stuut.info

Saga de la honte : l’Etat terrorise les demandeurs d’asile à Bruxelles

Saga de la honte : l’Etat terrorise les demandeurs d’asile à Bruxelles

Le gouvernement n’a pas fini de s’acharner sur les demandeur·ses d’asile à Bruxelles. Sur les deux dernières années, l’Etat belge a été condamné plus de 7000 fois pour non-respect du droit fondamental à l’accueil. La Belgique a l’obligation formelle de loger les demandeur·ses d’asile arrivant sur son territoire, pourtant, des milliers de personnes exilées restent dans la rue sans la moindre prise en charge. Iels sont alors dans la nécessité de trouver des endroits où se loger à travers des squats, mais sont systématiquement délogé·es par la police tandis que les pouvoirs publics promettent de nouvelles places dans les centres.

Bruxelles | sur https://stuut.info | Collectif : Bruxelles Dévie

La récente « saga de la honte », comme elle a été nommée, a commencé ce 14 février au squat du palais [1] qui accueillait plus de 850 demandeur·ses d’asile avant de se faire expulser [2]. Ce squat représentait une des seule possibilité de logement pour ces centaines de personnes exilées. L’occupation a été évacuée par plusieurs centaines de policer·ères. Les pouvoirs publics promettaient des places d’hébergement fiables pour l’intégralité des personnes vivant dans le squat. 

Pourtant, à la suite de l’évacuation, plus de 250 demandeur.ses d’asile ont été jeté·es à la rue sans la moindre prise en charge. Iels ont alors installé des campements le long du canal, près du Petit-Château [3] [4]. Ces campements ont à nouveau fait réagir les politicien·nes de la commune de Molenbeek, qui ont promis une énième fois de reloger l’ensemble des personnes présentes suite au bad buzz médiatique. Ce 7 mars dernier, la police et de nombreux camions poubelles se sont rendus sur place pour expulser l’entièreté des campements le long du canal. [5] 

L’opération s’est déroulée avec violence et les demandeur·ses d’asile n’ont évidemment pas été toustes relogé·es. Une grande partie d’entre elleux se sont rendu·es en extrême nécessité au squat de l’Allée du Kaai, en face de Tour et Taxis. Celles et ceux-ci n’ont pas attendu longtemps avant que Phillipe Close (Bourgmestre PS) ne demande de les expulser. Un important dispositif comptant une soixantaine de policier·ères a alors été déployé ce vendredi 10 mars pour déloger la cinquantaine de sans-papiers présent·es sur place. [6] [7]

Les techniques policières utilisées lors de l’intervention témoignaient du déferlement xénophobe que subissent les sans-papiers chaque jour à Bruxelles. Pour les forces de l’ordre, il était question au moment d’intervenir d’utiliser des techniques dites « hygiénistes », en couvrant intégralement leurs corps de combinaisons anti-bactérielles, laissant ainsi entendre que les sans-papiers seraient des sortes de « pestiféré·es ». De plus, des ouvrier·ères étaient présents sur place afin de trouer la toiture et de s’assurer que les lieux ne puissent plus accueillir personne en les rendant insalubres. 

Ces techniques employées montrent bien qu’aucune question ne se pose quand il est question d’investir dans les forces de l’ordre et des grosses opérations pour déloger les demandeur·ses d’asile, alors que de nombreuses questions persistent lorsqu’il s’agit d’investir massivement dans les structures Fedasil qui sont à ce jour plus que défaillantes. Le sous-investissement autour des structures d’accueil en Belgique est un choix politique raciste qui conduit à la précarisation et à la mort de certain·es sans-papiers. Les gouvernements belges violent sciemment le droit international et passent outre les condamnations.

Face à cette situation le collectif Murmure et le réseau Ades ont ouvert un nouveau squat ce dimanche 12 mars avec les demandeur·ses d’asile. [8] Le bâtiment se trouve à deux pas de la gare du Nord et appartient à l’origine à l’Etat fédéral belge. L’immeuble a été choisi par les différents collectifs pour loger les demandeur·ses d’asile parce qu’il était inoccupé et, surtout, parce qu’il permet de mettre la Belgique devant ses responsabilités. Les collectifs appellent à la solidarité pour protéger le squat et éviter une quatrième expulsion consécutive.

Effectivement, la police n’a pas tardé à être envoyée sur les lieux. Les forces de l’ordre ont bloqué toutes les entrées du bâtiment, en empêchant que de l’eau, de la nourriture et des couvertures soient apportées aux occupant·es. [9] Un groupe de soutiens a réussi à faire passer de l’eau ; l’un d’entre eux a eu l’épaule luxée dans la bousculade. La police a continué à bloquer les entrées durant la nuit, la situation reste extrêmement instable à l’heure actuelle. [10] 

L’historique de la situation explicité ci-dessus témoigne de l’ensemble des mensonges que la classe politique belge se permet de relayer chaque fois qu’elle est pointée du doigt. Il n’est aujourd’hui plus question de croire toutes ces fausses propositions de relogements qui ne sont là que pour étouffer une situation de « crise de l’accueil », qui, en réalité, n’a rien d’une crise et est due à un sous-investissement volontaire, mené dans le cadre de politiques racistes. La situation ne pourra s’améliorer que par le biais de l’entraide et de la solidarité. De nombreuses autres ouvertures de squat sont à prévoir. 

Source : @collectif_murmures, @reseau_ades

📸 crédit photo : @vision_by_tfx, @krasnyicollective

Voir en ligne : Bruxelles Dévie

Une question ou une remarque à faire passer au Stuut? Un complément d'information qui aurait sa place sous cet article? Clique ci-dessous!

Proposer un complément d'info

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Texte du message
  • Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

DANS LES MÊMES THÉMATIQUES

Racismes / Colonialismes

Kimpa Vita, une femme prophétique

Kimpa Vita, une femme prophétique Aujourd’hui encore, elle est considérée comme l’une des premières révolutionnaires anticoloniales d’Afrique. Après avoir lu l’histoire de Kimpa Vita, vous n’oublierez jamais son nom, son engagement envers son peuple et son courage sans faille. Kimpa Vita n’était qu’une adolescente lorsqu’elle a commencé à défier les pouvoirs qui dirigeaient son monde. Née en 1684 au royaume du Kongo, Kimpa Vita grandit dans l’ombre grandissante de la dévastation coloniale. Autrefois puissant royaume africain, le Kongo que son peuple connaissait avait été déchiré par l’invasion européenne et la traite transatlantique des esclaves. Les envahisseurs portugais avaient alimenté les guerres civiles, dressé les dirigeants contre leur propre peuple et transformé le royaume en champ de bataille. Mais Kimpa Vita voyait un avenir différent. Formée aux pratiques spirituelles traditionnelles du Kongo en tant que guérisseuse et médium, Kimpa Vita tomba un jour gravement malade ; et alors qu’elle était allongée sur son lit de mort, elle eut une vision profonde : un Kongo unifié, libre de la guerre et du contrôle étranger . Une fois remise de sa maladie, elle se proclama prophétesse et fonda le Mouvement Antonien , un puissant soulèvement religieux et politique. Kimpa Vita prêcha que le peuple du Kongo était divinement élu, que le Christ n’était pas une figure européenne mais africaine, et que le royaume devait se libérer de la domination européenne et reconquérir sa souveraineté pour préserver son avenir et la sécurité de son peuple. Par ses enseignements, Kimpa Vita a réinterprété le christianisme d’un point de vue africain, rejetant la version de la foi des missionnaires européens qui justifiait l’esclavage et la domination européenne. Son message se répandit comme une traînée de poudre. En quelques années, des milliers de personnes, dont des soldats et des dirigeants exilés, suivirent son appel. Elle ramena ses fidèles à leur capitale abandonnée, São Salvador, et entreprit de reconstruire ce que les Portugais avaient détruit. Mais sa résistance eut un prix. Qualifiée d’hérétique et de rebelle par les autorités catholiques européennes, elle fut capturée par l’élite dirigeante du Kongo, alliée aux Portugais, et brûlée vive en 1706. Elle n’avait que 22 ans. Son exécution était censée éteindre son mouvement, mais son héritage a perduré. Plus de trois siècles plus tard, le combat qu’elle incarnait se poursuit. Aujourd’hui, les femmes congolaises mènent des mouvements pour la justice, l’autodétermination et la libération des forces modernes de l’impérialisme – les entreprises, les puissances étrangères et les élites locales qui exploitent encore les richesses apparemment inépuisables du Congo. Kimpa Vita est une prophétesse africaine, figure de la résistance à la colonisation portugaise dans l’actuel Angola au 18e siècle. Kimpa Vita serait née vers 1684 dans une famille noble...

Partout Partout |
Racismes / Colonialismes

[France/Calais] Résumé Juin2025

AU MOINS 3 MORTS EN JUIN Le 14/06/25, Ibrahim, un homme soudanais est décédé dans une fusillade sur le camp de Loon-Plage. Le 15/06/25, deux kurdes irakiens ont été blessés par arme à feu sur le camp de Loon-Plage. L’un des deux est décédé sur le coup, l’autre a été déclaré mort à l’hôpital quelques jours après. HARCÈLEMENT – dans les bus et les trains En marge de l’opération de com de Retailleau sur les arrestations dans les transports les 18 et 19 juin, les pratiques sont infames à Calais. Arrestations arbitraires, tri des personnes (sur la ligne 423 qui fait Calais/Gravelines, les blancs rentrent d’abord par l’avant et les « autres » ensuite), interdiction de prendre les transports sur des critères fluctuants… – lors des tentatives de passage Quotidiennement sur les plages, les bateaux sont lacérés et les personnes gazées. Dans la nuit du 10 au 11/06, un groupe d’environ 150 personnes exilées dont des enfants a été forcé de marcher jusque Calais après avoir été empêché de monter sur un bateau sur la plage des Hemmes de Marck. Le groupe épuisé a été nassé, poussé et suivi par des CRS sur plus de 10 interminables kilomètres. – en mer Le projet de Retailleau d’intervenir en mer sur une bande de 300 mètres pour empêcher les départs de small-boat n’est pas encore acté mais dans la pratique, les flics ne se gênent pas pour s’asseoir sur le droit maritime. Le 13/06 à Gravelines, un média anglais a filmé des policiers dans l’eau jusque la taille en train de gazer allègrement les candidat.es au passage. EXPULSIONS En plus des expulsions toutes les 48 h sur différents lieux de survie à Calais, l’état organise des expulsions de plus grande ampleur lors desquelles il y a de nombreuses arrestations et des départs en bus forcés. Le 12/06, une grosse expulsion a eu lieu sur le camp de Grande-Synthe. Plus de 500 personnes ont été chassées. Le 18/06, la police est arrivée en force sur le camp dit Jean Bouin aux Fontinettes à Calais et a expulsé une centaine de personnes. Le préfet et la maire de la ville ont assisté à l’expulsion. Une vingtaine de familles s’y était installée. 17 personnes ont été arrêtées et emmenées à la PAF. Elles ont toutes dû donner leurs empreintes de force et sont sorties avec une OQTF. Les autres habitant.es ont été forcé.es à monter dans les bus vers les CAES. Comme à son habitude, la mairie a annoncé qu’elle allait raser toute la végétation pour éviter une réinstallation. Le quartier des Fontinettes est devenu un enjeu électoral et la mairie comme le RN inondent les boites aux lettres du quartier de messages attisant la peur et la haine Le même jour, le camp de Loon plage a été vidé de tous.tes les habitant.es. FACHO ANGLAIS Le 04/06/25, Nick Tenconi, un des leaders du parti xénophobe UKIP (UK Independance Party) et cinq autres fachos sont venus à Calais sur différents lieux de vie pour provoquer, proférer des insultes à caractère raciste et filmer les personnes exilées. Munis...

Lille/Calais Lille/Calais |

Publiez !

Comment publier sur Stuut ?

Stuut est un média ouvert à la publication.
La proposition d'article se fait à travers l’interface privée du site.
Si vous rencontrez le moindre problème ou que vous avez des questions,
n’hésitez pas à nous le faire savoir par e-mail: contact@stuut.info