Histoire / Archives

[France/Liban] Le Liban va renvoyer une demande pour la libération de Georges Abdallah
Le mardi 9 juillet, une délégation de « La Campagne nationale pour la libération du prisonnier George Abdallah » et des membres de sa famille ont rencontré le ministre libanais de la Justice, Henry Khoury. Suite à cette rencontre, le ministre de la Justice a confirmé qu’une demande sera envoyé au nouveau gouvernement français pour exiger la libération de George Abdallah, libérable depuis 1999. Cette rencontre s’est organisée suite à la déclaration du premier ministre libanais par intérim Najib Mikati qui annonçait demander aux autorités françaises la libération du plus ancien prisonnier politique d’Europe.

Quelques explications et éléments historiques sur la Résistance en Palestine
Un bulldozer défonce la barrière qui enclave la bande de Gaza le 7 octobre. Le 7 octobre 2023, la résistance palestinienne a lancé une offensive contre l’occupation sioniste sur les terres palestiniennes occupées depuis plus de 76 ans. Une attaque d’ampleur, qui a manifestement largement dépassé les services de sécurité israéliens. L’attaque du 7 octobre a été marquée par des crimes de guerre, ainsi que par une importante propagande coloniale à leur sujet. Elle a été succédée par une guerre génocidaire et une agression particulièrement meurtrière de l’armée d’occupation israélienne contre Gaza, qui dure depuis près de 9 mois. La propagande coloniale du régime sioniste, basée notamment sur de fausses informations (bébés décapités, etc…)3 ou des informations non-vérifiées, a également servi à justifier sur la scène internationale le lancement d’une entreprise génocidaire à Gaza. La déshumanisation des palestinien·nes, orchestrée par la propagande coloniale, a été un élément clé de la légitimation du génocide. Le 7 octobre restera cependant une date historique clé et marquante pour la résistance contre le colonialisme en Palestine. Il existe un avant et après 7 octobre pour la présence l’impérialisme occidental, et l’Etat colonial israélien, au Proche et Moyen-Orient. Cette attaque armée comprenait différents objectifs qui ont été volontairement mal relayés ou omis dans le discours occidental, à savoir : rétablir un rapport de force entre la résistance palestinienne et le colonialisme, organiser un échange de prisonnier·ères pour libérer potentiellement les milliers d’hommes, de femmes et d’enfants enfermé·es dans les geôles israélienne, freiner le processus de normalisation des relations entre les Etats réactionnaires arabes et Israël, briser le mythe de l’invincibilité de l’armée d’occupation, répondre à l’intensification de la politique coloniale israélienne, ramener la cause palestinienne et sa libération sur la scène internationale, … Si les objectifs poursuivis par l’attaque du 7 octobre n’ont pas été clairement identifiés comme tels en Occident, certainement à cause de l’emphase médiatique sur les crimes de guerre qui ont eu lieu lors du 7 octobre et le discours de désinformation sur la résistance palestinienne qui a suivi, il nous paraît important de donner ici quelques clés de compréhensions historiques et actuelles sur ce qu’est la résistance palestinienne. En somme, l’histoire n’a pas commencé le 7 octobre, loin de là. Le bilan du génocide est de plus de 37 000 personnes palestinien.nes tuées à Gaza. Plus de 10 000 encore sous les décombres et disparues. Plus de 80 000 personnes blessées. Ces chiffres ont été communiqués par le ministère de la Santé à Gaza, plusieurs ONG quant à elles estiment que le bilan est beaucoup plus lourd, prenant en compte les personnes présumées mortes. En Cisjordanie, plus de 500 palestinien.nes ont été tuées. A Gaza comme en Cisjordanie, la proportion d’enfants tués par le régime colonial est (...)

Six mois dans une dystopie néolibérale : Cannibalisme social contre entraide et résistance en Argentine
En décembre 2023, Javier Milei est arrivé au pouvoir en Argentine, introduisant des mesures radicales d’austérité et de déréglementation. En promettant d’écraser les mouvements sociaux au nom d’un capitalisme débridé, son administration ouvre la voie à un effondrement social complet et à l’émergence d’une narco-violence à grande échelle. Dans le récit qui suit, notre correspondant dresse un tableau saisissant des forces et des visions rivales qui se disputent l’avenir de l’Argentine, dont le point culminant le plus récent ont été les affrontements du 12 juin, lorsque des manifestants militants ont affronté près de trois mille policiers encerclant un congrès barricadé. Si ce que vous avez lu vous inspire, pensez à faire un don à La Cultura Del Barrio, un club social et sportif antifasciste à Buenos Aires depuis une décennie. La montée en flèche de l’inflation et la déréglementation complète du marché immobilier argentin ont rendu difficile la conservation d’espaces communautaires physiques, précisément au moment où ils sont le plus désespérément nécessaires. Si vous êtes en dehors de la crise économique argentine, vous aurez peut-être l’occasion d’aider ceux qui sont en première ligne à survivre au capitalisme impitoyable et à démontrer une alternative réelle et existante. Le bloc antifasciste, anarchiste et autonome lors de la manifestation du 24 mars : « Contre la violence d’État – autodéfense populaire ». Instantanés Fin janvier 2024, mouvements sociaux, assemblées de quartier et organisations de gauche se rassemblent devant le congrès pour protester contre le paquet massif de réformes néolibérales qui y sont débattues. L’État répond en mobilisant des milliers de policiers. On peut voir un officier se promener en arborant en écusson un drapeau de Gadsden « Ne me marchez pas dessus » sur sa veste. À la fin de la soirée, même si rien de particulier ne s’est produit, les policiers se déplacent par deux sur des motos, tirant des balles en caoutchouc sans distinction dans la foule. Quelques jours plus tard, Sandra Pettovello, ministre du « Capital humain », refuse de rencontrer les organisations sociales pour discuter de la distribution d’aide alimentaire aux milliers de comedores populares (soupes populaires de quartier). S’inspirant de Marie-Antoinette, elle déclare : « S’il y a quelqu’un qui a faim, je le rencontrerai en tête-à-tête », mais sans l’intermédiaire des organisations sociales. Le lendemain, des milliers de personnes acceptent son offre, faisant la queue devant son ministère. Elle refuse de les rencontrer. La queue au centre-ville s’étend sur 20 pâtés de maisons au lendemain de la déclaration de la ministre du Capital humain qu’elle accueillerait individuellement ceux qui avaient faim. Début mars, Télam, l’agence de presse publique, a été fermée. Il en va de même pour l’INADI, l’institut national contre les discriminations. Des vagues de licenciements déciment presque toutes les institutions publiques, y...

[Pristina (Kosovo) ] Balkan Anarchist Bookfair, du 5 au 7 juillet 2024
C’est avec beaucoup d’enthousiasme que nous annonçons que, pour la première fois, la 16e édition du Salon du livre anarchiste des Balkans (BAB) se tiendra à Prishtinë/Priština, au Kosovë/Kosovo, du 5 au 7 juillet 2024. Le BAB n’est pas seulement une plateforme de promotion des livres, mais aussi un lieu d’échange d’informations et d’idées, de création de nouvelles initiatives et de renforcement des organisations. En tant que tel, depuis plus de 20 ans, il témoigne de notre engagement collectif en faveur de la solidarité, de la résistance et de la collaboration au-delà des frontières artificielles des Balkans. Le BAB arrive à un moment crucial où le capital connaît sa crise d’accumulation habituelle, où les feux de la guerre ravagent le monde, nous mettant au bord d’une guerre mondiale, et où le fascisme, sous sa forme explicite, se répand comme une traînée de poudre. Les États sont de plus en plus militarisés et les populations de plus en plus policées, brisant les communautés et les liens de solidarité. Et comme toute forme de dissidence est opprimée, le capital circule librement, s’étendant sans cesse à de nouvelles sources d’exploitation. Les Balkans ne font pas exception. Nous assistons à une militarisation croissante des pays des Balkans, avec des stocks d’armes et de technologies de plus en plus importants et le projet d’introduire des services militaires obligatoires. Sous le couvert de l’intérêt national et du discours nationaliste racial, des méthodes plus oppressives de contrôle de la population ont été introduites, souvent au détriment des minorités ethniques, sociales et politiques. Le pouvoir politique a été davantage centralisé et la répression politique a été menée plus ouvertement, tandis que les organisations politiques ont été rendues impuissantes par la transformation en ONG, reflétant la logique du néolibéralisme qui s’est infiltrée dans toutes les sphères de la vie politique, sociale et culturelle. Dans le même temps, le patriarcat, qui fait partie intégrante de l’exploitation capitaliste, crée un environnement toujours hostile pour tous, mais surtout pour les femmes et la communauté LGBTQI+, avec un nombre croissant de féminicides et d’agressions physiques, en maintenant un environnement hostile à la fois dans les sphères publiques et privées, ainsi qu’à travers des tentatives de contrôle de nos corps. Cette même logique patriarcale donne naissance au fanatisme religieux, dont le faux antagonisme avec le conservatisme national ne fait que renforcer le système patriarcal. À l’échelle internationale, les Balkans jouent un rôle crucial dans la politique mondiale. Les manœuvres géopolitiques de l’OTAN et de la Fédération de Russie exercent une influence directe sur la région. Simultanément, les réformes néolibérales ont déjà donné accès aux capitaux internationaux, en particulier ceux de l’UE, de la Chine et de la Turquie, qui ont pris le contrôle de toutes les infrastructures publiques essentielles dans...

Contre la légende et l’oubli
Écrit en mai 2018. Publié en juin 2024. Je dédie ce livre à mes camarades de France et d’Espagne, car il faut que nous cherchions à dégager de la légende et de l’oubli le vrai visage de la révolution, il le faut pour épurer nos forces, obéir plus librement à la plus haute nécessité, ne pas lui demander de justifier nos fautes, mieux accomplir ce qui doit être accompli, et que l’Homme renaisse un jour en tout homme. Victor Serge, Ville conquise (1932) Ces « Notes partielles et partiales » ont été écrites, sans diffusion publique, depuis la Zad de Notre-Dame-des-Landes (NDDL) de janvier à mai 2018. Elles étaient à destination de soutiens qui étaient loin de la Zad et ne comprenaient pas la complexité des enjeux, des conflits, des processus à l’œuvre. Cette tentative de reportage informel, voire d’analyse sur le vif est politiquement située du côté de ce qui s’est appelé, au cours de la lutte, la dissidence de la Zad. Ces notes sont précédées de deux articles écrits en août et octobre 2017 pour un fanzine militant, diffusé uniquement sur papier : le Tiramisu. Six ans après la période des expulsions et la fin des expériences sociales anti-autoritaires sur la Zad de NDDL, certains groupes, qui ont ramassé la mise (et habitent toujours la zone) se retrouvent à la tête du mouvement des Soulèvements de la Terre (dont deux des porte-paroles médiatiques). Depuis ce qui a été appelé la « victoire » de la lutte contre l’aéroport et son monde, la Zad sert de caution, de modèle pour faire rêver et attirer du monde dans les luttes environnementales. Nous proposons de rendre disponibles ces documents afin de comprendre ce que fut ce modèle dans une période de grande tension (les expulsions de 2018), moment où les masques tombaient dans l’urgence des intérêts à sauver. Ce texte (et certaines des photos) prennent aujourd’hui une valeur d’archives, réactualisées au moment où nombre de militant-es ou sympathisant-es se posent des questions sur l’organisation des Soulèvements de la Terre et leur participation ou non à ce mouvement. Ce document permet d’avoir un regard critique sur ce qu’implique une alliance avec d’autres composantes, dont la Confédération paysanne. Des chicanes sur la ZAD [Article écrit en août 2017 et publié dans le Tiramisu.] La route des chicanes est un lieu célèbre sur la ZAD de Notre Dame des Landes. Officiellement, c’est la D281 qui relie les Ardillières au nord et La Paquelais au sud. C’est au moment de l’opération César en 2012, lors de la tentative d’expulsion de la zone ordonnée par le gouvernement PS, que sur environ deux kilomètres de cette D281 furent construites de multiples chicanes et barricades pour empêcher la circulation des forces de répression. Depuis, cette route est toujours aménagée de chicanes et cabanes en bois et en terre, habitées par des gens qui l’occupent. Depuis, cette route fait l’objet de nombreux fantasmes, peurs et conflits. Quelles sont les raisons de ce point de fixation sans cesse (...)

[Brochure] Pour un anarchisme révolutionnaire
La publication du livre « Pour un anarchisme révolutionnaire » (Ed. L’Echappée, 2021) a été l’occasion de rencontrer beaucoup de camarades, et d’avoir de nombreuses discussions. Cette brochure s’inspire de ces échanges. Elle reprend les questions qui ont été posées le plus souvent et présente l’essentiel de ce qui s’est dit par la suite. Ce qui va suivre n’est donc pas un résumé du livre. Si la plupart des propositions ci-dessous s’y trouvaient déjà, elles n’ont pu s’énoncer concrètement et se préciser qu’au fil des discussions, remarques et critiques qui ont été faites au livre. Espérons que cette brochure soit l’occasion de poursuivre ces échanges et de nourrir nos réflexions dans les luttes à venir… Mur par Mur Avril 2022 Pourquoi parler de « révolution anarchiste » et en quoi consiste-t-elle ? Nous partons d’un double constat : d’un côté beaucoup d’anarchistes ont pris le chemin de la désertion, de la constitution de communautés alternatives, s’éloignant d’un discours et de la recherche de pratiques révolutionnaires. Et d’un autre côté, la question de la révolution est revenue sur la table ces dix dernières années. C’est dans ce contexte que nous avons voulu réaffirmer, avant tout, la nécessité et la possibilité de la révolution. Mais dès lors, la question est de savoir ce que l’on met derrière ce terme. C’est d’ailleurs une question que beaucoup de gens se posent. On voit bien l’évolution qu’il y a eu ces dernières années : maintenant, lorsque l’on distribue des tracts ou des journaux révolutionnaires dans la rue, beaucoup de personnes prennent cela au sérieux, s’y intéressent, veulent en savoir plus. Ce qui n’était pas le cas il n’y a ne serait-ce que quelques années (on constate sur ce point « un avant » et « un après » mouvement des Gilets Jaunes). Les questions qui reviennent le plus souvent sont : mais de quelle révolution s’agit-il ? Comment gagner ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Jusqu’où faut-il aller ? Que devons-nous détruire, et pour construire quoi ? Ces questions nous nous les posons aussi. Nous avons écrit ce livre dans la volonté de nous en expliquer et de tenter de produire quelques propositions. C’est en ce sens que nous parlons d’une révolution anarchiste. Car l’anarchisme, et plus précisément le communisme-anarchiste (ou communisme-libertaire) s’est affronté à ces questions, à la fois dans la pratique et dans la théorie. Il permet de viser une révolution sociale qui ne conduise pas à une autre forme d’autoritarisme, à la production d’un nouvel ordre économique, ou à un capitalisme d’État comme on a pu le voir en URSS. Ce que nous appelons une révolution anarchiste, ce n’est pas une révolution faite par des anarchistes, mais une révolution qui vise la destruction du pouvoir — et non sa prise. Au fond, la différence essentielle est là : il s’agit de détruire dans un même mouvement le Capitalisme et l’État, et à travers eux l’exploitation et le pouvoir. La révolution anarchiste ne vise pas à se...

[Communiqué de presse] L’UPJB condamne fermement la vandalisation du monument à la mémoire des « héros du XXe convoi »
Ce dimanche 16 juin, un monument à la mémoire de trois résistants a été sali d’une croix gammée et d’une croix celtique, symboles nazis, antisémites, de l’extrême-droite, du fascisme. Par cet acte, c’est la mémoire de Youra Livchitz, Robert Maistriau et Jean Franklemon qui est attaquée. Le 19 avril 1943, leur action de sabotage à l’encontre du XXe convoi à destination d’Auschwitz, héroïque et unique dans l’histoire de la résistance face à la déportation, a permis à 231 des 1.631 Juives et Juifs de s’échapper du convoi. S’en prendre à la mémoire des « héros du XXe convoi », c’est s’attaquer à l’ensemble des victimes de la barbarie nazie, aux survivant·es et aux descendant·es de rescapé·es. C’est s’attaquer aux espaces publics où la résistance est honorée et la collaboration avec le nazisme condamnée. Ces actes antisémites sont commis au lendemain d’élections qui propulsent le fascisme et ses représentant·es au sein de nos démocraties. Plus spécifiquement, le jour où des milliers de personnes, dont l’Union des Progressistes Juifs de Belgique, ont marché contre le fascisme et l’extrême-droite dans les rues de la capitale. Il est de notre devoir de combattre la normalisation de la droite extrême, de l’extrême-droite, du fascisme, de l’antisémitisme, de tous les racismes. Soulevons-nous pour la dignité de toutes et tous, ici et ailleurs. Pour celles et ceux qui furent assassiné·es par des régimes fascistes, pour celles et ceux qui sont en train de l’être. Plus jamais ça, pour qui que ce soit. NB : un moment de recueillement sera organisé cette semaine avec plusieurs associations. L’organisation des prises de parole et chants est en cours. Plus d’infos suivront.

Visite décoloniale de la ville de Mons
Envie de comprendre, d’interroger notre société sur les rapports de domination existant ? Dans le cadre de la formation RESET THE SYSTEM, Quinoa, avec le Village du Monde, te propose une visite décoloniale de la ville de Mons, le mercredi 26 juin de 14h à 16h. En juin 2020, suite à une pétition initiée par des étudiant·e·s, un buste de Léopold II avait été retiré des locaux de l’Université de Mons. Une belle victoire ! Pourtant, bien d’autres traces du passé colonial jalonnent l’espace public de la Ville de Mons, comme dans de nombreuses villes. L’espace public belge est loin d’être neutre : la propagande coloniale se manifeste au détour des bâtiments, noms de rues, monuments ou encore de plaques commémoratives. Restituer l’histoire de la colonisation belge, déconstruire la propagande coloniale (encore bien présente dans l’inconscient collectif), pour mieux envisager un futur inclusif, tels sont les objectifs de cette visite ! Lors de cette visite, nous serons accompagné·e·s par Christophe Abadjene, qui organise des animations autour de la question coloniale avec le Village du Monde et est membre de la Plateforme Décolonisation de l’Esprit et de l’Espace Public (PADEEP). MODALITÉS : mercredi 26 juin de 14h à 16h rdv devant l’Hôtel de Ville (Grand Place 22, 7000 Mons) visite ouverte à toustes inscription obligatoire via https://quinoa.be/evenement/visite-decoloniale-mons/ prix : 5€ en cash pour les personnes qui ne participent pas à RESET

Phil Zimmermann – Père de PGP et gardien de notre vie privée
Je me souviens très bien, la première fois que j’ai entendu parler de Phil Zimmermann… C’était à la fin des années 90 quand pour la première fois, j’ai installé PGP sur mon ordinateur en me disant « Trop cool, on peut chiffrer en 4096 bits, c’est dingue (en plus d’être interdit à l’époque) !« . Philip R. Zimmermann est né en 1954 à Camden dans le New Jersey aux Etats-Unis et il est surtout connu de tous les techos que nous sommes pour avoir marqué l’histoire de l’informatique grâce à son invention : PGP (Pretty Good Privacy). Téléchargé au début par quelques geeks, PGP est rapidement devenu le logiciel de chiffrement d’email le plus utilisé au monde. Imaginez-le en 1991, à 37 ans bien tassé, développant ce qu’il espérait devenir un outil pour aider les droits de l’homme… Notre utopiste l’a d’ailleurs rendu disponible gratuitement très rapidement, en le diffusant sur le net… Et c’était un truc de dingue ! On pouvait enfin sécuriser sérieusement nos communications électroniques grâce à ce tout petit outil de rien du tout. C’est cet événement qui a à tout jamais façonné la réputation de Zimmermann en tant que pionnier de la cryptographie moderne. Un des aspects fascinants de PGP, c’était que ce logiciel fonctionnait déjà comme un système de chiffrement hybride. Plutôt que de choisir entre de la cryptographie symétrique (rapide mais nécessitant une distribution sécurisée des clés) et asymétrique (sécurisée mais lente), Zimmermann a opté pour une combinaison des deux, histoire d’avoir la vitesse ET l’efficacité. La première version de PGP incluait même un algorithme de chiffrement qu’il avait développé lui-même, baptisé Bass-O-matic. Bah oui, parce qu’avant l’arrivée de PGP, envoyer un e-mail c’était comme envoyer une carte postale. Tout le monde pouvait lire ce que vous écriviez. Mais avec cet outil, les informations envoyées sont devenues tellement indéchiffrables que même les services secrets ne pouvaient plus rien y faire. Et c’est là que Zimmermann a marqué des points dans mon cœur, en offrant à monsieur et madame tout-le-monde la possibilité de protéger ses échanges personnels de manière facile et surtout ultra sécurisée. Toutefois, cette brillante invention a rapidement attiré l’attention des autorités. L’histoire se corse en 1993, lorsque le gouvernement américain, qui voyait déjà d’un mauvais œil la prolifération d’outils de chiffrement, a mené une enquête criminelle à l’encontre de Phil pour violation de la loi sur le contrôle des exportations. Car oui, selon les autorités, faire circuler PGP sur le net, c’était comme faire passer des armes à l’étranger. Cette enquête, déclenchée par un rapport de RSA Security concernant un différend de licence sur l’utilisation de l’algorithme RSA dans PGP, a duré trois ans. Finalement, elle a été abandonnée en 1996, après que le code source de PGP ait été publié par le MIT Press. Zimmermann, en bon résistant, a utilisé cette publication comme une manière de contourner les restrictions...

Révoltes en Kanaky : Quand la résistance révèle l’échec de pacification du colonialisme
Ce vendredi 24 mai, au lendemain de la visite du chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, on apprenait qu’un policier venait de tuer à nouveau un manifestant kanak en Kanaky-Nouvelle-Calédonie. Depuis le 14 mai, le peuple kanak se révolte contre la tentative de passage en force de l’Etat français et ses politiques coloniales. Le gouvernement s’est empressé de réprimer et de condamner l’insurrection qu’il a pourtant lui-même provoqué. À l’origine ? Une réforme constitutionnelle à l’initiative du gouvernement français qui vise à élargir l’électorat local et à marginaliser le pouvoir politique des Kanak·es dans l’archipel. Par ailleurs, la volonté de ce dernier d’imposer un accord sur le nickel, qui permettait à la France de reprendre la gestion de ce minerai tant prisé, attise les tensions. Oublié du débat médiatique, cet accord « colonialiste » participe à une situation qualifiée par certain·es comme une « recolonisation ». Le récent passage en force du gouvernement français, perçu comme un renforcement de la colonisation dans l’archipel, a attisé la colère d’un peuple colonisé et marginalisé. En réponse, la jeunesse kanake s’en est pris aux symboles de la présence coloniale : des usines et entreprises ont été brûlées, des supermarchés pillés et des barricades érigées. La réaction du gouvernement ? Etat d’urgence, couvre-feu, déploiement de l’armée, et interdiction de TikTok comme arsenal colonial face à l’expression indépendantiste d’un peuple.Rappelons que l’état d’urgence est un dispositif contre-révolutionnaire créé en 1955 pour mater la révolution algérienne, s’inscrivant dans une stratégie répressive proprement coloniale. D’ailleurs, la Kanaky est toujours considérée par l’ONU comme l’un des 17 pays à décoloniser. Colonisée par la France depuis 1853, c’est notamment lors les révoltes des années 1980 que la France est contrainte d’apaiser les tensions que génère sa présence en Kanaky. L’accord de Nouméa* est donc signé en 1998 dans une logique de pacification et de renforcement du pouvoir du peuple kanak. Ainsi, cet accord établit certaines mesures comme : le gel de l’électorat, le transfert de compétences politiques et économiques au niveau local et la mise en place de trois référendums sur l’autodétermination de la Kanaky. Cependant, les récents référendums sur l’autodétermination témoignent de la stratégie de colonisation de peuplement mise en place par l’Etat français. Selon le dernier recensement, les Kanak·es ne représentent plus que 41% de la population en Kanaky, dorénavant peuplé par de nombreux colons venus de la métropole, et de fait opposés à l’indépendance de l’archipel. Alors que les Kanak·es ne sont plus majoritaires dans les scrutins, les trois référendums sur l’indépendance ont vu le « non » l’emporter. Le dernier, qui a eu lieu à la sortie du Covid en 2022, a été massivement boycotté à l’appel des organisations kanakes indépendantistes (UNI, Parti travailliste, UC-FLNKS). Pierre Messmer, premier ministre...