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Mort au Centre fermé Merksplas - Révélations de Mediapart

Mort au Centre fermé Merksplas - Révélations de Mediapart

Le 15 février dernier, Tamazi, un homme d’origine géorgienne, mourrait au centre fermé de Merksplas. Getting the voice out avait alors alerté sur ce drame qui suscitait beaucoup de questions alors que l’homme avait entamé une grève de la faim depuis plusieurs jours.

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Tamazi, mort en rétention : le combat pour la vérité d’une famille de réfugiés

Sa femme et sa fille réclament l’exhumation de cet exilé d’origine kurde installé en France, interpellé lors d’un séjour en Belgique et décédé en cellule d’isolement, dans des circonstances troubles, alors que la France refusait son retour sur le territoire.

Alors que la presse belge s’attardait sur le “grabuge” causé par la légitime colère de ses codétenus sous le choc, l’Office des étrangers annonçait dès le lendemain qu’il s’agissait certainement d’un “décès par mort naturelle”. Le parquet d’Anvers confirma cette thèse le jour d’après.

L’enquête de Mediapart revient sur le parcours de ce père de famille qui a subi la torture dans les geôles géorgiennes avant de se réfugier en France. L’article soulève aussi des questions importantes quant aux circonstances de sa mort alors que seule une “analyse” externe du corps aurait été réalisée.
Certains codétenus parlent d’injections forcées de ce qui pourrait être des antipsychotiques, des médicaments qui peuvent causer des troubles cardiaques graves. La fille de Tamazi a demandé, en vain, d’obtenir la liste des médicaments qui lui ont été administrés.
Aussi, des plaies sont visibles au niveau d’une oreille, de son front, du torse et d’un coude sur des photos du corps prises à la morgue. Sa femme témoigne qu’il n’avait aucune plaie la veille lors de sa visite. Elle ajoute qu’à la morgue, « il était gonflé. Il avait du sang dans la bouche et sur les oreilles, que ses cheveux cachaient ».

La famille s’est constituée partie civile et nous espérons que son combat permettra de connaître la vérité et que les responsabilités individuelles mais aussi politiques seront clairement établies. Tamazi n’aurait jamais dû se retrouver dans ce centre fermé, au même titre que tous les autres détenus. Les efforts de l’Office des étrangers et du parquet pour ne pas connaitre les causes de la mort de Tamazi reflètent le racisme qui structure la politique migratoire.

#JusticePourTamazi

Voir en ligne : Getting The Voice

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ARTICLES LIÉS

Santé / Soins

[Appel à soutien] Merksplas : une semaine en grève de la faim et de la soif comme ultime tentative de libération. 30 mai 2023

Mohamed S. est détenu dans le centre fermé de Merksplas depuis le 21 septembre 2022 en vue d’une expulsion vers son “pays d’origine”, l’Algérie. Il vit depuis 30 ans en Europe et réside en Belgique depuis 2002. Ne pas boire et ne pas manger comme dernier recours Ce 24 mai 2023, Mohamed a entamé une grève de la faim et de la soif. Il nous dit : “La liberté n’a pas de prix, je mets ma vie entre parenthèses, je meurs ou je vis, c’est à eux de décider. Je n’ai pas trouvé d’autre solution”. Les différents recours introduits par son avocat devant les juridications administratives et judiciaires complices, n’ont pas permis sa libération. Il risque désormais sa vie en espérant être libéré. Huit jours après le début de son action, il se sent fiévreux et souffre de nombreux vertiges. À bout de force, il est contraint de rester dans son lit 24h/24 et ne peut bénéficier des deux seules heures de sortie autorisées. La possibilité de la mort renforcée par l’inconscience du personnel et de l’Office des étrangers Une grève de la soif peut très rapidement entrainer de graves séquelles cérébrales et rénales irréversibles, ainsi que la mort à court terme. Mohamed a été mis en isolation médicale dans le bloc 5 du centre fermé de Merksplas, mais ne reçoit pas le suivi médical adapté à sa situation. Au cinquième jour de sa grève, il a demandé qu’une prise de sang soit réalisée, ce qui lui a été refusé au motif que “ce n’est pas nécessaire”. Nous rappelons qu’il est recommandé de faire un bilan sanguin de départ, puis un autre de façon hebdomadaire et particulièrement si la perte de poids est supérieure à 10% de la masse corporelle.Mohamed est autant conscient des risques pris que de la négligence raciste du personnel du centre et de l’Office des étrangers à son égard. Il nous dit : “Nous sommes des otages ici et je n’ai pas trouvé d’autres solutions”. Trois mois après la mort suspecte et toujours inexpliquée (sauf à croire la théorie de la “mort naturelle” avancée par les autorités dès le lendemain du drame) d’un homme géorgien dans ce même centre fermé, les codétenus de Mohamed sont très inquiets. Très régulièrement, des détenus dans les centres fermés entament des grèves de le faim et/ou de la soif pour réclamer leur libération face à ces enfermements sans fin et extrêmement violents. Nous sommes actuellement en contact avec une personne détenue au centre fermé de Bruges qui en est aujourd’hui à 22 jours de grève de la faim. Appel à soutien Nous vous invitons à envoyer des mails et téléphoner aux responsables de ces maltraitances pour que Monsieur Mohamed S. reçoive les soins appropriés et in fine sa libération : Monsieur le Directeur de l’Office des Étrangers, Madame, Monsieur, Je vous envoie ce mail afin de vous interpeller sur la situation d’une personne actuellement détenue au centre fermé de Merksplas. Il s’agit de Mohamed S., de nationalité algérienne, et ayant quitté son pays il y a plus de 30 ans. Actuellement, il est...

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Racismes / Colonialismes

ALERTE EXPULSION : vol collectif vers la Guinée Conakry

Une déportation collective par vol militaire vers la Guinée Conakry est prévue ce mardi 23/05/2023 à 10 heures au départ de l’aéroport de Melsbroek (base aérienne militaire). Une première déportation collective avait déjà été programmée vers la Guinée et la RDC par l’Office des Étrangers le 26/04/2023, qui avait été annulée en dernière minute. Une quinzaine de détenu·e·s guinéen·ne·s ont déjà été mis·e·s au cachot aux centres fermés de Merksplas et de Vottem ce samedi en vue de les transférer dimanche et lundi au centre fermé 127 bis à Steenokkerzeel, pour les mettre ensuite de force ce mardi 23/05/2023 à 10 heures sur un avion militaire à l’aéroport de Melsbroek. STOP DEPORTATIONS ! A propos des expulsions par vols collectifs : Les vols collectifs organisés avec ou sans Frontex sont organisés de plus en plus régulièrement depuis la Belgique. Ces vols ne sont divulgués à personne par les autorités et semblent faire partie des « secrets d’État ». Voici un aperçu de ce qui a pu être rassemblé au sujet du déroulement d’une expulsion collective. LES SEMAINES QUI PRÉCÈDENT : Arrestations dans les lieux publics de personnes « sans papiers » avec une nationalité visée, détention dans les centres fermés de ces personnes. Maintenance dans les centres fermés des personnes déjà enfermées et/ou ayant déjà subi des tentatives d’expulsions. Enfermement au 127bis des personnes demandant l’asile à l’aéroport et analyse rapide de leurs dossiers. LES JOURS QUI PRÉCÈDENT : Transfert des centres fermés belges vers le centre fermé 127bis de tou·te·s les détenu·e·s désigné·e·s par l’Office des Étrangers. LES HEURES QUI PRÉCÈDENT : Mise en isolement des personnes sur le point d’être expulsées, y compris un nombre inconnu de « réservistes » pour le vol. ET 4 à 5 HEURES AVANT LE VOL : Embarquement des personnes sur le point d’être expulsées dans des camionnettes et des bus, parfois militaires. Les prisonnier·e·s sont menotté·e·s et accompagné·e·s chacun·e de 2 ou 3 policiers en uniforme ou en civil. Les personnes qui résistent et celleux qui ont refusé une expulsion précédente et qui donc sont considéré·e·s comme dangereux·ses ont droit à un traitement spécial : isolement, mise à nu et flexions en présence de policiers, ligoté·e·s et accompagné·e·s d’une escorte spéciale. Cet embarquement prend en général plus de 2 heures et est parfois accompagné de violences physiques et psychologiques. Départ du convoi vers l’aéroport militaire de Melsbroek à la Chaussée de Haecht, embarquement dans un avion militaire. Les personnes expulsées restent menottées pendant le vol, certain·e·s ceinturé·e·s, et iels sont chacun·e accompagné·e·s par 2 ou 3 policiers et/ou militaires. A l’arrivée, iels sont remis·e·s aux autorités avec leur dossier d’asile.

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Contrôle social / Répression

Mawda, 5 ans déjà, on n’oublie pas

Le matin de ce 17 mai, Bruxelles se réveille avec une nouvelle inscription sur ses murs aux abords de la gare du midi : « MAWDA : il y a 5 ans, la police belge a tué Mawda, 2 ans, d’une balle dans la tête. Ni oubli, ni pardon ». En effet, il y a 5 ans, dans la nuit du 16 au 17 mai 2018, la petite Mawda Shawri était touchée en pleine tête d’un tir policier alors qu’elle et sa famille, ainsi qu’un groupe de personnes en exil, se trouvaient dans une camionnette prise en chasse par la police sur l’autoroute E42, non loin de Mons. La traque aux personnes migrantes qui s’est tenue cette nuit-là s’inscrivait dans le cadre de « l’opération médusa », une opération de police qui visait à « démanteler des réseaux de passeurs » sur les routes : l’un des nombreux moyens déployés par l’Etat et l’Office des Etrangers pour maintenir le contrôle sur les déplacements des personnes en migration et les chasser en-dehors des frontières belges. Cette année, nous commémorerons également les 25 ans de la mort de Semira Adamu, étouffée par les gendarmes dans un avion de la Sabena alors qu’elle tentait de résister à sa sixième tentative d’expulsion [https://www.revue-ballast.fr/semira-adamu-resister]. Aussi hypocrite cela peut-il paraître au regard des durcissements des politiques de détention et d’expulsion que l’on a connu depuis, à l’époque où avait eu lieu ce drame, le ministre de l’intérieur avait démissionné. Des milliers de personnes ont défilé dans les rues et se sont rassemblées à Steenokkerzeel, devant le centre fermé 127bis où Semira Adamu était enfermée. Personne n’a démissionné quand Mawda a été tuée par les bras armés de l’Etat. C’est devenu à peu près systématique : lorsque la police assassine, les récits officiels et les versions policières traduisent une odieuse inventivité afin de couvrir les vrais coupables, entre déresponsabilisation de la police et de l’Etat et criminalisation des victimes. Dans le cas de l’affaire Mawda, les théories mensongères ont fusé [1]. Au terme d’un combat en justice mené par la famille et leur avocate, la cour d’appel de Mons rendait son verdit en novembre 2021 : le policier auteur du crime s’en est sorti avec 10 mois d’emprisonnement avec sursis, assortis d’une amende de 400 euros. Au-delà du caractère grotesque de ce simulacre de justice, il n’y a eu aucune remise en question des opérations medusa et des logiques qui les sous-tendent : la Belgique continue à traquer, rafler, enfermer, expulser. Mawda n’est malheureusement pas la seule victime de la police et du système-frontières répressif et raciste. Depuis le début de l’année, au moins cinq personnes sont mortes entre les mains de la police belge. Leurs noms étaient Sourour [2], Imed [3], Sebastien, Isaac [4]. Un autre homme dont l’identité nous est encore inconnue a lui été abattu dans un hôpital psychiatrique en région bruxelloise [5]. En février dernier, un homme d’origine géorgienne était retrouvé mort dans des circonstances encore...

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Racismes / Colonialismes

Appel à soutien - Vérité et justice pour Tamazi

Relai : appel à soutien - Vérité et justice pour Tamazi ✊❤️ Une cagnotte pour la famille de Tamazi R., mort en centre fermé en février 2023, vient d’être lancée. Cette cagnotte vise à soutenir financièrement la famille dans son combat pour la vérité et la justice, mais aussi à lutter contre l’invisibilisation et l’oubli des nombreuses morts que l’Etat provoque à ses frontières et dans les centres fermés. Merci de diffuser et participer au maximum ! ➡️ https://www.cotizup.com/justicepourtamazi #JusticepourTamazi #StopCentresFermés #StopRacismedEtat 📧 Contact : justicepourtamazi@proton.me Estafette : oproep tot steun - Waarheid en gerechtigheid voor Tamazi Er is zojuist een fonds opgericht voor de familie van Tamazi R., die in februari 2023 in een detentiecentrum is overleden. Het doel van deze inzamelingsactie is om de familie financieel te steunen in hun strijd voor waarheid en gerechtigheid, maar ook om de onzichtbaarheid en vergetelheid van de vele doden die door de staat worden veroorzaakt aan haar grenzen en in detentiecentra tegen te gaan. Vertel het door en doe mee zoveel je kunt ! https://www.cotizup.com/justicepourtamazi #JusticeforTamazi #StopGeslotenCentra #StopStaatRacisme Relay : call for support - Truth and justice for Tamazi A fund has just been launched for the family of Tamazi R., who died in a detention centre in February 2023. The aim of this fundraising campaign is to provide financial support to the family in their fight for truth and justice, but also to combat the invisibility and oblivion of the many deaths caused by the state at its borders and in detention centres. Please spread the word and get involved as much as you can ! https://www.cotizup.com/justicepourtamazi #JusticeforTamazi #StopDetentionCentres #StopStateRacism ---- Appel à soutenir la famille de Tamazi R. mort en centre fermé le 15 février 2023 Dans le centre fermé* de Merksplas, Tamazi R., 38 ans, père de famille kurde d’origine géorgienne, trouvait la mort le 15 février dernier alors qu’il avait entamé une grève de la faim depuis plusieurs jours. Il craignait à juste titre d’être renvoyé vers la Géorgie, un pays dans lequel il a subi de nombreux actes de torture dénoncés par l’ONG géorgienne de défense des droits humains Human rights center**. La France avait refusé son retour sur le territoire français, alors que Tamazi y vivait depuis plusieurs années avec sa famille. Depuis son décès, sa femme et sa fille de se battent pour connaitre la vérité concernant les circonstances de sa mort, afin d’obtenir justice. Le 16 juillet, Mediapart*** publiait une enquête sur la mort de Tamazi et le combat pour la vérité que sa famille a entamé. L’article revient à la fois sur le parcours de Tamazi et soulève des questions quant aux circonstances de sa mort, remettant en question la version de l’Office belge des étrangers qui communiquait sur un « décès de mort naturelle », seulement deux jours après son décès. Alors que cette affaire est...

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Racismes / Colonialismes

Retour sur la manifestation contre les centres fermés

Suite à l’appel lancé par plusieurs collectifs, 150 personnes se sont rendues à Steenokkerzeel ce samedi 09/12/23 pour manifester devant les deux centres fermés de la zone de Bruxelles, le 127bis et le Caricole. Le cortège est parti de la gare de Nossegem à 14h30. Arrivé.e.s devant le centre 127bis, les manifestant.e.s ont fait le constat que les pouvoirs publics avaient cyniquement déplacé les détenu.e.s dans des ailes loin des regards, dans une optique d’empêcher tout échange entre l’intérieur et l’extérieur de la prison. Des slogans ont été criés et les manifestant.e.s ont malgré tout tenté de se faire entendre depuis l’autre côté du complexe carcéral. Plus tard, à quelques centaines de mètres de là, devant le centre Caricole, les manifestant.e.s sont parvenu.e.s à rentrer en contact visuel et à échanger directement avec des détenu.e.s depuis les fenêtres du bâtiment. Un numéro de téléphone a été crié, et les enfermé.e.s ont été invité.e.s à prendre contact pour témoigner de leurs situations personnelles et collectives ainsi que de leur conditions d’enfermement. Dans un deuxième temps, plusieurs prises de parole ont eu lieu (Justice pour Tamazi, Zone neutre, la Plade, Denif, Post collective, un militant palestinien). Enfin, une personne enfermée au 127bis et une personne enfermée au Caricole ont pu prendre la parole via un appel téléphonique sonorisé pour faire état, notamment, de la sidération de beaucoup de détenus face à l’incompréhension de leur enfermement ; de l’opacité administrative qui déterminait les conditions de leur détention ; ou encore des tensions et « problèmes » avec les surveillants. Cette mobilisation était l’occasion de condamner l’enfermement, la déportation et la criminalisation des personnes migrantes, ainsi que de montrer de la solidarité aux personnes enfermées en réaffirmant leur droit à la liberté de circulation et d’installation. Il s’agissait également de rappeler que l’année 2023 est celle des 30 ans de la loi (du 9 mai 1993) sur l’enfermement des personnes sans titre de séjour mais aussi des 25 ans de l’assassinat de Semira Adamu par des agents de police lors d’une expulsion ; des 5 ans du meurtre de Mawda, agée de 2 ans, tuée par des policiers lors d’une course-poursuite à la frontière ; et l’année de la mort de Tamazi Rasoian au centre fermé de Merksplas. Ces différents anniversaires tragiques montrent qu’hier comme aujourd’hui la politique belge en termes d’asile et d’immigration a des conséquences lourdes sur la vie des personnes en exil. Alors qu’il n’y avait plus eu d’événement autorisé devant ces deux centres fermés depuis plusieurs années, le rassemblement avait pour objectif de visibiliser l’inhumanité du traitement fait aux personnes sans papiers. Du non-accès à un travail légal et décent à la difficulté d’étudier et de se loger, de l’enfermement en centre fermé à la déportation voire, dans le pire des cas, la mise à mort par des agents de police, c’est une même politique...

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DANS LES MÊMES THÉMATIQUES

Extrême-droite / Antifascisme

Complot des « Frères musulmans », la fabrication d’un ennemi intérieur

Depuis la publication d’un rapport français alarmiste aux relents complotistes sur les Frères musulmans*, une série d’articles sensationnalistes accusent la Belgique, et notamment Bruxelles, d’être un “carrefour européen” de la mouvance frériste. Plus récemment encore, le MR a annoncé vouloir lancer un « rapport fédéral » sur l’influence supposée des Frères musulmans en Belgique, reprenant ainsi à son compte les termes et l’imaginaire du rapport raciste français. Dans ce rapport, cinq communes de la capitale sont par exemple, désignées comme « sous contrôle islamiste« . Le terme d’ »entrisme » est brandi à tout-va, et les médias multiplient les titres alarmistes sur une supposée infiltration de la société par les « Frères musulmans« *. Des titres comme “Des écoles belges sous l’emprise des Frères musulmans” ou encore “L’entrisme musulman : une menace à combattre partout” sont sortis dans la presse. Plusieurs personnages politiques belges, à l’instar de Denis Ducarme (MR), n’ont pas tardé à affirmer que les Frères musulmans avaient infiltré la Chambre, citant sans preuve des groupes comme Ecolo-Groen. Denis Ducarme (MR). Pourtant, à y regarder de plus près, cette soi-disant “alerte sécuritaire” relève moins d’une analyse scientifique rigoureuse que d’un recyclage de peurs islamophobes et racistes profondément enracinées dans l’Histoire européenne. Un rapport contestable, aux méthodes plus que discutables Le rapport français qui a provoqué cette panique est présenté comme une étude rigoureuse sur « l’influence » des Frères musulmans en Europe. Pourtant, comme le souligne Franck Frégosi, directeur de recherches au CNRS, l’approche est clairement biaisée et alarmiste, employant un vocabulaire conspirationniste plutôt qu’analytique. Plusieurs sociologues et scientifiques, comme Vincent Geisser, ont refusé de participer au projet, directement commandé par l’Etat français.  » « La conclusion était donnée avant même que le rapport soit conduit. » Le politologue Michaël Privot , dénonce la pauvreté méthodologique du rapport : « L’analyse est complètement à côté de la plaque », affirme-t-il, ajoutant que certains passages « répercutent des éléments conspirationnistes » qui sont également entretenus par certains cercles politiques belges. Le rapport, censé documenter des faits, s’appuie en réalité sur des hypothèses invérifiées, des suppositions, et des citations de certains « experts » et sociologues très engagés politiquement, et connus pour leurs positions anti-Islam, voire islamophobes. Le vocabulaire employé (« califat mondial », « infiltration », « dissolution des valeurs occidentales ») relève clairement du conspirationnisme, davantage que de l’analyse scientifique. L’écriture de ce rapport, et son manque total de rigueur scientifique, démontre une nouvelle fois l’islamophobie présente en France et en Belgique. L’impressionnante couverture médiatique est, elle aussi, inquiétante : des « expert·es« , des politiques et...

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Extrême-droite / Antifascisme

Festival Résistance, des centaines de personnes pour célébrer la résistance du peuple Palestiniens’ensuit une polémique d’extrême droite

Du vendredi 6 juin au dimanche 8 juin, s’est déroulé le Resistance Festival à Saint-Gilles, à Bruxelles. De nombreuses personnes étaient au rendez-vous et l’événement fut « un succès« , selon les organisateur·ices. Cette édition, portée par une coalition d’une vingtaine de collectifs, associations et ASBL, fait désormais l’objet d’attaques diffamantes et calomnieuses, menées par certains acteurs de la droite et l’extrême droite belge ainsi que des milieux pro-israéliens, et malheureusement, relayées par une partie de la gauche. Suite à la polémique d’extrême droite, le bourgmestre de St-Gilles, Jean Spinette (PS) a annoncé sa volonté d’interdire l’évènement l’année prochaine. Le parquet a quant à lui annoncé ne pas avoir ouvert d’enquête pour le moment. 3 jours de partage et d’apprentissage collectif autour des luttes de libération populaires Organisé pour la 3e année consécutive, le Festival Resistance – tout en ayant un focus sur la Palestine – propose de célébrer les luttes de libération populaire de par le monde, de les honorer ainsi que d’apprendre collectivement à leur sujet. Le festival comprenait des activités très diverses : des discussions politiques, ateliers, tournoi sportif, diffusion de films, village militant, représentations musicales, théâtrales ou encore poétiques, interventions politiques, etc. La soirée du 6 juin marquait l’ouverture du festival, avec deux projections. Premièrement, le court-métrage Behind the Lines, réalisé par Fanny Arnulf et Youssef Haider, un documentaire qui explore les pratiques artistiques et de résistance au travers du parcours de 14 artistes vivant dans des camps de réfugié·es palestinien·nes au Liban ainsi que dans des favélas au Brésil. Ensuite, le film The Dupes, l’adaptation cinématographique de la nouvelle Men in the Sun de l’intellectuel et résistant palestinien Ghassan Kanafani. Les projections au Pianofabriek, ont été suivies d’une discussion avec un panel constitué de Fanny Arnulf et Yousseh Haider, ainsi que de Reem Shilleh et Hazem Jamjoum. Palestinienne, Reem Shilleh est chercheuse, réalisatrice et commissaire d’exposition ; elle vit entre Bruxelles et Ramallah. Hazem Jamjoum est quant à lui chercheur et auteur, traducteur de Ghassan Kanafani. « La journée du samedi 7 juin était organisée sur la place de Bethléem, à Saint-Gilles. De 15 à 22h, après le tournoi de foot matinal et malgré une météo instable, la foule était au rendez-vous, famille du quartier, collectifs, étudiant·es se sont réuni·es pour s’informer auprès du village militant et partager un moment festif et conscient autour des représentations artistiques qui se sont succédées au cours de l’après-midi » ont expliqué les organisateur·ices dans un communiqué. L’après-midi et la soirée ont été l’espace de diverses interventions politiques (OSVP, collectif Justice pour Imad, Samidoun, etc.), ainsi que d’autres interventions artistiques et poétiques (Asma Soulista, Ryaam, Raj’een, Hussein Abu Shammala, DJ (...)

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Patrice Émery Lumumba (1925-1961) : Honneur et Respect

Patrice Émery Lumumba (1925-1961) : Honneur et Respect Patrice Emery Lumumba (né le 2 juillet 1925) aura été une étoile filante dans le ciel de l’Afrique à peine indépendante. Élu Premier ministre en 1960, destitué quatre mois plus tard, il est assassiné le 17 janvier 1961, suite à un complot mêlant la puissance coloniale belge, la CIA et les services secrets français. Ce que toutes ces puissances ne lui pardonnaient pas, c’était de vouloir rompre avec le colonialisme qui, au Congo, fut particulièrement féroce. Patrice Lumumba a scellé son destin le jour même de l’Indépendance, par son discours, non prévu. En disant la vérité du colonialisme, il se condamnait à mort. Discours du 30 Juin 1960, jour de l’indépendance du Congo Le 30 juin 1960, jour de l’indépendance du Congo, le Palais de la Nation à Léopoldville (l’actuelle Kinshasa) reçoit les membres de la famille royale belge dont le roi Baudoin 1er, des représentants du gouvernement belge, des administrateurs coloniaux, le parlement congolais, la presse internationale pour célébrer cette nouvelle ère pour le Congo. L’évènement est radiodiffusé dans tout le pays et couvert par la presse internationale. La foule s’amasse devant le Palais de la Nation pour assister à un évènement historique. Le protocole voulait que le roi Baudoin puis le président Kasavubu fassent un discours pour l’indépendance du Congo mais le Premier ministre Lumumba élu par le parlement ne l’entendit pas de cette oreille. Le discours du roi des Belges, Baudoin 1er, fut un discours de légitimation de la colonisation, une véritable apologie de l’œuvre du roi Léopold II. « L’indépendance du Congo constitue l’aboutissement de l’œuvre conçue par le génie du roi Léopold II, entreprise par lui avec un courage tenace et continuée avec persévérance par la Belgique ». Il sonnait aux oreilles des nationalistes congolais comme une insulte à la mémoire des millions de morts générés par la politique monstrueuse du roi Lépold II, grand-oncle du roi Baudoin. « Pour caractériser le colonialisme léopoldien, les sources les plus diverses utilisaient les notions et les concepts les plus évocateurs pour l’époque, curse (« malédiction »), slave state (« Etat esclavagiste »), rubber slavery (« esclavage du caoutchouc »), crime, pillage…Aujourd’hui on n’hésite plus à parler de génocide et d’holocauste » (Elikia M’Bokolo, Le livre noir du colonialisme. XVIè-XXIè siècle : de l’extermination à la repentance, p.434). On peut d’ailleurs pour évaluer l’ampleur de la monstruosité coloniale au Congo sous Léopold II consulter de nombreuses références*. Un documentaire britannique intitulé « Le Roi blanc, le caoutchouc rouge, la mort noire » réalisé par Mark Dummett et produit par la BBC a suscité les foudres de la maison royale et du ministre des affaires étrangères Louis Michel lors de sa diffusion sur la RTBF le 8 avril 2004. Le passage incriminé était un commentaire faisant le parallèle entre la colonisation de Léopold II et...

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