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Récit d’une militante - Gaza Freedom Flotilla #FreePalestine

Récit d’une militante - Gaza Freedom Flotilla #FreePalestine

« Moi, c’est Rosy. Je viens de Belgique, je suis une militante NoBorder et j’ai rejoint la coalition Freedom Flotilla qui va bientôt partir de Turquie pour amener 5.500 tonnes d’aides humanitaires à Gaza et briser le siège qu’Israël leur impose. »

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Le jeudi 25 avril, Irruption interviewe Rosy par caméra interposée. Présente depuis plusieurs jours à Istanbul, elle nous décrit l’atmosphère sur place, les préparatifs avant le départ, l’effervescence autour de cette solidarité internationale pour Gaza. Le départ est maintes fois repoussé, mais la détermination semble intacte.
“Après des mois à regarder ce génocide sur nos écrans, cette opération, cette coalition, là c’est une opportunité de passer à l’action”.

Nous convenons avec Rosy de diffuser son interview sur nos réseaux ainsi que de prendre quotidiennement de ses nouvelles pour relayer l’avancée de la flotte vers Gaza.

Deux jours plus tard, c’est la douche froide. Sous pression diplomatique d’Israël, la coalition Freedom Flotilla ne peut quitter Istanbul. Son pavillon lui est retiré. Les internationalistes doivent rentrer chez elleux.
Nous avons quand même décidé de vous partager le récit de Rosy sur ces quelques jours sur place, sur son parcours, et sur son regard par rapport à cette situation.

La coalition “Freedom Flotilla” est un regroupement d’organisations du monde entier qui se sont mises ensemble pour briser le blocus qu’Israël impose à Gaza (depuis 2007) et amener de l’aide humanitaire sur place.
Leur première opération date de 2008 avec 7 bateaux. Un succès. Depuis lors, il y’en a eu plusieurs. L’opération la plus emblématique est celle de 2010, avec une flotille de plusieurs bateaux humanitaires qui se dirigeaient sur Gaza et 700 activistes, dont 5 belges. Ils ont été abordés dans les eaux internationales par les forces armées israéliennes. 9 activistes ont été tués et des dizaines de personnes ont été blessées. Cette action a été largement condamnée par la “Communauté internationale”.
Israël a toujours essayé de ralentir et de bloquer toutes ces opérations.

Le contexte actuel est différent. Depuis le 7 octobre, le degré de violence est beaucoup plus élevé, où Israël dépasse tous les entendements. Avant le 7 Octobre, il y avait encore certains protocoles, certaines lignes rouges à ne pas dépasser. Ici, on a eu deux décisions de la cour de justice internationale qui obligent Israël à ce que l’aide humanitaire arrive à Gaza, ce qui n’est pas respecté. On ne peut plus compter sur les lois internationales, sur les entendements de base. Nous on va simplement apporter de l’aide humanitaire. C’est vraiment des trucs hyper basiques. C’est de la nourriture, c’est de l’aide médicale, c’est de l’eau potable, c’est du matériel pour enfants, … Même ça, malgré que cela soit si basique, Israël nous considère comme terroristes. Actuellement à Gaza, les personnes risquent de mourir autant sous les bombes qu’à cause des maladies et de la famine à cause du blocus.

Évidemment cette opération, c’est aussi pour défier Israël, de façon non-violente, dans sa politique coloniale, et c’est pour ça aussi qu’Israël se prépare à nous recevoir. On y va parce que nos gouvernements ne font rien. Donc ici c’est une action populaire internationale, et le but c’est d’inviter aussi les citoyen·nes à passer à l’action, à bloquer, à s’investir sur cette questions, sur le sort de palestinien·nes bloqué·es à Gaza actuellement.

Moi je suis surtout active sur la question des frontières et des migrations. Cela fait des années que je milite sur cette thématique là et que je me rends aux frontières : en Grèce, en Bosnie ou en mer Méditerranée récemment via les opérations de sauvetage. C’est via ce réseau là que j’ai entendu parler de la coalition et pour moi cela faisait énormément de sens de prendre part à cette opération, non seulement parce qu’il y a énormément de liens entre la lutte contre les violences faites aux frontières européennes et la militarisation d’Israël, mais aussi pour passer à l’action. On voit nos gouvernements qui sont dans la passivité. C’est extrêmement frustrant de ne pas savoir quoi faire. J’ai trouvé cette coalition très “juste” dans son organisation. Les termes qu’elle emploie sont très forts. L’approche fait beaucoup de sens.

Après une semaine où des représentants de plusieurs nations comme les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne sont venus à Istanbul pour mettre pression sur Erdogan pour nous empêcher de partir, après les montagnes administratives qu’on a réussi à compléter, on était prêt·es. Les tonnes d’aides étaient embarquées, nous les participant·es on était formé·es et déterminé·es, le départ était prévu pour vendredi (26 avril).
Malgré une inspection technique qui ne présentait pas d’irrégularité, la Guinée Bissau (notre bateau était enregistré sous pavillon Guinéen) a envoyé une lettre officielle annonçant que peu importe le résultat de l’inspection, l’Akdeniz (notre bateau passager) a interdiction d’aller vers Gaza. Sinon, la Guinée Bissau nous retirerait son drapeau. Toujours dans la même journée, nos deux autres bateaux, dont notre énorme cargo rempli d’aides humanitaires, enregistrés sous d’autres pavillons se voient aussi retirer soudainement leur drapeau, sans justification. Israël a réussi à mettre une pression diplomatique tellement forte sur ces pays, que nous n’avons plus de bateau.

Les organisations qui soutiennent la coalition (environ 250 différents groupes et organisations dans le monde entier) sont déjà en train de monter des dossiers et remuer toutes les possibilités pour trouver des pavillons qui accepteraient de couvrir nos bateaux. Ces procédures vont prendre du temps, les organisateur.ices nous ont conseillé de rentrer chez nous en attendant. Je ne peux pas expliquer la colère, la frustration et la déception. Et pourtant on est en train de subir ici seulement une infime partie du pouvoir terrifiant et tentaculaire dont Israël est capable.

Et quand le peuple de Palestine résiste depuis 75 ans, et endure un génocide depuis 7 mois, nous n’avons pas le droit de baisser les bras.
J’ai donc quitté Istanbul hier, et je me dis que ça nous laisse aussi du temps pour s’organiser et peut être au prochain appel, embarquer avec une délégation d’activistes de Belgique ?

Merci à Rosy.

#freepalestine

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