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[Brochure] Racisme et néocolonialisme français
Le plan de la brochure : INTRODUCTION AUX SOURCES DU RACISME FRANÇAIS : L’ESCLAVAGE ET LA COLONISATION UN RACISME STRUCTUREL EN FRANCE DU COLONIALISME À LA FRANÇAFRIQUE, UNE CONTINUITÉ RACISTE QUELLES LUTTES ? QUELLES PISTES ? COMMENT DÉCOLONISER ? GLOSSAIRE INTRODUCTION Survie est une association qui lutte contre le néocolonialisme français en Afrique sous toutes ses formes : la Françafrique. Elle travaille aussi sur des situations plus directement coloniales, par exemple sur le processus d’indépendance de la Kanaky Nouvelle-Calédonie ou sur la situation de Mayotte arrachée aux Comores. Ce texte vise à fournir quelques réflexions sur les liens entre le colonialisme, la Françafrique et le racisme. Il vise aussi à faire des ponts entre les mouvements anticoloniaux, antiracistes et décoloniaux actuels pour nous renforcer mutuellement et trouver des axes de luttes communes. Le racisme moderne, construction développée pour justifier l’esclavage et la colonisation entre le 16e et le 19e siècle, structure encore la société française. Il continue d’imprégner les politiques menées par l’Etat français dans ses anciennes colonies africaines, dans les territoires jamais décolonisés et dans le traitement des personnes descendantes de colonisé-es en France. L’idéologie de la « grandeur de la France », si consensuelle dans l’hexagone, occulte systématiquement que la richesse et la puissance française se fondent sur l’exploitation des peuples (néo)colonisés, dont les vies, du fait du racisme, sont moins considérées. « Les nations européennes se vautrent dans l’opulence la plus ostentatoire. Cette opulence européenne est littéralement scandaleuse car elle a été bâtie sur le dos des esclaves, elle s’est nourrie du sang des esclaves, elle vient en droite ligne du sol et du sous-sol de ce monde sous-développé. Le bien-être et le progrès de l’Europe ont été bâtis avec la sueur et les cadavres des Nègres, des Arabes, des Indiens et des Jaunes. Cela nous décidons de ne plus l’oublier. » Frantz Fanon, Les damnés de la terre, 1961 AUX SOURCES DU RACISME FRANÇAIS : L’ESCLAVAGE ET LA COLONISATION Le premier Empire colonial français, comme pour une grande partie de l’Europe nourrie de la prédation des Amériques depuis la fin du XVe siècle, est marqué par une longue histoire esclavagiste. L’esclavage et la colonisation à l’époque moderne ont été fondateurs du racisme comme structure d’exploitation, dans le but de justifier la capture, le transport, l’exploitation et la réduction en esclavage de millions de personnes. S’impose alors, à partir du XVIIe siècle, une conception racialisée de l’esclavage. Celle-ci se développe dans le monde colonial et contribue à construire des identités raciales. On assiste à l’émergence d’un concept de race profondément liée à l’essor de l’esclavage atlantique, à tel point que le mot « nègre » au XVIIIe siècle devient synonyme d’esclave. Dans le même temps, les populations sont progressivement...

Ellles s’appelaient Diana, Francoise, Sylwia, Marijke, Laurence, Lydia, Hagos, Christiane, Eman, Sabine, Maria, Melissa, Typhaine, Hasmik, Stéphanie, Chantal, Souad, Ingrid, Véronique, Godelieve, Hélène
Collage féministe à Bruxelles. Elle s’appelait Diana, tenancière d’un bistrot à Schaerbeek. Ce mardi 3 décembre, son ex-mari l’a poignardée, jusqu’à lui ôter la vie. Collage féministe à Bruxelles. Elles s’appelaient Francoise, Sylwia, Marijke, Laurence. Ces femmes ont vécu dans la peur. Ces violences physiques s’accompagnent souvent de harcèlement et de violences psychologiques. Les médias hésitent à utiliser le terme « féminicide ». Est-ce trop fort ? Trop politique ? Comme si ce problème était individuel et non systémique. En Belgique, des médias comme L’Avenir, La DH, La Libre, et RTL parlent de drame. Nous, nous parlons de féminicide. Carte des féminines en Belgique. Elles s’appelaient Lydia, Hagos, Christiane, Eman. Elles ont été victimes de féminicide, c’est-à-dire le meurtre d’une femme en raison de son genre, souvent commis par un proche. En 2023, 26 femmes ont été tués tuées intentionnellement en Belgique, soit une tous les 14 jours. Comme elles, plus de 14 143 femmes ont été tuées intentionnellement en Europe entre 2012 et 2022. Collage féministe à Bruxelles. Elles s’appelaient Sabine, Maria, Melissa. Dans la nuit du 15 novembre 2024, une femme et ses deux enfants, âgés de 13 et 1 an, ont été tué·es dans leur maison à Ixelles, par un conjoint qui n’aurait pas supporté la séparation. Les femmes ne sont pas les seules victimes ; de nombreux féminicides sont accompagnés d’infanticides. Elles s’appelaient Typhaine, Hasmik, Stéphanie. Combien d’autres vivent des féminicides sans que cela soit perçu comme tel ? Il est essentiel de nommer l’innommable pour pouvoir le combattre. Pourtant, à ce jour, la Belgique ne dispose pas de données officielles sur le genre des victimes d’homicides volontaires. Ce sont des collectifs comme Stop Féminicide qui prennent en charge le recensement, en épluchant la presse francophone et néerlandophone. Face au manque d’informations reprises dans les articles, certains crimes peuvent être ignorés. Tous les féminicides ne sont pas mentionnés, et tous ne sont pas identifiés comme tels. Elles s’appelaient Chantal, Souad, Ingrid. Elles ont subi la forme peut-être la plus violente des violences faites aux femmes. Ces violences font partie d’un continuum : un système de contrôle, de domination et de violence qui peut mener au féminicide. Ce meurtre physique est souvent précédé par des discours, des dispositifs et des institutions qui en préparent le terrain. Les femmes sont tuées à différents niveaux : psychologique, symbolique, linguistique. Le féminicide n’est pas seulement un meurtre physique, il commence bien avant. Elles s’appelaient Véronique, Godelieve, Hélène. Il a voulu la posséder. Elle a refusé. Pendant trop longtemps, les hommes ont cru qu’ils pouvaient posséder les femmes. Cette idée que les femmes ne sont pas des individues à part entière a contribué à instaurer un régime qui autorise la violence masculine et lui accorde une impunité quasi totale. Le...

[Turquie] Deuxième interdiction d’un ouvrage sur la rébellion des femmes kurdes
« Les Filles de Kobanê : une histoire de rébellion, de courage et de justice » dédié aux combattantes kurdes lors la lutte contre DAECH à Kobanê, a été interdit en Turquie pour la deuxième fois (voir article ici ) . Un tribunal a ordonné l’interdiction et la confiscation du livre accusé de faire de la propagande pro PKK. Publié à l’international, « The Daughters of Kobanê » s’appuie sur des centaines d’heures d’entretiens et de reportages de terrain menés par Gayle Tzemach Lemmon. Il raconte l’histoire de femmes combattantes kurdes qui ont joué un rôle crucial dans la lutte contre l’EI dans la ville kurde syrienne de Kobanê en 2014 et 2015.

Soudan, le colonialisme et l’impérialisme à la source de la guerre et la misère II
Le corps des femmes comme champ de bataille Dans le chaos de la guerre au Soudan, les femmes sont devenues des cibles privilégiées de la violence, leurs corps transformés en un champ de bataille, victimes de tactiques de guerre brutales. Lors de la révolution de 2019, avec la chute du dictateur Omar el-Béchir, les femmes soudanaises ont été en première ligne des soulèvements, défiant les normes sociales et les menaces de violence pour réclamer leurs droits et revendiquer un avenir démocratique. Dans les rues de Khartoum et d’autres villes, elles ont bravé la répression et ont joué un rôle déterminant en maintenant la pression sur les autorités, jusqu’à ce que les forces militaires et paramilitaires se retournent brutalement contre elles. Depuis le début du conflit en avril 2023, le nombre de cas de violences sexuelles, de harcèlement, de mariages forcés et d’esclavage a explosé, affectant des dizaines de milliers de femmes et de jeunes filles. Dans des régions à l’ouest comme le Darfour, qui sont au coeur de cette crise humanitaire, les forces paramilitaires des Forces de Soutien Rapide (FSR) utilisent le viol comme arme de guerre, menant des purges ethniques contre la communauté masalit, où le viol systématique et l’enlèvement de femmes sont devenus des tactiques d’intimidation. L’ampleur de cette violence est frappante. Dans des camps de réfugié·es comme Hay El-Shati, des femmes sont entraînées au maniement des armes pour se défendre face à l’horreur qui les entoure. À Omdurman, des camps de formation militaire pour femmes ont été mis en place par l’armée régulière soudanaise pour inciter les femmes à rejoindre la résistance. Cependant, pour d’autres réfugiées ayant fui au Tchad, la réalité reste sombre : forcées de survivre, certaines femmes se retrouvent à échanger des rapports sexuels contre de la nourriture ou de l’argent auprès d’hommes censés les protéger, y compris des travailleurs humanitaires. Cette exploitation sexuelle dans les camps de réfugié·es au Tchad témoigne de la vulnérabilité extrême des femmes soudanaises, qui continuent de subir la violence et les abus même après avoir échappé aux zones de guerre. Les mouvements féministes occidentaux, en particulier, et certaines organisations globales de défense des droits des femmes se distinguent par leur manque de prise de position et de considération concernant le Soudan. Alors que ces mouvements se mobilisent souvent pour les droits des femmes dans des contextes plus proches ou médiatisés, ils restent en retrait face aux luttes des femmes soudanaises. Ce manque de soutien traduit un certain ethnocentrisme* au sein du féminisme mondial, où les combats des femmes africaines sont perçus comme politiquement ou médiatiquement moins prioritaires. En effet, malgré la gravité de cette situation, le silence des mouvements féministes occidentaux, est assourdissant. Alors que les féministes blanches se mobilisent facilement pour des causes médiatisées en Occident, elles...

Soudan, Le colonialisme et l’impérialisme à la source de la guerre et la misère
Le Soudan est actuellement dévasté par un conflit armé brutal, entre l’armée soudanaise (SAF) et les Forces de Soutien Rapide (FSR). Deux généraux, à la tête de ces deux camps, luttent pour le pouvoir depuis avril 2023 et toute la population en fait les frais : on décompte à ce jour plus 150 000 morts civiles. Cependant, derrière ce narratif occidental se cache une diversité d’enjeux internationaux, aux dépens d’un pays au bord de l’effondrement. Ce conflit puise ses racines dans les politiques coloniales d’exclusion et de marginalisation. Sous l’administration anglo-égyptienne, de 1900 à 1956, les autorités coloniales avaient imposé des divisions ethniques et religieuses qui ont durablement structuré la société soudanaise, alimentant un ressentiment persistant au sein des groupes marginalisés. Ces tensions internes sont aujourd’hui exacerbées par les rivalités géopolitiques internationales, transformant le Soudan en un champ de bataille pour des puissances étrangères désireuses de protéger leurs intérêts stratégiques et économiques. Parmi ces acteurs, la Russie et la Chine jouent un rôle majeur. La Russie, via le groupe paramilitaire Wagner, soutient les FSR en échange de droits d’exploitation des ressources minières, notamment l’or. Le récent veto russe au Conseil de sécurité des Nations Unies, bloquant une résolution de cessez-le-feu proposée par le Royaume-Uni et la Sierra Leone, a été vivement critiqué. Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a dénoncé ce veto comme « cruel et cynique », affirmant que Moscou donne ainsi carte blanche aux belligérants pour perpétuer la violence. La Russie, pour sa part, accuse le Royaume-Uni de néocolonialisme, affirmant qu’une solution pacifique doit venir de l’intérieur du pays. Ce veto illustre la manière dont les puissances internationales utilisent le Soudan pour promouvoir leurs propres agendas, toujours au détriment des vies sur place et de la stabilité régionale. Sur le terrain, la crise humanitaire est dramatique. Selon une étude récente du Sudan Research Group, plus de 61 000 personnes sont décédées dans l’État de Khartoum seulement, dont 26 000 en raison directe des violences. La plupart des décès sont dus à des maladies évitables et à la famine, soulignant l’effondrement total des infrastructures de santé. La famine guette dans plusieurs régions du pays, en particulier dans le Darfour, où les FSR ont été accusées de nettoyage ethnique. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que la famine était « presque partout » au Soudan, faisant des millions de déplacé·es internes et externes, et plaçant le pays en tête des crises humanitaires mondiales. L’armement des factions soudanaises par des puissances étrangères aggrave la situation. Amnesty International a récemment révélé que la milice FSR utilisait des véhicules fournis par les Émirats arabes unis et équipés de technologies militaires françaises, en violation de l’embargo sur les armes imposé par...

[France] Manifestation nationale pour exiger la libération de Georges Abdallah !
Dans ce combat final, frappons aussi d’une seule main en nous rassemblant tous lors d’une nouvelle manifestation nationale à Paris, au cœur même du pouvoir de l’Etat français, le samedi 21 décembre au cri de « Georges Abdallah, tes camarades sont là ! ». En ce sens, nous appelons tous les soutiens solidaires de France mais aussi des pays limitrophes à en être, à être massivement présents pour démontrer une nouvelle fois - et nous espérons une dernière fois - notre détermination à voir notre camarade Georges Abdallah enfin libre, pour la victoire ou la victoire ! initiatives fleuri Appel du parquet et après ? Tous unis à Paris pour une nouvelle manifestation nationale ! Georges Abdallah doit être libre maintenant ou maintenant ! "Par décision en date du jour, le tribunal d’application des peines a admis Georges Ibrahim Abdallah au bénéfice de la libération conditionnelle à compter du 6 décembre prochain, subordonnée à la condition de quitter le territoire national et de ne plus y paraître" (Décision du tribunal d’application des peines) Le 15 novembre dernier, le verdict de la Cour d’Application des peines de Paris est tombé en réponse à la onzième demande de libération conditionnelle déposée par Georges Abdallah en juin 2023 : Georges Abdallah doit être libre ! Cette décision de justice - qui conforte les deux précédentes de 2003 et de 2013 tout en n’étant plus désormais conditionnée à la signature d’un arrêté d’expulsion par le ministre de l’Intérieur - est assurément une nouvelle victoire politique et juridique dans cette affaire Abdallah qui perdure aujourd’hui depuis quarante ans. « Bien entendu le changement prendra du temps et puis certainement, il y aura des soubresauts ici et là. Seulement la direction du vent est déjà bien tracée ». (Georges Abdallah, déclaration du 17 novembre 2012) Néanmoins, cette victoire ne sonne pas la fin du combat puisque nous le savons tous : dès le 15 novembre au soir, le verdict a été suspendu par l’appel déposé par le parquet national antiterroriste et à nouveau, le 19 décembre prochain, la cour se réunira à Paris pour « statuer sur le sort » de celui que les médias français nomment désormais eux-mêmes, depuis ce 15 novembre - si ce n’est le combattant ou le résistant - du moins le « militant propalestinien Georges Abdallah ». Dans ce dossier éminemment politique aux multiples « soubresauts » et pour cette nouvelle étape du 19 décembre, nous - soutiens à Georges Abdallah engagés sur ce terrain politique de la lutte et des luttes - réaffirmons ici notre engagement inébranlable et total à mener le combat jusqu’à la libération effective de notre camarade et appelons en ce sens à développer, unir et coordonner toujours plus nos forces pour amplifier encore et encore la mobilisation et intensifier la campagne pour sa libération afin que dans ce rendu à venir de la cour d’appel de Paris, à nouveau soit dictée une seule prononciation : Georges Abdallah doit être libre ! Alors oui, d’ici le...

[Rojava] Changements stratégiques (6)
A l’ouest de la Syrie, les positions du régime s’effondrent sur tous les front. L’insurrection au sud-ouest atteint la banlieue de Damas, une autre vague insurrecitonnelle s’étent à partir du sud, de la région de Deraa, et la principale offensive, lancée par al-Nosra et ses allié, continue à progresser dans la région de Homs. L’ANS (« armée nationale syrienne », force mercennaire au service de la Turquie) poursuit ses attaques sur les lignes des SDF défendant Manbij et Maskanah (deux flèches vertes du haut). Les combats sont durs et l’artillerie turque appuie l’ANS. Les SDF ont assuré les positions conquises sur la rive ouest de l’Euphrate à Deir ez-Zor et au point de passage frontalier d’Al-Qaim (flèches beiges). Sur cette même rive, des forces islamistes se sont emparée de deux zones comportant chacune plusieurs villages (deux flèches vertes du bas). Enfin, les SDF ont pris sans combat de toutes les enclaves que le régime gardait au Rojava : un quartier dans le centre de Hassaka et une zone au nord de la ville, un quartier au centre de Qamishli et l’aéroport de cette ville.

[Rojava] Changements stratégiques (5)
La résistance des forces du régime au nord d’Hama s’est effondrée hier et par suite, la ville elle-même est tombée sans combat. Al-Nosra et ses alliés visent maintenant Homs (flèche vert du bas). Cela semble sentir le sapin pour le régime, impression confirmée par le retrait vers Damas de forces déployées dans l’est syrien. Pour le Rojava, il subsiste la menace de la Turquie et de l’ANS, particulièrement sur Manbij (flèche verte du haut). Erdogan a déclaré qu’il ne laisserait pas « le PKK » profiter de la crise, tandis que des dizaines de milliers de réfugiés affluent au Rojava, fuyant les zones occupées par l’ANS. Les Forces Démocratiques Syriennes ont agrandi la zone qu’elles contrôlent au sud de Tabka et de Raqqa (double flèche ocre). C’est une zone désertique sillonnée par des groupes modiles du Daech, qui a significativement augmenté son activité dans ce désert (zones grises). Le régime a évacué l’aéroport sité au sud de Deir-ez-Zor : les SDF ont traversé l’Euphrate et s’en sont emparé (troisième flèche ocre). Une actualisation sera faite en soirée

[Rojava] Changements stratégiques (4)
Tandis qu’al-Nosra et ses alliés accentue au Sud la pression sur le régime en avançant (avec difficultés) sur le front de Hama, l’ANS amène de nombreux renforts, y compris des tanks, vers l’Est, vers les fronts de Manbij et de Maskanah tenus par les FDS. La ville de Manbij (100.000 habitants) et sa région constituent la plus importante partie du Rojava démocratique à l’Ouest de l’Euphrate. La zone de Maskanah, plus au sud, a été conquise par les FDS aux dépens du régime il y a trois jours (flèche beige sur la carte). Hier et avant-hier, plusieurs attaques de l’ANS ont été repoussées par les FDS sur ces deux fronts. On redoute une grande offensive de l’ANS sur Manbij, tandis que des dizaines de milliers de réfugiés emprutent les corridors humanitaires pour rejoindre le Rojava démocratique. Et comme à chaque fois que la Turquie orchestre une attaque, tous ses moyens, ses alliés et ses proxys sont mis à contribution. Un commando du Daech a ainsi assassiné un responsable du Parti du Futur à Deir ez-Zor (le Parti du futur est un parti démocratique syrien, bien antérieur à la guerre civile, persécuté par le régime, et qui, au Rojava, a des élus à l’Assemblée populaire et participe à l’Administration autonome). Un drone turc a tué deux personnes à Derik et l’artillerie turque a bombardé les régions de Manbij et de Till Tamir.

[Rojava] Changements stratégiques (3)
Le bloc emmené par al-Nosra (coalition islamiste hétérogènes composée surtout de jihadistes et de Frères musulmans, mais aussi d’autres organisations) continue son offensive contre le régime en direction d’Hama. Il organise les zones conquises. Le bloc de l’ANS, pur proxy de la Turquie, continue de cibler les Kurdes. Des tensions existent entre les deux blocs. Ainsi, al-Nosra voulait remettre en service la centrale électrique d’Alep, mais les mercennaires de l’ANS, comme ils le font toujours, avaient pillé tout ce qui pouvait être emporté et saccagé le reste. Les forces de l’ANS appuyée par l’artillerie turque se concentrent autour de la région de Manbij – des escarmouches ont déjà eu lieu avec les FDS, faisant plusieurs tués. L’ANS harcèle aussi les quartiers kurdes encerclés à Alep. Des milliers de réfugiés fuyant les forces islamistes ont quitté la zone de Sheba/Tall Rifaat pour se diriger par un froid polaire vers les régions du Rojava démocratique par un corridor humanitaire (photo). Plus au Sud-Est, les FDS ont pris la dernière tête de pont tenue par le régime à l’Est de l’Euphrate, une large poche de sept localités à la hauteur de la ville de Deir ez-Zor. Cette zone étaient occupées par des milices iraniennes. L’aviation américaine bombarde ces milices, l’aviation russe bombarde al-Nosra, l’aviation israélienne bombarde le Hezbollah, et l’aviation turque bombarde les SDF… Youth-Women-Movment.mp4

[Rojava] Changements stratégiques (2)
L’offensive des deux grands blocs islamistes, celui rassemblées autour du Hayat Tahrir al-Sham (anciennement al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda), et celui des supplétifs de la Turquie rassemblés sous l’étiquette « Armée Nationale Syrienne », se prolonge. La premier bloc priorise son offensive contre le régime, nettoie les territoires conquis et continue sa progression vers le sud. La vitesse de cette progression s’est ralentie, sans que l’on sache qui le régime a pu établir de nouvelles lignes de défense où si l’offensive touche à ses limites pour des problèmes d’effectif ou de logistique. Le deuxième bloc, en bon supplétif de la Turquie, a concentré ses efforts à combattre les Kurdes. La région de Shebah/Tall Rifaat a été attaquée par l’ANS qui s’est emparée des campagnes et des villages environnants la ville de Tall Rifat et les grands camps de réfugiés (des dizaines de milliers de Kurdes ayant fuit l’invasion turque du canton voisin d’Afrin en 2018). La carte ci-dessous ne l’indique pas, mais il reste des unités kurdes dans cette zone. Les islamistes ont aussi réussi à couper les corridors que les Kurdes avait pu établir hier entre leurs différentes zones à l’ouest de l’Euphrate. Des négociations sont en cours pour l’évacuation des civils des camps de réfugiés et de Tall Rifaat. Ayant perdu du terrain à Sheba/Tall Rifaat, les Forces Démocratiques Syriennes en ont gagné sur la rive ouest de l’Euphrate, par une attaque venant de Tabka. La partie de la banlieue Nord-Est d’Alep qui a été occupée hier, par une progression à partir des quartiers kurdes de la ville dans la tentative d’établir un corridor vers l’Est, a également été conservée. Toute cette zone kurde d’Alep est néanmoins totalement isolée du reste du Rojava.

[Italie] Prescription dans le procès contre Georges Abdallah à Trieste
Georges Abdallah, en plus d’être emprisonné depuis 40 ans en France, était également poursuivi en Italie toujours dans le cadre de son engagement au sein des Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises (FARL). Plus spécifiquement, il était accusé « d’importation d’armes de guerre et de matériel explosif à des fins terroristes » en relation avec des événements qui se sont déroulés à Trieste, précisément, il y a quarante ans. À cette occasion, un militant qui aurait été affilié aux FARL, avait été arrêté dans un train au col d’Opicina, transportant plus de sept kilos d’explosifs plastiques. Georges était accusé d’avoir organisé le transport. Hier, 26 novembre 2024, le tribunal de Trieste a cependant prononcé la prescription dans le cadre de ce dossier. Georges attend donc désormais à la prison de Lannemezan, la décision en appel qui doit se prononcer sur sa demande de libération (voir notre article ).

[Brochure] Arenc, le matin des centres de rétention - Enquête sur l’enfermement des étrangers·ères à Marseille, de 1963 à 2006
Arenc, le matin des centres de rétention — Enquête sur l’enfermement des étrangers·ères à Marseille, de 1963 à 2006 Dans les années 1960, Arenc est un lieu dont personne ne se préoccupe. Pourtant, c’est dans l’utilisation que l’administration a faite de ce hangar vétuste du port autonome de Marseille qu’ont été rationalisées les pratiques d’expulsion, de refoulement et de reconduite à la frontière des étrangers jugés indésirables. Arenc, c’est l’ancêtre des centres de rétention ; son histoire nous raconte l’avènement de ces lieux d’enfermement finalement banalisés et inscrits dans le droit, réprimant non pas un acte mais un état, celui de ne pas avoir les bons papiers. À partir des années 1960, la police enferme des étrangers en toute discrétion sur les quais marseillais d’Arenc, afin de les faire embarquer plus facilement dans un avion ou un bateau à destination de leur pays dit d’origine. Lorsque ces activités sont découvertes en 1975, l’affaire de « la prison clandestine » fait grand bruit et une importante mobilisation met en accusation le gouvernement Jacques Chirac [1] alors en exercice. Mais la rétention administrative sera finalement légalisée par le ministre Christian Bonnet en 1980. Elle ne sera jamais remise en cause et certainement pas par les socialistes qui arrivent au pouvoir alors, après s’être pourtant engagés contre Arenc. Mohamed, celui par qui le scandale arriva Du 11 au 20 avril 1975, Mohamed Mohamed Cherif, un pêcheur d’origine marocaine en situation régulière, ne donne plus signe de vie à son entourage après avoir répondu à une convocation au service des étrangers de l’Hôtel de police de Marseille. Son avocat s’inquiète : Mohamed est alors en pleine procédure contentieuse contre les autorités consulaires de son pays, qu’il accuse de l’avoir violenté, et un représentant marocain en France l’a déjà ouvertement menacé d’expulsion. Maître Sixte Ugolini, également responsable local du Syndicat des avocats de France (SAF), alerte alors l’opinion en tenant une conférence de presse, parlant « d’enlèvement » puisque son client n’a « pas été présenté au Parquet au terme de la durée légale de la garde à vue ». Il harcèle l’administration par téléphone et par des visites répétées à la préfecture, et finit par obtenir d’un fonctionnaire, qui préfère garder l’anonymat, un numéro de téléphone. Il le compose et se rend compte qu’« il y avait quelque chose. Le débat fut vif, on me demanda comment j’avais obtenu ce numéro. Je ne savais pas à quoi j’avais affaire, mais je les ai prévenus que je ne lâcherai pas ». Deux journalistes locaux, Alex Panzani de La Marseillaise et Jean-Claude Baillon du Provençal, se saisissent de l’affaire, avertis par l’avocat qui compte secouer le panier de crabes. « Au début, Defferre (le maire socialiste de Marseille) a voulu les faire taire, jusqu’à ce qu’il comprenne que c’était vraiment grave », se souvient Me Ugolini. Finalement, face à l’attention que l’affaire suscite, Mohamed est relâché (...)

[Brochure] La bataille de Kenmure Street
Comment les habitant-e-s de Glasgow ont déjoué les services de l’immigration Traduction en français. Publié à l’origine en anglais, le 18 mai 2021, par Smina Akhtar, sur le blog « Identities » : https://www.identitiesjournal.com/blog-collection/the-battle-of-kenmure-street Format livret Format page par page

[Etats-Unis] Assassinat de Malcom X, plainte déposée par la famille contre quatre agences d’état
Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X, ainsi que d’autres membres de la famille poursuivent le gouvernement fédéral, l’accusant d’avoir jouer un rôle dans l’assassinat du leader des droits civiques en 1965. Dans une plainte déposée contre le ministère de la Justice (DOJ), le FBI, la CIA et le département de police de New York (NYPD), la famille allègue que toutes ces agences ont joué un rôle important dans les événements qui ont conduit au meurtre de Malcolm X, et ont ensuite dissimulé leurs implications pendant plusieurs décennies. La femme de Malcolm X et ces filles réclament à titre de dommages et intérêts 100 millions de dollars et exigent également des réponses aux questions qui entourent encore l’assassinat. « Pendant des décennies, ces agences ( DOJ, FBI, CIA, NYPD ) ont considéré l’activisme noir comme une menace pour la sécurité nationale, ce qui a entraîné le ciblage incontrôlé de dirigeants éminents, y compris le Dr. Martin Luther King Jr. et Marcus Garvey », a déclaré la famille. Pour rappel, Malcolm X, né Malcolm Little, a été abattu à l’âge de 39 ans par trois hommes le 21 février 1965 à Manhattan, où il devait prononcer un discours. Sa femme enceinte, Betty Shabazz, et ses quatre filles étaient au premier rang. En 2021 un ancien officier de NYPD affirmait que le NYPD et le FBI avaient couvert les détails de l’assassinat de Malcom X.