Médias

[Turquie] Libération du journaliste Joakim Medin
Le journaliste suédois Joakim Medin a été libéré après 51 jours de prison. Il avait été arrêté le 28 mars pour « terrorisme » après avoir écrit un article « pro-kurde » dans le passé, s’ajoutait à cela « insulte au président » et « appartenance à une organisation terroriste » (notre article ici ). Arrêté alors qu’il entrait en Turquie, Medin a été condamné à 11 mois et 20 jours de prison lors de la première audience de l’affaire « insulte au président » ouverte contre lui le 30 avril, il a été libéré pour ce crime. Cependant, sa détention avait été prolongée en raison d’accusations d’« appartenance à une organisation terroriste » (notre article ici ). Joakim Medin a atterri sur le sol suédois il y a quelques heures, il a été libéré sur objection de l’unité juridique de l’Association des médias et des études juridiques (MLSA). L’acte d’accusation contre le journaliste pour appartenance à une organisation terroriste a été envoyé à Istanbul par la 17e Haute Cour pénale d’Ankara, cette dernière s’est déclarée incompétente, de ce fait, la demande de libération du MLSA a été acceptée par la 13e Haute Cour pénale d’Istanbul. Suite à cette décision, Medin a été libéré de la prison de Silivri où il était détenu. Une première audience pour « appartenance à une organisation terroriste » se tiendra à Istanbul le 25 septembre.

Sécurité IT : Derrière les écrans des TV connectées, le flicage
A grands coups de captures d’écran sauvages, les « smart TV » enregistrent tout ce que le téléspectateur regarde, permettant aux fabricants de dresser un portrait-robot très précis de chaque utilisateur. En France, plus de 9 TV vendues sur 10 sont des smart TV, ces écrans sont bourrés de fonctionnalités. Une fonction équipe toutes ces télés, elle n’est jamais mise en avant par les constructeurs et les vendeurs : l’ACR ou la « reconnaissance automatique de contenu » (automatic content recognition). Le procédé est simple : plusieurs fois par seconde, la télévision opère une capture d’écran et l’envoie sur les serveurs du fabricant. Tout peut être capturé, les séries regardées, les photos de vacances lues sur un lecteur DVD, un documentaire YouTube. Ces informations permettent, à de gigantesques bases de données, de déterminer, précisément, ce que l’utilisateur regarde, pendant combien de temps, etc. La technologie est identique à celle qu’a développée l’application Shazam, qui permet de reconnaître (à peu près) n’importe quel morceau de musique. Shazam a proposé un service d’ACR aux fabricants de TV dès 2011. Connaître les vidéos regardées sur YouTube, le contenu sur Netflix ou, simplement, quels appareils sont connectés à la TV permet de dresser un portrait-robot extrêmement précis de l’utilisateur. On en déduit son emploi du temps, son statut socioprofessionnel, ses opinions politiques, son orientation sexuelle ou encore son identité de genre. Autant d’informations sensibles qui sont utilisées pour suggérer du contenu. L’ACR n’est pas le seul outil pour collecter un maximum de données, ces écrans disposent de micros permettant de le contrôle vocal de ceux-ci. Le mois dernier, LG a annoncé un partenariat avec Zenapse, une société qui analyse les images récoltées à l’aide d’une IA capable de déterminer l’émotion des spectateurs. Un vrai flicage qui rappelle le livre « 1984 » de Georges Orwell.

Le collectif anti-expulsion : Combattre la mécanique de l’expulsion en France dans les années 1990
Dans le récit qui suit, l’auteur raconte des scènes issues du Mouvement contre les expulsions, en France, à la fin des années 1990. A l’heure où Donald Trump, Elon Musk et leurs laquais s’en prennent aux sans-papiers et kidnappent des immigrés qui s’opposent au génocide, même quand ils sont porteurs de Green Card,1 c’est un bon moment pour étudier comment des gens se sont opposés à la violence d’état dans d’autres lieux et d’autres temps. Ceci est une adaptation du mémoire à venir Another war is possible, qui relate les expériences vécues par le mouvement mondial contre le fascisme et le capitalisme au tournant du siècle. Si vous souhaitez lire le reste du livre, vous pouvez le commander sur PM Press. Gare de Lyon : Paris, 5 mai 1998 C’est le début de soirée, Sophie et moi sommes assis dans la zone d’attente des trains longue distance de la Gare de Lyon à Paris, l’une des gares les plus fréquentées d’Europe. Tout autour de nous, des voyageurs se précipitent dans tous les sens. Une caméra toujours autour du cou de papa, des familles de touristes stressés précipitant leurs enfants à travers la station se mêlent aux hommes d’affaires fatigués qui attendent de rentrer chez eux. « Tu as fait du bon travail avec ta tenue », me dit-elle en me regardant de la tête aux pieds. J’ai rencontré Sophie lors d’une action (ou bien une manifestation, un concert, quelque chose du genre) il y a environ un an et nous sommes devenus inséparables pour toutes les actions politiques. Elle a mon âge, est étudiante au Lycée Autogéré de Paris 1 et si je ne connaissais pas très bien le contexte dans lequel elle fait ce commentaire, je pourrais penser qu’elle flirte avec moi. « Tu as l’air plutôt bien toi-même », réponds-je. Elle a réussi à se transformer en figure craquante de l’adolescente française moyenne parfaitement insignifiante. Fondamentalement, elle ressemble à une jeune Spice Girl dans son survêtement Adidas et ses baskets. Moi, par contre, j’ai opté pour un look nettement plus précurseur : pantalon kaki, polo, veste non-définie et mocassins. Elle me regarde de nouveau, fait une pause et retire légèrement son compliment : « Ce n’est pas la garde-robe la plus fonctionnelle, cependant. Les pantalons kaki se démarquent et les mocassins ne sont probablement pas parfaits pour courir. » Je hausse les épaules. « J’ai fait ce que j’ai pu. Ce qui m’importait le plus, c’était d’arriver jusqu’ici. » Nous sommes assis parmi les touristes et les hommes d’affaires, faisant de notre mieux pour ressembler à un jeune couple adolescent quelque peu dépareillé qui attend un train pour rentrer dans leur ville ; nous ne sommes en fait pas des voyageurs, et le terme correct pour notre tenue serait plutôt un déguisement. Nous ne sommes pas ici pour prendre un train, mais pour en arrêter un. Un train qui transporte des êtres humains emprisonnés contre leur volonté chaque nuit. Le 21:03 à Marseille, autrement connu pour nous comme le train de la déportation. Notre...

[Brochure] Bibliothèque de menaces
A lire sur écran, téléchargez la brochure en format « page par page » ici : Bibliothèque de menaces - version page par page Version à imprimer sur le site du notrace.how Pour accéder au format « cahier » imprimable (français / anglais), il faut aller sur le site du No Trace Project . Pour avoir une version facilement imprimable, sur le site du no trace project la brochure a été séparée en 5 partie. Voir en ligne : No trace project

Notre passé et présent colonial
Action de sensibilisation des figures coloniales (encore) mises à l’honneur à Namur PRISE DE CONSCIENCE de la Ville de Namur La Ville de Namur a récemment apposé un panneau pour annoncer la prochaine restauration de la statue de Léopold II place Wiertz, recouverte de peinture rouge début 2025, et qui l’avait déjà été en 2020. Dans la nuit du 7 au 8 mai, le collectif « la part d’ombre » a détourné ce panneau pour rappeler l’engagement du bourgmestre Maxime Prévot, faite en 2020, d’« assumer les aspects glorieux et les parts d’ombre » de la Belgique, suite à la première mise en couleur de la statue. Les membres du collectif affirment que la restauration de la statue ne ferait que maintenir la glorification d’un roi colonialiste et en renie la part d’ombre. Une prise de conscience est nécessaire de la part de la ville, qui continue de donner une place d’honneur à cet homme sans jamais en rappeler les crimes contre l’humanité. Le Collectif invite la ville à tenir les engagements pris en 2020 par le bourgmestre, de « décortiquer l’histoire avec un regard critique, de tirer les leçons de cette période et de se projeter dans l’avenir avec la rage de lutter contre toute forme de discrimination et de racisme ». A défaut de rappeler ses crimes, il demande le retrait de la statue de la place Wiertz. Afin de sensibiliser les habitantes et les habitants à l’inaction de la ville, le collectif a collé 200 affiches d’un cliché photo de ce détournement dans toute la ville. Si la ville est encore incapable de nommer le racisme caractéristique de Léopold II, on peut s’interroger sur sa capaciter de faire face à la montée des discours et actes racistes et identitaires. Le collectif est déterminé à rester actif tant que la ville de Namur continuera de glorifier le passé colonial de la Belgique.

[RADIO] Foire du Livre Anarchiste à Gand 17 et 18 mai et présentation « re-armement de l’Europe » pendant festival 1er mai revolutionnaire
Ce mercredisoir 7 mai à 20h30 à l’émission Tranche d’Anar on vous présentera la programmation de la foire du livre anarchiste à Gand qui aura lieu le weekend du samedi 17 et dimanche 18 mai 2025, il y aura des stands de livres, brochures, fanzines etc, mais aussi des ateliers de discussions. Ensuite on vous diffusera une partie de la discussion sur la militarisation et re-armement de l’ Europe qui a eu lieu à Garcia Lorca le samedi 26 avril pendant le festival au soutien au 1 er mai révolutionnaire avec l’explication de la militarisation et re-armement de l’Europe par C.Wasinski (politologue à l’ULB) et par D.Brosteaux (autrice du livre « Les désirs gerriers de la modernité »). Et On terminera avec l’agenda militant de stuut.info Musiques : Conflict “ the serenade is dead” d’anticlown “ De angst” René Binamé "Triomphe de l’Anarchie" The exploited “dead bodies” Innerterrestrials "Battlefield" Et au début des capsules sonores vous entendez "fight war not wars" de Crass (1978) Pour plus d’info et derniers nouvelles voici ici : Foire du livre anarchiste à Gand le 17 et 18 mai 2025 Festival du soutien au 1 er mai révolutionnaire

[Turquie] Compte X bloqué par les autorités
Les autorités turques ont bloqué, ce jeudi 8 mai, l’accès au compte X d’Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul incarcéré, qui compte près de 10 millions d’abonnés. Ce blocage a lieu au lendemain d’un rassemblement ayant réuni des dizaines de milliers de personnes devant l’université d’Istanbul. Depuis son arrestation le 19 mars, M. Imamoglu, a continué de s’exprimer via des messages postés sur son compte par des proches, exhortant ses partisans à rejoindre les manifestations anti-gouvernementales. Selon le groupe de surveillance EngelliWeb, l’accès au compte du maire a été bloqué pour des raisons de « protection de la sécurité nationale et de l’ordre public » en vertu de « l’article 8/A de la loi n° 5651 ». L’arrestation du maire, investi par son parti pour l’élection présidentielle de 2028 et principal rival du président Recep Tayyip Erdogan avait, chaque soir pendant une semaine, fait descendre dans les rues d’Istanbul des dizaines de milliers de personnes et provoqué des manifestations contre le régime du président dans des dizaines de villes de Turquie, les autorités avaient précédé à l’arrestation de près de 2.000 personnes ( Nos articles ici et ici ).

[Brochures] Sortie d’une série de trois zines autour de la mort et du deuil
Un premier zine, « Danse Macabre », rassemble des dessins et textes fabriqués lors de la journée du même nom en 2023. Un deuxième zine, « Guide Mortel », ayant deux versions, une en couleur et une en noir et blanc. Un troisième zine, « Mortel », compile des contributions autour de notre rapport à la mort, au deuil, et raconte des vécus de cérémonies. Voici les intros de chacune des brochures, suivies par un lien pour les télécharger en PDF. Diffusion largement encouragée (merci de ne pas se faire de thunes dessus). Danse Macabre - une journée autour de la mort et du deuil Cette brochure est la compilation des différentes contributions réalisées pendant cette journée. Elle a mis deux ans à se réaliser, mais mieux vaut tard que jamais. Voici le texte d’invitation à Danse Macabre : Mourir, c’est finir. C’est souvent triste, parfois c’est un soulagement. La plupart du temps c’est tragique, mais il arrive que l’on s’en réjouisse, quand ça signifie la fin de l’agonie. Finalement, c’est aussi une question de point de vue. De cultures. De croyances. De tabous. Prenons le temps. De rendre la mort tangible, de mettre nos deuils sur la table. De parler de nos sentiments contrastés, de nos peurs, de nos souvenirs tristes et joyeux. De questionner les normes, les conventions, les habitudes, les attentes, pour se façonner un rapport à la fin, la nôtre, celles de nos proches, celle du monde qui nous entoure ou de celui qu’on espérait, un rapport dans lequel trouver de la force et du sens. Face à la violence implacable qu’elle impose, la Mort nous donne envie de nous rassembler. Toute une journée, où différents ateliers ont eu lieu : Films / Podcasts / Réalisation d’une brochure collective / Discussions en petits groupes / Coin lecture / Création collective d’un podcast. Ça s’est passé le vendredi 31 mars 2023 à Euforie , squat d’agitation et d’activités à Toulouse, expulsé depuis. Danse Macabre Version couleur / Page par page / 16 p. Guide Mortel - Quelques infos et pas mal de questions pour préparer sa mort Cette brochure est issue du constat que c’est la galère quand un.e proche meurt. Ajoutée à la douleur de la perte d’un.e être cher.e, on se retrouve à devoir faire des choix. Si on a eu des discussions avec la personne auparavant, alors on a une petite idée de ce qu’elle veut. Mais si aucun échange n’a eu lieu, on est souvent bien embêté.es et on ne sait pas trop quoi faire. Ça provoque souvent des conflits, entre la famille et les ami.es de la personne décédée. Après plusieurs discussions publiques, on a eu envie de compiler nos réflexions dans un outil. Un guide pour préparer sa mort. Un espace où des questions peuvent être posées, qui peuvent servir de base pour discuter avec ses proches, en prévision de notre propre mort. Un guide qui tenterait de prendre en compte les situations qui sont toujours invisibilisées. Celles où on choisit de mourir, celles où on ne veut pas que la famille de sang ait les pleins...

Lecce (Italie) : foire de l’édition anarchiste
AU PROGRAMME : SAMEDI 10 MAI 15.00 OUVERTURE DES STANDS DE LECTURE 16.30 LA TECHNOLOGIE COMME PROCESSUS DE DÉRÉALISATION Discussion à partir de la revue « Negazine », éd. AnarchismO. Par quelques rédactrices/teurs. 18H30 RÉFLEXIONS ÉPARSES SUR CRASS, LE PUNK ET L’ANARCHIE Par Dethector, du label homonyme et de Stella*Nera Crass : un collectif punk anarchiste actif de 1977 à 1984, sept ans d’activité musicale et politique ; des chansons de protestation, d’amour et de colère ; un label discographique, sincèrement et vraiment indépendant ; une mèche allumée qui a contribué à allumer d’autres feux. 21.00 DÎNER DE SOUTIEN DIMANCHE 11 MAI 11.00 PERSPECTIVES DE LUTTE CONTRE LES CENTRES DE DÉTENTION POUR MIGRANTS Discussion à partir du livre Nemici di ogni frontiera. Lotta ai Cpt nel Salento, éd. AnarchismO, 2019. Par Quelques ennemis de toutes les frontières. 13.30 DÉJEUNER DE SOUTIEN Présentation du livre L’eccesso di realtà. La mercificazione del sensibile d’Annie Le Brun, éd. BFS, 2020. Par Martina Guerrini. 20.30 FERMETURE DU SALON Asfalto Teatro, via D. Birago 60, Lecce, Italie. CONTACT : Biblioteca Anarchica Disordine via delle Anime 2/b, Lecce, Italie disordine@@@riseup.net disordine.noblogs.org

[PDF] Réimpression du livre "Contre le Léviathan, contre son His-toire" de Fredy Perlman
Ces dernières semaines, on est plusieurs à avoir retravaillé et réimprimé le livre Contre le Léviathan, Contre son His-toire de Perlman, publié dans les années 1980 et dont les dernières éditions en français sont devenues plutôt galères à obtenir. L’analyse de l’auteur sur l’emprise des agents civilisateurs et les mécanismes de la domination techno-industrielle ont grandement contribué à nourrir les réflexions dans les espaces de luttes contre l’autorité, et plus spécifiquement les pensées anti-civilisationnelles et anarchistes. Aujourd’hui, elle nous sert encore de matière à penser nos tentatives de dévier des chemins tracés par le monstre du Léviathan, c’est pourquoi on souhaite le diffuser plus largement et à prix libre. Perlman conte une contre his-toire de l’avènement des États et de la Civilisation. Librement reprises aux historiens et anthropologues, l‘enchevêtrement des histoires tissent des liens entre la genèse des plus balbutiants aux plus génocidaires des émanations de la figure monstrueuse du Léviathan. Ce contre-récit redonne toute leur place aux résistances et fugues hors du monstre que les apologistes modernes, propagandistes du Capital et de la Technologie, qualifieront de Progrès et de Civilisation. Les histoires qui identifient l’ennemi sous toutes ses formes sont aussi de tristes leçons sur la cooptation et la pacification des révoltes et résistances – faisant souvent malheureusement un fort écho à l’époque actuelle. Malgré les défaites, les affrontements entre les êtres libres et les griffes du monstre nous rappellent qu’il est toujours possible et nécessaire de résister à l’écrasement de la domination, et qu’aucune nation ou armée ne permettra d’attaquer ce monde. Il ne tient qu’à nous d’explorer les voies possibles hors de la civilisation. La lutte contre le Léviathan ne connaît peut-être aucune finalité, mais son horizon inconnu est pour nous le signe des possibilités infinies de réjouissance et de vie libérée de l’étouffement du monstre. Le livre est à prix libre incluant la gratuité, dans toute une série de couvertures sérigraphiées en plusieurs couleurs ! Pour en obtenir, que ce soit pour un exemplaire, pour une distro ou une bibliothèque, envoie-nous un mail à contreleleviathan @ distruzione point org Il est déjà disponible dans de multiples distros et bibliothèques (à enrichir dans les prochaines semaines, n’hésitez pas à nous envoyer un mail !), dont : La bibliothèque anarchiste Libertad à Paris (19 rue Burnouf) La BARK, bibliothèque anarchiste transpédégouine à Montreuil (5 rue François Debergue) Le café-librairie Michèle Firk à Montreuil (9 rue François Debergue) La distro Lutines Seditions via Internet On a aussi l’envie complètement farfelue de cartographier les histoires qui sont racontées tout au long du livre, pour faciliter la compréhension du livre qui peut être assez complexe à suivre comme pour approfondir les recherches sur certaines résistances. Envoie-nous un mail si tu veux...

[USA/France] Mobilisations pour Mumia
Le 25 mars 2025, la Cour suprême de Pennsylvanie, a définitivement écarté tout recours contre la condamnation de Mumia Abu Jamal. En septembre 2024, cette juridiction, qui l’avait déjà condamné à mort en 1982, avait déjà rejeté sa requête sans examiner les nouvelles preuves d’innocence. Ces dernières corroboraient le caractère raciste dont ont fait preuve, tout au long des procédures judiciaires, les magistrats et les juges. Sous la pression de la police corrompue de Philadelphie et des dirigeants politiques de Pennsylvanie, ils ont refusé d’examiner la requête au motif qu’elle était hors délai, alors que de nouvelles preuves n’ont été découvertes que tout récemment. Mumia a été incarcéré pendant 29 ans dans le couloir de la mort. Deux fois sur le point d’être exécuté, il ne doit la vie sauve qu’à une forte mobilisation dans le monde entier. En 2011, sa peine de mort a été commuée en prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle. Bien qu’affaibli par la maladie, Mumia, 71 ans, poursuit inlassablement à écrire, à étudier et à conseiller les prisonniers pour leur défense. Les mobilisations se poursuivent : San Francisco, Oakland et San Jose ont tenu avec son fils aîné Jamal de grandes protestations. D’autres initiatives auront lieu à Philadelphie, à Houston et dans le monde (Mexico et Berlin). Comme chaque premier mercredi du mois, un rassemblement sera organisé le 7 mai (18 heures) place de la Concorde, à proximité de l’ambassade des États-Unis. Notre dossier sur Mumia

[Brochure] J’ai pas choisi d’être homo, mais je décide d’être pédé
Pour lire avec la belle mise en page, lire sur le pdf : J’ai pas choisi d’être homo, mais je décide d’être pédé - version page par page 44 pages A5 à imprimer en recto-verso ou à lire sur écran. " Les autres croyaient qu’ils étaient normaux Mais ils n’étaient qu’hétéros " – Nocif, dans Robert je t’aime J’ai d’abord écrit ce texte pour toi, ami·e, parent, collègue ou simple connaissance qui ne comprend pas bien ce que je fabrique depuis quelque temps, pourquoi je me dis « pédé », pourquoi c’est loin d’être un détail, et pourquoi certaines petites phrases ne passent plus. Il est accompagné d’un lexique pour éclairer au besoin certaines notions, repérées par un astérisque* lors de leur première apparition. Si j’ai pris la décision de le partager plus largement, en assumant de dévoiler au passage quelques bribes d’intime, c’est parce que j’ai réalisé au cours de son écriture que ce qui n’était au départ qu’une sorte de droit de réponse spontané devenait une occasion d’articuler ma réflexion, et prenait peu à peu une dimension plus politique. Il ne se veut pas pour autant être un manifeste, et n’est au fond qu’une tentative – sans doute maladroite – de mettre des mots là où ils m’ont manqué parfois. Il ne prétend parler au nom de personne d’autre que moi, à un instant donné de ma vie, mais tant mieux s’il fait écho un jour chez quelqu’un·e, quelque part… Il est dédié à toutes les personnes qui souffrent dans le placard*, dans la norme ou dans la marge, et à celles qui n’y ont pas survécu. T’aimes pas quand je dis que je suis pédé. Le mot te plaît pas, tu le trouves péjoratif. Il te dérange, et puis tu dis qu’il me va pas. Tu préfèrerais sans doute que j’utilise une option plus sage parmi celles que propose le dictionnaire… Homosexuel ? Je le suis par définition, mais c’est un mot qui me parle peu. Je le perçois comme un diagnostic détaché et très incomplet, qui ne dit rien de plus que mon attirance physique pour les hommes. Gay ? Voilà une étiquette à laquelle je ne me suis jamais vraiment identifié non plus, et qui m’évoque plus que jamais une normalisation et une dépolitisation bien éloignées de ma prise de conscience récente. Que ça te plaise ou non, je me sens bel et bien « pédé ». Là où tu ne vois que l’insulte, le gros mot, je vois désormais une libération, un acte politique. Le procédé à l’œuvre ici est loin d’être nouveau, et il porte un nom : le « retournement du stigmate ». D’après la définition qu’en donne le sociologue Antoine Idier [1] , il « désigne le fait, pour des individus et groupes minoritaires, de revendiquer l’insulte qui leur est adressée, de retourner comme une identité positive ce que les dominants leur reprochent d’être » [2]. Cette réappropriation est une manière de désactiver l’insulte, de signifier le refus de la honte qui lui est associée, et de transformer cette dernière en fierté. Me dire pédé, c’est dire que je ne veux plus me cacher ni me restreindre. Et tant pis si ça dérange. Et tant...