Bruxelles Dévie

Un média indépendant et collaboratif actif à Bruxelles. Nous vous informons sur les actualités politiques et gouvernementales en Belgique. Nous visibilisons les collectifs, groupes et personnalités actifs dans les différentes luttes sociales. Nous diffusons et dénonçons les violences policières en Belgique, et plus particulièrement à Bruxelles.
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Justice pour Imad : un rassemblement organisé à Seneffe 2 ans après sa mort
Ce dimanche 23 mars 2025, cela fera deux ans qu’Imad a été tué d’une balle dans la tête et d’une autre dans le coeur par un policier à Seneffe. Deux ans que ses proches sont sans réponse dans le combat qu’ils mènent pour rétablir justice et vérité. Deux ans qu’ils sont ignorés à la fois par les pouvoirs politiques et judiciaires qui ne leur laissent aucun espoir de justice. En hommage à Imad et pour protester contre ce traitement inhumain, un rassemblement est une nouvelle fois organisé à Seneffe. Ce rassemblement aura lieu au Clos des Lilas à 17 heures le dimanche 23 mars. Les circonstances tragiques dans lesquelles Imad a été tué démontrent à quel point l’impunité policière est particulièrement importante quand il s’agit de victimes non-blanches. Imad était un père de famille de 43 ans et le seul refus d’obtempérer qu’il a commis a permis de justifier à ce policier qui est à ce jour encore en service, de lui assener une balle dans le cœur et dans la tête. Depuis, ses proches sont sans la moindre réponse de justice. La sœur d’Imad indiquait dans son discours à la journée de lutte contre les violences policières, qu’elle avait terriblement peur de tomber nez à nez avec le policier qui a tué son frère. En février passé, malgré l’ensemble des preuves qui montrent qu’il s’agissait d’un homicide policier, le procureur du roi a demandé un non-lieu. Ce non-lieu, s’il est prononcé, signifierait que le policier inculpé n’irait pas en justice et laisserait donc les proches d’Imad dans un vide sans précédent. Nous vous invitions à suivre la page Instagram Justice.pour.imad pour avoir plus d’informations et vous rappelons qu’il est possible de soutenir financièrement le comité via le compte : BE65 5230 8110 3896 avec la communication « Justice pour Imad ». Des t-shirts et des bics sont aussi à vendre pour soutenir le comité. Pour information, un départ groupé est organisé depuis la gare de Bruxelles Midi à 14h15 et un repas sera prévu à la fin du rassemblement afin de rompre le jeune ensemble.

Georges-Louis Bouchez et le MR : le choix de l’islamophobie décomplexée
Le Mouvement Réformateur (MR) est-il encore un parti libéral ou a-t-il définitivement viré vers l’extrême droite ? Sous la houlette de Georges-Louis Bouchez, la réponse semble claire : le MR s’enfonce tête baissée dans une stratégie islamophobe et populiste, inspirée des tendances de l’extrême droite européenne. Les dernières déclarations de Bouchez ne sont pas des accidents maladroits, mais bien symptomatiques d’une stratégie assumée, celle du choix politique de l’extrême-droitisation de son parti, le MR. Lors d’une conférence organisée par le centre Jean Gol le 17 décembre dernier, Bouchez a déclaré vouloir : « inscrire l’islamophobie comme délit pénal, c’est d’une débilité sans nom. » Il a poursuivi en comparant l’islamophobie à l’arachnophobie, insinuant que les musulman·es seraient comparables à des araignées, qu’on pourrait légitimement craindre et détester. Bouchez s’est donné des airs de défenseur de la liberté d’expression : « On a le droit d’avoir peur de l’islam et de critiquer l’islam. » Ce discours ne relève pas d’une maladresse, mais d’une stratégie cynique : nourrir la haine pour engranger des voix. En légitimant la peur et la discrimination, Bouchez s’inscrit pleinement dans la rhétorique raciste des partis d’extrême droite européens. L’islamophobie ne se limite pas à une peur irrationnelle comme veut le faire croire Georges-Louis Bouchez. Ce terme, largement étudié, désigne une forme spécifique de racisme qui cible les musulman·es en tant qu’individus et en tant que groupe religieux. L’islamophobie englobe les préjugés, les discours haineux, la marginalisation et les violences dirigées contre des personnes perçues comme musulman·es. Elle va même jusqu’à engendrer la mort de musulman·es ou de personnes identifiées comme telles dans l’espace public, tué·es parfois par la police, d’autres fois par des citoyen·es racistes animé·es par des idéologies de haine. Elle engendre, avec d’autres facteurs systémiques, l’enfermement massif des personnes dans des centres fermés et des prisons, où elles sont détenues sans aucune forme de justice ni procès équitable, simplement en raison de leur existence ou de leur statut perçu.* Elle justifie des politiques ségrégationnistes qui visent à empêcher certaines parties de la population, en particulier les personnes de confession musulmane, d’accéder aux études et au travail, en raison de leur religion ou de leur apparence. Chaque année, en Belgique, des attentats planifiés par des groupes d’extrême-droite sont déjoués. Ces attaques ciblent des musulman·es ou des lieux liés à l’Islam, révélant une menace constante et organisée. Cette violence systémique ne se limite pas à des actes isolés, mais s’inscrit dans un climat de normalisation et de banalisation du racisme, alimenté par des discours politiques et médiatiques stigmatisants, comme ceux du MR et de Gloub. Ces discours façonnent une perception publique où les musulman·es et les personnes perçues comme telles sont constamment...

Situation dans l’Est du Congo : Un génocide passé sous silence depuis 30 ans
Samedi 24 février, plus de 1000 personnes ont manifesté dans les rues de Bruxelles en soutien à la population de l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Depuis 30 ans, et particulièrement depuis ce mois de février, la population de l’Est de la RDC, zone frontalière avec le Rwanda, est victime de massacres perpétrés par différentes milices présentes à l’est du pays. En 2008, on comptait une trentaine de milices dans la région, contre plus de 120 aujourd’hui . De la colonisation belge au pillage permanent des richesses, en résulte une situation complexe et meurtrière. Si la communauté internationale et les multinationales sont bien les dernières à médiatiser la situation en RDC, les civil·es présent·es dans la région sont les premier·es à en subir les conséquences. Ces deux dernières années, la situation a conduit au déplacement de plus de 1,6 millions de personnes du Nord-Kivu. Ce conflit qui persiste depuis 30 ans aurait fait plus 6 millions de morts, même s’il reste compliqué de disposer de chiffres précis étant donné l’étendue des territoires et la multiplicité des bélligérants*. Selon l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), la RDC hébergerait plus de 5 millions de personnes déplacées et plus de 520 000 réfugié·es. C’est la plus grande concentration de personnes réfugiées et de déplacées du continent africain et l’une des plus importantes de la planète . La situation en RDC reste particulièrement invisibilisée dans les médias occidentaux malgré son caractère génocidaire. Cette sous-médiatisation des massacres commis en RDC s’explique notamment par la responsabilité de certains pays occidentaux, tant par leur passé colonial que par la présence de multinationales qu’ils soutiennent dans la région. En effet, la colonisation a profondément fragmenté la RDC et les multinationales exploitent toujours plus intensément les ressources congolaise nécessaires pour la dite « transition écologique » . Cette énergie dite « propre » ou « verte » engendre une importante demande de matériaux essentiels à la fabrication des batteries utilisées pour alimenter nos appareils électroniques, comme les véhicules électriques et les téléphones portables. Dans cette guerre de l’information, les gouvernements et autres bélligérants ont donc tout intérêt à rendre floues leurs responsabilités dans ce conflit. À ce jour, ce sont notamment trois provinces de l’Est de la RDC (Nord-Kivu, Sud-Kivu et Ituri) qui sont témoins des massacres entre les différentes milices et armées régulières. Parmi ces milices, le Mouvement du 23 mars (M23), soutenu matériellement par le Rwanda, a repris les armes en octobre 2021 . Face à son expansion dans ces territoires et les nombreux massacres dont il est auteur, l’armée régulière de la RDC tente d’assurer la stabilité de la région. Toutefois, celle-ci reste fortement critiquée, accusée de corruption, d’exactions et d’alliances douteuses avec d’autres milices privés. Ces tensions ont également...

Palestine : Des entreprises d’armement liées à Israël bloquées en Belgique.
Aujourd’hui, Mardi 4 Mars, depuis 6h ce matin, dans une action coordonnée, des collectifs bloquent les entrées de plusieurs entreprises d’armements. Deux entreprises sont complètement bloquées en Belgique : OIP-Elbit à Oudenaarde et Thalès à Herstal. Un siège d’Elbit ont aussi été taggués à Tournai. D’autres actions ont également lieu en Suède contre les mêmes entreprises. Les collectifs expliquent : ces deux entreprises « produisent des armes, des technologies militaires ou de surveillance utilisées par le régime d’apartheid israélien et sont complices du génocide en cours à Gaza ». Chez OIP (Oudenaarde), près d’une centaine de personnes ont bloqué l’entrée, se sont enchaînées aux portes et occupent le toit de l’entreprise ; chez Thalès (Herstal), 60 personnes bloquent totalement les portes et les accès logistiques de l’entreprise. Le personnel est dans l’impossibilité d’entrer sur les sites et les entreprises sont à l’arrêt. Les activistes rappellent que « OIP est détenu à 100 % par le producteur d’armes israélien Elbit Systems, qui est le plus grand fabricant d’armes privé d’Israël. Elbit fournit 85 % des drones et la plupart des équipements militaires terrestres utilisés par l’armée israélienne. La multinationale de l’armement française Thalès entretient quant à elle des relations de longue date avec Israël et collabore avec Elbit System ». Les collectifs cherchent à empêcher l’exportation de matériel militaire vers Israël, comme le souligne un participant : « Sans les envois d’armes par les pays occidentaux, les bombardements et le génocide à Gaza s’arrêteraient au bout de 3 jours. Ces actions directes s’inscrivent dans un vaste mouvement international de solidarité qui vise à imposer un cessez-le-feu et à couper les vivres à l’armée israélienne ». L’objectif est aussi d’interpeller le gouvernement belge sur sa complicité avec les massacres en cours : « La Belgique ne peut pas appeler de manière crédible à un cessez-le-feu tout en soutenant l’industrie militaire israélienne ». Sur place, un participant ajoute : « Ces actions sont à la fois un appel à notre gouvernement et un appel à l’action pour nos concitoyens : dans l’immédiat, il faut un cesser le feu et un embargo militaire, mais aussi demander la fin de la colonisation, de l’occupation, de l’apartheid en Palestine. Nous vivons un moment critique. Nous devons intensifier nos efforts. Nous avons tous et toutes un rôle à jouer pour changer cette période historiquement sombre. » Une nouvelle journée d’action internationale contre le commerce des armes avec Israël est prévue lundi prochain, le 11 mars. Les collectifs précisent également : « Les employés d’OIP prétendent souvent qu’ils produisent principalement des composants et des technologies pour l’exploration spatiale. Cependant, seuls 18 % des composants qu’ils produisent sont destinés à l’espace, tandis que 82 % sont destinés à un usage militaire. Le bénéfice d’OIP augmente de 15 % chaque année, dont 72 % proviennent de...

Au moins 9 personnes tuées au contact de la police en 2023
Ils et elles s’appellent Sourour, Loic, Michel, Imad, Jacky, Isaac, Domenico, ainsi qu’un chauffeur dont nous ne connaissons pas le nom. Toustes sont mort•es après avoir croisé le chemin de la police. Sourour et Isaac sont décédé es dans un commissariat. Imad, Domenico et le conducteur de camion ont perdu la vie lors d’une course poursuite ou à la suite d’un refus pour obtempérer. Loïc, Michel, Jacky sont eux décédés alors qu’ils étaient en crise psychiatro-psychologique. 7 ont été tuées par balle par la police : Loïc, Michel, Imad, Jacky, Domenico, Abdesalem, ainsi que le conducteur du camion. En plus de ces morts liées à la police, au moins 2 personnes sont aussi décédées dans le centre fermé de Merksplas cette année. Au sujet de la mort de Tamazi le 15 février, les autorités évoquaient une mort naturelle. Une contre-enquête de Médiapart a finalement révélé que sa mort ne semblait pas si naturelle que les autorités l’affirment, des blessures avaient été constatées sur son corps. Le 25 décembre les autorités ont évoqué le suicide d’un autre détenu dénommé A. . Ce dernier est décédé dans une cellule d’isolement médical, où il avait été transféré après avoir subi des violences policières. Selon ses codétenus, « quand il est arrivé ici, il boitait, tout son corps lui faisait mal ». Début janvier 2024, un autre homme est décédé au centre fermé 127bis, à Steenokkerzeel. Par ailleurs, l’auteur de la fusillade lors du match Belgique-Suède le 16 octobre, Abdesalem Lassoued, a été abattu par les forces de l’ordre. Cette liste de décès n’est pas exhaustive, et ne représente que ceux qui ont été dévoilés dans la presse en 2023. Soulignons que la majorité des personnes tuées au contact de la police en Belgique sont des personnes non-blanches. Les personnes en crise psychiatro-psychologique sont également sur-représentées. La police n’est pas la seule institution de l’Etat a faire violence. Les violences policières s’inscrivent dans un continuum. Après la souffrance liée au décès, les familles qui luttent pour la vérité et la justice font face à une justice opaque, qui contribue davantage à l’impunité policière qu’aux besoins de réponse des proches endeuillé•es. Lorsque la défense de la pérennité de l’Etat prime, les désirs de vérité et de justice se trouvent souvent mis à mal par une justice qui épuise les familles. Si la police tue dans toutes sortes de circonstances, elle exerce souvent sa violence dans les zones grises de l’Etat : les cellules, les centres fermés et les prisons. Tout autant de dispositifs lui permettant de faire violence à l’abri des regards. C’est là où les images des caméras de surveillance sont difficilement visionnables et disparaissent parfois. Là où il n’y a que la police, les agent-es pénitencier ères et des détenu es rarement écouté•es. Chaque année, nous dressons la macabre liste des personnes décédées au contact de la police. Et chaque année, la même conclusion revient : les corps les plus...

Palestine – Le gouvernement wallon suspend les exports d’armes vers Israël
Ce lundi 5 février, la Région wallonne a suspendu temporairement ses licences d’exports d’armes vers Israël. C’est plus de 4 mois après l’opération génocidaire menée par Israël, ayant massacré plus de 35 000 palestinien·nes, fait 67 000 blessé·es et déplacé 2 millions de personnes*. Deux nouvelles licences d’export de poudre explosive avaient été signées début 2023 avec Israël pour l’entreprise PB Clermont. Ces licences ont donc été suspendues temporairement. Selon le gouvernement wallon, cette décision aurait été prise à la suite du premier prononcé des mesures urgentes de la Cour internationale de justice qui reconnait juridiquement un risque de génocide à Gaza [1]. Mais cette suspension fait également suite aux révélations du journal De Moorgen quant aux livraisons de 16 tonnes de poudre explosive à Israël fin novembre, et d’une lettre ouverte de plusieurs ONG à ce sujet. [2] Depuis le 7 octobre, le large mouvement de solidarité avec la Palestine en Belgique a certainement joué un rôle sur cette récente décision gouvernementale. Ainsi, les nombreuses mobilisations et pressions exercées sur les gouvernements belges pour cesser leur partenariat avec Israël démontrent leur efficacité. Jusqu’ici, les armes, la wallonie et Israël, c’était une affaire qui roulait. En 2021, ce sont 4 licences qui sont octroyées afin d’exporter des agents explosifs vers Israël pour un montant total de 19 871 300 euros. En 2022, une licence a été octroyée pour un montant correspondant à 1 680 000 euros [3]. Cependant, plusieurs associations et ONG s’inquiètent du fait que ces suspensions soient uniquement temporaires et les conditions dans lesquelles elles pourraient être éventuellement reprises. Fin octobre, le front commun syndical (CNE, UBT, SETCA et Transcom) annonçait dans un communiqué son « refus de manutentionner du matériel militaire destiné à la guerre en Palestine alors qu’un génocide est en cours en Palestine, les travailleurs des différents aéroports de Belgique voient des armes partir vers des zones de guerre. Le chargement et le déchargement de ces armes contribuent à fournir des organisations pour tuer des innocents. » « Nous, les différents syndicats actifs dans le secteur de manutention au sol, demandons à nos membres de ne plus prendre en charge les vols qui acheminent du matériel militaire vers la Palestine/Israël, comme cela a été le cas au début du conflit avec la Russie et l’Ukraine, avec des accords et des règles claires. Nous appelons donc à un cessez-le-feu immédiat et nous demandons aux gouvernements belges d’être cohérents et de ne pas tolérer que des cargaisons d’armes transitent par les aéroports belges. En tant que syndicats, nous déclarons notre solidarité avec ceux qui font campagne pour la paix. » [4] Légende : Selon l’ONG Euro-Med Monitor, entre le 7 octobre et le 3 février : 35 096 palestinien.nes ont été tué.es depuis le 7 octobre (en comprenant les personnes maintenues sous les gravats). 67 240 personnes ont...

Stéphanie tuée par son mari – Déjà le premier féminicide en Belgique de 2024
Le mercredi 3 janvier, Stéphanie D., âgée de 43 ans, a été tuée par son mari à Waregem, en Flandre occidentale. C’est donc 3 jours après la nouvelle année que déjà un 1er féminicide est recensé en Belgique. Stéphanie a été poignardée à plusieurs reprises par son mari qui, par la suite a incendié la voiture avec laquelle elle tentait de s’enfuir. Ce meurtre sexiste se serait déroulé devant les yeux de leurs enfants âgés de 7, 9 et 11 ans. Des voisins ont appelé les secours mais lorsqu’ils sont arrivés sur place, ils n’ont pas pu réanimer Stéphanie, décédée de ses blessures. L’homme a été arrêté par la police et les enfants n’ont pas été blessés. Le blog de Stop Féminicide Belgique, qui recense les féminicides en Belgique, explique le traitement médiatique de ce féminicide dans la presse : « Comme dans la plupart des cas de féminicide, les articles sur le meurtre de Stephanie expliquent que l’entourage de la victime et de son tueur le pensait incapable de commettre un tel acte, qui se produit pourtant plus de deux fois par mois en Belgique. » Les féminicides ne sont ni des « faits divers », ni des « drames conjugaux », ils sont le résultat concret de la violence structurelle et genrée que subissent les femmes, dans une société profondément patriarcale. En témoigne le traitement médiatique des violences conjugales, qui participe à la minimisation de ces actes, voire la légitimation de ces violences. L’année dernière, la loi « Stop féminicides » a été adoptée le 29 juin 2023 en Belgique. Toutefois, il faudra plus que des mesures symboliques et juridiques pour mettre fin aux violences conjugales, notamment car de nombreuses victimes de féminicides avaient déjà entamé des procédures judiciaires,soulignant ainsi l’échec des institutions pour leur venir en aide. Comme nous le disions dans un précédent article à propos des 23 féminicides en 2023 : « si la reconnaissance juridique constitue une étape symbolique primordiale dans les démarches judiciaires, elle n’empêche pas que le caractère structurel du patriarcat provoque des dynamiques de domination genrée qui doivent être [combattues] hors du cadre judiciaire ». Ainsi, « considérer qu’un problème trouve ses sources dans la société et son fonctionnement permettrait d’envisager un travail profond sur les structures qui régissent notre société patriarcale ». L’année dernière en 2023, au moins 25 féminicides ont été recensés en Belgique, et 209 féminicides ont été répertoriés par Stop Féminicide Belgique depuis 2017. Sources : https://stopfeminicide.blogspot.com/2024/01/03012024-een-vrouw-43-jaar-waregem.html https://stopfeminicide.blogspot.com/2023/01/update-2023-au-moins-1-feminicide.html https://www.rtbf.be/article/une-femme-perd-la-vie-a-waregem-tuee-par-son-mari-premier-feminicide-de-2024-en-belgique-11308000 Bruxelles Dévie : « 23 féminicides en Belgique depuis janvier 2023 », article publié le 31 octobre 2023

Code rouge : blocage contre l’entrepôt Alibaba à Liège et les vols de jets privés à Anvers
Le samedi 15 décembre dernier, la coalition « Code Rouge » organisait sa troisième action de désobéissance civile en un peu plus d’un an. Après avoir visé le site de Total à Feluy et le chantier d’une nouvelle centrale à gaz de la compagnie Engie à Flemalle, la coalition a cette fois-ci ciblé le secteur de l’aviation. Plus de 1500 militant·es ont convergé vers les aéroports de Liège et Anvers pour de tenter de les bloquer. Ces deux sites ont été ciblés parce qu’ils représentent des secteurs de l’aviation particulièrement polluants. L’aéroport d’Anvers est à 76% consacré aux jets privés. A Liège, c’est l’extension de l’aéroport dédié à l’entreprise Alibaba qui a été visée. Celle-ci permet à l’entreprise chinoise de vente sur internet (Alibaba), d’avoir un site de distribution en Europe alors que l’entièreté de ses produits son fabriqués et exportés depuis la Chine. Si la plupart des militant·es n’ont pas réussi à rentrer dans l’aéroport d’Anvers, une soixantaine d’entre-elleux ont su y pénétrer en évitant les barrages policiers. De plus, en vue de la présence massive de militant·es arrêté·es à quelques mètres de l’aéroport, les autorités ont été contraintes d’annuler les vols en raison de la menace d’action. Du côté de l’aéroport de Liège, plus de 600 militant·es ont réussi à entrer sur les lieux. Après être entré·es sur le site aux alentours de quinze heures, les activistes de Code Rouge ont bloqué l’entrepôt de l’entreprise Alibaba avant d’être évacué·es de force par la police aux alentours de deux heures du matin. Les secteurs aériens liés au tourisme et à l’import de marchandises représentent une part importante des émissions de gaz à effet de serre. Les oxydes d’azotes (Nox), le Carbonne, la suie, les trainées noires et les trainées de condensation, propres aux résidus liés à l’aviation, contribuent deux fois plus au réchauffement climatique que les émissions de CO2. Il n’est pas ici question de porter un discours moralisateur sur l’utilisation de l’avion dans le secteur touristique, alors qu’il comporte des prix plus avantageux que d’autres moyens de mobilité moins polluants comme le train, mais bien d’en cerner les principaux responsables. Soulignons que 80% de la population mondiale n’a jamais pris l’avion tandis que les moins de 1% de celle-ci sont responsables de plus de la moitié des émissions des vols de passagers au niveau mondial. Il semble donc cohérent de cibler l’aéroport d’Anvers qui se concentre sur le secteur des jets privés, utilisés par les ultra-riches dans le cadre de voyage d’affaires et touristiques. D’un autre côté, l’extension de l’aéroport de Liège dédiée à l’entreprise « Alibaba » qui s’affiche comme un symbole même de la société de consommation à l’échelle mondiale, a été ciblée par des centaines d’activistes afin d’en dénoncer le modèle. Les activités autour d’Alibaba ont des effets désastreux sur la biodiversité et l’augmentation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. De plus, permettant (...)

Deuxième décès en 2023 d’un détenu au centre fermé de Merksplas
Ce lundi 25 décembre, le jour de Noël, un homme détenu au centre fermé de Merksplas (Flandre) est décédé. Si l’Office des étrangers avance la thèse du suicide, les raisons de ce décès restent floues quand l’atrocité des conditions de détention, elle, reste certaine. C’est le deuxième décès qui survient cette année dans ce même centre fermé. Le 15 février 2023, nous alertions sur les conditions de détention et les circonstances troubles de la mort de Tamazi Rasoian, dont l’enquête est toujours en cours. Selon la direction, l’homme dénommé A. se serait pendu peu de temps avant le dîner de Noël organisé dans la salle commune du centre fermé. Cette tragique nouvelle a pris de court ses codétenus qui dénoncent les traitements inhumains qui leur sont réservés, ce décès comme « le résultat des mauvaises conditions » [1]. Par ailleurs, le directeur du centre fermé de Merksplas déclare « ne pas pouvoir faire de commentaires » et renvoie vers l’Office des étrangers. Une enquête est menée par le parquet afin de déterminer la nature exacte du décès. Selon les témoignages des détenus récoltés par le collectif Getting the Voice Out, A. était un Algérien d’une quarantaine d’années, détenu depuis environ trois semaines en centre fermé. Il aurait déclaré avoir subi des violences policières lors de son transfert au centre fermé. Un autre détenu témoigne : « quand il est arrivé ici, il boitait, tout son corps lui faisait mal ». L’homme aurait ainsi demandé une aide médicale à son arrivée mais celle-ci lui a été refusée. En contestant ce refus, il aurait donc été transféré au bloc 5 où sont situées les cellules d’isolement médical. Toutefois, ces cellules médicales semblent tout sauf être des lieux de repos et de soin comme en témoigne un de ses codétenu pour qui les cellules s’apparentent davantage à « un réel cachot » ou « une prison » isolée, sans téléphone. Il y fait froid et elles n’offrent souvent pas d’autre choix que de dormir sur le sol. Par ailleurs, A. devait être expulsé vers l’Allemagne cette semaine ou la suivante selon le règlement Dublin [2]. Une chose semble sûre, les conditions de détention sont inhumaines lorsque la Belgique, elle, accumule plus de 7 000 condamnations pour non-respect des droits d’accueil des demandeur·ses d’asile [3]. Les circonstances de ce décès font écho à celui de Tamazi Rasoian le 15 février 2023, détenu kurde qui avait fuit la Géorgie, et qui avait été retrouvé mort en cellule d’isolement médical dans ce même centre fermé de Merksplas. Lorsque l’Office des étrangers et la direction du centre ne souhaitaient pas communiquer davantage que la thèse d’un suicide, sa famille constatait de nombreuses blessures sur le corps de Tamazi [4]. Après la polémique autour de son décès et dans une tentative « d’humanisation » des centres fermés, la direction a mis en place une cellule d’assistance psychologique avec trois psychologues, alors financée par l’Office des étrangers. Difficile cependant d’avoir confiance en...
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