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Un an après l’occupation fédérale, 150 demandeur·ses d’asile expulsé·es par l’ULB

Un an après l’occupation fédérale, 150 demandeur·ses d’asile expulsé·es par l’ULB

Bruxelles | sur https://stuut.info

Ce vendredi 16 février, un an après l’occupation du Centre Fédéral de Crise par des demandeur·ses d’asile, ces mêmes collectifs ont tenté de l’occuper à nouveau. En vain, iels en ont été empéché·​​​​​​​es et trois personnes ont été arrêtées. Afin de remettre la question de la crise de l’accueil dans le débat public et d’interpeller les pouvoirs fédéraux à ce propos, les 150 demandeur·​​​​​​​ses d’asile ont donc choisit d’occuper un bâtiment de l’Université Libre de Bruxelles (ULB). Après avoir occupé la salle des sports de l’ULB, ceux-ci ont fait face à une répression violente, tant de la part de la sécurité de l’ULB que de la police. L’ensemble des demandeur·​​​​​​ses d’asile ont été trainé·es dehors et remis·es à la rue par les forces de l’ordre. [1]

Cette nouvelle expulsion fait écho à la saga de la honte de l’année passée autour de différentes expulsions de bâtiments occupés par des demandeur·​​​​​​​ses d’asile.
Celle-ci débutait le 14 février 2023 avec l’expulsion du Palais des droits à Schaerbeek qui était occupé par plus de 850 demandeur·​​​​​​​es d’asile. A la suite de cette expulsion, en signe de protestation, des centaines de demandeur·s​​​​​​​es d’asile avaient installé des campements devant le Petit Château [2] . Iels seront ensuite violemment délogé·es de leur campement. En dernier recours, 250 demandeur·​​​​​​​ses d’asile s’étaient installé·es dans l’occupation Allée du Kaai mais les forces de l’ordre ne tardaient à nouveau pas avant de les déloger. Ce jour-là, d’importantes mesures policières étaient utilisées pour déloger les demandeur·s​​​​​​​es d’asile. La police était par exemple équipée de combinaisons sanitaires, rappelant de tristes mesures « hygiénistes », tandis que l’on demandait à des ouvriers de perforer le toit du bâtiment pour avoir la certitude qu’il devienne inhabitable.

À la suite de ces expulsions consécutives, le 12 mars 2023, des collectifs de sans-papiers occupaient le bâtiment du Centre Fédéral de Crise où une centaine de demandeur·​​​​​​​es d’asile étaient logé·es. Une fois dans le bâtiment, la police assiégeait les occupant·es qui se trouvaient à l’intérieur. Pendant plusieurs jours, la police qui entourait l’occupation, avec notamment une autopompe, contrôlait tout soutien venu de l’extérieur et décidait des heures d’entrée et de sortie. Cette occupation, faite dans un bâtiment fédéral, a permis de pointer du doigt les responsabilités fédérales vis-à-vis de la crise de l’accueil à Bruxelles et en Belgique. Les rassemblements organisés chaque jour devant l’occupation ont permis de mobiliser une masse importante de personnes, faisant cet épisode un élément marquant récent de la lutte pour les droits des demandeur·​​​​​​​es d’asile.

Un peu moins d’un an après, les personnes sans-papiers et en situation de demande d’asile font face à des réalités inchangées malgré toutes les promesses politiques. Depuis un an, on décompte une augmentation de plus ou moins 900 demandeur·​​​​​​​ses d’asile dans les rues de Bruxelles, pour un total de 3000 personnes demandeur·ses d’asile sans toit. Après avoir déjà été condamné plus de 8000 fois pour non-respect du droit fondamental à l’accueil des demandeur·​​​​​​​ses d’asile, l’Etat belge continue de commettre ces crimes en toute impunité.

Vendredi 16 février, 150 demandeur·​​​​​​​ses d’asile ont donc tenté d’occuper la salle des sports de l’ULB. Cette action, en plus de loger des demandeur·​​​​​​​ses d’asile, avait pour vocation de recentrer la question de la crise de l’accueil dans le débat public. En occupant l’ULB, il s’agissait d’alerter sur les conditions matérielles inhumaines auxquelles sont confronté·es les demandeur·ses d’asile et d’interpeller la secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration, Nicole de Moor, en charge de l’accueil des personnes en demande d’asile. En 2018, l’ULB se déclarait « université hospitalière » et s’engageait ainsi à soutenir les démarches d’accueil et d’hospitalité en faveur des personnes sans-papiers [3]. L’ULB avait auparavant toléré des occupations de sans-papiers sur son campus, permettant à ces derniers de disposer de davantage de visibilité et faire pression sur l’Etat belge.

Mais vendredi dernier, la rectrice de l’ULB et les autorités communales de la ville de Bruxelles (Philippe Close), ont ordonné l’expulsion immédiate des occupant·es par les forces de l’ordre. Cette expulsion s’est traduite par une grande violence, trainant la totalité des occupant·es dehors et faisant trois blessé·es .Préférant « assurer la continuité des activités » dans la salle des sports de l’université, l’ULB nie sciemment son rôle politique dans la crise de l’accueil. En plus de la violence physique et symbolique qu’elle produit par l’expulsion policière, l’ULB participe à l’invisibilisation des luttes et des conditions matérielles des personnes sans-papiers. Ce que traversent les personnes en demande d’asile à Bruxelles n’est plus que de l’ordre de la « crise », mais bien d’un crime d’Etat organisé à travers un désinvestissement structurel des dispositifs d’accueil des demandeur·ses d’asile, et les soutiens institutionnels dont celui-ci bénéficie.

Face à ces violences structurelles sciemment organisées, les demandeur·ses d’asile, et le collectif « Stop crise de l’accueil », réclament notamment leur prise en charge immédiate par Fedasil, la mise en place de dispositifs d’accueil adaptés, ainsi que l’activation du plan fédéral de crise.


Sources :
Réseau ADES (@reseau_ades) • Photos et vidéos Instagram
ɪʀʀᴜᴘᴛɪᴏɴ (@irruption_media) • Photos et vidéos Instagram
Union Syndicale Étudiante (USE) • BXL (@union_syndicale_etudiante.bxl) • Photos et vidéos Instagram

Voir en ligne : BXL Dévie

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