Bruxelles Dévie

Un média indépendant et collaboratif actif à Bruxelles. Nous vous informons sur les actualités politiques et gouvernementales en Belgique. Nous visibilisons les collectifs, groupes et personnalités actifs dans les différentes luttes sociales. Nous diffusons et dénonçons les violences policières en Belgique, et plus particulièrement à Bruxelles.
Les auteurs de nos publications sont multiples. Vous pouvez nous proposer votre contenu (article, témoignage, enquête, étude, photos, vidéos etc) via nos réseaux sociaux ou par mail (chiffrement Proton) en restant anonyme.
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La police tue à nouveau par balle un homme à la suite d’une course-poursuite à Seneffe
Ce jeudi matin, un policier a abattu un homme à la suite d’une course poursuite à Seneffe. La police aurait ouvert le feu sur l’homme « qui, selon des témoins, gisait à terre », d’après Sudinfo [1]. Une femme et un homme se trouvaient à bord de la voiture lors de la course-poursuite. Il s’agit de la deuxième personne tuée par balle par la police en 3 jours en Belgique, la troisième depuis février ainsi que la quatrième personne tuée par la police belge en 2023. Relevons le traitement médiatique qui, par la manière dont il traite de l’information, tend à rendre légitime l’action policière. Pourtant, selon des témoins, l’homme gisait au sol et était donc a priori inoffensif. Ainsi, La Libre commente sans aucune information l’indiquant, et même en contradiction avec la version des témoins, que « Les policiers n’ont en effet eu d’autre choix que d’abattre un homme alors qu’il tentait d’échapper aux policiers qui le suivaient. » [2]. Sudinfo commente « Il semble que l’individu abattu soit connu des forces de la police pour des faits de stupéfiants » [3], à nouveau, comme si cela légitimait l’action policière et la mort de l’homme. Aucune information complémentaire n’est pour l’instant disponible sur les raisons qui ont mené à la course poursuite, ni sur la manière dont l’homme a été abattu, et encore moins sur les raisons pour lesquelles l’homme s’est retrouvé à terre avant que la police ne lui tire dessus. Sources : (1, 3) https://www.sudinfo.be/id638420/article/2023-03-23/course-poursuite-ce-jeudi-seneffe-un-homme-abattu-par-la-police-un-couple-se (2) https://www.lalibre.be/regions/hainaut/2023/03/23/seneffe-un-homme-abattu-par-la-police-apres-une-course-poursuite-PINM5NV2IRDRVCGKHXOE5DIPJE/

Grève Delhaize : la direction divise pour mieux régner
Après le rachat de Mestdagh (Carrefour) par Intermarché et le passage de 51 magasins en franchise*, c’était au tour de Delhaize, le 7 mars 2023, d’annoncer céder 128 grands supermarchés à des franchisé·es. S’en est suivi une forte mobilisation de la part des employé·es suivi par les syndicats avec des grèves spontanées, des fermetures de magasins et des blocages d’entrepôts afin de lutter contre cette décision aux conséquences sociales désastreuses. Catherine Roisin, secrétaire générale adjointe au SETCa* Charleroi déclarait à propos des franchises lors des mesures prises par Mestdagh « Ça représente 20 à 25% de pouvoir d’achat en moins [pour les travailleur·ses]. Le temps de travail n’est pas le même. On est à 35 heures aujourd’hui. Ce sera 36h30 voir 38h demain et il n’y a pas de statut de délégation syndicale prévu chez les indépendants. Et donc comment vérifier que socialement tout va bien se passer ? » [1]. Ces mesures s’inscrivent dans un contexte où le privé et le public ont de plus en plus recours à la sous-traitance (sociétés de transport (de biens ou de personnes), entreprises de nettoyage, employé·es indépendant·es, …) afin de diminuer les possibilités d’actions syndicales, de rentrer dans des commissions paritaires* moins exigeantes, d’augmenter la flexibilité des employé·es, de diminuer leurs revenus, et, en fin de compte, d’arriver un jour peut-être à un modèle économique avec un salaire à la tâche et non plus à la qualification du poste. Concernant Delhaize, tout commence en 2016, lors du rachat de Delhaize Belgique par le groupe hollandais Ahold (connu pour sa chaîne « Albert Heijn »). Présenté comme une fusion entre parties égales, le rachat a en réalité mené à la généralisation du modèle managérial hollandais [2]. Ce modèle repose sur une plus grande flexibilité des travailleur·ses, plus d’employé·es indépendant·es et d’étudiant·es ainsi que de très grosses centrales d’achats et de dépôts [3] . Le passage en franchise menace également les sous-traitants habituels de la livraison Delhaize [4] et touchera les consommateur·trices avec une augmentation des prix. Cependant, comme souligné plus haut, les employé·es du secteur ne sont pas prêt·es à se laisser faire. Les blocages de magasins et de dépôts vont bon train. Les magasins encore ouverts peinent à alimenter leurs rayons en produits et la chaîne encaisse de fortes pertes malgré sa tentative de contourner la grève en faisant de la livraison à domicile. Pour savoir où rejoindre les blocages, il existe un groupe de soutien organisé sur Facebook « Je soutiens le personnel de chez Delhaize ». Ce mardi, un deuxième conseil d’entreprise avait lieu. Il n’a duré qu’une heure, tant la direction a campé sur ses positions [5]. Les représentant·es syndicaux·ales ont à nouveau demandé que le plan de franchise soit abandonné. Une véritable pression a été mise sur les représentant·es du personnel qui ont été accueilli·es par la police avant d’être fouillé·es et escorté·es...

Justice Pour Sourour
Le 12 janvier 2023, Sourour Abouda, belgo-tunisienne et mère d’un enfant de 19 ans, est décédée dans une cellule de dégrisement du commissariat fédéral rue Royale. C’est le troisième décès d’une personne racisée dans les cellules de ce commissariat en 2 ans, après la mort d’Ilyes Abbedou et de Mohamed Amine Berkane, tous deux algériens, dans des conditions floues. C’est quelques heures après le décès de Sourour que sa famille sera informée. La mère de Sourour raconte : « On a frappé à ma porte. J’ai ouvert. Et trois personnes du bureau d’assistance aux victimes m’ont expliqué que ma fille s’était étranglée avec son pull dans une cellule de commissariat. Je n’en n’ai pas cru mes oreilles. Sourour avait un fils de 19 ans qui est tout pour elle et qu’elle n’aurait jamais abandonné. »[1] La version policière d’un suicide par strangulation va donc être directement rejetée fermement par la famille. Dans les informations données à la presse, il sera indiqué que Sourour aurait été interpellée à la fin de la nuit, le 12 janvier, vers 6h du matin, car elle se trouvait dans le véhicule d’un inconnu et refusait d’en sortir. Il sera également relayé que Sourour se trouvait en état d’ébriété, et qu’elle tenait des propos incohérents. Pourtant, dans le rapport administratif produit par la police rien ne fait mention d’un état d’ébriété. La procédure policière impose normalement à la suite d’une arrestation un « vu-soigné » (lorsque la personne présente des signes de blessures, d’ivresses ou d’inconsciences). C’est-à-dire, la constatation par un médecin du bon état de santé de la personne interpellée. Il semblerait que Sourour n’ait pas pu en bénéficier car l’état d’ébriété n’aurait pas été indiqué dans le rapport. L’une des avocates de la famille, Selma Benkhelifa, commente : « Toutes les constatations qu’un policier prudent doit faire, si cela n’a pas été fait ici, est une faute qui peut constituer une infraction pénale. On parle de non-assistance à personne en danger, voire même homicide involontaire par défaut de prévoyance. »[2] Or il semblerait précisément que Sourour ait fait un malaise en cellule, selon la RTBF. La police semble donc avoir menti dans sa version relatée à la famille ainsi qu’aux médias. Non, Sourour ne s’est pas suicidée, c’est ce que laisse entendre en tout cas le « quasi abandon » de la thèse du suicide par l’enquête. Deux heures se déroulent, entre 6h32 lorsque Sourour est placée en cellule et 8h34 lorsque la police fait le constat de son décès. Selma Benkhelifa après avoir pu observer une partie des vidéos surveillances déclare « L’hypothèse du suicide est rejetée car il semblerait qu’elle ait appelé au secours. Qu’elle se soit mis exprès devant la caméra pour appeler au secours. » Que s’est-il passé dans cette cellule ? Pourquoi la police n’a pas mentionné son état d’ébriété et pourquoi Sourour n’a pas pu bénéficier de l’examen d’un médecin ? Comment se fait-il qu’une personne puisse décéder dans une cellule (...)

Assa Traoré harcelée par la justice après l’homicide de son frère par la police
En janvier 2023, la militante Assa Traoré a été condamnée pour atteinte à la présomption d’innocence dans le cadre du combat qu’elle mène depuis des années pour faire “justice et vérité” sur la mort de son frère Adama Traoré. Adama a été tué le 19 juillet 2016 à la suite de son arrestation le jour de ses 24 ans à Beaumont-sur-Oise en France. Ce jour-là, il est contrôlé alors qu’il n’avait pas sa carte d’identité et subit un plaquage ventral. Il déclare alors ne plus savoir respirer et décèdera d’asphyxie. À la suite de cet homicide c’est un véritable combat qui va être mené par Assa et sa famille pour faire reconnaître la culpabilité de la police dans la mort d’Adama. Les forces de l’ordre tenteront de le faire passer pour un criminel et déclareront d’abord qu’il est mort de cause cardiaque, puis sous l’emprise de drogue et d’alcool ou encore en raison d’une maladie. Au total, c’est 10 expertises qui ont été menées depuis 2016 pour révéler qu’Adama est bien mort d’asphyxie alors qu’il était menotté et a été écrasé par 3 policiers. C’est ce combat acharné mené par le Comité Adama et ses soutiens qui a permis de faire révéler la vérité sur la mort de Adama. Mais, depuis la famille Traoré subit un véritable harcèlement de l’État français. 4 des frères de Adama ont été mis en prison et les policiers impliqués dans la mort d’Adama ont tenté à de multiples reprises de faire condamner sa soeur Assa. Elle a finalement été condamnée pour atteinte à la présomption d’innocence des gendarmes après avoir affirmé qu’ils avaient tué Adama. Véritable humiliation, la justice l’oblige à supprimer des publications sur la mort d’Adama et à publier la décision de condamnation sur ses réseaux sociaux. Elle a également été condamnée à verser 12 100 euros à ceux qui ont causé la mort de son petit frère. En effet, elle devra verser cette somme au gendarme qui a refusé d’ôter ses menottes à Adama lorsqu’il agonisait sur le sol de la gendarmerie et qui a mis en garde les pompiers de la dangerosité de son frère qui gisait pourtant sans souffle et sans pouls à ses pieds. De l’autre côté, les gendarmes qui ont interpellé Adama puis causé sa mort ne sont toujours pas mis en examen alors que des expertises médicales ont établi leur responsabilité. Pendant ce temps-là, la famille qui a subi ce drame conduit une véritable lutte pour rétablir la justice depuis des années.Vérité et justice pour Adama ! Source : https://www.facebook.com/La-v%C3%A9rit%C3%A9-pour-Adama-160752057668634/

Nouveau cas de violences policières dans la garde zonal où est décédée Sourour
TW : Violences policières Alors que la semaine du 9 janvier a été marquée par le tragique décès de Sourour A., de nouveaux faits de violences policières datant de 2018 ont été révélés. Elles se sont produites dans les mêmes locaux : ceux de la garde zonale Rue Royale à Bruxelles. Rappelons que c’est aussi là que 2 autres personnes originaires d’Algérie, Ilyes Abbedou (le 19 janvier 2021) et Mohamed Amine Berkane (le 13 décembre 2021) sont mortes dans des conditions floues, comme Sourour. Nous sommes le 11 février 2018, E., une personne racisée, arrêtée dans la nuit pour des faits de vol avec violence est emmenée dans le sous sol du 202 Rue royale, le complexe de la police fédérale, où se trouvent les cellules de la Garde Zonale Wacht, au sein desquelles Sourour, Ilyes et Mohamed Amine sont décédé·es. Une agente sort E. de cellule pour l’emmener dans une salle et y saisir ses empreintes. E. refuse de se laver les mains afin de ne pas procéder au relever d’empreintes ; il garde bien en évidence ses mains en l’air derrière sa tête, très calmement. Un autre agent de la garde zonale rentre alors dans la pièce, et vient directement pousser brutalement E. (qui est de dos, les mains en l’air), la tête contre la machine pour relever les empreintes. Il le repoussera à deux reprises avec la même brutalité contre la machine et en profitera pour le gifler violemment. Tout ceci sous le regard passif, et donc complice, de trois autres agent·es, qui regardent sans bouger. Ces images démontrent bien que les brutalités au sein de la garde zonale semblent être quotidiennes : personne n’est étonné·e, cela semble presque faire partie de la procédure. Elles montrent bien également le fait qu’il n’y ait pas de « bons » ou de « mauvais » flics, que ces violences sont structurelles : certain·es frappent ; les autres les protègent et se taisent. Sur la fiche de détention, puis sur le PV, il sera uniquement indiqué qu’E. s’est montré récalcitrant, que l’agente l’emmenant à la machine des empreintes, avait du faire appel à un collègue et qu’E. s’était montré violent envers les policiers et le matériel : « Nous avons dû recourir à la force pour procéder au relevé d’empreintes et éviter que du matériel ne soit endommagé. ». L’agent ayant frappé E., alors parfaitement calme, a, lui, déclaré dans le PV « J’ai dû user de la violence pour calmer la situation. ». Nous rappelons que jusqu’à preuve du contraire les déclarations policières ont valeur de fait, et que la police a tendance à mentir, surtout quand elle commet des violences. Heureusement, ces images ont pu être consultées par le tribunal correctionnel de Bruxelles, qui dans un jugement du 1er avril 2021 a condamné l’agente ayant emmené E. et menti dans le PV à 12 mois de prison avec sursis. L’agent qu’on voit frapper E. a seulement reçu une probation* de 14 mois l’engageant à suivre une formation sur la gestion de la violence. L’agent, qui a giflé E. sans motif, travaille toujours à la garde...

Violences policières à Liège :Une bodycam activée par erreur révèle un passage à tabac dans un commissariat
TW : VIOLENCES POLICIERES, Attention récit choquant Alors que le Tribunal Correctionnel de Liège jugeait une personne pour des faits de rébellions, de dégradation de matériel et de coups à agents, des images prises par une bodycam involontairement enclenchée ont révélé des violences policières dans un commissariat, mettant à mal la version donnée par la police. Au total, huit inspecteurs, notamment plusieurs gradés, sont impliqués, dont 2 pour coups et blessures. En mai 2022, un homme de 29 ans est attaché les mains dans le dos sur une chaise dans un commissariat du centre-ville de Liège. Des insultes sont échangées entre l’homme et les policiers qui surenchérissent. Un policier coince la gorge de l’homme, pour le maintenir contre le mur du commissariat, pendant qu’un autre le frappe avec une radio, ce qui provoque immédiatement une plaie ouverte. Plus tard, un autre policier, le maintenant au sol assis sur lui à califourchon et lui assène des gifles. Pendant ce temps, les policièr·es présent·es humilient gracieusement le jeune homme qui serait en situation d’handicap, en le traitant de « mongol », « cas social », « poisson rouge », « peine perdue ». Les inspecteurs auraient ri de ses « 45 de QI » (phrase prononcée par un policier). Une autre policière, qui venait de terminer son service, dit qu’il a été « fini à la pisse ». 8 agents assermentés humilient et tabassent un homme menotté dans une cellule, le reste du commissariat vient profiter. Dans un autre moment de la vidéo, on entend l’homme agressé dire à un des policiers « Tu m’as mis une patate dans la gueule ! ». « Une patate ? » répond celui qui l’aurait frappé. Un collègue répond « Moi j’ai rien vu. » En réalité, cette scène, bien qu’extrêmement choquante, n’a rien d’extraordinaire dans les pratiques quotidiennes policières. Ce qui change la donne dans cette affaire, c’est qu’un des agents a involontairement allumé la bodycam lors des brutalités, mettant alors des images sur les exactions, images qui manquent toujours lors des violences policières dans les commissariats (celles des systèmes de surveillance se révèlent régulièrement a posteriori « défectueuses »). Evidemment, aucun des coups, ni des insultes proférées par les agent·es n’ont été indiquées dans le PV de l’interpellation. Celui-ci soulignait seulement les faits de rébellions, dans lesquels les policiers affirmaient avoir été frappés et insultés. Les agents ont donc omis les coups et blessures, les insultes, et les discrimination psychophobes [1]. La parole et le témoignage des agent·es assermenté·es ont valeur de fait dans le cadre d’une procédure judiciaire, jusqu’à preuve du contraire. Si les images de la bodycam n’avaient pas été révélées, l’homme n’aurait certainement jamais pu prouver qu’il avait effectivement subi ces violences. Il faut cependant rester prudent avec la défense de l’usage des bodycams qui servent le plus souvent le récit policier, sauf en cas de maladresse comme ici. Les...

Jozef Chovanec décédé en 2018 à la suite de son arrestation à l’aéroport de Charleroi : aucun•es policier•es poursuivies en justice
Trigger warning : violences policières Le 23 février 2018, Jozef Chovanec, slovaque de 38 ans, a été conduit dans une cellule de police à l’aéroport de Charleroi parce qu’il n’avait pas les documents nécessaires pour monter à bord d’un avion en direction de la Slovaquie. Il aurait également poussé un agent de bord. Cette nuit-là, dans un état de confusion, il s’est cogné la tête à plusieurs reprises contre un mur jusqu’à ce qu’il soit couvert de sang, après quoi, six policier·es sont entré·es dans sa cellule pour le maitriser de manière brutale. Des images de caméras ayant fuité en 2020 révèlent ainsi qu’il a subi un plaquage ventral pendant plus de 15 minutes, la tête enveloppée dans une couverture, mains et pieds liés par des colsons. A côté des policier·es sourient, une policière a alors fait un salut nazi en mimant la moustache d’Adolf Hitler. Ces images avaient fait beaucoup de bruit à l’époque. Après plusieurs heures d’intervention un médecin lui a injecté un calmant. Il a été transporté à l’hôpital, où il est tombé dans le coma puis décédé plusieurs jours plus tard. Selon le rapport des expert·es judiciaires, La police n’est pas responsable de la mort de Jozef Chovanec, aucun·e des agent·es de police ne seront poursuivis pour sa mort. Il se serait blessé mortellement en se cognant la tête contre les parois des cellules. La suffocation par les policier·es ne serait pas la cause du décès. Cependant, les proches de Jozef Chovanec et les expert·es, notamment le médecin légiste Win Van de Voorde, contestent cette version. En effet, ils affirment que la suffocation est la cause de décès la plus plausible et ont demandé une enquête supplémentaire. L’avocate de la famille de J. Chovanec, Ann Van de Steen, commente « La position du ministère public nous paraît incompréhensible. (…) Ce n’est pas comme si vous pouviez dire qu’il n’y a aucune preuve de culpabilité, n’est-ce pas ? Il y a tellement de contradictions. Il devrait au moins y avoir une discussion au tribunal. ». Le juge d’instruction en charge de l’affaire doit encore décider si une enquête supplémentaire sera menée. ‘il décide qu’elle ne devrait pas avoir lieu, alors la famille pourra faire appel à cette décision. Tout notre soutien et nos pensées vont à la famille Chovanec dans leur procédure et leur combat pour la justice ! L’affaire Chovanec révèle bien les guerres judiciaires qui sont menées aux familles qui luttent contre les violences policières. Les procédures sont longues, durent souvent des années et sont extrêmement couteuses pour les familles. Ce n’est pas uniquement l’institution policière qui se défend, ce sont aussi les politiques qui défendent la police, pensons à Jan Jambon (N-VA) qui après la divulgation de la vidéo en 2020 avait directement pris la défense des policiers, en disant que le rapport produit par la police était neutre, omettant qu’i avait pourtant rencontré l’ambassadeur de Slovaquie, pour éviter un incident diplomatique, tellement les (...)

Qatargate : Corruption au parlement européen
Cinq personnes ont été arrêtées vendredi 9 décembre 2022 pendant une opération de police sur fond d’une affaire de corruption impliquant le Qatar et, notamment, l’organisation de la coupe du monde. Parmi les interpellé·es figurent des responsables du Parlement européen. Au total, c’est plus d’un million et demi d’euros d’argent liquide qui a été découvert chez l’ex-eurodéputé italien Pier Antonio Panzeri et l’eurodéputée grecque Eva Kaili. L’enquête, dirigée par un juge financier bruxellois, vise des faits de « corruption » et de « blanchiment d’argent » en bande organisée, d’après le parquet fédéral. Doha est soupçonné d’« influencer les décisions économiques et politiques du Parlement européen, en versant des sommes d’argent conséquentes ou en offrant des cadeaux importants »1, poursuit-il. Les bénéficiares sont des personnalités ayant « une position politique et/ou stratégique significative »2 au sein du Parlement. « Il ne s’agit pas d’un incident isolé », a réagi l’organisation Transparency International. « Depuis plusieurs décennies, le Parlement a laissé se développer une culture de l’impunité (…) et une absence totale de contrôle éthique indépendant »1. Eva Kaili s’était rendue début novembre au Qatar, peu avant le début de la Coupe du monde de football, où elle avait salué en présence du ministre qatari du Travail l’engagement du Qatar à « poursuivre les réformes du travail ». « Le Qatar est un chef de file en matière de droits du travail”1, avait aussi osé affirmer Mme Kaili le 22 novembre à la tribune du Parlement européen. Rappelons qu’au moins 6500 ouvrier·ères auraient perdu la vie sur les chantiers qataris depuis l’attribution de la compétition à Doha, selon le Guardian3. Suite à toutes ces révélations, le Parlement européen propose de créer un « comité spécial » chargé d’analyser les failles dans les règles sur la transparence, l’intégrité et la corruption, ainsi que de réformer le cadre existant. Il propose aussi de mettre en place une commission d’enquête sur le Qatargate et des actions commises par des pays tiers, une fois que la justice belge aura tranché dans cette affaire. Lundi 2 janvier, le Parlement européen a annoncé avoir lancé une procédure d’urgence pour lever l’immunité de deux eurodéputé·e·s appartenant au groupe S&D à la suite d’une demande des autorités judiciaires belges. Mercredi 18 janvier, Marc Tarabella est exclu de son groupe (S&D) et du PS le temps de l’enquête. L’universitaire Antoine Vauchez, qui travaille notamment sur ces questions de transparence et de conflit d’intérêts dans l’UE, analyse avec prudence ces résolutions : « Derrière une rhétorique de l’urgence, la résolution a essentiellement pour effet de temporiser. La commission d’enquête prévue par le Parlement n’aura sans doute pas lieu avant dix-huit mois, tandis que la commission interne promise est loin d’être mise en place. »4 Sources : (1) (...)

Décès de Pascale Vandegeerde, Rétrospective d’une vie de lutte
Les lignes qui suivent nous ont été transmises par des ancien·ne·s ami·e·s et camarades de Pascale Vandegeerde, décédée le lundi 5 décembre 2022, à l’âge de 64 ans. Elle était une ex-membre des Cellules Combattantes Communistes (CCC), organisation clandestine de gauche révolutionnaire qui durant les années 80 a pratiqué la lutte armée en Belgique, en organisant une série d’attentats contre des infrastructures de l’Etat, de l’Otan et du patronat. « Une camarade est morte. Pascale Vandegeerde est décédée à l’âge de 64 ans. Fille d’un instituteur et d’une institutrice d’Etterbeek, elle a fait partie des principales luttes sociales de la deuxième moitié des années 70, et notamment des mobilisations féministes pour la dépénalisation de l’avortement et de soutien aux prisonniers révolutionnaires. Elle fut l’une des animatrices de la revue Ligne Rouge dont le premier numéro, en 1983, publia des textes des Brigades Rouges contre le repentir et la dissociation. Cette revue assurait la publication des textes des Cellules Communistes Combattantes (CCC) lorsque celles-ci apparaissaient, fin 1984. À la fin de l’été 1985, elle passait à la clandestinité et participait aux actions des CCC. Elle fut arrêtée en décembre 1985 et immédiatement soumise à un isolement carcéral total. Elle participa aux deux grèves de la faim collectives pour rompre avec le régime d’isolement, et assura une présence offensive au procès de 1988, défendant le projet révolutionnaire des CCC. Pendant 14 ans, elle a resisté au chantage de la « libération contre reniement », sa fermeté de principe lui valant une peine exceptionnellement longue. Après sa libération, on la voyait toujours discrète et solidaire dans des mobilisations, et elle fut élue déléguée syndicale dans l’association où elle travaillait. Outre sa famille et ses amis, ses anciens camarades et ses collègues étaient nombreux à ses funérailles, ainsi que des personnes qui, sans l’avoir connue, étaient venues rendre hommage à son parcours politique. »

Terrorisme d’extrême droite : La communauté kurde attaqué à Paris
Ce vendredi 23 décembre, un peu avant midi, William M., 69 ans militant d’extrême droite a commis un attentat contre un centre culturel kurde dans le 10e arrondissement de Paris. Le bilan est grave : on décompte trois décès par balles et 3 blessés graves. Le terroriste d’extrême droite a été interpellé sur les lieux de l’attaque. Il n’en était pas à sa première tentative de meurtre raciste, il y a tout juste un an il avait attaqué, au sabre, un campement de personnes exilées à Paris. L’attaque, qui s’est déroulée sur la rue d’Enghien, visait le siège du CDK-F, le Conseil démocratique kurde en France. Un restaurant ainsi qu’un salon de coiffure kurdes ont également été attaqués. Le terroriste a été déposé sur place en voiture. Si, à l’heure actuelle, nous ne connaissons pas les revendications exactes de l’attentat, il est évident que cette attaque est raciste et vise la communauté kurde (le terroriste a lui même expliqué à la police avoir agi car il était « raciste »). Elle a par ailleurs, lieu dans un contexte non-anodin où la Turquie attaque le Kurdistan et où une répression terrible s’abat sur les kurdes d’Iran. Malgré que William M., soit connu des autorités françaises il semble avoir bénéficié d’une réelle indulgence de ces dernières : en 2017 il était condamné à une peine de 6 mois de prison avec sursis et était interdit de port d’arme, en 2021 il a été mis en examen pour des chefs d’accusations de violence. Il a été condamné en 2022 à 12 mois d’emprisonnement, pour une tentative d’homicide en 2016, condamnation pour laquelle il a fait appel. Le 12 décembre il était libéré de sa détention provisoire sous contrôle judicaire. 11 jours plus tard il commettait un attentat faisant 3 morts.1 Malgré toutes ces condamnations et ces tentatives d’homicides, William M. ne figurait pas sur les fichiers de la DGSI (sécurité intérieure française) qui lutte contre le terrorisme.2 De plus, le centre associatif kurde visé ce vendredi avait déjà été attaqué précédemment. En effet, il y a un peu moins de 10 ans, le 9 janvier 2013, avait eu lieu un triple assassinat de militantes kurdes. L’enquête judicaire avait alors relevé l’« implication » des services secrets turcs. Assassinats restés impunis à ce jour « […] en raison du refus de la France de lever le secret-défense [sur l’affaire] »3 selon le communiqué du CDK-F sorti ce 23 décembre à la suite de l’attentat. Par ailleurs l’attentat est survenue alors que les militants préparaient la commémoration des dix ans du triple assassinat. A la suite de l’attentat, des rassemblements ont eu lieu dans la France entière, mais également à Bruxelles, en hommage aux personnes assassinées et en soutien au peuple kurde. En France, ces rassemblements n’ont pas manqués d’êtres violemment réprimés par les forces de l’ordres françaises, alors qu’il s’agissait de commémorations purement pacifiques. A Paris, la police française a empêché la communauté kurde d’aller se recueillir au centre attaqué. Toutes nos...

Belgique : Le mouvement ecolo fait peur au pouvoir – Une tentative de division
Le quotidien libéral belge L’echo titrait un article dans son édition du week-end du 12 novembre 2022 « Le mouvement climatique belge menacé d’infiltration extrémiste ». L’article commence par s’inquiéter de la tournure qu’a prise la mobilisation contre contre l’agro-industrie en France et les affrontements qui y ont lieu entre manifestant.e.s et la police. Dans les Deux-Sèvres, plus de 50 collectifs, syndicats et associations se mobilisent depuis quelques mois contre un projet de méga-bassines4. L’auteur reconnaît d’emblée que la situation belge est bien différente, avant d’établir un grand nombre de comparaisons. « [Les journalistes] ont constaté » « une radicalisation d’une frange du mouvement climat » par le biais d’une « tentative d’entrisme », encore « marginale » de militant.e.s issu.e.s de l’extrême gauche révolutionnaire au sein du mouvement climat. » 1. La manière de présenter les militants révolutionnaires comme extérieurs au mouvement social est une stratégie policière classique : il s’agit d’une délégitimation des propositions radicales en présentant les révolutionnaires comme des récupérateurs.trices extérieurs.es. Cette présentation du mouvement écologiste comme étant un mouvement modéré et qui se radicalise par l’infiltration d’éléments extrémistes exogènes ne résiste pas à un examen de l’histoire de la mouvance. Celle-ci a toujours été marquée par une hétérogénéité et a, depuis ses débuts, eu un pôle radical. On peut penser à l’auteur américain Murray Boockchin et ses théories sur l’écologie sociale dès les années 60 qui ont inspiré la révolution au Rojava (2012, Nord-Est de la Syrie). La deuxième attaque sur le mouvement semble tout droit sortie d’un manuel de gestion des mouvements sociaux : « Résultat : le mouvement climat se retrouve polarisé, […] est poussé dans le dos par les radicaux. Il ne veut pas entrer dans une logique de confrontation interne, donc il réagit, au mieux, par un silence gêné, au pire par un argumentaire disant que les actions militantes sont complémentaire » poursuit François Gemenne2. Il s’agit ici d’opposer les bons militant.e.s modéré.e.s et raisonnables aux mauvais militant.e.s radicaux. L’article se pose, en conclusion, en conseiller politique du mouvement « La radicalisation risque de couper le mouvement climat d’une grande partie de la société. Elle va faire peur aux gens les plus hésitants, les plus réformistes, soit ceux que l’on aurait le plus besoin de convaincre, alors que 85% des Européens se disent aujourd’hui concernés par la cause climat. Si le mouvement s’enferme dans la polarisation, sans dégager un consensus social, nous sommes condamnés à l’immobilisme. » Que tirer comme enseignement de cet article ? Premièrement, le mouvement écolo commence à faire peur aux autorités et aux chefs d’entreprises alors que depuis 60 ans ceux-ci sont dans le déni de l’écocide qui se déroule sous nos yeux. C’est, quelque part, que le mouvement écologiste semble aller dans le bon...

Don’t Pay Belgium : où en est-on ?
Le 17 octobre 2022, la campagne « Don’t Pay Belgium » se lançait officiellement en Belgique en organisant une action symbolique devant le siège de Engie à Gare du Nord (voir notre vidéo à ce sujet). La campagne Don’t Pay Belgium, qui s’inspire de celle au Royaume-Uni qui regroupe plusieurs dizaines de milliers de personnes, se donne pour ambition de sortir des routines de contestations pour explorer la voie du boycott des factures énergétiques. Depuis lors, la campagne s’était montrée plutôt discrète sur Bruxelles. Il en est tout autre en Flandre et en Wallonie où le groupe local de Liège a par exemple déjà pu tenir deux assemblées ; une dynamique locale semble s’y construire. Ce temps a été mis à profit par la campagne pour produire du matériel d’information sur les procédures de coupure de compteur ou encore sur le moyen d’obtenir le statut de client protégé (nous vous invitons à découvrir ces brochures(2)). Le samedi 26 novembre, c’était au tour de Bruxelles d’accueillir sa première assemblée de ville. Celle-ci a réuni plus de 60 personnes pour la plupart déjà militant.es mais venant d’une myriade de collectifs, associations, syndicats différents. Après une première partie faisant un point général sur l’état de la campagne, l’assemblée s’est divisée en plusieurs groupes de travail pour avancer dans le concret. Il en est ressorti que, si la campagne voulait être un succès, il fallait qu’elle tente de s’implanter, non pas à l’échelle de la ville mais bien quartier par quartier. L’ambition étant de construire un maillage de solidarité fort. Les militant.es proposaient pour ce faire d’utiliser la campagne pour renforcer les initiatives locales de solidarité qui existent déjà pour faire face à la crise énergétique. Le but étant que toute personne qui fait le choix (contrainte par manque d’argent ou volontairement dans une démarche politique) de ne plus payer ses factures ne se retrouve plus seule face à son fournisseur ou les huissiers. Une telle perspective est-elle réaliste ? Cela est à mettre en perspective avec le sondage de l’institut Kansar qui relevait que un belge sur trois se déclarait prêt à ne pas payer ses factures3. Le potentiel d’une telle campagne semble donc indubitable. Par ailleurs, cette possibilité d’une désobéissance de masse semble particulièrement sortir des pires cauchemars des classes dominantes. Elles savent très bien que malgré les moyens les plus sophistiqués de répression à leur disposition elles ne parviendraient pas à arrêter un tel mouvement. Il est clair qu’il s’agit d’une proposition pleine de promesse. Cependant, il faudra que les personnes et les militant·e·s parviennent à dépasser leurs divisions habituelles qui ont l’habitude de torpiller ce type de campagne. Au vu de la tâche qui semble immense pour populariser une telle proposition à l’échelle d’un pays, la campagne devra compter sur toutes les forces disponibles. Retrouvez en sources le site de la campagne Don’t Pay Belgium. Sources :...

Rassemblement antifasciste à Gand : Analyse d’une stratégie
Le jeudi 1er décembre 2022, une manifestation et un contre rassemblement informel ont eu lieu pour empêcher la promotion du livre sur le « grand remplacement » de Filip Dewinter (Vlaams Belang) à l’Université de Gand. Des militant·es antifascistes se sont infiltré·es dans la conférence organisée par le KVHV (un groupe d’étudiants d’extreme droite, nationaliste et catholique) et l’ont dûment saboté via plusieurs actions directes la rendant inaudible. Vers 18h, une manifestation réunissant plus de 650 personnes est partie de l’Université de Gand pour se rendre jusqu’au Vooruit (PS néerlandophone), afin d’y écouter des conférences antifascistes. Cette manifestation avait pour endroit de départ l’ancien lieu de conférence de Filip Dewinter qui avait été changé face à la mobilisation antifasciste. Au même moment, quelques dizaines de militant·es antifascistes s’infiltraient là où elle avait été déplacée, dans le campus Aula. De légères confrontations physiques ont eu lieu entre antifascistes et fascistes. Des étudiants de la KVHV ont tenté de déployer une banderole raciste, « wij zwegen niet » (« nous ne restons pas silencieux [face au grand remplacement] ») dans le hall d’entrée du bâtiment ; quelques bousculades et jets de projectiles les salissant ont eu lieu. Des membres d’un autre groupe fascistes, Voorpost, étaient également présents. La police en civil est rapidement intervenue pour séparer les deux groupes. La conférence a tout de même eu lieu en retard et elle a été rendue inaudible par le groupe de militant·es présent·es dans la salle, qui ont hué systématiquement Filip Dewinter, à chaque tentative de parole. A la fin de la conférence, alors que les gens sortaient, la police a contrôlé toutes les personnes suspectées d’être des antifascistes, selon leurs critères. Trois personnes seront arrêtées administrativement. Un peu plus tôt, un autre groupe a subi une arrestation musclée absolument disproportionnée : une dizaine de combis et une quarantaine de policiers anti-émeute pour un groupe de 9 personnes. Selon nos informations, le groupe aurait été arrêté pour « comportement suspect » alors qu’il se baladait dans le centre de Gand. Les 9 seront embarqué·es au commissariat et détenu·e·s jusqu’à la fin de l’évènement. La police a donc effectué une arrestation préventive injustifiée. Les 12 personnes seront relâché.e.s vers 23h30 le jour-même. Plusieurs choses sont à noter sur le déroulement du blocage de la conférence. Premièrement, nous pouvons nous questionner sur la stratégie derrière le parcours de la manifestation : pourquoi, après le changement de lieu de conférence, connu pourtant depuis plusieurs semaines, ne s’est-elle pas redirigée vers le nouveau lieu ? Pourtant le rapport de force sur place a priori n’allait pas dans le sens des antifascistes, qui étaient déforcé·e.s, entouré·e.s d’un dispositif policier en surnombre et d’individus d’extreme droite venus assister à la conférence. D’autant plus que cette (...)

Le Rojava et le Kurdistan irakien sous les feux des missiles turcs
Depuis la nuit du 19 au 20 novembre 2022, les territoires du Rojava (Syrie du Nord) et du Başûrî (Kurdistan irakien) sont bombardés par les forces aériennes turques. Les attaques visent des villes et villages proches de la frontière. On déplore d’importantes pertes humaines et matérielles, à la date du 25 novembre, 125 morts ont été annoncées (à la date du 30 novembre). Des infrastructures de première nécessité ont été visées, comprenant une centrale électrique qui alimentait 65 villages, des installations pétrolières, une école et un hôpital mais aussi des habitations. Les frappes aériennes se poursuivent depuis lors et des attaques au sol ont été signalées. Ces attaques seraient une réponse à l’attentat qui a eu lieu à Istanbul le 13 novembre dernier. L’AKP-MHP, coalition de partis fascistes soutenant R. T. Erdoğan, a immédiatement voulu faire passer le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) comme responsable de cet attentat, malgré que le mouvement de libération Kurde et Le PKK ait réfuté toute implication dans cette attaque qui a fait d’importants dégâts civils (6 morts et 81 blessé·e·s). Le gouvernement turc n’a cependant plus besoin d’un scénario pour justifier ses attaques. Lors de la création de la Turquie moderne en 1923, l’Etat turc a mis en place une politique d’assimilation forcée basée sur le déni de l’existence d’une nation kurde au sein de ses frontières. Des mesures répressives ont été mises en place, comme l’interdiction de l’usage et de l’apprentissage de la langue kurde dans l’espace public. Erdoğan et son gouvernement fasciste n’ont cessé de poursuivre cette guerre contre le peuple kurde et les mouvements de libération présents sur ses territoires. En témoigne le ministère de la défense turc qui, dans la soirée du 19, a publié sur twitter : « L’heure des comptes a sonné ! Les scélérats sont tenus de rendre compte de leurs attaques perfides ! » Le peuple kurde est réparti sur un territoire s’étalant sur la Turquie, l’Irak, l’Iran et la Syrie. Elles et Ils revendiquent depuis toujours le droit à l’auto-détermination, afin de s’épanouir dans leur langue, leur culture et leurs territoires mais la Turquie (à l’instar de l’Iran) s’acharne à leur refuser ce droit, prétendant que le peuple kurde est une menace à leur sécurité et que l’autonomie kurde « infecterait » le pays. Le Rojava (« ouest » en kurde), est une région de la taille de la Belgique, située au Nord-Est de la Syrie. Depuis 2012 et le départ des forces de Bachar al Assad, elle est une zone d’administration autonome, fonctionnant sur les principes du confédéralisme démocratique. Cette région et les projets qui s’y développent sont défendus par la guérilla des forces armées du peuple kurde. Le système mis en place au Rojava est inspiré de l’écologie sociale. Le pouvoir se veut décentralisé et non-hiérarchique ; la société se base sur des principes de démocratie directe, de féminisme, d’égalité, d’écologie, de pluralité culturelle, etc ... Les (...)

Gand : Hakim poussé dans le canal, un meurtre raciste
Hakim Mutyaba, Gantois de 53 ans d’origine ougandaise, est mort à la suite d’une noyade dans un canal du centre de Gand, le dimanche 17 juillet 2022, à 7h du matin. Ce meurtre est survenu pendant que les festivités de la ville « Gentse Feesten » se clôturaient. Hakim a été intentionnellement poussé dans le canal par deux hommes alors qu’il ne savait pas nager. Il s’est noyé avant que les secours ne puissent le sauver. À la suite du meurtre, les deux hommes ont pris la fuite dans des directions opposées pour rallier les Pays-Bas afin de minimiser les chances de se faire arrêter. De plus, ils étaient accompagnés de deux autres hommes stationnés dans une voiture durant le meurtre. Ces éléments combinés tendent à prouver qu’il s’agit d’un crime volontaire envers une personne racisée et non d’une « mauvaise blague » qui aurait « mal tourné » comme le média 7 sur 7 ose le supposer [1]. En effet, le site d’information titrait « Hakim mort noyé à Gand : une mauvaise blague fatale ou un crime raciste ?« . La rédaction a décidé de laisser planer un doute sur un crime dont les éléments communiqués à la presse laissaient déjà entendre qu’il était volontaire. Selon les caméras de surveillance, Hakim rentrait chez lui accompagné de trois hommes [2] qu’il aurait rencontré dans la soirée Deux d’entre-eux ont alors jeté Hakim en le tenant par les bras et les jambes dans le canal. Ils ont ensuite directement pris la fuite. Si les mêmes conditions avaient été réunies et que les présumés coupables avaient été des personnes racisées, l’article n’aurait certainement pas laissé planer de doute sur le caractère criminel de l’affaire. La suite des évènements vient confirmer la plausibilité d’un crime raciste. Le premier individu a été interpellé aux Pays-Bas. Il a ensuite été placé sous mandat d’arrêt par un juge d’instruction en Belgique et a « joué un rôle actif dans les faits » [3] selon 7 sur 7. Il devait comparaitre la semaine du 7 novembre devant la Chambre du Conseil. Le second individu a été se rendre à la police [4], il est suspecté de « négligence coupable ». Il avait été placé sous mandat d’arrêt également en Belgique puis libéré par la chambre des mises en accusation, sous condition du paiement d’une caution de 10 000 euros le 28 août 2022. À ce jour, nous n’avons pas trouvé plus d’informations sur ce crime et ses suites, signe du désintérêt quasi total des médias belges à couvrir certains crimes racistes. Ce traitement de l’information est raciste et il s’accompagne d’un tas d’autres pratiques. Lors de violences policières, par exemple, nombreux sont les médias qui ne mènent pas de contre-enquête et se fient uniquement à la version policière des faits. Autre exemple : la criminalisation systématique des personnes victimes de violences policières, dont le nom, prénom et photo sont salis dans la presse. C’est comme une double peine pour les familles des victimes, qui, en plus de pleurer un proche, sont confrontées au traitement de (...)

Non à la campagne de l’élu du Vlaams Belang Filip Dewinter pour son livre raciste sur le « grand remplacement »
Depuis le samedi 22 octobre 2022, Filip Dewinter, député pour le parti d’extrême droite Vlaams Belang, a commencé une campagne autour de son livre sur « le grand remplacement ». Il a déjà présenté son livre à Anvers ainsi qu’à Louvain, où une pétition puis un rassemblement antifasciste ont été organisés pour empêcher l’événement. La théorie conspirationniste suprémaciste de « grand remplacement » a été créée par le fasciste français Renaud Camus. Elle est notamment utilisée par Eric Zemmour et le RN en France, ainsi que par le Vlaams Belang et le nouveau parti fasciste wallon Chez Nous en Belgique (même si ce dernier ne s’en revendique pas directement, son programme politique en est l’expression). Cette théorie est l’effet d’une paranoïa raciste et identitaire qui pense voir la population de son pays remplacée par une autre. Cette paranoïa d’un « grand remplacement » repose également sur une autre théorie d’extrême droite, celle du « choc des civilisations », qui est également vivement contestée dans le monde universitaire et dont les prédictions et analyses ont été infirmées. Elle a eu un vif succès lors des attentats du 11/09 et a été le socle idéologique de la guerre contre le terrorisme menée par les Etats-Unis. Le « choc des civilisation » prétend que nous serions à l’aube d’un combat identitaire entre différentes civilisations. Ce combat civilisationnel se matérialiserait notamment à travers l’immigration qui viendrait nous « grand remplacer », menacer notre « démocratie », la « laïcité », notre « culture », notre « identité »… Or, les démographes et les sociologues sont formel.le.s : la théorie de grand remplacement relève uniquement de la paranoïa et du fantasme raciste et toutes leurs affirmations tant culturelles que démographiques sont fausses. La théorie du « choc des civilisations » et celle du « grand remplacement » influencent pourtant beaucoup de groupes d’extrême droite qui se préparent aujourd’hui à une « guerre civile » et ce en s’armant, en projetant des attentats, ainsi qu’en diffusant une propagande raciste et fasciste sur les réseaux. En 2019, l’attentat d’extrême droite meurtrier de Christchurch en Nouvelle-Zélande se revendiquait directement de la théorie du « grand remplacement ». Récemment, en Belgique, un groupe d’extrême droite préparait un attentat lourdement armé qui a été déjoué par la police. En France, les exactions de l’extrême droite (assassinat en pleine rue d’un joueur de rugby, …) et son armement semblent également se multiplier. Au même moment, son discours et ses thèses sont de plus en plus diffusés publiquement : sur les plateaux télé comme CNews, à l’Assemblée nationale avec les 90 député.e.s du RN, chez les partis traditionnels comme le LR (V. Pécresse avait mentionné le grand remplacement lors des présidentielles). Le 1er décembre prochain, Filip Dewinter compte se rendre à l’université de Gand pour faire la promotion de son livre. Des appels à contrer la venue de l’auteur...

Belgique : Agression raciste à la machette
Trigger Warning : agression raciste Le 26 août 2022, Mohamed Driouch subissait une attaque raciste verbale et physique menée par cinq personnes dont une armée d’une machette, à Colfontaine, près de Mons. L’information, qui était passée sous les radars médiatiques, ressort depuis quelques temps grâce à la mobilisation d’habitant.es et de la famille. Mohamed allait simplement boire un verre dans un café où il avait l’habitude de se rendre, lorsqu’un individu l’interpelle agressivement : « Pourquoi tu me regardes, tu sais pas qui je suis ». Mohammed tente de calmer le jeu, mais rien n’y fait, et deux personnes sortent du bar pour l’agresser. « On m’a dit qu’ici, ce n’était pas l’Algérie, pas le Maroc. On m’a dit de rentrer dans mon pays. » [1]. À ce moment-là, Mohammed reçoit un coup de coude au visage et un homme sort un canif. Il tente alors de s’enfuir, mais ils sont rapidement cinq à l’entourer, lui donner des coups et l’insulter. Un des protagoniste appelle ensuite sa femme pour lui demander une machette. Mohammed se réfugie dans un night shop, mais les cinq hommes forcent l’entrée, et lui assènent trois coups de machette tout en continuant à l’insulter. Il a le réflexe de se défendre par le bras, mais il s’évanouit à la vue du sang après les trois coups. Depuis, Mohammed garde des séquelles psychologiques : il est victime de paranoïa lorsqu’il marche en rue et il ne sort que très peu de chez lui. Il a aussi des séquelles physiques : il n’a plus de force dans le bras, et n’arrive pas à bouger ses doigts. Ses médecins lui ont expliqué que, malgré les séances de kiné, il n’était pas sûr de retrouver l’usage complet de sa main. Sur les dernières semaines, des habitant.es de Colfontaine se sont mobilisé.es pour le soutenir. Ils et elles appellent les associations antiracistes à condamner fermement l’action comme un acte raciste. Mohammed, de son côté, déclare qu’il veut simplement « avoir des droits », et qu’il espère que les faits seront condamnés comme des actes racistes. Un rassemblement s’est déroulé le 21 octobre 2022 à Colfontaine en soutien à Mohammed.
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