencontres avec Houria Bouteldja sont annulées à cause de telles menaces.

En octobre 2023 déjà, des affiches menaçantes avaient été collées sur la devanture de la librairie Terra Nova à Toulouse, où Bouteldja devait tenir une conférence.

En inscrivant sur ce mur « Bouteldja et Yousfi, que la peur change de camp », les auteurs de cet acte font entendre que les discours décoloniaux prônés par les autrices mettraient en danger les intérêts d’une partie de la population.

Mais à quelle partie de la population ces personnes font-elles allusion ?

Dans ses écrits Houria Bouteldja parle du racisme d’un point de vue structurel et matériel et met en lumière les oppressions que le suprématisme blanc fait subir à l’ensemble des personnes non-blanches.

Si ces personnes inscrivent que « la peur doit changer de camp », c’est certainement parce qu’elles ont beaucoup à gagner en conservant leurs propres privilèges.

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La seconde inscription « la révolution ne s’écrit pas au nom de la race, le fascisme oui », fait entendre que la question raciale n’a rien à faire dans quelconque visée révolutionnaire.

Pourtant, les questions de race et de classes sont au cœur de la pensée décoloniale, qui sont vues comme des cadres de lecture complémentaires plutôt que compétitifs.

Comment imaginer une révolution totale sans remise en question des rapports de race issus des colonialismes historiques et actuels ?

Houria Bouteldja est régulièrement attaquée pour son usage du concept de « race » dans l’analyse des rapports sociaux. Pourtant, comme l’autrice l’explique dans plusieurs ouvrages, la race n’est pas une donnée biologique, mais une construction sociale et politique, produite par le racisme, de la même manière que les matérialistes considèrent que le capitalisme produit la classe et que le patriarcat produit le genre.

Cette analyse structure son discours et provoque de nombreuses critiques, notamment de la part de la droite conservatrice et la gauche universaliste, jusqu’aux milieux de la gauche radicale.

En 2016 déjà, la publication de son livre « Les Blancs, les Juifs et nous » a suscité une vive controverse. Dans cet ouvrage, elle utilise le terme « Blanc » comme une categorie politique designant la position dominante dans l’ordre racial.

Cette conceptualisation, largement inspirée des théories décoloniales, notamment aux Etats Unis, est accusée par certains de promouvoir un « racisme anti-Blanc ».

Serge Halimi, par exemple, lui reproche de subordonner toutes les luttes (de classe, de genre, de sexualité) à la question raciale, l’accusant d’essentialisme. En 2023, Jean Birnbaum accuse Houria Bouteldja, dans Le Monde des Livres, d’exacerber la racialisation des débats et de menacer l’universalisme.

Or, Bouteldja ne rejette pas l’universalisme mais critique sa version européenne, héritée de la colonisation, qui invisibilise les réalités des non-blancs. Sa proposition consiste à reconstruire un universalisme décolonial, prenant en compte l’histoire et les rapports de force, et en somme, à accepter la réalité matérielle du racisme.

Ces polémiques révèlent les tensions profondes qui traversent le champ de l’antiracisme, qui est régulièrement caricaturé comme du « radicalisme » ou du « racisme anti-Blanc » lorsqu’il porte une vision considérée comme trop radicale. En déformant les analyses de Yousfi et Bouteldja, leurs détracteurs cherchent à éviter toute remise en question de leur position de privilégiés dans l’ordre racial, refusant sûrement d’affronter leur propre blanchité.

Comme touche d’humour, dans leur communiqué posté sur Facebook à la suite des faits, les deux autrices concluent en affirmant qu’elles aussi veulent que « la peur change de camp » et que « la révolution ne s’écrit pas avec la race ». Elles précisent aussi qu’un « hommage ou une insulte proférée par des connards, parfois c’est la même chose ».

Sources :

Voir en ligne : BXL Dévie

Notes

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