Histoire / Archives

Carte (incomplète) des personnes mortes en Belgique suite à l’intervention de la police (1998 – 2023)
Cette carte répertorie les personnes mortes en Belgique au cours ou à la suite d’une opération policière (interpellation, arrestation, course-poursuite, etc.), selon les zones de police impliquées. Il s’agit ici des conséquences de cet acte, à savoir le décès brutal d’une personne qui ne serait pas morte s’il n’y avait pas eu d’intervention policière. Une zone de police est placée sous la supervision d’un Chef de Corps. Ce dernier travaille sous l’autorité du Bourgmestre dans le cas d’une zone mono-communale ou sous l’autorité d’un collège de police dans le cas d’une zone pluri-communales. Nous sommes remontés à Semira Adamu, la première victime dont la mort (en 1998) a été filmée en Belgique, et dont le retentissement médiatique a entraîné la démission du ministre de l’Intérieur, Louis Tobback, et un changement législatif avec l’interdiction de l’utilisation de la « technique du coussin » lors des expulsions. Malheureusement, avant elle, de nombreuses personnes sont également décédées à la suite de violences policières [1]. Cette liste a été établie en mai 2023, et si elle tend à être exhaustive, elle ne l’est certainement pas : « souvent les difficultés d’accès à la justice, à la possibilité de se constituer partie civile, la précarité et la peur des représailles empêchent que soient élucidées les conditions de la surmortalité des personnes non blanche en Belgique par l’intermédiaire de procès publics, particulièrement lorsqu’elles sont sans-papiers [2] ». De plus, les données concernant la Flandre sont probablement incomplètes. Face à ces manques, nous prions les familles de victimes qui n’y trouveraient pas leur proche de bien vouloir nous excuser. Nous avons décidé de préciser « l’origine ethnique [3] » des personnes, malgré l’ambiguïté de ce terme, car cela permet de pouvoir observer des biais racistes à l’œuvre dans le comportement des policier.es : ainsi, plus de 90% des victimes sont des personnes non blanches. (L’élaboration de cette liste s’est appuyée sur un dépouillement de coupures de presse, un travail de terrain et les recoupements des recensements d’ObsPol, de Bruxelles Panthères, de Getting the Voice Out et de Cécile Guypen. Ce travail de cartographie mené par Théodora Jacobs et Maud Girault s’inspire de celui de Boabab Van de Teranga qui a travaillé sur la zone de Bruxelles capitale.) Source : https://surveillances.be

[Allemagne] Arrestation de Daniela Klette après 30 ans de clandestinité
Daniela Klette, 65 ans et membre de la Fraction Armée rouge (RAF), a été arrêtée par la police à Berlin ce 27 février. Elle était une des personnes les plus recherchées du pays. Elle est accusée d’avoir participé à plusieurs actions réalisées par la RAF entre 1984 et 1993 (année de l’auto-dissolution de l’organisation). Daniela Klette, Ernst-Volker Staub et Burkhard Garweg faisaient l’objet d’une enquête du parquet de Verden pour plusieurs hold-up, entre les années 1999 et 2016 (voir nos articles). Elle a été interpellée dans un appartement du quartier de Kreuzberg, dans le centre de la capitale. Voir notre dossier sur l’histoire de la RAF

L’extrême droite, une menace à prendre également au sérieux en Wallonie
Une nouvelle étude décortique le parti d’extrême droite wallon « Chez Nous » Chaque semaine, le Centre de recherche et d’information socio-politiques (CRISP) publie un dossier qui fourmille d’informations approfondies sur un sujet politique. Le dernier en date concerne le parti « Chez Nous » et a été rédigé par Benjamin Biard. Ces 55 pages résument les semaines de recherche consacrées au parti, dont plusieurs entretiens avec des militants. Article de la campagne antifasciste blokbuster.be Ce dossier part à juste titre du principe que la Wallonie n’est pas à l’abri d’une percée de l’extrême droite. En 2019, les derniers élus du Parti Populaire ont disparu, mais les nombreuses listes d’extrême droite réunies atteignaient déjà 9% des voix. « Chez Nous » a été créé explicitement dans le but d’unir ce potentiel en un parti plus stable, avec le soutien d’autres formations d’extrême droite telles que le Vlaams Belang, le Rassemblement national français, le PVV de Wilders ou l’AfD allemand. C’est donc un soutien de taille qui est venu au secours d’un petit groupe de militants qui parviennent juste à peine à organiser un rassemblement public. Le Rassemblement national a autorisé « Chez Nous » à utiliser les logos du RN et de son précurseur, le FN. Mais l’assistance de ces partis-amis ne se limite pas à l’autorisation d’être ouvertement associé à eux et à leur réputation. Le soutien est également matériel. Comment expliquer sinon que « Chez Nous » ait pu dépenser plus de 20.000 euros sur les réseaux sociaux comme Facebook ? Le Vlaams Belang a quant à lui conclu un accord avec « Chez Nous » : le VB refusant de présenter à nouveau des « listes fantômes » en Wallonie tandis que « Chez Nous » s’est engagé à ne pas apparaître à Bruxelles. Certaines figures de proue du parti, dont le président Jérôme Munier, sont cependant bruxelloises. L’objectif visé par ce soutien est évident : créer et déployer un partenaire fiable contre les solides traditions antifascistes en Wallonie et à Bruxelles. Le dossier du CRISP de Benjamin Biard est complet et approfondi, mais nous décririons toutefois la base idéologique de l’extrême droite de façon différente. Son approche part de la propagande (contre l’immigration, contre le « système », contre les partis traditionnels, en faveur d’une réponse autoritaire à l’insécurité) et de la manière dont les formations d’extrême droite traitent la démocratie. Ce sont des éléments qui doivent être pris en compte, mais qui limitent fortement l’analyse à la politique « politicienne ». L’extrême droite est l’expression d’un rejet des politiques dominantes, elle instrumentalise un sentiment de malaise et d’aliénation face à des politiques qui accroissent les inégalités de même que les tensions sociales qui en découlent. Lorsque le mouvement ouvrier n’offre pas de réponses collectives aux nombreux problèmes sociaux, d’autres forces prennent leur essor, telles que l’extrême droite. Celle-ci représente une « réponse » (...)

CARTE BLANCHE : Publication du rapport de la commission spéciale « passé colonial »
La Présidente de la Chambre des Représentant·e·s Eliane Tillieux doit prendre ses responsabilités ! Plus de 200 signataires exigent ce matin le respect de la démocratie, de la transparence : citoyen•ne•s, militant•e•s, associations, chercheur•euse•s, professeurs d’université ou encore personnes du secteur culturel, y compris des personnes auditionnées par la Commission ou mandatées par celle-ci comme experts ! Le 19 décembre 2022, la Commission spéciale chargée d’examiner l’État indépendant du Congo et le passé colonial de la Belgique au Congo, au Rwanda et au Burundi, ses conséquences et les suites qu’il convient d’y réserver, se terminait en queue de poisson en raison d’un désaccord sur les recommandations politiques à formuler. Un an plus tard et à ce jour, une question demeure : pourquoi le Parlement fédéral n’a-t-il toujours pas publié le rapport final de la Commission comprenant le contenu des auditions menées ainsi que les rapports et conclusions des expert·e·s scientifiques nommé·e·s par ladite Commission parlementaire ? Le rapport est en réalité terminé et a été traduit par les services de La Chambre depuis de nombreux mois. Pour être publié et disponible sur le site de la Chambre en tant que document parlementaire officiel, il doit être avalisé par les membres rapporteurs de la Commission. Or, il semble que le blocage se situe au niveau politique, deux députés (VB et MR) ayant décidé de ne pas l’avaliser. La présidence de la Chambre des représentant.es alertée à ce sujet, est restée sans réaction concrète en vue d’une publication officielle de ce rapport. L’absence de publication officielle, par la Chambre, de ce rapport avant la fin de la législature en 2024, entraînerait sa disparition définitive et empêcherait par conséquent son utilisation dans de travaux futurs, qu’ils soient de nature politique ou non. Pourtant, la prise en compte officielle et donc la publication de ce rapport, au-delà d’éventuelles publications issues d’initiatives individuelles, nous paraît essentiel pour l’avancement d’un réel travail à l’échelle soci(ét)ale sur la colonisation belge et ses conséquences. Cette Commission, faut-il le rappeler, a tout de même nécessité deux années de travail parlementaire, la mobilisation d’un collège d’expert·e·s chargé·e·s de rédiger rapports et conclusions mais aussi des centaines de consultations et d’auditions ayant mobilisé un nombre impressionnant de personnes de plusieurs pays. Ce travail a également engendré d’importantes dépenses publiques qu’il convient de valoriser et non de gaspiller. Le blocage de ce rapport au sein du Parlement fédéral interpelle au vu de l’utilité soci(ét)ale d’un tel travail politique mais il interroge encore davantage sur la transparence démocratique que l’on attend d’une institution telle que la Chambre des représentants. La Commission spéciale « passé colonial » a bel et bien fonctionné et a rassemblé une quantité de savoirs et d’expertise. Les actrices et acteurs de...

Les anarchistes - « On ne les voit jamais que lorsque... »
On l’avait déjà écrit une autre fois. Les anars, apparemment, semblent être à la mode dans le monde culturel et associatif. On crache pas dessus, faut pas croire. Au contraire, d’ailleurs : on s’en réjouit ! Attendez pas de nous qu’on joue les rabat-joie ou, encore pire, les gardiens du temple et de l’orthodoxie. L’anarchisme appartient à toutes et tous. Enfin, entendons-nous : le Cercle Proudhon, on lui aurait bien dit « Pas touche ! » En fait on lui aurait même bien dit autre chose. « Merde », par exemple. On ne dira donc pas « Merde » à ces alliés culturels et associatifs. On peut parler d’elleux gentiment, sans crainte qu’on nous dise qu’on leur passe la brosse à reluire puisque on ne les connaît pas personnellement, seulement de nom. Peuple & Culture et Barricade (associations basées à Liège, subsidiées pour exercer sur le terrain des activités d’éducation permanente), par exemple, brassent le filon de bon cœur : tant mieux, redisons-le. Deux dates prévues : le jeudi 8 février 2024 de 18h à 20h30, ces deux ASBL proposent une soirée-conférence introductive aux anarchismes suivie d’un échange pour aiguiser les regards critiques sur les idées anarchistes. (On fait juste un quasi copié-collé, manière de pas s’attirer des emmerdes !) Une semaine plus tard : le jeudi 15 février 2024 de 18h à 20h30, le même binôme associatif invite à une soirée de découverte de l’outil « La Revanche des anars » avec plusieurs tables de jeu. Le créateur du jeu sera présent, Stéphane Jonlet, issu de l’écurie de la laïcité organisée et chercheur au Centre interdisciplinaire d’étude des religions et de la laïcité de l’Université libre de Bruxelles. A Philippeville, par ailleurs, la Maison de la Laïcité organise un apéro-rencontre le 20 février prochain, au cours duquel « nous discuterons ensemble des expériences concrètes qui pourraient être qualifiées d’anarchistes en mobilisant l’anthropologie de David Graeber, théoricien de la pensée libertaire nord-américaine. » (Caramba ! Encore un copié-collé !) Que de beaux events (salut Marc Z. et merci d’être venu !) fleurissent allègrement, dirait-on, dans lesquels les mots « anarchistes » et « anarchisme » sont même écrits en toutes lettres. L’avons-nous dit ? Nous n’en prenons pas ombrage, le moins du monde, au contraire. La preuve, nous faisons bien cordialement la pub de ces moments de rencontre bien sympathiques. Au demeurant, nous aurions tort de cracher dans la soupe, vu que la même Maison de la Laïcité de Philippeville nous a fait l’honneur et la gentillesse de nous inviter en novembre 2023 pour animer une causerie et même vendre nos bouquins. Et nous avons collaboré avec Barricade à plusieurs reprises. C’est plutôt notre propre mea culpa que nous allons faire ci-après. Quand on est à court d’inspiration pour évoquer l’anarchisme, nous avons ce couplet sous la main, que nous ressortons nous-mêmes, hélas, un peu à tort et à travers : « Y en a pas un sur cent et pourtant ils existent ! »...

[Japon] Un révolutionnaire décède après 50 ans de clandestinité
Un homme décédé d’un cancer en phase terminale cette semaine dans un hôpital de Tokyo a déclaré avant de mourir s’appeler non pas Hiroshi Uchida, mais Satoshi Kirishima. Né en 1954, Kirishima était étudiant à l’université de Tokyo lorsqu’il a rejoint le “Front Armé Antijaponais d’Asie de l’Est”, un groupe militant qui a réalisé une série d’attaques à la bombe visant l’impérialisme et le militarisme japonais. Il avait ainsi placé une bombe en 1971 au temple Koa Kannon d’Atami (sud de Tokyo), qui abrite les cendres de criminels de guerre nippons et exploser deux bombes en 1974 devant les bureaux de Mitsubishi Heavy Industries, géant industriel ayant exploité des Coréens pendant la colonisation de la péninsule (1910-1945). Kirishima était pour sa part recherché pour avoir fait exploser une bombe dans un immeuble du quartier chic de Ginza, à Tokyo, en avril 1975, sans faire de blessés. Des affiches de recherches le concernant ornaient encore les commissariat japonais (cf. photos). Deux membres du groupe ont été condamnés à mort, dont le fondateur Masashi Daidoji, décédé en 2017. Deux des huit membres du groupe sont toujours en fuite après avoir été libérés en 1977 dans le cadre d’un accord négocié par l’Armée rouge japonaise, lors du détournement d’un avion de Japan Airlines au Bangladesh. Pendant sa cavale, Kirishima n’avait pas de téléphone portable ni d’assurance maladie et son salaire était payé en liquide pour éviter d’être repéré. Il travaillait dans une entreprise de construction sous une fausse identité depuis une cinquantaine d’années.

[Collectif Ruptures] LOIS RÉPRESSIVES ET AUTRES BAGATELLES ANTI-MIGRATOIRES (1972-2023)
A l’heure de l’adoption de la révoltante « loi Darmanin », le collectif Ruptures publie une recension de toutes les lois régissant l’entrée et le séjour des étrangers en France. Loi après loi, décret après décret, dispositif après dispositif, année après année, ce panorama de la « gestion des flux migratoires » sur la période 1972-2023 vient compléter la brochure Lois répressives et autres bagatelles (France, 1974-2022) que nous avons édité au printemps. Ce tome 2 de Bagatelles est intégralement téléchargeable ici, et son introduction est lisible ci-dessous. Bonne lecture. Le collectif Ruptures https://collectifruptures.wordpress.com/ Introduction Le 27 décembre 2023, Didier Leschi, directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) s’exprime dans Le monde sur la dernière loi votée huit jours plus tôt. Selon lui, « les mesures adoptées en France demeurent plus ouvertes que dans les principaux pays de l’Union européenne », et « la prise en charge de la santé des sans-papiers bien meilleure comparée à l’Allemagne, l’Autriche, la Suède, le Danemark, aux Pays-Bas ou à l’Espagne ». On veut bien le croire. Et le remercier de nous confirmer que la montée de la gestion comptable de l’humain et de son traitement comme un simple rouage qu’on peut utiliser ou jeter selon les besoins économiques n’est pas propre à la France. En effet tous les pays cités par le directeur de l’OFII sont gérés depuis des décennies par de « bons pères de familles », tout à fait démocratiques, libéraux et propres sur eux. Remercions donc Didier Leschi pour cet éclaircissement. Mais pour mieux comprendre quelles sont ces « mesures », nous proposons ici de prendre un peu de recul historique, à l’échelle des cinquante dernières années. C’est pourquoi cette brochure recense l’ensemble des lois migratoires régissant l’entrée et le séjour des étrangers en France mises en place de 1972 à 2023. Elle constitue le deuxième volet d’un travail destiné à comprendre la montée d’une société de surveillance généralisée, mais sans les oripeaux du fascisme historique, de façon libérale-autoritaire [1]. La première partie, publiée en mai 2023, était consacrée aux lois, arrêtés et décrets régissants la créations de fichiers informatiques et le travail de la police. Une troisième partie suivra, qui sera une recension de l’inflation technologique qui s’articule avec l’inflation juridique. Si le sort des Français et des étrangers est intimement lié, ils subissent un traitement différencié de la part de l’Etat. Nous avons décidé de consacrer une partie spécifique au traitement des étrangers en France pour une raison très pragmatique : la quantité très importante de lois visant spécifiquement l’entrée et le séjour des étrangers en France (d’où l’épaisseur de cette brochure : 128 pages !). Pourquoi avons-nous mené un tel travail ? Rappelez-vous l’été 2021 et la mise en place du pass sanitaire. Cette mesure, qui a motivé la création de...

PAC saison 3 : les paysans morflent, la planète aussi (Tchak)
Au coeur de votre assiette, un champ de bataille. D’un côté, l’Union européenne et sa politique agricole commune (PAC). De l’autre, les lobbies de l’agro-alimentaire. Coincés au milieu, les agriculteurs. Cinquante ans d’histoire, et nouvelle saison en cours. Les paysans morflent, la planète aussi. Rétro-acte en trois moments géopolitiques clés. Yves Raisiere, journaliste Décryptage publié le 1er mars 2021 | mis à jour le 24 janvier 2024. « En général, quand on parle de la politique agricole commune (PAC), on entre dans un débat technique de distribution des paiements. Souvent, on oublie les moteurs principaux et le contexte géopolitique, déterminants. » Au tableau noir, Gérard Choplin, ingénieur agronome français expatrié à Bruxelles depuis 1989. Avec d’autres, il a jeté les bases de la Coordination paysanne européenne [1] en 1986, à la base d’un mouvement paysan mondial, Via Campesina, (1993). Il participe aux débats sur la politique agricole commune (PAC) depuis 1982. C’est dire s’il en connait l’histoire. Il vous la raconte en trois moments géopolitiques clés. 1. Le mur de Berlin et la guerre froide En 1962, l’idée de mettre en place une politique agricole commune existe depuis quelques années déjà. A la manœuvre, les pays de la Communauté économique européenne (CEE) : le Benelux, la France, l’Italie et l’Allemagne de l’Ouest. Leur objectif : garantir la stabilité et la sécurité alimentaire. Jusque-là, les négociations traînent. « La construction du Mur de Berlin va tout précipiter, raconte Gérard Choplin. On est en pleine guerre froide. Face à face, le bloc communiste et le bloc capitaliste. Les Américains mettent la pression. Ils veulent une Europe forte face aux Soviétiques. » Bâtir un mur économique contre un mur idéologique, pour éviter, aussi, que les partis communistes présents à l’Ouest ne gagnent en influence. « Si c’était la misère, si les gens n’avaient pas suffisamment à manger pour pas cher, ils risquaient de voter rouge », sourit le spécialiste. Pour booster la production, la CEE décide de protéger le marché européen, grâce à des droits de douanes élevés. « En parallèle, elle a garanti les prix aux agriculteurs. Elle a aussi octroyé des indemnités viagères de départ. Si vous laissiez votre ferme à un jeune ou quelqu’un qui voulait agrandir, vous receviez une prime. Les trente Glorieuses ont besoin de bras pas chers pour l’industrie. » Autre mesure : le recours croissant aux engrais de synthèse, aux pesticides et à la génétique. Résultat ? « On a commencé à produire beaucoup, pas très bien, pas très bon, analyse Gérard Choplin. C’était la volonté de nourrir les villes comme les gouvernements africains le font aujourd’hui. Et dans le cas présent, ça a plutôt réussi. » Trop bien même ! En moins de 10 ans, la CEE se met à produire des millions de tonnes d’excédents . « En cas de surproduction, les prix baissaient ; la CEE achetait alors les excédents pour faire remonter les cours et finançait leur (...)

De la lecture pour finir 2023, des brochures pour poser des infokiosques en 2024 !
Nouvelle fournée de couvertures pour remettre en lumière des textes à lire et à diffuser ! La pratique de l’infokiosque met gratuitement à disposition des témoignages, tutos, points de vue, débats, sur toutes les questions sociales, politiques et techniques possibles, avec pour seule limite l’imagination. 📚 Imprimer et poser des brochures partout où l’on peut le faire, c’est prouver factuellement la capacité humaine à faire vivre le partage du savoir d’un point de vue pratique et critique de la recherche du profit et de l’exploitation. Basé sur l’entraide, la débrouille, le partage, la subversion des outils de bureautique à des fins émancipatrices, n’hésitez pas à faire vivre l’une des multiples manière de dire merde au règne de l’élitisme et de la marchandise sur l’accès à la connaissance . Sur la route de Magadan : « Ce livre écrit par mon fils, parle de faits se produisant à l’heure actuelle en Biélorussie. Il évoque les choix qu’une personne doit faire entre vivre et mourir, être libre ou emprisonné, et entre garder son âme et se trahir. Tout ce qui lui est arrivé s’est passé dans une vie réelle, en plein XXIe siècle, dans un pays qui se veut civilisé et européen, juste avant et après les élections présidentielles de 2010. L’idée de ce livre est apparue en 2011, lors de l’unique entretien qui nous a été accordé dans le centre de détention du KGB. On ne pouvait communiquer qu’en regardant derrière son dos mais nous étions tellement heureux de le voir avec mon mari… » L’incendie millénariste : « La question de savoir si l’Âge d’Or a existé une fois, quelque part, est ici hors de propos. La question véritable étant plutôt que des hommes, depuis toujours, ont été fascinés par l’idée d’un temps et d’un monde où l’on vivrait en toute liberté, sans être assujettis au labeur et sans être séparé.e.s par l’argent et la propriété privée. Ce rêve conserve aujourd’hui encore tout son sens. » S’armer jusqu’aux lèvres : « L’idée de cette brochure est née de rencontres entre des femmes qui cherchent à se réapproprier leur corps en échangeant ensemble des connaissances, des pratiques d’autonomie et des discussions autour de la sexualité et de la santé. Des femmes qui en ont eu ras-le-bol des médecins et des labos pharmaceutiques. Des personnes qui partagent un commun féministe et cherchent à résister contre toutes les formes de domination (liée aux différences de genre, de classe, de couleur, de sexualité, de force physique, de bagage culturel et linguistique, d’âge, de lieu, de mode de vie, etc.). » De l’être humain mâle et femelle est une lettre adressée par Joseph Desjacques au 19e siècle (le premier à utiliser le mot libertaire) à Proudhon, qu’il critique à propos de sa mysoginie. « Qu’est-ce que l’homme ? rien. – Qu’est-ce que la femme ? rien. – Qu’est-ce que l’être-humain ? – TOUT. » Bastions pirates : « les pirates créèrent un monde qui leur était propre, où ils avaient « le choix en eux-mêmes » – un monde de solidarité et de...