Bruxelles Dévie

Un média indépendant et collaboratif actif à Bruxelles. Nous vous informons sur les actualités politiques et gouvernementales en Belgique. Nous visibilisons les collectifs, groupes et personnalités actifs dans les différentes luttes sociales. Nous diffusons et dénonçons les violences policières en Belgique, et plus particulièrement à Bruxelles.
Les auteurs de nos publications sont multiples. Vous pouvez nous proposer votre contenu (article, témoignage, enquête, étude, photos, vidéos etc) via nos réseaux sociaux ou par mail (chiffrement Proton) en restant anonyme.
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Perquisitions contre des militants d’extrême droite qui préparaient un attentat terroriste
Mercredi 28 septembre au matin, une dizaine de perquisitions ont été menées dans la province d’Anvers contre un groupe d’extrême droite qui préparait un attentat terroriste. Lors d’une d’elles, un échange de tir a éclaté avec la police faisant un mort parmi le groupe d’extrême droite. Une très grosse quantité d’armes et munitions ont été saisies, parmi celles-ci certaines étaient légalement enregistrées. Six suspects du groupe ont été arrêtés. Yannick V., l’homme mort durant la fusillade avec les forces spéciales de la police fédérale, était proche – selon les informations qui nous sont accessibles – de la sphère du survivalisme et militait activement sur les réseaux sociaux pour relayer des théories d’extrême-droite. Il recommandait de préparer l’effondrement de la société en faisant des réserves d’armes et de nourriture. Il aurait été membre de la mouvance des « Citoyens Souverains ». Le juge d’instruction en charge de l’affaire a commenté : « Lors de la perquisition du domicile de la personne décédée, plus d’une centaine d’armes, […] ainsi qu’une très grande quantité de munitions, des gilets tactiques, des lunettes de vision nocturne, des lunettes de vision thermique […] ont également été trouvés. » Il a également indiqué que « Le groupe de personnes visé est soupçonné de vouloir mener une forme de résistance armée contre le gouvernement sans avoir déjà déterminé une cible concrète ou une date de passage à l’acte. » Yannick V était « collectionneur d’arme » et pratiquait le tir sportif. Il n’hésitait pas à justifier sa possession d’une presque armurerie comme une « obligation morale ». Il déclarait également « Après tout, un homme libre, un homme souverain, prend soin de lui-même et ne compte pas sur un autre pour protéger ce qui lui est le plus cher ». Il aurait été membre d’une branche belge du mouvement conspirationniste « Citoyens Souverains ». Historiquement c’est une mouvance politique conspirationniste venue des Etats-Unis dans les années 60-70 – basée sur l’interprétation de « pseudo-lois » – qui trouvent ses racines dans l’extrême droite américaine, suprémaciste et antisémite. Cette mouvance va inspirer plusieurs milices armées aux Etats-Unis. Un principe cardinal des « Citoyens Souverains » est de nier la légitimité des lois de l’Etat et de considérer l’individu.e comme seul.e interprète de sa « loi ». Iels vivent alors selon des « pseudos-lois », trafiquées ou inventées souvent inspirées de la « common law ». Même si par exemple le refus de l’impôt est commun chez les « C-S », ça n’en fait pas un mouvement homogène, leur objectif néanmoins partagé est de s’extirper de la société et de retrouver leur « souveraineté ». Ainsi aujourd’hui en Allemagne, des groupes fascistes se réclament être « Citoyen du reich ». Iels pensent que la république allemande est une fiction et qu’iels vivent encore sous le régime nazi. En France, iels se rangent derrière le nom « One-Nation ». Conspirationnistes notoires –...

Tribunaux et réseaux sociaux : une entente efficace
Entre 2013 et 2021, les tribunaux belges ont demandé des informations sur 28774 comptes à Meta (Facebook), Google, Microsoft et Apple. Il s’agit d’informations qui ne sont pas rendues publiques par les utilisateur.rice.s. Dans la majorité des cas, les demandes ont été acceptées par les différents géants de la technologie, qui ont donc fourni énormément d’informations aux tribunaux belges [1]. La Belgique serait le 9e pays du monde qui demande le plus l’accès à ces données. Par ailleurs, le nombre de comptes scrutés a quasiment triplé en 8 ans : ils étaient 2 189 en 2013, puis 6 045 en 2020. Facebook est concerné par environ 4 demandes sur 10, tandis que Microsoft et Google reçoivent chacun environ 3 demandes sur 10. Apple n’en reçoit qu’environ 1 sur 100. Rappelons qu’en 2020 et 2021, la police belge avait aussi employé illégalement le logiciel de reconnaissance facial Clearview, qui utilisait des photos soutirées de nos réseaux sociaux [2]. Les réseaux sociaux et internet en général sont une mine d’information pour la répression. Il convient de prendre garde à ce que l’on fait et ce que l’on partage dessus (même en privé) et de se protéger via des VPN, des messageries cryptées, Thor, ... Sources supplémentaires : https://www.ptb.be/vos_photos_sur_les_r_seaux_sociaux_ill_galement_pomp_es_par_des_policiers_le_ptb_demande_l_audition_du_n_1_de_la_police

Maxi-prison d’Haren : Le récit d’une histoire d’intérêts politiques et économiques
Le projet de création d’un centre pénitentiaire de très grande envergure a vu le jour ce vendredi 30 septembre 2022 à Haren en périphérie bruxelloise. La maxi prison a une capacité de 1200 détenu.es et couvre une superficie de 17 hectares, ce qui représente le plus vaste complexe pénitentiaire du pays. La création de ce nouveau site carcéral occasionnera les fermetures des prisons de Saint-Gilles (d’ici 2025) et Forest (d’ici 2023). Leurs détenu.es seront alors transféré.es en direction d’Haren. Les sites des prisons de Saint-Gilles et Forest vidés verront alors leur affectation changer au profit de nouveaux logements en vue de l’importante attractivité immobilière présente dans ces quartiers. Ceux-ci seront battis à des fins lucrativesalors qu’aucun logement social ne devrait être construit. Ce projet soulève de nombreuses questions tant politiques qu‘éthiques dans un Bruxelles où les promoteurs privés n’ont jamais autant fonctionné main dans la main avec les Pouvoirs Publics. Récap historique : la maxi prison ne répond pas aux problèmes soulevés Le projet est annoncé en 2010, en réaction aux critiques que portent les pays européens envers les conditions de vie des détenu.es dans les prisons belges et particulièrement dans celles de Saint-Gilles et Forest. Les politiques carcérales sont pointées du doigt. On déplore alors une surpopulation des lieux, une insalubrité déplorable ainsi qu’une insécurité constante. L’état belge est alors condamné par la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour traitement inhumain des détenu.es. Pourtant, en 2008, le gouvernement Leterme II rédigeait un « Masterplan » orchestrant la rénovation des prisons de Saint-Gilles et Forest ainsi que la création de petits complexes pénitenciers pour répondre aux mêmes critiques. Celui-ci permettrait une soi-disant meilleure répartition des prisonier.ères face aux problèmes de surpopulation des prisons. En réalité ce projet ne verra pas le jour et sera remplacé en 2010 par celui de la maxi prison d’Haren. Ce projet de maxi prison semble alors absurde face aux problèmes de conditions de vie qui avaient été relevés au sein des prisons bruxelloises par les associations de soutien ainsi que les magistrats. En effet, les maxis prisons ne sont en aucun cas une solution à ces problèmes, au contraire les conditions au sein de ce type d’établissements sont déplorables. Un tel nombre de détenu.es ne peut en aucun cas être correctement encadré que ce soit de manière psychologique ou en termes de qualité de contrôle de la salubrité des espaces de vie. De plus, la situation géographique du complexe poussera d’avantage les détenu.es vers des situations d’isolement vis-à-vis de leurs familles ainsi que des tissus associatifs que quand ils et elles se trouvaient dans des quartiers plus centraux (Haren se situant à la limite de la frontière bruxelloise). En bref, le projet de maxi prison à Haren n’est en aucun cas une solution directe aux problèmes carcéraux mais...

Pendant qu’on galère à payer l’électricité : les riches s’achètent des jets-privés
Nous relayons une action qui nous a été communiquée : Dans la nuit, du 19 au 20 septembre, le siège du Cercle de Wallonie a été attaqué à Namur, car celui-ci invitait ses quelques 1200 membres à une vente de jets-privés en pleine polémique en France. Le Cercle de Wallonie est le plus grand cercle d’affaire de Belgique francophone, il rassemble les plus gros PDG wallons, et les allié.e.s du pouvoir en tout genre. Il est composé de 1200 membres qui bénéficient d’avantages, notamment fiscaux (la cotisation pour y entrer est remboursée par l’état). Il y est aussi proposé des formations pour « optimiser ses revenus fiscaux (diminuer ses impôts). Le Cercle de Wallonie se définit lui-même comme le lieu idéal pour « réseauter malin avec des politiques. » [1] Ce vendredi 23 septembre 2022, le Cercle de Wallonie invitait ses membres à découvrir les jets-privés de la société ASL Group. Cet évènement semble presque être une blague alors qu’une polémique a lieu en France sur l’usage totalement écocidaire des jets-privés et que nous venons de vivre un été rempli de fortes chaleurs et de catastrophes. Pour rappel, 1% des personnes – celles qui utilisent des jets-privés – sont à l’origine de 50% des émissions globales de l’aviation. [2] Pourtant, le secteur de l’aviation privée est en plein essor et ne s’est jamais aussi bien porté qu’aujourd’hui. Ainsi quelques jours avant l’évènement, dans la nuit du 19 au 20 septembre, des militant.e.s se sont attaqué.e.s au siège du Cercle de Wallonie, au Business Village Ecolys, à quelques kilomètres de Namur. Des murs donnant sur l’entrée du Cercle ont été tagués : « Jets privés = terrorisme écologique ». Une des façades a également été aspergée de peinture noire et le logo éclairé du Cercle de Wallonie a été détruit. Suite à cette action le Cercle de Wallonie a annulé son événement. [3] Un militant a été interpellé, et une plainte a été déposée. Nous ne sommes plus à l’heure des avertissements, ni des alertes ou constats : la situation climatique est dramatique et les appareils d’État se montrent plus qu’incompétents. Malgré les manifestations massives pour le climat, tous les moyens possibles et légaux employés, rien n’y fait : le mouvement écologique a besoin d’élever son niveau pour être à la hauteur des enjeux qui sont les siens. Communiqué de l’action contre le Cercle de Wallonie qui nous a été transmis : Pendant que nous tremblons … de froid, déjà… … face à nos factures d’énergie… … quand nous passons à la caisse après nos courses… les gouvernements… … prennent soin des dividendes des géants de l’énergie … nous font l’aumône de quelques aides qui nous permettront à peine de couler moins vite … nous parlent de NOTRE sobriété énergétique et nous culpabilisent en faisant semblant de se préoccuper de la Planète le Cercle de Wallonie propose à ses 1.200 membres, ce vendredi 23 septembre… … de découvrir le monde formidable des jets privés avec la société ASL Group… …...

Palestine : Save Masafer Yatta : le plus gros nettoyage ethnique en Palestine depuis 1967
Un article de Bruxelles Dévie Masafer Yatta est une région au Sud de Hébron composées d’une vingtaine de villages et de hameaux palestiniens, situés à quelques kilomètres de la ligne verte . 1200 palestinien.nes sont menacé.e.s depuis le 4 mai 2022 d’une expulsion imminente par l’armée Israélienne, qui a décrété une partie des terres de Masafer Yatta comme zone de tir et d’entrainement militaire. Ce déplacement de population constituerait un des plus importants nettoyages ethniques depuis 1967 (la Naska). Dans les années 80’ sous l’impulsion d’Ariel Sharon (ancien militaire criminel de guerre, ministre de l’agriculture au moment des faits, puis premier ministre israélien et protagoniste important dans la stratégie d’implantation de colonies en Cisjordanie), l’état colon d’Israël déclarait une nouvelle zone d’entrainement militaire (Firing Zone) s’étendant sur 3000 hectares, comprenant 12 villages, plus de 1200 personnes, et 1000 infrastructures palestiniennes : maisons, écoles, cliniques médicales etc.,, Bloc de béton indiquant l’entrée en « Firing Area » En 1999, 700 palestinien.ne.s se faisaient expulser une première fois de leurs terres à Masafer Yatta, car ils « vivaient illégalement dans une zone de tir ». A la suite d’un appel d’une association israélienne à la décision d’expulsion, les 700 personnes ont pu rentrer chez elle en attendant la décision juridique finale de la cour suprême Israélienne. Cette dernière tombait le 4 mai 2022, plus de 20 ans plus tard et actait l’ordre d’expulsion pour cette fois 1200 personnes, soit 500 personnes de plus . Depuis plusieurs décennies Israël utilise la déclaration de « military firing zone » en Cisjordanie comme un mécanisme pour continuer l’annexation des terres palestiniennes et l’entreprise de nettoyage ethnique. Un des villages de Masafer Yatta, situé en « Firing Zone », menacé de destruction. Ainsi, dans les années 1970, 15% de la Cisjordanie occupée avait été déclarée comme une zone de tir militaire. Des documents israéliens classifiés, issus d’une série de meeting « top secrets » entre le gouvernement Israélien et l’organisation World Zionist Organization’s Settlements Division, relatent la volonté très claire qui se cache derrière la création des « Military Firing Zone » : en faire des colonies. Ariel Sharon 1979 : « En tant que la personne qui a initié les zones de tir militaire en 1967, elles étaient tous destinées à un seul but : fournir une opportunité pour une installation de colonie juive dans la région », « Dès la fin de la guerre des Six Jours, j’étais encore assis avec ma division dans le Sinaï. J’étais dans le Sinaï quand j’ai dessiné ces zones. Les zones de tir ont été créées dans un seul but : des réserves de terres pour les colonies ». Il décrit leur création comme une manière de produire des « réserves de terres » pour arrêter « la propagation des villages arabes du côté de la montagne vers le désert ». Dans un autre meeting en 1981, « Nous...

Police : Nouveau véhicule de contrôle des foules
Depuis quelques temps, la police belge teste un nouveau gadget : l’UMS Viséo. Il s’agit d’un véhicule-cabine, capable d’atteindre les 45km/h. La cabine est équipée de 4 caméras dont les images peuvent être enregistrée et/ou retransmises en direct aux agent.e.s par 4G. Autre fait important : la cabine peut s’élever jusqu’à 4m de haut, et avoir ainsi un regard d’ensemble sur la foule. Cette nouveauté fait partie du plan global du gouvernement qui vise à augmenter le budget et l’arsenal répressif de la police [1], mais aussi à permettre une gestion du maintien de l’ordre plus directe et plus répressive [2]. Rappelons que la police belge a récemment testé l’usage de tasers, de bodycams, d’un logiciel de reconnaissance faciale illégal, ainsi que d’un camion-barrière anti-émeute. La combinaison entre l’augmentation drastique du nombre de gadget équipés de caméras, et les tests de reconnaissance faciale laisse présager le pire pour les années à venir. Contre la logique policière et répressive, nous soutenons le désarmement d’une police structurellement raciste et sexiste dont le rôle se limite au contrôle social.

Des systèmes de surveillance illégaux dans les salles de concertation suspect-avocat au commissariat
Le droit fondamental à la concertation confidentielle entre avocat et suspect ne serait que trop peu souvent garantie par la police. De nombreuses salles utilisées pour ce type de concertation sont équipées de matériel permettant d’écouter, d’enregistrer ou de filmer les conversations en temps réel. Un rapport de l’Organe de contrôle policier pointe la « méconnaissance juridique » des forces de l’ordre sur ce sujet. Nombreux.ses sont les policier.e.s qui « ne distinguent pas » la surveillance au moyen d’un système automatisé (type caméra, par exemple), de la surveillance uniquement visuelle derrière une paroi vitrée. Ni même distinguer les échanges confidentielles de ceux qui peuvent être écoutés. Il s’agit pourtant de pratiques totalement illégales. Ainsi, durant un an, un commissariat de Flandre orientale a par exemple illégalement systématisé l’écoute et le visionnage des concertations confidentielles suspect-avocat. Chaque audition était écoutée en direct au commissariat de la zone de police d’Erpe-Mere/Lede par les enquêteur.trice.s. Le système d’écoute illégale a été remarqué à la suite d’une plainte d’un avocat et son client déposée au COC (l’Organe de contrôle de l’information policière) au début de l’année 2021, car ils avaient eu le sentiment d’avoir été écoutés. Par la suite, l’enquête du COC révèlera le dispositif d’écoute et d’enregistrement. Cela représente une infraction du code pénal, passible d’une peine de six mois à trois ans de prison. La surveillance par caméra est illégale sauf dans certains cas exceptionnels, si la conversation se passe dans des circonstances dangereuses avérées (décretées par … la police). L’enregistrement des conversations est, quant-à-lui, interdit dans tous les cas. Ces règles et distinctions ne semblent pas respectées (ou carrément omises) par la police. Si le rapport du COC pointe niaisement une « méconnaissance juridique », nous voyons pourtant une dangereuse attaque au droit à un procès équitable. Droit qui devrait nous prémunir de se faire soutirer des aveux et informations illégalement lorsqu’on communique avec notre avocat de manière confidentielle pour organiser notre défense. Qualifier ces pratiques illégales de « maladroites » ou dues à une « méconnaissance », revient à dédouaner et minimiser l’ampleur du scandale de ces écoutes. Le rapport de l’Organe de contrôle offre cinq ans à la police pour se doter de salles destinées uniquement à la concertation confidentielle, salles qui ne permettraient pas l’enregistrement des conversations. Aucune autre décision ne semble avoir été prise dans l’immédiat pour empêcher cette violation du droit des suspects. Une raison à l’inaction immédiate ? Contrairement aux autres sevices, l’Organe de contrôle de police ne semble pas bénéficier des larges campagnes de recrutement d’agent.e. En 2021, le COC ne comptait que trois enquêteurs de terrain, deux juristes, un informaticien et 4 personnes chargées de l’administratif et de la (...)

Police : vers une nouvelle gestion des manifestations
Fin mars, Annelies Verlinden (Ministre de l’intérieur, CD&V) et Vincent Van Quickenborne (Ministre de la justice, OPEN VLD) ont approuvé le nouveau Plan National de Sécurité 2022-2025 (PNS) [1] [2]. Celui-ci se penche sur de nombreux sujets dont ce qu’il appelle le « New way of protesting » (nouvelle manière de protester). Article de Bruxelles Dévie Ainsi, les forces de l’ordre identifient des évolutions dans les formes que prennent les manifestations. La complication principale : de nombreux mouvements sociaux récents n’ont ni dirigeant.e ni représentant.e, ce qui empêche la « gestion négociée de l’espace public », autrement dit la mise en place d’un dialogue entre un représentant.e.s de la manifestation et la police. Ce dialogue permet notamment la création d’un service d’ordre par les manifestant.e.s : des personnes qui encadrent la manifestation et tentent d’empêcher les débordements, jouant donc le rôle de la police. Ce dialogue a aussi permis à la police de faire pression sur les organisateur.trice.s à de nombreuses reprises, en expliquant que toute dégradation leur serait imputée légalement (par exemple à la famille d’Ibrahima qui organisait un rassemblement en sa mémoire), ce qui n’est pourtant pas vrai et s’apparente à de l’intimidation. Par ailleurs, le Plan National de Sécurité (PNS) explique que les manifestant.e.s ont « gagné en rapidité et en créativité », et que les réseaux sociaux « confèrent aux organisateurs un pouvoir de mobilisation élevés ». Les forces de l’ordre vont donc accroître leur capacité de mobilisation et mettre en place « de nouvelles formes de « collaboration et communication ». Pour cela, la police prévoit l’utilisation de nouvelles technologies comme les drônes, les analyses de métadonnées (big data), ainsi que les bodycams. Elle compte aussi écumer les réseaux sociaux. Par ailleurs, le PNS insiste sur l’importance pour la police « d’assurer une communication externe à l’issue de l’évènement » (la manifestation), communication qui jusqu’ici s’était souvent avérée au moins partiellement mensongère. Plus loin, le PNS pointe les menaces auxquelles il entend : le mouvement des Gilets Jaunes, Black Lives Matter, les ZAD (zone à défendre) ainsi que certaines manifestations contre les mesures Covid, notamment. Aucune trace des manifestations climats, qui pratiquaient la « gestion négociée de l’espace public ». En conclusion, ce sont les mouvements sans représentant.e clair.e qui ont représenté la plus grande menace pour les autorités ces dernières années. La police compte s’adapter au « new way of protesting ». Les contestataires devront donc prendre garde à leur utilisation des réseaux sociaux (notamment les lives et toute image de manifestation) ainsi qu’à leurs métadonnées (localisation du téléphone, …).

Le MR ouvre la voie à l’extrême-droite, Bouchez en première ligne
Georges-Louis Bouchez, sénateur et président du MR, s’est fait connaître par ses sorties dénigrantes envers les classes populaires et les personnes racisées. Il est aussi en train de pousser son parti à ouvrir la voie à l’extrême-droite, en forçant le débat avec le Vlaams Belang et en se réappropriant ses termes et ses idées. Cet article est de Bruxelles Dévie Le président du MR fait partie de la frange du MR qui a défendu corps et âme le gouvernement MR NV-A (2014-2018) qui s’est effondré parce que le parti de droite extrême avait refusé de signer un pacte international sur la migration qui n’engageait à aucune action concrète (pacte de Marrakech). Il avait donc lutté pour l’alliance entre son parti et un parti connu pour être ouvertement raciste et homophobe. Il fait maintenant parti de la droite qui utilise à outrance le vocabulaire de l’extrême-droite dans les médias. Il a par exemple plusieurs fois attaqué les « wokistes », nom utilisé par l’extrême-droite pour dénoncer notamment les antiracistes et les féministes. Il est aussi de ceux qui manipulent le concept de laïcité pour justifier des politiques islamophobes (comme l’interdiction du port du voile dans certains lieux publics). Reprendre le vocabulaire et la rhétorique de l’extrême-droite est dangereux. Cela donne du crédit à son discours, et cela participe au processus de fascisation en cours en Belgique et ailleurs. En France, le gouvernement a utilisé à outrance le discours de l’extrême-droite les cinq dernières années. Le résultat est clair : les organisations fascistes ou fascisantes se sont renforcées dans tout le pays et Le Pen a obtenu le plus gros score de l’histoire de l’extrême-droite en France. Cette comparaison avec la France n’est pas hasardeuse. Bouchez semble s’inspirer énormément de Macron et de sa politique fascisante ultra-libérale. Il a aussi expliqué avoir « plus de respect pour Zemmour que pour Valérie Pécresse » (candidate de droite à l’élection française) [1]. Pour lui, il est donc tout à fait légitime de respecter un fasciste, malgré le danger qu’il représente et les idées nauséabondes qu’il porte. Autre ressemblance, Bouchez a récemment été débattre avec Van Crieken, président du Vlaams Belang sur la chaîne flamande VRT. Cela faisait pourtant plus de vingt ans que les partis francophones avaient signé et respecté un code de bonne conduite interdisant tout débat dans les médias avec l’extrême-droite. Quelques jours plus tard, Bouchez appelait à « adapter [ce code] à l’époque moderne ». A l’heure où le fascisme monte, il appelle donc à ouvrir le dialogue … (Par ailleurs, Bouchez n’hésite pas à magner l’art du mensonge, comme de nombreux.ses dangereux.ses politicien.ne.s à l’heure actuelle. Dans un tweet du 5 février, il expliquait avoir vécu chez sa grand-mère pour des raisons économiques et ne pas avoir besoin de leçon de misérabilisme. Le 14 mai, il déclarait pourtant « je n’ai pas connu mes grands-parents » à Sudinfo [2].) La...

Police belge : bientôt un taser entre les mains ?
En 2018, Jan Jambon (N-VA) a lancé une phase pilote pour l’utilisation de pistolets électriques (taser) par la police belge. Le test se terminera en décembre 2022, mais Annelies Verlinden (CD&V), Ministre de l’Intérieur, a donné un premier avis positif il y a quelques jours. Le taser est une arme dite « à létalité réduite », ce qui signifie qu’elle a moins de chance de tuer qu’un pistolet classique, mais que la mort par décharge de taser n’est pas impossible. Il est particulièrement dangereux pour les personnes cardiaques et/ou sous stupéfiant. Pourtant, nombreux.ses. sont ceux et celles qui catégorisent encore cette arme comme « non-létale ». Amnesty international a par exemple décompté 334 décès liés au taser aux Etats-Unis entre 2001 et 2008 [1]. L’ONG explique aussi que « les impulsions électriques suscitent divers degrés de douleur et de neutralisation et engendrent parfois la mort » et que les aiguillons peuvent « entraîner des lésions par pénétration de la peau, des yeux, du crâne et des organes internes, qui peuvent être graves » [2]. Verlinden veut en faire un arme « collective », c’est-à-dire qu’elle ne serait pas donnée individuellement à certain.e.s policier.ère.s mais bien à un ensemble de policier.ère.s appartenant au même service. Les unités spéciales d’intervention fédérales et des grandes villes ainsi que les équipes qui interviennent dans les prisons pourraientêtre prochainement équipées de tasers. Il est à noter que les premières évaluations positives ont été effectuées par la commission armement de la police ; le règlement d’utilisation sera, lui, rédigé par la direction de la police. Ce sont donc des policier.ère.s qui vont définir le cadre dans lequel ils et elles pourront utiliser cette arme. Dans le contexte actuel, où les décès qui surviennent peu de temps après une action policière sont nombreux, l’intronisation d’une nouvelle arme à létalité réduite dans l’arsenal policier nous paraît dangereux et inapproprié. Désarmons la police [3]. sources : [4] ; [5] ; [6] ; [7]

La Chartreuse Occupée : Nouvelle ZAD à Liège contre la bétonisation !
Le 27 mars dernier suite à la menace imminente de bétonisation du parc de la chartreuse à Liège, des riverain.e.s et des militant.e.s ont investi la zone et édifié des barricades afin de protéger l’espace vert & humide des machines du promoteur immobilier Matexi. Retour sur les deux premières semaines d’occupation et sur la lutte contre le projet immobilier qui l’a précédé. Article de Bruxelles Dévie La Chartreuse est une zone verte humide en plein cœur de liège. Le site est classé car il accueille une biodiversité importante (mais également des bâtiments classés). Jusqu’au début des années 80, il était occupé par des casernes militaires, avec un vieux fort ainsi que d’anciens bâtiments. Le site sera ensuite abandonné par l’Etat et mis plus tard à la vente. En 1998, la ville de Liège en acquiert la partie boisée et en fait un parc. En 2003, le fort et ses abords sont mis en vente par l’armée puis racheté par une entreprise immobilière qui comptait en faire du profit à la revente, en vendant individuellement le site en trois parties. Deux parties du lot seront rachetés par Immo Chartreuse, la 3e partie longeant la rue historique du Thier de la Chartreuse sera rachetée par l’entreprise de promotion immobilière Matexi. C’est cette entreprise et son projet, qui menace la zone depuis des années, pour y construire plusieurs dizaines de logements de standing. Tout s’est accéléré lorsque le permis de construction urbanistique a été accordé le 18 mars 2022 à l’entreprise Matexi. Rapidement, une demande de recours de suspension du permis a été introduite par l’association "Un Air de Chartreuse", composée de riverain.e.s de la zone à défendre qui luttent déjà depuis plusieurs années contre le projet immobilier. Recours qui sera rejeté le 1er avril par le Conseil d’État. Le Conseil d’Etat rejette l’urgence du recours. Le recours en annulation du permis de construction continue donc, mais peut prendre plusieurs mois, voir plus d’un an à être traité. Entre temps, rien n’interdit légalement le commencement des travaux. C’est face à la menace imminente des pelleteuses de Matexi que la zone est désormais occupée et défendue. Contrairement à ce que certains médias veulent faire paraitre, en titrant qu’« une guerre écologique » se prépare à Liège, tentant de faire passer les occupant.e.s comme de dangereux radicaux et de les marginaliser, le lieu reste chaleureusement ouvert. Des concerts, évènements et autres y sont organisés pour sensibiliser à la défense de la Chartreuse et son terrain est toujours emprunté par les promeneu.r.se.s, riverain.e.s et autres qui soutiennent l’occupation. En effet, si le lieu n’a pas été bétonisé plus tôt, c’est que les riverain.e.s luttent contre le projet depuis sa création. En 2017 une pétition lancée par l’association "Un Air de Chartreuse" avait récolté plus de 5000 signatures. Le plan de construction a été revu plusieurs fois face à la mobilisation des riverain.e.s largement opposés au projet (...)

Grève de 1960 : il y a 62 ans, la Belgique au bord de l’insurrection
Au milieu de l’année 1960, le gouvernement essaye de reporter les pertes qu’occasionne l’indépendance du Congo sur les travailleur.se.s belges : “un effort spécial doit être engagé” suite aux “dommages économiques importants” de l’indépendance du Congo. C’est dans ce but qu’il propose le projet de la loi unique au parlement en septembre 1960. C’est une loi qui voulait redresser l’économie belge par l’austérité [1], portée sur les travailleur.se.s du public et du privé : l’idée était de s’en prendre aux chômeurs, au secteur de la santé, aux pensions, … tout en mettant en place une politique favorable aux entreprises. Article paru sur Bruxelles Dévie Au départ, cette loi fait réagir les travailleur.se.s. Pourtant, les syndicats nationaux [2] n’ont jamais déclaré la grève générale, ni la CSC (fédération de syndicats chrétiens), ni la FGTB (fédération de syndicats socialistes). M. Cool, président de la CSC refuse de s’opposer à la loi unique dans son ensemble et propose de négocier avec le gouvernement. Le Parti Socialiste Belge, quant-à-lui, s’oppose à la loi unique et demande la démission du gouvernement. Pourtant, à la suite du mouvement de grève, il demande aux grévistes de retourner au travail et de laisser cette affaire entre les mains des parlementaires. Ni les directions syndicales, ni les partis politiques n’ont vraiment soutenu la grève, mis à part le Parti communiste belge. Le 14 décembre, ils sont 100.000 travailleur.se.s à prendre la rue. Dès le 20 décembre, date des débuts des débats parlementaires sur la loi, plusieurs secteurs (“sous-groupes”) de syndicats se lancent dans la grève générale, majoritairement en Wallonie. Le lendemain, le Secrétaire National de la FGTB déclare “Nous avons essayé, M. Le Premire Ministre, par tous les moyens, même avec l’aide des patrons, de limiter la grève à un secteur particulier”. Rien n’y fait : la colère des travailleur.se.s est trop grande ; un immense mouvement de grève générale embrase le pays dès le 21 décembre, après que de nombreux.ses ouvrier.ère.s aient appelé, dans pratiquement toutes les usines, à rejoindre le mouvement. De nombreuses centrales syndicales qui n’avaient pas suivi le mouvement se voient presque forcées de déclarer la grève générale dans les jours qui suivent, comme à Charleroi. Des rassemblements et manifestations se déroulent dans tout le pays. Le 22 décembre, le président de la CSC déclare au Premier Ministre : “je ne tiens plus mes troupes en main, en dépit de nos consignes, les syndicats chrétiens fraternisent de plus en plus avec leurs collègues socialistes”. A la suite de la grève, de nombreuses communes se retrouvent sans aucun employé communal, ni pour l’administration, ni pour le ramassage des déchets, ni même, dans certains cas, pour la police. Pendant toute la période de la grève, donc, ce seront les syndicats, organisés en conseils, qui remplaceront le pouvoir communal dans ces communes, en se divisant les tâches, comme dans la ville de Liège par...

2 ans de pandémie : au sujet du « monde d’après »
Deux ans déjà. Deux ans qu’une pandémie s’est abattue sur nos quotidiens, provoquant des morts par centaines de milliers. Deux ans qu’on nous a confiné pour la première fois. Bruxelles entièrement verouillée. Le couvre-feu comme motif de contrôle arbitraire. Les amendes qui ciblent toujours les mêmes populations. Les applaudissements pour les soignant.e.s. Article de Bruxelles Dévie Il y a deux ans, on parlait du « monde d’après ». On disait qu’on allait tout réinventer. Que le covid remettait en question notre manière d’habiter la terre et de vivre ensemble. Même Macron se permettait de glisser : « Il nous faudra interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies » et de dire que « le jour d’après ne sera pas le jour d’avant ». [1] Et entre-temps. Entre-temps, un autre confinement, doublé d’un couvre-feu. Entre-temps, les morts d’Adil, d’Ibrahima, et de tant d’autres. L’explosion des violences conjugales. Les interdictions de manifester. Le refus outrageux du refinancement du système de santé. La montée du fascisme, partout. L’explosion du prix de l’énergie et de l’essence. « Le monde d’après », c’est une des plus grande supercherie du 21e siècle. C’est une des promesses qui a permis de garantir l’obéissance d’une partie de la population. Elle l’aura aussi empêchée de réfléchir à ce qui se passait, ici et maintenant. Pourtant, il existe bien un avant et un après covid. Les deux années écoulées ont été un laboratoire formidable pour la répression. On a vu surgir, pêle-mêle, des drônes qui ordonnent aux gens de se disperser, des murs anti-émeute mobiles, des interdictions de manifester qui n’avaient aucune légitimité scientifique, des politicien.ne.s en roue-libre dont les mesures sont contredites par les épidémiologistes, ... Tout est clair maintenant. Nous savons que le gouvernement peut se donner le droit de légiférer sans passer par le parlement. Nous savons que lorsque ce même gouvernement est condamné par la justice belge, rien ne change véritablement. Nous savons qu’il est possible de nous demander un QR code pour rentrer dans un bar, un cinéma, et même un train. Nous savons qu’il est possible d’appeler à l’unité du pays, sans prendre aucune mesure réelle pour aider les personnes les plus durement touchées par la crise. Nous savons que, en temps de crise, les plus riches s’enrichissent et les pauvres s’appauvrissent. Nous savons avoir perdu du terrain de tous les côtés. Tout est clair maintenant. Nous disons : technofascisme. Ce texte est un appel à ne plus se faire avoir. Un rappel des deux années que nous venons de vivre et de l’approfondissement des moyens de contrôle des corps qu’elles ont permis. Nous ne pouvons plus perdre, ni attendre, nous n’en avons simplement plus le temps. A bientôt dans la rue, camarades.