Getting The Voice Out

C’est quoi ?

Getting The Voice Out est un collectif qui se bat en soutien aux
personnes
migrantes et/ou exilées confrontées aux lois répressives belges et
européennes en matière d’immigration et d’asile.

C’est qui ?

Nous ne sommes ni une asbl, ni une ONG, ni un parti politique. Nous ne
recevons aucun subside quel qu’il soit de la part d’aucune institution,
aucune autorité, aucun organisme légalisé, et nous ne leur en
demanderons jamais, car nous les tenons responsables du maintien du
système en place. Nous sommes pour une abolition du système, et nous ne
pensons pas que l’État ni quel que pouvoir public que ce soit va nous
donner les moyens de le faire. Nous sommes un collectif indépendant
constitué exclusivement de militant·e·s.

Quelles luttes ?

L’accès aux informations concernant les centres fermés et de ce qui s’y
déroule est quasiment inexistant. En effet, les journalistes sont
interdits de visite, seuls les parlementaires fédéraux et quelques
associations ont la possibilité d’y pénétrer (bien que les visites sont
rares). Les seuls points de vue que l’on peut entendre à travers les
médias dominants sont ceux des autorités qui enferment et expulsent,
jamais les voix de celles et ceux qui sont concerné·e·s par ces
politiques. C’est sur base de ces constats et en lien avec le réseau No
Border qu’a été créé le site internet www.gettingthevoiceout.org. Les
objectifs du site consistent à faire sortir la voix des détenu·e·s
concernant leurs conditions d’enfermement et d’expulsion, ainsi qu’à
témoigner des résistances qu’ils et elles mènent dans ces prisons.

Depuis peu, dans le même ordre d’idée de diffusion des témoignages des
personnes détenues en centres fermés et en écho à leurs luttes, le
collectif réalise également le podcast « Lance-Pierre »
https://soundcloud.com/user-501071043

En savoir plus sur Getting the voice out :
https://www.gettingthevoiceout.org

Nous contacter :
gettingthevoiceout@riseup.net

Nous soutenir :
https://www.gettingthevoiceout.org/nous-contacter-et-nous-soutenir/

Santé / Soins

Punaises de lit dans plusieurs centres fermés : Bruges ,127 bis,Merksplas

20 juillet 2024 Ces dernières semaines, nous recevons beaucoup d’appels provenant de plusieurs centres fermés différents, faisant état d’infestations de punaises de lit dans les chambres et dans les espaces de vie. D’après les détenu·es, aucune stratégie globale n’est adoptée par le personnel pour éradiquer ce fléau : les chambres sont fermées au cas par cas, semblent être plus ou moins désinfectées par on ne sait quel moyen, tandis que d’autres espaces se révèlent également infestés entre-temps. De la sorte, il n’y a aucune chance que l’infestation soit pleinement éradiquée. Centre fermé de Merksplas : Un détenu dénonce que certains de ses co-détenus ont été battus par les gardien·nes, alors qu’ils refusaient d’être transférés dans d’autres chambres qui étaient trop petites. Il dit que les mesures prises pour éradiquer le problème des punaises sont dérisoires : “Ils s’en foutent”, nous dit-il. Centre fermé de Bruges : Les détenus dorment dans des dortoirs de 20 personnes. La promiscuité rend la situation d’autant plus insupportable. Ils nous disent : “On les voit [les punaises] sur les couvertures.” “On se gratte tout le temps, surtout la nuit.” “Beaucoup n’arrivent plus à dormir.” “Cela devient invivable.” “Il y en a qui deviennent fous.” “Dans des situations pareilles, les appartements sont vidés de leurs occupants et on désinfecte pendant plusieurs jours. On ferme les centres fermés ?” Centre fermé 127bis : Un détenu nous raconte qu’il a dû alerter le personnel médical à trois reprises de la présence de punaises dans sa chambre avant que cela soit pris au sérieux. Il a d’abord été trouver des membres du personnel pour leur faire état de piqûres suspectes. Un médecin et une infirmière sont venu·es regarder la chambre mais n’ont pas trouvé de lieu d’infestation, et n’ont dès lors pas pris ses alertes en compte. Le lendemain, il est allé trouver le personnel avec une punaise retrouvée morte. Ses interlocuteurs ne l’ont toujours pas pris en considération. Un troisième jour encore, il a trouvé une punaise vivante en train de marcher, et a alors appelé le personnel. Là seulement, après l’avoir constaté de leurs propres yeux, ils ont acceptés de le croire. Il continue toujours à se faire piquer. Or, on sait bien que plus le temps passe, plus les punaises se reproduisent, et plus le problème sera difficile à traiter. L’attitude du personnel et de la direction est véritablement inconséquente, irresponsable et irrespectueuse à l’égard des personnes enfermées. Il semblerait que l’infestation gagne peu à peu tout le centre. Deux ailes seraient restées ouvertes, tandis que deux autres ailes sont fermées depuis déjà plusieurs jours. Dans les deux ailes restées occupées, l’infestation fait rage. Nous avons prévenu certaines associations sur cette situation qui nous semble urgente. Une seule solution : Vider les centres fermés ! (et ne plus jamais les remplir) Pour la libération immédiate de toutes...

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Santé / Soins

Le vol terrifiant AT-833 de Bruxelles à Casablanca

Récit d’une expulsion le 18 juin 2024 [TW violences policières] Cinq personnes, trois hommes et deux femmes, ont été expulsé·es ce 18 juin 2024 sur un vol commercial, escorté·es par 28 policier·ères. Nous étions prévenu·es d’une expulsion forcée d’une dame marocaine à cette date sur le vol AT-833 (Royal Air Maroc) vers Casablanca. Nous apprenons que dans ce vol, il y avait au total cinq détenu·es ligoté·es (deux femmes et trois hommes), “accompagné·es” de 28 policier·ères en civil – policier·ères que l’on appelle communément “escortes” lorsqu’iels exécutent cette fonction. Les policier·ères les ont escorté·es jusqu’à leur arrivée à Casablanca. Nous apprenons que ces cinq personnes ont été embarquées violemment avant l’arrivée des passager·ères, à l’arrière de l’avion. Nous apprenons qu’un des hommes qui résistait à son expulsion présentait à son arrivée à Casablanca des hématomes sur tout le corps. En atteste ce témoignage d’un homme les accueillant à leur arrivée à Casablanca : “Un jeune homme d’une trentaine d’années au visage pâle et aux globes oculaires entourés de bleu et de rouge, avec une dent cassée (une incisive), a été débarqué de l’avion à Casablanca. J’ai appris qu’il a été victime de torture et d’agressivité juste avant qu’il soit sorti de son cachot après cinq jours d’enfermement au centre de détention à côté de l’aéroport de Zaventem. Son corps présentait des traces de coups, tacheté presque partout par des couleurs bleu et rouge foncé. Ligoté par les pieds et les mains, il a été transporté jusqu’à son siège dans l’avion où on continuait toujours à lui donner des coups et à l’écraser. Dans l’avion, on lui pressait les yeux avec les doigts d’une façon atroce. Les policiers ont couvert son visage avec une couverture et plusieurs fois il a subi des tentatives d’étranglement.“ Nous apprenons enfin qu’un autre détenu attaché à son siège avait un regard vitreux, presque endormi, totalement absent, donnant à penser qu’on lui a administré une substance à son insu pour le plonger dans cet état. Une femme était menottée et a subi des pressions sur son thorax. Elle garde toujours à ce jour des traces de coups sur tout le corps et est psychologiquement très traumatisée. De plus, cette dame souffre d’une maladie chronique grave, et n’a pas reçu les médicaments dont elle a besoin. Quant à la deuxième femme présente dans l’avion, sa famille n’a encore aucune nouvelle d’elle, ce qui est très inquiétant. Iels nous disent : “J’ai le cœur plein de haine.“ “Cela vous coûte combien tout ça ? 28 tickets aller-retour pour l’escorte, tout cela pour faire du mal.“ “Les droits humains sont au courant ?“ Ces récits, d’une violence innommable, ont pu être reconstitués grâce au suivi de proches des concerné·es et au courage des victimes qui ont témoigné. Il y a de quoi se poser la question de toutes les expulsions et tentatives d’expulsion dont nous ne serons peut-être jamais informé·es. La Belgique...

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Extrême-droite / Antifascisme

La situation des réfugié·es palestinien·nes dans les centres fermés : illustration de l’hypocrisie de l’État belge

Depuis l’intensification massive des attaques perpétrées par l’État d’Israël à Gaza, de nombreux·ses réfugié·es palestinien·nes se sont retrouvé·es au centre fermé Caricole. Arrêtées à l’aéroport de Zaventem, ces personnes sont incarcérées depuis plusieurs mois tout en étant soumises à des procédures très longues et criminalisantes. Les centres fermés sont des institutions carcérales, qui visent l’éloignement du territoire de la personne concernée, autrement dit un retour forcé. Aujourd’hui, alors qu’on parle de génocide, les demandes d’asiles introduites par les personnes originaires de Palestine sont refusées, alors que leurs documents attestent et prouvent qu’elles arrivent de Gaza. Comment est-ce possible ? Comment peut-on remettre en question une telle évidence ? Pour sortir de Rafah, à la frontière avec l’Egypte, il est demandé des sommes exorbitantes pour traverser (jusqu’à 10 000 euros). Des familles en viennent à se séparer. Il faut alors trouver asile ailleurs, au prix d’un voyage rude et dangereux, pour ensuite rejoindre un pays d’Europe. L’Europe qui prétend, sans convaincre, défendre les droits humains, mais qui en réalité emprisonne des victimes de guerre. Il est impensable que cette politique continue de stigmatiser et d’incarcérer des demandeur·euses d’asile dont la situation est connue et ne devrait pas être remise en cause. La procédure Dublin est un exemple de cette hypocrisie, de ce refus de prise en charge sous couvert de responsabilités du premier pays d’entrée. Les procédures doivent impérativement être simplifiées, et les dossiers analysés plus rapidement comme cela s’est passé pour les Ukrainien·nes lors de l’invasion russe. Dans ce cas, avait même été activée la directive 2001/55/CE (“pour l’octroi d’une protection temporaire en cas d’afflux massif de personnes déplacées”). À ce jour, pour les Palestinien·nes, il s’agit encore de prouver et de justifier le statut de réfugié·e. Cette situation est inacceptable pour toute personne fuyant son pays et faisant face à un tel mur d’incompréhension. Mais, au vu de la situation à Gaza, cela est encore plus interpellant. Les Palestinien·nes enfermé·es exigent des moyens adéquats pour contacter leur famille, et une mise en liberté immédiate. Au-delà de l’urgence absolue de mettre en place un système de protection efficace et inconditionnel à l’égard de toute personne en provenance de Gaza, nous rappelons que tout être humain devrait avoir le droit à un accueil international, quelles que soient les raisons de départ du pays d’origine. Pour une liberté de circulation et d’installation pour toustes, depuis Gaza et ailleurs ! À partir de témoignages recueillis par le collectif Getting the Voice Outauprès de plusieurs détenu·es palestinien·nes du centre fermé Caricole. The situation of Palestinian refugees in closed centres : an illustration of the hypocrisy of the Belgian state De situatie van Palestijnse vluchtelingen in gesloten centra : een voorbeeld...

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Santé / Soins

Grève de la faim dans le centre fermé 127 bis à Steenokkerzeel

20 mai 2024 « Contre la bouffe, pour la liberté. » « Vous savez combien on vous coûte ? Pour rien ! » Les détenus du centre fermé 127bis (Steenokkerzeel) nous informent qu’une grève de la faim générale a été initiée ce mardi 14 mai 2024 dans l’aile L1 du bâtiment carcéral. Cette grève a été lancée en protestation aux mauvaises conditions de détention, notamment par rapport aux repas distribués dans le centre, que les détenus qualifient de très pauvres en qualité et en quantité. Ce retour concernant la nourriture est extrêmement fréquent. Les conditions de détention entretenues par les autorités, l’Office des étrangers en tête, témoignent de manière assez claire le mépris dont elles font preuve à l’égard des détenu·es. L’état déplorable de ces conditions concerne la nourriture mais s’étend également à l’ensemble du dispositif de détention : l’accès aux soins de santé est extrêmement limité, l’autonomie au quotidien est toujours plus réduite, de nombreux témoignages attestent d’un racisme latent émanant de membres du personnel,… « On n’a aucun droit. » « Aucun respect des gardiens. Ils nous provoquent. Pas d humanité. » « On a peur d’eux. » Mais ce n’est pas la seule raison de ce mouvement de grève. Plusieurs détenus dénoncent également le fait d’être laissés dans le flou par rapport à leur situation administrative. Les détenu·es n’ont aucun moyen de savoir s’ils et elles sont condamné·es (sans aucun type de jugement et pour des raisons purement administratives, rappelons-le) à rester en détention pour des jours, des semaines ou des mois. Les personnes détenues ne savent pas s’ils et elles finiront par être libéré·es, dans la plupart des cas avec un Ordre de Quitter le Territoire, ou s’ils et elles seront expulsé·es de force. Une incertitude particulièrement difficile à vivre et source d’angoisse. « Certains demandent un retour volontaire. Et ils n’ont aucune nouvelle. » « Beaucoup ont des enfants ici [en Belgique]. Ils en ont rien à foutre. » A travers ce mouvement de grève de la faim, les détenus expriment leur colère, plus que légitime, à l’encontre de l’ensemble du système qui les enferme. Ils appellent à ce que leurs messages rencontrent un écho à l’extérieur : relayons, parlons-en autour de nous, faisons pression de toutes les manières possibles afin de soutenir leur combat. Le mouvement a à présent pris fin après plusieurs jours de protestation. Nous exprimons toute notre solidarité avec tou·tes les enfermé·es. #Non aux centres fermés Hongerstaking in het gesloten centrum 127 bis in Steenokkerzeel 20 april 2024′ “Tegen het eten, voor de vrijheid”. “Weet je hoeveel we jullie kosten ? Voor niets !” De gedetineerden van het gesloten centrum 127bis (Steenokkerzeel) hebben ons laten weten dat er op dinsdag 14 mei 2024 een algemene hongerstaking is begonnen in de L1-vleugel van het detentiegebouw. De staking is begonnen uit protest tegen de slechte omstandigheden in het detentiecentrum,...

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Extrême-droite / Antifascisme

La Belgique intensifie les expulsions vers le Maroc

La Belgique intensifie les expulsions vers le Maroc 15 mai 2024 Récemment, la secrétaire d’État à l’asile et à la migration, Nicole de Moor, déclarait dans la presse que “les Marocains résidant illégalement en Belgique pourront être renvoyés”¹. En avril dernier, Nicole de Moor, accompagnée d’une délégation de ministres belges, s’est rendue à Rabat, au Maroc. Cette visite a donné lieu à la signature d’un accord entre le Belgique et le Maroc sur la thématique de la migration. Ce n’était pas le premier, puisqu’un autre accord avait été précédemment conclu par le ministre belge de la Justice, Paul Van Tigchelt, concernant les personnes d’origine marocaine visées par la double peine². Depuis, nombre de personnes d’origine marocaine ont été arrêtées ces dernières semaines, et emmenées en centre fermé en vue d’une expulsion hors de la Belgique. Le gouvernement marocain se serait très clairement engagé à admettre toutes les personnes qui sont identifiées comme étant de nationalité marocaine, et qui sont actuellement sans titre de séjour en Belgique. Cet engagement impliquerait donc de simplifier et accélérer les procédures d’expulsion. De plus, dans cette optique, une loi autorise désormais des agent·es de l’Office des étrangers, doté·es à cette fin de pouvoirs judiciaires, à accéder aux téléphones des personnes ayant commis des “faits criminels” pour obtenir des éléments d’identification tels que des photos de passeport. Précisons que la qualification de “faits criminels” est définie de manière très large et floue. Bien souvent, il suffit que les personnes visées soient soupçonnées de “trouble à l’ordre public” pour que les agent·es de l’Office des étrangers s’arrogent des pouvoirs judiciaires à leur égard. Nicole de Moor semble bien décidée à tester les autorités marocaines sur ces retours promis en raflant les marocain·nes privé·es de papiers. Ces personnes résident souvent depuis des années, voir des dizaines d’années en Belgique, et sont pour certaines des oublié·es de la régularisation de 2009³. Certain·es sont arrivé·es en Belgique en temps que mineur·es,et ont depuis fondé une famille ici, avec parfois plus aucun contact dans leur pays d’origine. Prévenez les ami·es concerné·es ! Stop aux expulsions, liberté de circulation et régularisation pour toustes ! ¹ https://www.lesoir.be/581315/article/2024-04-16/les-marocains-residant-illegalement-en-belgique-pourront-etre-renvoyes-affirmel https://www.vrt.be/vrtnws/fr/2024/04/16/le-maroc-s-engage-a-renforcer-la-cooperation-dans-la-lutte-contr/ ² https://www.gettingthevoiceout.org/double-peine-ou-bannissement-methode-particuliere-de-racisme/ ³ En 2009, grâce à de fortes mobilisations des mouvements de lutte pour la régularisation, des personnes sans-papiers ont pu introduire une demande de régularisation à l’État belge. Environs 25 000 personnes ont alors obtenu une régularisation de leurs papiers dans ce contexte. België versterkt uitzettingen naar Marokko 15 mei 2024 (...)

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Santé / Soins

Un gardien persécuteur au centre fermé 127 bis agit en toute impunité

Un gardien persécuteur au centre fermé 127bis agit en toute impunité “Un homme du personnel en particulier fait régner un climat de terreur quotidiennement, suivi par d’autres gardiens. Certains détenus ont très peur de ce gardien et essaient de l’éviter le plus possible en se cachant.” Depuis plus d’un mois, des détenus du centre fermé 127 bis nous alertent au sujet de membres du personnel particulièrement harcelants et violents. Nous avions déjà alerté les associations qui interviennent dans les centres de cette situation. Les informations qui nous étaient le 05 avril 2024 rapportées sont les suivantes :Durant la période de Ramadan, les personnes détenues étaient réparties dans l’une ou l’autre aile du centre en fonction du fait qu’elles pratiquaient le jeûne ou pas. L’aile R était normalement “l’aile non-Ramadan”, elle comportait néanmoins quelques détenus qui jeûnaient durant la journée. Ces personnes gardaient donc dans leur chambre leur nourriture de la journée afin de la manger le soir. Il nous a été rapporté que le gardien en question avait à plusieurs reprises interdit de manger à l’heure de l’iftar, et avait jeté la nourriture d’une personne détenue devant elle à la poubelle. “Il choisit ses cibles et certains détenus sont ciblés particulièrement : insultes, chantages, menaces, plaintes.” Certaines personnes détenues n’osent plus sortir de leur chambre de peur de le croiser. Un détenu est, selon ses co-détenus, particulièrement pris pour cible. On nous indique que la personne de nationalité éthiopienne qui est décédée le 9 mars dernier1 avait également été prise pour cible A nouveau, ce 28 avril 2024, différents détenus nous rapportent qu’à l’occasion de discussions entre détenus, un gardien particulier suivi ensuite par d’autres gardiens sont intervenus de manière musclée, agressant les détenus impliqués. Ils ont appelé du renfort et 15 hommes de la sécurité se sont appliqués à mettre par la force plusieurs détenus au cachot, dont certains uniquement parce qu’ils essayaient d’empêcher l’intervention violentes des gardiens. “Ils ont plaqué un détenu au sol, des autres détenus étaient là autour criant de ne pas frapper, puis la sécurité est arrivée pour en mettre certains au cachot.” “Au cachot ce fameux gardien rigole et met de la musique hard rock en tapant sur la table.” “Quand on lui dit quelque chose il nous rit à la gueule.” Saga des plaintes Une lettre de plainte adressée à la direction du centre a été déposée par plusieurs personnes détenues contre ces gardiens. Quelques temps après, un des gardien s’est présenté auprès de personnes signataires en leur demandant, toujours violemment, pour quelles raisons elles avaient signé cette plainte. Il nous semble très problématique que le gardien en question ait eu accès au nom des personnes qui ont déposé cette plainte contre lui. En réponse, lesdits gardiens ont ensuité déposé à leur tour une plainte contre certains détenus. Ce procédé est courant, et...

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Extrême-droite / Antifascisme

Expulser sans attendre, ou comment l’Office des étrangers ne s’embarrasse pas d’une décision judiciaire

23/04/2024 Expulser sans attendre, ou comment l’Office des étrangers ne s’embarrasse pas d’une décision judiciaire Monsieur B. est originaire d’Éthiopie, et a été arrêté à l’aéroport de Zaventem en décembre 2023. Suite à son arrestation, il a introduit une première demande d’asile puis une seconde après qu’il ait obtenu davantage d’éléments pour appuyer sa demande en Belgique. Le 9 avril 2024, sa deuxième demande a été refusée. Par conséquent, un recours a été introduit auprès du Conseil du Contentieux des Étrangers (CCE), pour contester la décision du CGRA. L’audience pour traiter du recours était prévue (et a bien eu lieu) ce vendredi 19 avril, à 11h. Pourtant, l’Office des Étrangers a programmé une troisième tentative d’expulsion le même jour à 21h25, sans attendre la décision finale du CCE concernant le recours. Une campagne de mail avait été lancée vers les autorités responsables : Madame, Monsieur Ce jour, nous avons été informé.es que vous comptiez expulser de force Monsieur Sintayehu Getachew Bekele, originaire d’Ethiopie dans son pays d’origine aujourd’hui, vendredi 19 avril.Pourtant, à cette même date est prévue l’audience devant le Conseil du contentieux pour étrangers faisant suite au recours qu’il a introduit contre la décision du Commissariat général aux Réfugiés et aux Apatrides. En planifiant son expulsion à cette même date, avant qu’une décision du CCE ne puisse être rendue, vous prenez délibérément la décision de renvoyer Monsieur Sintayehu Getachew Bekele dans un pays qu’il fuit, et dans lequel il y a une guerre civile ! Ce faisant, vous l’empêchez délibérement de recourir aux voies légales de recours auxquelles il a droit et d’éventuellement bénéficier d’une protection internationale. Vous contestez ainsi la légitimité du Conseil du Contentieux pour Étrangers qui pourrait statuer contre la décision du CGRA de lui refuser l’octroi de la protection internationale. Nous vous demandons instamment de respecter la temporalité des procédures entamées, de permettre à une juridiction administrative compétente de faire son travail et ainsi de ne pas bafouer les droits fondamentaux de Monsieur Sintayehu Getachew Bekele. Cordialement “ Ce 22 avril, nous apprenons que le CCE a donné raison à monsieur B., et a annulé la décision du CGRA. Cela signifie que, suite à cette décision, le CGRA est dans l’obligation de reprendre le dossier de demande de protection internationale. Or, monsieur B. a certainement déjà été expulsé. Nous sommes sans nouvelles de lui depuis vendredi, et nous ne savons pas comment s’est passé son retour en Éthiopie. L’Office des Étrangers était informé de la décision du CCE avant l’expulsion programmée, mais a pourtant maintenu sa décision d’expulser Monsieur B de force vers Addis–Abeba ce vendredi 19 avril. Nous dénonçons cette expulsion qui a eu lieu sans aucun respect des décisions de justice. Uitzetting zonder te wachten, of, hoe de Vreemdelingendienst...

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Racismes / Colonialismes

Témoignage d’une expulsion violente par vol militaire (cargo)

Au cours des derniers mois, nous avons été en contact régulier avec une personne de nationalité djiboutienne qui a été détenue au centre fermé Caricole pendant près de quatre mois et demi. Getuigenis van een geweldadige uitzetting per militaire vlucht (cargo) Testimony of a violent expulsion by military flight (cargo) [TW violences policières] Au cours des derniers mois, nous avons été en contact régulier avec une personne de nationalité djiboutienne qui a été détenue au centre fermé Caricole pendant près de quatre mois et demi. Elle avait introduit une demande d’asile en Belgique. Comme très souvent, ses craintes en cas de retour dans son pays d’origine ont été jugées infondées par le Commisariat général aux réfugiés et apatrides. Elle avait déjà été victime de violences policières lors d’une première tentative d’expulsion, ce qui avait mené à un fort mouvement de soutien de la part des autres personnes détenues. Elle a récemment été expulsée par surprise et nous raconte : “La police belge, ce n’est pas l’humanité, c’est rien du tout. Il était 9h du matin, j’étais au Caricole et je dormais. La sécurité est venue me trouver et m’a dit que l’assistant social voulait me voir. J’y suis allé et il m’a dit que j’avais un vol directement. J’avais peur, j’ai dit que je passais le lundi au tribunal. Il m’a dit : “Non, c’est directement”. J’ai voulu aller préparer mes valises et on m’a dit que je ne pouvais pas, que la sécurité allait m’apporter toutes mes affaires. Je ne sais pas si j’ai récupéré tous mes vêtements. J’ai demandé à ce qu’on appelle mon avocat. On m’a dit qu’on avait essayé mais qu’il n’avait pas décroché. J’ai demandé mon téléphone, et on m’a dit : “Pas maintenant, je te le donnerai après“. A 10h45 j’étais en route vers l’aéroport. A l’aéroport, la police a dit que le vol était finalement à 18h et on m’a ramené au centre. J’ai demandé à m’installer dans ma chambre et à avoir mon téléphone. On m’a dit : “Non, tu dois aller au cachot”. J’ai réfusé et on a appelé la directrice. Elle m’a confirmé que je devais rester au cachot. Jefais le Ramadan et je n’avais pas pu manger le matin. On ne m’a rien donné jusqu’à 15h45, pas même de l’eau. Je suis reparti à l’aéroport et j’ai été placé dans une cellule de police. La police m’a dit : Maintenant tu vas partir dans ton pays”. J’ai dit : “Non je ne peux pas, lundi je passe au tribunal”. On m’a répondu : “Non, c’est fini”. Ils ont appelé le docteur et l’infirmier qui ont vérifié ma tension, ils ont dit qu’elle était stable. Je suis resté là jusqu’à 17h45. Là, huit ou dix policiers sont arrivés, une femme et le reste étaient des hommes. Ils m’ont attrapé, menotté les mains et les pieds dans le dos. Mon dos est explosé. Je criais et ils me frappaient. Ils m’ont mis une ceinture. Ils m’ont amené dans un camion et m’ont jeté dedans, en m’attrapant par la ceinture. Les menottes étaient très serrées. Un policier a mis son pied sur ma tête pour que je ne bouge pas. Les...

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Santé / Soins

Tuberculose au centre ferme de Bruges : les détenus dénoncent le manque de précautions et de soins adaptés

Tuberculose un het gesloten centrum van Brugge Tuberculose in closed centre in Brugge 22/03/2024 Les personnes détenues au centre fermé de Bruges nous disent qu’un de leurs co-détenu a été mis en isolement médicale récemment car il a été diagnostiqué positif à la tuberculose. La personne était malade depuis longtemps et avait été transférée à l’hôpital il y a quelques semaines pour des analyses. Les détenus nous rapportent qu’une grosseur au poumon avait été détectée par radiographie. Le service médical et la direction aurait dû, pour cette raison, suspecter la présence de cette maladie infectieuse et très contagieuse. Aucun précaution n’a été prise à la suite de la radiographie. La personne en question a réintégré le groupe, mangé, dormi et vécu proche de ses co-détenus, et aucun soin adapté ne lui a été fourni. Le diagnostic de la tuberculose est tombé récemment et les gardiens sont venus avec des masques chercher la personne détenue pour la placer en isolement médical. Les détenus sont très inquiets. Ils ont très peur d’avoir été infectés et veulent tous faire une radio. Ils dénoncent l’absence totale de soins médicaux. Quand ils demandent à voir un médecin, on leur répond systématiquement : “il est pas là”. Quand ils demandent une aide aux infirmières, certaines répondent : “je comprends pas le francais”. Des détenus témoignent : ” On laisse les gens malades jusqu‘à la mort ? “ ” On nous enferme. On ne nous tue pas mais on nous laisse mourir à petit feu. “ “C’est pas un médecin ici, c’est un vétérinaire.” “Toutes les maladies sont réglées au paracétamol.”

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Santé / Soins

Suicide au centre fermé 127bis : les détenus sous le choc nous alertent

Les personnes détenues au centre fermé 127bis (à Steenokkerzeel, tout près de l’aéroport de Zaventem) nous apprennent qu’un homme âgé d’une trentaine d’années, monsieur A., s’est donné la mort ce samedi 9 mars 2024. Zelfmoord in 127bis : ontredderde gevangenen waarschuwen ons Suicide at the 127bis detention centre : the inmates alert us in shock Il s’agit d’un homme d’origine éthiopienne, en Belgique depuis 12 ans. Il était enfermé depuis une dizaine de jours au centre. D’après ses codétenus, il désirait rentrer dans son pays d’origine, et se serait rendu à la police afin de demander un retour volontaire vers l’Ethiopie. Il aurait été arrêté au commissariat suite à sa demande, et enfermé au 127bis. A. a été découvert par un codétenu à 5 heures du matin, dans les toilettes. La direction du centre a fait le tour des différentes ailes du bâtiment pour confirmer le décès par pendaison, et pour demander aux détenus de “rester calmes par respect pour l’homme décédé”. Le détenu qui a découvert le corps aurait été transféré dans un autre centre, contre son gré. Ses codétenus décrivent A. comme un homme “joyeux et triste en même temps”. Ils ajoutent que, même si A. ne semblait pas avoir exprimé d’idée suicidaire, son état mental était interpellant : ses codétenus confirment qu’il recevait beaucoup de médicaments dans le centre, et qu’il ne semblait pas dans son état normal, tremblant en permanence. Les détenus nous alertent en exprimant leur méfiance envers le personnel du centre, et le climat de répression et de violence quotidienne qui y règne. Ils demandent que l’affaire soit médiatisée, et qu’une enquête soit ouverte. Ce décès fait tristement écho aux deux décès qui ont eu lieu l’année passée au centre fermé de Merksplas, avec le suicide d’un homme qui a eu lieu le 25 décembre dernier [1], ainsi que la mort de Tamazi [2] il y a maintenant un an, en février 2023. Ces tentatives de suicide et autres comportements auto-agressifs sont des conséquences directes de l’enfermement et des conditions de détention que subissent les personnes sans-papiers détenues dans les centres. Les centres fermés plongent les personnes détenues dans un climat hostile, et produisent une violence quotidienne qui doit être prise en compte dans la compréhension de ces drames. Toutes nos pensées vont vers les proches de A. et vers ses codétenu·es. #NoBorder #FreedomForAll #LibertéPourToustes

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Racismes / Colonialismes

La violence de la politique migratoire belge et des retours forcés - Février 2024

Selon les rapports de l’Office des Etrangers, en 2022, il y aurait eu 2 918 retours forcés. Pour l’année 2023 le nombre de retours forcés s’élevaient déjà à 3.097 en novembre . Actuellement, nous sommes témoins de nombreuses tentatives d’expulsion forcées qui ont lieu “par surprise”. Iels ne sont donc pas toujours en mesure d’avertir leur avocat.e ni contacter leur famille avant d’être mis.es au cachot et subir la brutalité d’une expulsion forcée dans un contexte de violences physiques et psychologiques. Le 21 février, S., un jeune homme d’environ 30 ans de nationalité irakienne, qui se trouvait en Belgique depuis plus de 6 ans, a été violemment expulsé vers Bagdad. S. avait une partenaire en Belgique et travaillait régulièrement. En septembre 2023, la police belge est allée le chercher chez lui au milieu de la nuit. Depuis, S. a été enfermé en centre fermé et a subi deux tentatives d’expulsion auxquelles il a résisté. Les jours précédant cette dernière expulsion, S. a entamé une grève de la faim pour s’opposer à la violence et au racisme des gardiens et de la police. Deux jours avant l’expulsion, il a consulté un médecin qui lui a conseillé de manger parce qu’il était très faible et malade. Le 21 février au matin, sans aucun avertissement préalable, la police a informé S. qu’il serait expulsé quelques heures plus tard sur un vol vers l’Autriche. S. a essayé de résister une fois de plus. Mais l’escorte de quatre policiers l’a contraint à embarquer par la force et la violence. Aujourd’hui, il se trouve en Irak dans une situation totalement précaire, dans un pays politiquement instable où il risque sa vie. Le 22 février 2024 Francis a subi sa 5e tentative d’expulsion violente vers Abidjan via Istanbul. Il a résisté et face à cette violence, des passager.ère.s sont intervenu.e.s. Il a finalement été ramené au centre de Merksplas et a, à nouveau, été violenté par la police fédérale. Francis est enfermé depuis 14 mois dans divers centre fermés. Trois personnes originaires du Sri-Lanka ont été refoulées de force en Sierra Leone, pays par lequel ils avaient transité. Ils ont été laissés-pour-compte à la sortie de l’avion, n’ont pas été accueilli ni certainement pris en charge. Ils se sont retrouvés sans ressource ni soutien dans un pays qu’ils ne connaissent pas et doivent faire face, dans ce contexte, à de nombreuses difficultés. Ainsi, l’un d’entre eux a contracté le paludisme et tous les trois sont toujours quotidiennement en galère. Nous apprenons par une personne co-détenue au Caricole qu’ “ils sont venu prendre Marwa ce soir (le 02/02) à 21 heures.” Ainsi, Marwa a été expulsée de force et par surprise le 3 février vers la Tunisie via Rome après un an d’enfermement dans le centre fermé de Holsbeek. L’Etat belge l’a donc rapatriée de force dans un pays qu’elle avait fuit pour échapper à un mariage forcé ! Témoignage du fils d’une dame cubaine détenue à Holsbeek et expulsée ce dimanche 25 février :”Ma mère a vécu beaucoup de...

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Actions de protestations dans les centres fermés - Février 2024

PROTESTACTIES IN DE GESLOTEN CENTRA Protests in the closed centers Centre fermé 127 bisGrève de la faim massive Dans une aile du centre fermé 127 bis à Steenokkerzeel, en réaction à leur détention et aux conditions inhumaines dans lesquelles ils sont détenus, certaines personnes tentent de former un syndicat. Pour mettre à mal ce mouvement de mobilisation et de revendication, ils subissent des répressions et de la censure. Il est alors particulièrement difficile d’être en contact avec eux. Ils parviennent toutefois à nous faire savoir que, suite à cela, 35 personnes débutent, le 10 février, une grêve de la faim. Ils demandent à renconter l’Office des étrangers en personne et réclament la liberté de toustes ! Le 13/02/2024, dans une deuxième aile du centre fermé 127bis, 28 hommes entament également une grève de la faim, contre leur détention et par solidarité. Les employé.es ne semblent d’abord pas se préoccuper de leurs revendications ni de leur état de santé : “La sécurité n’en a rien à foutre et nous regarde comme des bêtes”. Le 19/02/24, de nombreuses personnes détenues sont encore en grève de la faim. Face à l’absence de réaction et prise en considération de ce qu’ils vivent, ils tentent alors d’autres moyens de revendications. En réaction à ces mouvements de protestation et par crainte de l’ampleur que cela pourrait prendre, le 127 bis fait venir la police. Certaines personnes sont expulsées et beaucoup d’autres ont été mises au cachot puis transférés dans d’autres centres centres fermés. Ces personnes sont toujours en isolement. Quelle liberté d’expression et de manifestation reste-t-il à ces personnes dont les droits sont sans cesse bafouer ?! Ils témoignent : “On a le droit de rien” “Aidez nous on va mourir. C’est de la torture madame” “Il y a des gens qui ont des papiers, qui payent des taxes, ils ont rien à faire ici” “Ils ramènent 10 [nouvelles] personnes pour en lâcher 5, parfois ils ramènent 5 [nouvelles] personnes pour en lâcher 2 ou 3”. “C’est le système du centre qui pousse les gens à faire des conneries dehors quand ils sortent, à devenir des criminels”. Un mineur détenu au 127 bis Un jeune de 16 ans a été violemment arrêté à l’Office des étrangers et est détenu au 127 bis, depuis le 7 février. Un recours contre sa détention a été introduite mais ne semble pas encore avoir abouti. Ce samedi 24 février, il est toujours en détention et heureusement soutenu par ces co-détenus. Centre fermé de CaricoleAction de protestation collective Une personne détenue à Caricole nous relate les violences physiques et verbales qu’il a subies lors d’une tentative d’expulsion : Les policiers l’ont mis dans une pièce noire et lui ont dit “tu vas retourner, on va te forcer, tu vas voir”. Ils lui donnent des vêtements et une vingtaine de minutes plus tard, 5 policiers entrent, le menottent, lui attachent les pieds et tentent de le mettre dans la camionnette. Il tombe à deux reprises sur le dos. Un policier lui...

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Racismes / Colonialismes

Centre fermé de Jumet : la rhétorique raciste de Magnette pour justifier ses arrangements avec De Moor

Le 22 janvier 2024, une question était posée au bourgmestre Paul Magnette (PS) à propos du projet de futur centre fermé à Jumet lors d’un Conseil communal [1]. Ce projet, qui semble à présent soutenu par Magnette, apparaissait en 2017 dans le “masterplan centres fermés”, lancé à l’époque par l’ancien secrétaire d’Etat Théo Francken (NVA). En réponse à la question d’un conseiller communal, Paul Magnette entame ce point en annonçant que la secrétaire d’État à l’asile et à la migration Nicole de Moor (CD&V) l’a informé que la Régie des bâtiments va demander prochainement un permis d’urbanisme pour un terrain qui jouxte la police fédérale à Jumet. Selon lui, il n’est pas contradictoire d’accueillir un centre ouvert et un centre fermé. Il trace de la sorte une distinction entre les ‘bons et les mauvais migrants’, stratégie empruntée à la droite et l’extrême droite. Il justifie ses propos en disant qu’ils ont obtenu dans l’accord de gouvernement qu’aucun enfant ne serait enfermé, ce qui serait un ‘grand progrès’. Cela en invisibilisant au passage les campagnes d’associations réformistes ainsi que les nombreuses actions militantes et autonomes contre l’enfermement des enfants en centres fermés. D’un ton ferme, il conclut en disant assumer qu’il faut exécuter les Ordres de quitter le territoire pour les personnes en séjour illégal qui ont commis des actes criminels (il mentionne le trafic de drogue et la traite des êtres humains). Il ajoute : “Il faut que ces personnes qui dont en séjour illégal sur notre territoire et qui nuisent à la sécurité de nos concitoyens soient reconduits vers leurs pays d’origine. Je n’ai à cet égard aucun état d’âme. On doit renvoyer les criminels vers leurs pays d’un côté, et accueillir ici d’un autre côté les familles qui fuient la guerre et la dictature […]” Un retournement de veste opportuniste Selon la presse en 2019, le collège communal de Charleroi était “fermement opposé au projet” et disait vouloir faire “tout ce qui était en son pouvoir pour barrer ce projet, voulu et imposé par le gouvernement fédéral”. Entre temps, le PS a rejoint le gouvernement fédéral et la Vivaldi vaut mieux que la vie des personnes sans-papiers. Magnette a alors lâchement renoncé à ses engagements et, pire encore, il reprend d’une manière complètement décomplexée les termes et les mensonges de l’extrême droite. Populisme et mensonges racistes L’idée reçue selon laquelle les personnes détenues en centres fermés seraient des criminel·les est un mensonge. Une très grande partie d’entre elles n’ont commis aucun crime, et se retrouvent pourtant détenu·es pour l’unique raison qu’iels se sont vu·es refuser un titre de séjour par un État qui réduit toujours plus les possibilités de vivre dignement et légalement en Belgique. Aussi, pour celles et ceux qui ont effectivement été condamné·es, les propos de Magnette ne valent pas mieux que ceux de la droite qui s’assume. De tels propos, et plus largement ces condamnations,...

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Une action de protestation collective rare au centre fermé Caricole après des violences policières

13 février 2024 A rare collective protest at the Caricole detention centre after police violence Een zeldzaam collectief protest bij het detentiecentrum van Caricole na politiegeweld Les personnes détenues au centre fermé Caricole ont contacté Getting the Voice Out pour faire part de la situation d’un de leurs co-détenus. “Dans le courant de la semaine dernière, une personne détenue a été violentée lors d’une tentative d’expulsion. Elle avait introduit une demande de protection internationale en Belgique. Après une première réponse négative, elle avait souhaité introduire un recours. Son avocat lui avait répondu “qu’il n’avait pas le temps” alors que le délai de recours était déjà épuisé. L’Office des étrangers a alors organisé une tentative d’expulsion vers son pays d’origine. Elle est rentrée au centre après cette tentative avec ses chaussures trouées, une main cassée… Nous avons demandé des comptes au personnel du centre. On nous a dit que c’était la personne battue qui avait menacé les policiers. Comment une personne menottée aux mains et aux pieds peut-elle menacer les agents de l’ordre ?” Ces évènements ont amené les personnes détenues à entreprendre un mouvement de protestation. Elles dénoncent et revendiquent un changement sur les points suivants : – Violences multiples perpétrées par l’escorte policière lors des expulsions “Nous ne sommes pas d’accord avec la façon dont on brutalise les gens. Il y a de nombreux témoignages de violences. Une femme cubaine nous a dit récemment avoir été frappée, menacée, assommée. Elle s’est réveillée en plein vol. Nous ne sommes pas d’accord avec la façon dont les expulsions se passent, les droit de l’Homme ne sont pas respectés”. – Problèmes liés au soutien juridique à l’intérieur des centres fermés “Lorsqu’une personnes arrive au centre on lui donne un avocat. Les avocats disent qu’ils n’ont pas le temps de faire des recours et refusent de les introduire. Les avocats sont simplement là pour remplir une formalité. Une personne récemment arrivée dans le centre s’est entendu dire qu’elle n’avait pas droit à un avocat. J’ai dû appeler des avocats moi-même”. – Le droit à la santé bafoué “Beaucoup de gens sont malades ici, et la détention ne fait qu’aggraver la situation. D’autres personnes étaient en bonne santé à leur arrivée et sont maintenant malades. On nous donne des cachets et on refuse de nous dire le nom. Quand je pose la question, on me dit que ce n’est pas important, que ce n’est pas un médicament et que ça va m’aider à dormir. Il n’y a que du personnel infirmier dans le centre. On demande des médecins mais on n’en voit jamais. De nombreuses personnes sont traumatisées et ça a des conséquences sur la santé. On mange du pain du matin au soir, comment vous voulez qu’on soit en bonne santé ?” “Suite à tout cela, c’en est de trop”. Indignés par les violences policières et par le traitement qui leur est réservé, les personnes détenues ont décidé de ne pas se...

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CENTRES FERMÉS : violences et transferts à tout va “On nous retire tous nos droits”

CENTRES FERMÉS : violences et transferts à tout va “On nous retire tous nos droits” Des personnes en soutien se sont rassemblées devant l’Office des Étrangers pour dénoncer les récents décès de personnes détenues en centres fermés, les conditions de détention ainsi que les violences physiques et psychologiques que ces personnes subissent quotidiennement et qui mènent à des décès et appeler à la régularisation ! Face aux revendications et témoignages, l’Office des étrangers dément et tient notamment les propos suivants : “chaque lieu prodigue tout l’accompagnement médical et psychologique nécessaire pour que ce retour soit vécu le mieux possible”. Les détenus témoignent pourtant du manque de soins prodigués, des menaces et tortures subies et des traumatismes que cela occasionne : “On nous prend pour des cons ; pourtant on sait parler, on peut cerner, on peut dialoguer, on peut négocier mais on reçoit uniquement des menaces de retour forcé si on parle au média, si on vous tél, si on demande un psy, ou un médecin. On ne peut pas se défendre, on n’a aucun droit ; et beaucoup ont très peur des représailles s’ils disent quelques choses, s’ils vous tél. “ “Y a personnes à qui parler, personnes ne nous explique” “la population ne sait pas ce qui se passe ici , c’est pire que du racisme, c’est de l’esclavagisme caché, on ne peux pas se défendre, on nous a retiré tous nos droits.” “nous sommes tous traumatisés par ces menaces et ces véritables tortures” “c’est grave d’enfermer et de maltraiter des gens parce que “sans-papiers” “Y a de quoi devenir fou face à cette injustice” Les personnes détenues au 127 bis nous ont également rapporté qu’un suicide avait eu lieu dans le centre le 07/01/2024. Ce décès est, à ce jour, toujours nié par la direction. Certaines personnes détenues dans ce centre nous disent : “on essaie de nous le cacher” “ça suffit maintenant , c’est le deuxième en 15 jours” “on va pas laisser cela comme ça” “cela ne m’étonne pas, on est traité comme des animaux, je comprend qu’on peut en arriver là” L’Office des étrangers attribue l’état psychologique des personnes détenues en centres fermés au fait que “celles-ci sont souvent en bout de procédure et en voie d’être rapatriées vers leur pays d’origine” et ne reconnait donc ni la violence de la détention ni leur responsabilité dans les traumatismes que la détention en tant que telle mais également le comportement des employé.es de ces centres fermés occasionnent et perpétuent ! Récemment encore, des témoignages attestent pourtant à nouveau des violences que ces personnes subissent : – Au 127 bis, un détenu a été gravement tabassé par la sécurité le 06/01/2024 : il était arrivé en retard pour son petit déjeuner. Il a exprimé son désaccord. La sécurité la isolé dans une pièce sans caméra et la tabassé puis mis au cachot. Après quelques jours, il a été transféré dans un autre centre et mis en isolement. En date du 24/01/2024 il y est...

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Stop aux violences en centres fermés !

Ce 7 janvier dernier, des personnes enfermées au centre fermé 127bis, à Steenokkerzeel, ont appris la mort par pendaison d’un de leurs co-détenus. Rapidement, les détenus ont été transférés d’une aile du centre fermé à une autre, et la direction refuse de communiquer davantage d’informations sur les circonstances de ce drame. « Ils essaient de nous cacher la vérité », disent les détenus. Le 25 décembre dernier également, un homme a été retrouvé sans vie dans le centre fermé de Merksplas (près d’Anvers). La direction et l’Office des étrangers ont déclaré qu’il s’agissait, là aussi, d’un suicide. Cet homme était souffrant et n’avait pas été écouté des services de santé du centre fermé. Un co-détenu dénonçait : « Ce n’est pas juste un suicide. On tue les gens ici. Ce n’est pas normal ». Plus tôt en 2023, il y a bientôt 11 mois, Tamazi Rasoian trouvait la mort dans le centre fermé de Merksplas dans des circonstances opaques, alors qu’il avait été placé en cellule d’isolement. Sa famille se bat toujours pour obtenir vérité et justice. En moins d’une année, trois personnes ont trouvé la mort dans les centres fermés de Belgique. Par leurs politiques migratoires mortifères et racistes, les autorités se rendent responsables de ces morts. L’enfermement détruit psychiquement et physiquement. Depuis l’existence de ces prisons, les détenu·es ne cessent de dénoncer les conditions scandaleuses (manque d’hygiène, nourriture avariée, mises au cachot au moindre prétexte,...), les violences qui y sont perpétrées, tant lors des arrestations, pendant la détention ou au cours des procédures d’expulsion ; le tout avec la complicité de nos dirigeant·es. Certains traitements (isolement total durant des mois, pressions psychologiques,...) s’apparentent à de la torture. Cet état de fait inhumain relève de choix assumés d’une classe politique capitaliste et réactionnaire qui, d’un côté fait reposer ses finances sur l’exploitation des personnes sans-papiers, et d’un autre côté les traque, les enferme, les déporte pour toujours mieux entretenir leur précarité. Quand un homme meurt en centre fermé, l’État belge et ses représentant·es ont du sang sur les mains. Ces violences insupportables ne cesseront pas tant qu’une véritable politique de régularisation massive ne sera pas mise en place et tant que toutes les personnes enfermées n’auront pas été libérées. Vendredi 19 janvier, nous appelons à une manifestation au départ d’Arts-Loi qui s’arrêtera devant l’Office des étrangers. Soyons nombreux·ses pour crier notre indignation et notre colère face à cette institution qui orchestre cyniquement les politiques de détentions et d’expulsions en parallèle d’une politique de régularisation toujours plus sévère et arbitraire. Nous exigeons de faire ressortir la vérité sur les circonstances entourant la mort des ces trois détenus et de toutes les personnes mortes dans les centres fermés auparavant. Fermeture immédiate des centres fermés,...

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Répression d’une action de grève de la faim collective dans le centre fermé de Bruges ce 2 janvier 2024

Ces derniers jours, de nombreux détenus du centre fermé de Bruges dénoncent lors des appels les conditions “indignes” d’enfermement : insalubrité, situation d’hygiène et sanitaire déplorable, manque de prise en charge médicale. Plusieurs détenus mentionnent des cas d’automutilation et l’absence de soins médicaux, et nous apprenons le 1er janvier qu’un détenu d’origine tunisienne aurait entamé son 12e jour de grève de la faim. Message reçu le 24 décembre : “ici on ne mange pas bien, pas bon soins pour nous, il y a des gens qui mangent des coupe–ongles et on envoie pas à l’hôpital pour voir.On dit attend la directrice, la personne a fait 2 semaines en bas sans aller fairede radio pour voir et un autre a mangé une bague ici aussi sans aller à hôpital.Ici c‘est la maltraitance, pas de droit de homme, ici on est avec des personnes malades mentaux, pas hygiène dans le centre, pas de visite de journaliste ici parce que ici on ne respecte pas les droits des étrangers, dans les centres fermes ils s‘ent foutent des personnes qui sont ici, on est comme des animaux pour eux, aides– nous à quitter “ Ce 2 janvier2024, à midi, une majorité de détenus des 2 blocs nous annonce qu’ils entament une grève de la faim pour dénoncer ces conditions d’enfermement. Dans l’heure qui suit, la direction les interpelle et menace d’appeler la police. Un détenu : “C‘est mon droit et mon choix de décider de me nourrir ou pas“ La direction : “Vous êtes obligé de manger, sous la contrainte si il faut” Très vite dans l’après-midi, une trentaine de policiers avec casques et boucliers débarquent dans les 2 blocs. Une vingtaine de détenus du premier bloc et 6 détenus du deuxième bloc sont mis au cachot. Nous perdons alors le contact avec plusieurs détenus, plus joignables par téléphone. “On a été amenés via un couloir inondé en chaussettes. On était plusieurs dans un cachot réservé à une personne. Nous avions très froid et rien pour nous couvrir. Certains ont été mis en isolation médicale par manque de place dans les cachots“ Dans la soirée et durant la nuit qui s’ensuit, certains détenus sont transférés dans d’autres centres (à notre connaissance, les centres fermés Caricole, Vottem Merksplas). Un détenu transféré nous dit qu’on l’accuse dans un PV d’avoir cassé des choses et d’avoir été violent envers la police : “C’est faux. On sait bien que face à une troupe de robocops on a juste à fermer notre gueule. On s’est gentiment laissé se faire menotter pour être amenés par 4 flics chacun, au cachot“ Chaque mouvement de détenu⸱e⸱s en centre fermé est réprimé dans l’œuf pour éviter la propagation de toute protestation. Nous continuons à dénoncer ces enfermements dits administratifs, qui sont des violences racistes des autorités dans toute l’Europe. FEU AUX CENTRES FERMÉS Onderdrukking van een collectieve hongerstaking in het gesloten centrum van Brugge op 02 januari 2024

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Racismes / Colonialismes

Nouvelles des centres fermés – décembre 2023

Manque de téléphones au centre fermé de Bruges Depuis plusieurs semaines, à Bruges, les détenu·es ne reçoivent que rarement une carte SIM, et pas de téléphone. Une vingtaine de détenu·es serait dans ce cas, dans plusieurs ailes du centre avec lesquelles nous avons des contacts. Après insistance auprès de la direction, beaucoup ont finalement reçu une carte SIM mais pas de téléphone. Certain·es détenu·es sont obligé·es de se partager un seul téléphone et une seule carte SIM. Ceux qui ont obtenu une carte SIM doivent la mettre de temps en temps dans des téléphones de codétenu·es pour pouvoir téléphoner. La direction leur dit que leur stock de téléphone est épuisé. “On se bat pour avoir accès au téléphone. C’est vraiment difficile. Comment voulez-vous qu’on téléphone aux avocats, aux amis, à la famille… J’ai fait plusieurs centres mais là c’est du jamais vu ! C’est honteux.” Un téléphone et une carte SIM sont en effet essentiels pour les personnes enfermées, le téléphone étant le seul moyen de contact avec le monde extérieur. C’est une obligation légale du centre de leur fournir une carte SIM. Pour les téléphones en revanche, les détenu·es doivent les acheter. Getting the Voice Out a envoyé cinq téléphones dans une des ailes pour les dépanner, iels les ont reçus et se les partageront. Répression à tout va au centre fermé de Merksplas Un détenu enfermé à Merksplas nous a raconté la réaction complètement dispoportionnée du personnel du centre alors qu’il demandait simplement une portion supplémentaire de riz pendant le repas. Résultat : il s’est retrouvé au cachot. “On met les gens au cachot pour du riz. On met les gens au cachot pour avoir demandé une assistance médicale. On est en plein hiver, il n’y a pas de chauffage dans les chambres. On est où là ? Il faut le rendre public, il faut que les gens sachent. Nous sommes là, sans voix. On nous maltraite comme du bétail, en plein centre de l’Europe. Vous [les Européen·nes] voyagez partout en disant “droits de l’homme, droits de l’homme”. Ils sont où les droits de l’homme ? Bruxelles décide de tuer les gens. Tout le monde doit savoir ce qui se passe ici.” Expulsion collective vers la Guinée annulée grâce à la mobilisation Un vol collectif vers la Guinée était annoncé pour le mardi 19 décembre. Pour s’opposer à cette expulsion, des membres de la diaspora guinéenne ainsi que des soutiens se sont mobilisé·es et ont manifesté devant l’Ambassade de Guinée afin de faire pression pour que l’Ambassade ne délivre pas les laissez-passer et que l’expulsion ne puisse donc pas avoir lieu. Lors de ce rassemblement, après discussion avec des membres de l’Ambassade, on apprend que les laissez-passer aurait d’abord été demandés en Guinée directement. L’Ambassade annonce finalement procéder par une analyse de chacune des situations particulières, et que l’expulsion collective ne pourrait donc pas avoir lieu à la date prévue. Suite à la médiatisation de cette situation, le Ministre des...

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Deuxième décès de l’année 2023 au centre fermé de Merksplas

COMMUNIQUÉ DE PRESSE 27 décembre 2023 Getting the Voice Out et CRACPE (Collectif de Résistance Aux Centres Pour Étrangers)- Ce 25 décembre 2023 vers 18h, des détenus nous signalent l’arrivée d’ambulances avec pompiers et de la police au centre fermé de Merksplas, du côté du bloc 5 où sont situés les cachots et les cellules d’isolement pour “personnes à besoins médicaux spécifiques”. Très vite dans la soirée, la rumeur d’un décès dans le bloc 5 se propage. Celle-ci sera par la suite confirmée par la direction. La personne retrouvée morte devait subir une tentative d’expulsion vers l’Allemagne cette semaine. Menacé d’une expulsion vers l’Allemagne, un homme se serait suicidé dans sa cellule d’isolement. Un premier détenu nous a informé que la personne concernée était dans le bloc 3 et qu’elle a ensuite été mise en isolement car elle demandait des soins. “Dès que tu demandes des soins, tu es isolé dans l’aile médicale du bloc 5, ou parfois mis dans un réel cachot” nous disent des détenus. Ce monsieur, originaire du nord de l’Afrique, était détenu depuis environ trois semaines en centre fermé et avait une quarantaine d’années. Selon un autre détenu, sa demande de soins médicaux faisait suite à un tabassage par la police. Une autre source nous indique qu’il était soumis au règlement Dublin et qu’il devait pour cette raison être expulsé cette semaine vers l’Allemagne. De toute évidence, d’après ses codétenus, ce drame est “le résultat des mauvaises conditions” et des traitements inhumains qui leur sont réservés. Une autre source nous indique que l’homme décédé était présent dans une salle commune avec d’autres détenus et qu’il aurait demandé à être ramené dans sa cellule vers 17h15. Un peu avant 18h, il aurait été retrouvé mort par un gardien qui venait le chercher pour participer au repas de Noël. Le lendemain, le 26 décembre vers 10h du matin, la direction annoncera aux détenus le décès de ce monsieur, qui se serait suicidé par pendaison avec sa ceinture. Tout au long de la journée du 26 décembre, plusieurs détenus nous rapportent leurs doutes relatifs à ce suicide. Ils nous disent connaître la cellule et que, selon eux, il est impossible de s’y pendre : “Il y a une petite fenêtre au cachot avec des barreaux mais très hauts et hors d’atteinte”. Les détenus demandent une enquête. Ils savent que, il y a plusieurs mois, un autre détenu est décédé en isolement médical. Et, alors que l’Office des étrangers avait qualifié ce décès de “mort naturelle”, des investigations par des journalistes mettaient en doute cette version. Une enquête est d’ailleurs toujours en cours [1]. Ce 26 décembre, certains de ses codétenus les plus proches ont entrepris une grève de la faim le temps d’une journée, marqués par le deuil. Mais, comme toujours lorsque des détenus font acte de résistance, qu’importe les circonstances tragiques qui les y ont menés, ils ont été menacés de répression par le personnel. Des décès et des suicides comme...

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Témoignages des violences policières aux aéroports de Zaventem et de Charleroi

Témoignages des violences policières aux aéroports de Zaventem et de Charleroi 19 Décembre 2023 Très régulièrement, nous recevons des témoignages de violences policières lors de tentatives d’expulsions forcées. Ici quelques-uns parmi d’autres récoltés ces derniers mois : “6 flics : J’ai été déshabillé et fouille complète, menotté et grosse ceinture. J’ai été porté dans l’avion. Les flics ont dit aux passagers que j’étais un prisonnier. Moi j’ai crié que je n’étais pas un prisonnier, que je n’ai jamais fait de mal. Du coup ils m’ont poussé avec la tête en bas entre mes genoux en me prenant par les cheveux par 2 flics… J’ai continué à crier. Cela a duré 15 minutes. J’étouffais. Puis ils m’ont redressé pendant 1 minute, puis à nouveau tête en bas. Je croyais que j’allais mourir. Les hôtesses sont intervenu.e.s et ont demandé de me sortir. Retour au commissariat. On me propose de voir un médecin. Je refuse. Je suis ramené à la camionnette et transféré vers un autre centre fermé. “ Témoignage d’un co-détenu sur l’expulsion d’un jeune homme : “Ils étaient 9 à l’aéroport pour l’expulser vers son pays Dublin. Il refusait. Neuf policiers se sont acharnés sur lui puis il a été ramené au centre. Tout son visage est tuméfié et il a mal partout.” Témoignage d’un détenu depuis 11 mois en centre fermé qui a subi déjà 3 tentatives d’expulsion forcée : “Après 11 mois de centre fermé ils vont encore essayer de m’expulser. C’est très dur : cachot au centre, cachot à l’aéroport, ligoté. Puis embarquement avec violence, me battre pour alerter les passagers, être sorti de l’avion, à nouveau cachot et insultes. Puis retour dans un centre, à nouveau cachot : c’est trop dur. Je pense parfois à quitter la vie. Je veux pas et je peux pas retourner au pays. Ma vie est ici.” Autre témoignage publié récemment : A l’arrière de l’avion, ils étaient au total six policiers en civil à l’entourer, le maltraiter et l’empêcher de respirer. L’un d’entre eux se tenait devant lui afin de cacher aux passagers les violences que ses collègues exerçaient sur son corps. “Alors que j’étais assis, j’ai crié à l’aide en français puis en anglais. Ils ont appuyé sur ma tête au maximum, puis ils m’ont relaché au moment où je commençais à perdre connaissance” témoigne S. Témoin de la scène, une passagère sous le choc s’est levée en interpelant les policiers : “vous êtes policiers ou criminels ?”. Réponse d’un policier : “ça ne vous regarde pas, c’est la loi !” “Quelle loi ? Vous voyez pas que ce monsieur est en train de mourir !” répondra la passagère. Le pilote est alors intervenu et l’hôtesse de l’air a demandé aux policiers d’arrêter et de faire sortir S de l’avion tout en exprimant sa colère :“le monsieur devient blanc, il change de couleur. Il va mourir, le pilote demande qu’il sorte de l’avion !” En sortant, il n’arrivait pas à marcher. Une fois de retour dans l’aéroport, il a été mis en cellule pendant deux heures en boxer, puis transféré vers un autre (...)

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[COMMUNIQUE DE PRESSE] Expulsion vers la Bulgarie d’un demandeur d’asile afghan

Violences policières et défaillances systémiques dans le système d’asile bulgare. Le collectif Getting the Voice Out dénonce l’arrestation et les tentatives d’expulsion d’une personne afghane mineure (ensuite qualifiée majeure par l’Office des étrangers selon un test osseux dont les fondements ont déjà été contestés par des professionnel.les de la santé). Ce Monsieur a introduit sa demande de protection internationale en Belgique. Ayant ses empreintes en Bulgarie, les autorités belges ont décidé d’appliquer le règlement Dublin et lors d’un rendez-vous ultérieur à l’Office des étrangers, il a été arrêté pour être enfermé au centre fermé de Merksplas. Il a déjà subi une première tentative d’expulsion au cours de laquelle il a subi des violences physiques importantes. Une seconde tentative est prévue ce mardi 12 décembre vers la Bulgarie, pays où les violences subies par les personnes migrantes sont dénoncées régulièrement par de nombreuses associations internationales dont Human Right watch. A. est enfermé au centre fermé de Merksplas et a été violenté lors d’une tentative d’expulsion pour la Bulgarie ce 22 novembre 2023. Celui-ci a été réveillé à 6h du matin et emmené à l’aéroport, pieds et mains menottés. Il a spécifié qu’il ne voulait pas être renvoyé en Bulgarie où les conditions d’accueil des personnes migrantes sont particulièrement déplorables. Il a alors été violenté par l’escorte policière qui « l’accompagnait ». Il a reçu plusieurs coups de coude, a été frappé sur le flan gauche et a reçu un coup au niveau des testicules. Le jeune homme qui présente plusieurs traces de coups sur le corps témoigne « Un agent s’est levé sur mes pieds, avec ses lourdes bottes. Suite à un problème technique l’avion n’a finalement pas décollé et j’ai été ramené au centre fermé. Je suis toujours très choqué par ce qu’il s’est passé ». Conformément à l’article 3 du règlement Dublin, la Belgique n’expulsait plus vers ce pays, en raison de de défaillances systémiques dans le système d’asile bulgare et les conditions d’accueil des demandeurs. Bien que la situation n’ait pas évolué, la Belgique a décidé depuis plusieurs mois de renvoyer à nouveau des demandeurs de protection internationale vers la Bulgarie en application du règlement Dublin. Les conditions d’accueil inhumaines, le manque de place dans les structures d’accueil, les difficultés d’accès à un avocat, les procédures d’asile défaillantes, les violences policières et les pushbacks sont toujours d’actualité. En septembre 2023, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés [OSAR] considère qu’une personne transférée vers la Bulgarie « se retrouve dans une situation de dénuement matériel extrême. ». « L’OSAR qualifie les transferts vers la Bulgarie d’illicites et maintient sa position selon laquelle il faut renoncer d’une manière générale aux renvois vers la Bulgarie. » Il est indispensable que la Belgique se déclare compétente pour le traitement de leur demande, et qu’ils ne soient pas (...)

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Nouvelles des centres fermés et témoignages Novembre 2023

01/11/2023 DOUBLE PEINE & REGLEMENT DUBLIN [1] : Quand le chat se mord la queue La notion de « double peine », aussi appelée « bannissement », fait ici référence au processus que subissent des personnes étrangères condamnées à une peine de prison, qui, à la fin de leur peine, sont ensuite transférées directement vers un centre fermé afin d’être rapatriées vers leur pays d’origine. Il ne s’agit pas de quelques cas isolés, puisque la double peine concerne une partie très importante des personnes détenues en centre fermé. La sur-représentativité des personnes étrangères et sans-papiers dans les prisons s’explique principalement par les traitements d’une police raciste qui agit au faciès, et par les conditions de vie précaires dans lesquelles les autorités les maintiennent et les obligeant ainsi à s’exposer à la répression. Nous rapportons ici le cas d’un détenu qui s’est retrouvé à sept reprises enfermé en centre fermé suite à des peines de prison. Etant donné que ses empreintes ont été enregistrées aux Pays-Bas, il a été, à chaque fois, renvoyé dans ce pays en application du règlement Dublin¹. Il est père de 4 enfants en Belgique. A propos de son parcours, il nous dit : « On s’habitue au système. Je passe de prison en centre fermé puis de temps en temps un peu de liberté ». EXTORSIONS POLICIERES & REPRESSION Les intimidations policières sont monnaie courante à l’égard des personnes sans-papiers. Encore récemment, un homme raconte les abus subis au cours de son arrestation, qui a eu lieu à Anderlecht : il avait 3000 euros en poche. La police lui a pris 2000 euros et lui a fait un reçu. Il ne sait pas comment récupérer son argent. Un autre témoignage met en lumière l’absence de protection des personnes sans-papiers, tant dans la rue que dans les centres fermés, véritables zones de non-droit.Une fois de plus dans le cas rapporté ci-dessous, c’est sur les victimes que s’abat la répression : « J’ai été battu au centre fermé par des membres de la sécurité. J’ai appelé la police. Ils sont venus et j’ai déposé une plainte. Résultat pour moi : 4 jours de cachot et transfert. [2] » A ce jour, Monsieur n’a aucune nouvelle des suites de sa plainte. Ces comportements sont perpétrés en toute impunité et il existe très peu de possibilité pour les personnes sans titre de séjour de pouvoir faire valoir leurs droits. La possibilité pour les personnes sans-papiers de porter plainte est rendue compliquée par le système et les chances de poursuites sont très maigres. RETOUR “VOLONTAIRE” Au centre fermé de Bruges, les personnes détenues nous font part d’importantes pressions de la part du service social à accepter des retours volontaires. Il s’agit ici de procédures de rapatriement organisées en collaboration avec l’OIM (Organisation Internationale de la Migration) et qui promet aux personnes rapatriées une aide à un projet de réintégration ou professionnel sur place. Cela concernerait plusieurs pays de destination...

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Soirée de présentation : ouvrage de témoignages recueilllis par GVO

Silenciées - l’enfermement des personnes sans-papiers est une compilation de textes explicatifs, témoignages et illustrations. Dans cet ouvrage, les personnes détenues racontent : la violence de l’enfermement, le racisme du personnel et des institutions, l’absence totale d’accès aux droits les plus fondamentaux, les expulsions, mais aussi la solidarité qui s’organise et les résistances qui y sont menées. Silenciées L’enfermement des personnes sans-papiers en Belgique Recueil de témoignages réalisé par le collectif Getting the Voice Out Depuis 2010, le collectif Getting the Voice Out récolte des témoignages de personnes détenues en centres fermés, ces prisons où l’État belge enferme celles et ceux qui n’ont pas les « bons papiers » en vue de les expulser. Getting the Voice Out est un collectif indépendant et autogéré de militant·e·s. Il se donne pour objectif de relayer le plus largement les paroles des personnes en centre fermé. Il s’inscrit dans la lutte contre les frontières et toutes les formes d’enfermement, pour la liberté de circulation et d’installation de tous et toutes. L’existence du collectif fait suite au constat suivant : peu d’informations existent sur les centres fermés. Les seuls points de vue que l’on peut entendre à travers les médias sont ceux des autorités qui enferment et expulsent, jamais les voix de celles et ceux qui sont concerné·e·s par ces politiques. Le collectif considère que la réalité de l’enfermement ne peut se comprendre que par la voix des personnes enfermées. Silenciées - l’enfermement des personnes sans-papiers est une compilation de textes explicatifs, témoignages et illustrations. Dans cet ouvrage, les personnes détenues racontent : la violence de l’enfermement, le racisme du personnel et des institutions, l’absence totale d’accès aux droits les plus fondamentaux, les expulsions, mais aussi la solidarité qui s’organise et les résistances qui y sont menées… Le vendredi 13 octobre à 19h aura lieu une présentation du recueil fraîchement imprimé aux ateliers du Toner, Chaussée de Wavre 150, à Ixelles. Des membres du collectif Getting the Voice Out seront présent·e·s pour échanger autour de la question des centres fermés. La présentation sera ponctuée de l’écoute d’un épisode de Lance-Pierre, le podcast du collectif.

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Expulsions en cascade : de l’hôpital à l’aéroport

Monsieur M. devait subir sa troisième tentative d’expulsion vers Dakar ce samedi 7 octobre 2023. En Belgique depuis 8 ans, il est enfermé depuis maintenant plus de 9 mois. M. est desespéré : il a déjà entammé plusieurs procédures pour obtenir une régularisation, mais à chaque fois sans succès. Lors de sa seconde tentative d’expulsion en juin 2023, il a résisté et a réussi à descendre de l’avion grâce au soutien des passager·ères. Il a ensuite été transféré au centre fermé 127bis, où il continuait d’espérer une libération. Ces dernières semaines,les détenu·es nous ont informé·es que certaines expulsions n’étaient plus annoncées à l’avance. Certain·es détenu·es étaient mis·es de force et par surprise au cachot pour leur expulsion quelques heures plus tard. Les co-détenu·es nous parlent de “kidnapping” en évoquant ce nouveau procédé d’expulsion. Vu ce contexte, M. devenait très prudent et sentait “dans le fond de lui” que cela arriverait d’un moment à l’autre. En effet, le vendredi 6 octobre au soir, il est convoqué par le personnel du centre et comprend qu’on prévoit de l’expulser de force le lendemain matin. Il refuse de se rendre à l’endroit où il est convoqué. De désespoir, il avale un coupe-ongles. L’ambulance est appelée, et M. quitte le centre pour l’hôpital. Le samedi matin, les médecins remettent un avis positif, et estiment que M. est en état de prendre l’avion. Il est donc envoyé vers l’aéroport de Zaventem et mis de force dans l’avion. Sept policiers l’accompagnent, en lui attachant les mains et les pieds. Des militant·es prévenu·es par les co-detenu·es étaient présent·es à l’aéroport pour prévenir les passager·ères du vol de cette expulsion violente. Les passager·ères se sont levé·es avant le décollage en guise de protestation contre cette expulsion. M. s’est débattu, et a finalement été sorti de l’avion. Il est de retour en centre, cette fois à Vottem, où on lui explique qu’il sera mis en isolement sans accès au téléphone pendant 48 heures. Nous dénonçons également les actions de l’Office des Étrangers, qui voulait s’assurer qu’une personne soit bien expulsée pour le Sénégal. Lors du départ de M. vers l’hôpital, son état de santé met sa possibilité d’expulsion en doute. L’Office décide alors de donner la place dans le vol à monsieur H., détenu au centre fermé de Vottem. H. est donc mis au cachot et prévenu de son expulsion en dernière minute et par surprise. Vu l’avis des médecins, M. reprend finalement sa place dans le vol. H.est ramené à Vottem. Ce nouveau mode de fonctionnement des expulsions est inadmissible : il prend les détenu·es par surprise et met un frein à l’organisation d’une mobilisation militante à l’aéroport. Nous dénonçons toutes les violences qui continuent d’être commises, et continuons de nous positionner contre toutes les expulsions. À bas les centres fermés, à bas les frontières et leur monde ! Liberté pour toustes ! #STOPDEPORTATION

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